1 Filière : Etudes françaises Semestre : II Module : 12 Matière : Histoire des

1 Filière : Etudes françaises Semestre : II Module : 12 Matière : Histoire des Idées, de l’Art et de la Littérature (la suite) Professeur : Aicha Bourais 2 Le cours de l’histoire des Idées et de la littérature (suite) : Le 18ème siècle, le siècle des Lumières. Les axes du cours : Introduction générale - L’éveil de l’esprit philosophique - Les contes philosophiques - Le théâtre au 18ème siècle, le triomphe de la comédie (Marivaux et Beaumarchais) - Les nouvelles voies du roman - La poésie au 18ème siècle - L’Encyclopédie - Les Historiens au 18ème siècle - La sensibilité du préromantisme (J.J. Rousseau) 3 Introduction générale Dès la mort de Louis 14, la France assiste à une vive réaction contre la rigueur janséniste et l’austérité de la cour. L’exemple vient du régenti (personne qui assume la responsabilité du pouvoir politique (régence) pendant la minorité ou l’absence d’un souverain) et de ses compagnons de débauche, les roués (personne rusée qui ne s’embarrasse d’aucun scrupule). Le mouvement des idées va favoriser également le goût pour toutes les jouissances : on croit au bonheur en ce monde, et les philosophes réhabilitent, contre le christianisme, passions et instincts. Mais, entre bonheur et plaisir, la confusion est tentante : par un épicurismeii facile dont Voltaire se fait l’interprète dans le Mondainiii Ils croient trouver la félicité dans le bien-être, le luxe et tous les raffinements que procurent la richesse et la civilisation. La licence des mœurs devient extrême dans certaines sphères de la haute société et dans une sorte de demi-monde où se coudoient gentilshommes et aventuriers. Cette immoralité cynique ne s’étale que dans des milieux limités ; la frivolité, rançon de l’esprit et de l’ironie, est beaucoup plus répandue. En 1750, J.J.Rousseau réagit violemment : une mise en garde contre la décadence des mœurs chez un peuple grisé par sa propre civilisation, tel est le sens profond et durable de son premier Discours. L’influence de Rousseau sera considérable et répandra le goût de la vie simple, du sentiment et de la vertu. Pourtant la morale de l’émotion qu’il prêche ainsi que Diderot n’est pas sans ambigüité : elle a tendance à confondre l’attendrissement avec la vertu, les bons sentiments avec les bonnes actions. Elle est d’ailleurs impuissante à guérir les âmes corrompues et blasées (dégoûtées, insensibles) qui cherchent des plaisirs toujours plus savants dans les raffinements de la perversité (l’exemple des Liaisons dangereuses de Laclos) 4 Le 18ème siècle a eu la passion des idées. Selon le mouvement amorcé par les Modernes dans leur querelle avec les Anciens (le 17ème siècle), les discussions d’idées, les thèses, les systèmes envahissent tous les genres littéraires. Les philosophes rejettent les solutions théologiques ou métaphysiques et l’autorité des traditions, ils vont se livrer à une révision critique des notions fondamentales concernant le destin de l’homme et l’organisation de la société. Caractérisé par une entière confiance dans la raison humaine, chargée de résoudre tous les problèmes et par une foi optimiste dans le progrès, l’esprit philosophique est un nouvel humanisme. Il trouve son expression la plus complète dans l’Encyclopédie, grande œuvre collective destinée à diffuser « les lumières », à combattre l’intolérance et le despotisme et à contribuer ainsi au bonheur de l’humanité. Depuis le début du siècle, la science a détrôné la métaphysique et exerce une influence considérable sur la littérature. La philosophie positive demande aux sciences expérimentales des faits contrôlés, leur emprunte méthodes et raisonnement, à leur exemple, elle renonce à découvrir le pourquoi des choses et se contente du comment. Habile vulgarisateur, un homme comme Fontenelle a beaucoup contribué à répandre cet engouement pour la science. Il n’est pas d’écrivain qui ne se pique de connaissances scientifiques, pas de femme du monde cultivée qui ne s’entoure d’instruments de physique. Montesquieu procède à des expériences de biologie, Voltaire expose en vers le système de Newton. Des sciences à la littérature, c’est un échange ininterrompu, et souvent fécond. Le 18ème siècle, la France cosmopolite Au siècle des Lumières, la France sert de modèle à l’Europe entière par sa littérature, ses arts, sa mode, son élégance et son esprit. Dans cette ambiance, les écrivains français se disent européens, et même citoyens du monde. Rien d’humain ne leur est étranger ; croyant à l’universalité de la raison, ils combattent particularismes et préjugés nationaux. Voltaire se plaît à humilier l’orgueil de ses compatriotes. Les philosophes répandent surtout un idéal de paix et de civilisation. 5 Ce cosmopolitisme se traduit aussi par l’accueil réservé aux influences étrangères. Les Français se passionnent pour la musique italienne, mais dans tous les domaines, c’est l’influence anglaise qui est prépondérante. Voltaire et Montesquieu trouvent dans le régime politique de l’Angleterre des leçons de tolérance et de liberté ; la physique de Newton détrône celle de Descartes, ils rejoignent l’école du philosophe Locke, d’ironistes comme Swift et Sterne, ils traduisent et imitent Shakespeare, Pope, Richardson, les poèmes de Macpherson. Cette « anglomanie » (goût excessif pour tout ce qui est anglais) se révèle même dans les mœurs ; des clubs sont créés où on boit du thé et on préfère les parcs à l’anglaise aux jardins à la française. Le premier demi-siècle se place sous le signe du rationalisme philosophique, le second sous le signe de la sensibilité préromantique. Rousseau et Diderot sont de vivants symboles de ce partage de leur époque entre deux tendances dominantes : ils ont puissamment contribué l’un et l’autre à faire triompher les forces instinctives, les élans irrationnels et même inconscients, mais ils restent tous deux des raisonneurs épris d’idées et de systèmes. Les philosophes du 18ème siècle rejettent toute autre autorité que celle de la raison. Plus audacieux que Descartes, leur maître, ils abandonnent sa métaphysique, soumettent à un libre examen la révélation, les dogmes et la morale du Christianisme ainsi que les institutions politiques et sociales. Ils concluent à la religion et à la morale naturelle, à la tolérance, à l’instauration d’une liberté accrue, à l’abolition d’abus criants et de privilèges injustifiés. Ainsi la littérature devient militante ; les écrivains dirigent l’opinion et préparent l’avenir. Avec Diderot et Rousseau, les émotions se déchaînent, envahissant les âmes et la littérature. Il ne s’agit plus seulement d’une sensibilité délicate : ce sont les instincts affectifs les plus profonds qui, longtemps réprimés, réclament leur revanche. L’émotivité de Diderot est puissante, physiologique, il peint l’enthousiasme inspiré comme une sorte de délire. En matière de religion et de morale, Rousseau se fie à la voix du cœur plutôt qu’à celle de la raison : la conscience est pour lui un instinct divin, aux intuitions infaillibles. Rompant avec tout conformisme, J.J.Rousseau se complaît dans ses particularités individuelles et trouve une amère jouissance à se sentir un être 6 exceptionnel, méconnu et réprouvé. En ce siècle mondain et social, il ne se retrouve vraiment lui-même qu’au fond de la solitude, dans une communion ineffable avec la vie universelle, aboutissement de toutes les harmonies qu’il décèle entre la nature et les mouvements de son âme. Les « lumières » désignent le pouvoir d’intelligibilité de la raison humaine, la raison naturelle, la raison critique. Les ténèbres de l’ignorance, du fanatisme, du dogmatisme, de la superstition, du despotisme et de la tyrannie vont reculer et disparaitre. Les sciences se développent prodigieusement et forment un édifice complet couronné par les sciences sociales. Et le progrès des connaissances développe la foi en un progrès continu de l’humanité vers un état supérieur. Le 18ème siècle est un siècle qui a vu le bourgeois s’affirmer progressivement, s’accroître l’individualisme et s’ébaucher la figure de l’honnête homme, un siècle qui a vu s’épanouir le capitalisme commercial et croître le capitalisme commercial et croître le capitalisme industriel. Un siècle où l’esprit humain a décidément rompu avec Aristote canonisé au Moyen-âge, et saisit l’univers par la mathématique et l’expérience, où savants, philosophes et religieux ont ouvert l’infini à l’homme et lui ont proposé le progrès sans limites. La révolution des « lumières » non seulement ébranle comme le siècle précédent les principes sur lesquels s’appuyaient les forces de la nuit mais les détruit. Le 18ème siècle est avant tout un siècle des révolutions : révolution économique et sociale ; début de l’industrie et la révolution agricole plus la révolution démographique qui l’accompagne car le recul de la mortalité permet une croissance de la population. Une révolution intellectuelle et politique : une nouvelle morale, une nouvelle politique hostiles à toutes les formes de métaphysique, de dogmatisme et de tyrannie, de superstition et de fanatisme : l’ancien régime s’effondre, le siècle se termine par la déclaration de l’indépendance des Etats-Unis, la Révolution française et l’avènement de l’Etat de droit. Le régime nouveau devant assurer à toute l’humanité cette liberté, cette égalité civile, cette propriété inviolable et sacrée, cette souveraineté de la nation. Dans la civilisation européenne, la déclaration des droits devient le nouvel Evangile. Les questions politiques et économiques La remise en question de la politique en France au 18ème siècle vient suite à ce qui s’était déjà passé dans d’autres pays européens au 17ème siècle, 7 notamment uploads/Philosophie/ 2-m12-s02-g3-4-histoires-des-idees-18-eme-siecle-pr-bouraiss 1 .pdf

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