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HAL Id: dumas-01704170 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01704170 Submitted on 8 Feb 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. La vie et l’existence dans la philosophie de Jan Patočka, à la lumière de la corporéité existentiale Charles-André Mangeney To cite this version: Charles-André Mangeney. La vie et l’existence dans la philosophie de Jan Patočka, à la lumière de la corporéité existentiale. Philosophie. 2017. ￿dumas-01704170￿ La vie et l'existence dans la philosophie de Jan Patočka, à la lumière de la corporéité existentiale. Mémoire de M2 sous la direction de Renaud Barbaras. Paris I Panthéon Sorbonne, 2016/2017. Charles-André MANGENEY, ENS de Lyon et Paris I Panthéon Sorbonne. 1/124 À Raphaëlle et à ma mère. 2/124 « N'attrapes-tu que ce que lance ta propre main, tout n'est encore qu'adresse et gain véniel - mais as-tu repris la balle soudain qu'une partenaire éternelle a lancée à ton centre, l'élan bien mesuré, selon telle courbe empruntée au dieu qui sait bâtir les ponts, c'est alors seulement que reprendre est mérite, le tien non, mais celui d'un monde. Et si, bien mieux, tu avais la force, le cœur de relancer, ou si, miracle ! Oubliant force et cœur, tu avais relancé déjà (comme l'année les oiseaux lance, les essaims de migrateurs qu'une chaleur ancienne par dessus les mers jette à une plus jeune), alors, et dans ce risque seul, tu serais un vrai partenaire. Alors tu ne t'allèges plus, ni ne t'aggrave le lancer. Le météore échappé de tes mains vole vers son espace... » Rilke, Rainer Maria, Poèmes épars (1907-1926), Lonrai, Seuil bilingue, 1972, p. 105. 3/124 Table des matières Introduction...................................................................................................................................................................5 I.L'existence contre la vie ou le problème de l'incommensurabilité de l'appartenance et de la transcendance........10 A.La formulation classique du problème : entre homonymie et univocité de l'être............................................13 i.La question de l'univocité de l'être...............................................................................................................13 ii.La radicalisation du problème chez Scheler et Heidegger : l'esprit et la résolution...................................16 B.Reprise du problème chez Patočka : le monde naturel et l'historicité..............................................................24 i.La vie sans histoire, et le redressement de la vie dans l'histoire..................................................................24 ii.L'antinomie du monde naturel et de l'historicité.........................................................................................28 iii.Le présupposé de l'antinomie : une conception seulement négative du corps propre...............................32 II.Le corps existential : de la corporéité comme ressource à la corporéité comme source de l'existence................35 A.La dynamisation de l'existence.........................................................................................................................38 i.Le mouvement vivant...................................................................................................................................38 ii.Le sens originaire du dynamisme du mouvement : ses conditions de possibilité sont aussi ses résultats. 43 iii.L'auto-position du mouvement et le « miracle du faire »..........................................................................48 B.Phénoménologie de la possibilité.....................................................................................................................53 i.Quasi-intention mouvement, intention de quasi-mouvement et intention motrice......................................53 ii.Capacité et possibilité, vie et existence : la critique de la « compréhension » heideggerienne..................59 iii. La compréhension comme ravissement....................................................................................................65 C.Le corps comme archi-possibilité.....................................................................................................................70 i.La condition de possibilité du cercle du mouvement : le corps comme source de possibilisation, c'est-à- dire comme possibilité fondamentale d'aller par-delà nos possibilités...........................................................70 ii.Conclusion : il n'y a de sujet transcendantal qu'empirique.........................................................................77 III.De la corporéité existentiale à l'existence comme dévouement : le mouvement du sujet comme « enracinement ».........................................................................................................................................................81 A.Le monde : seul corrélat possible du corps comme archi-possibilité..............................................................84 i.Le concept phénoménologique de monde comme défaut dans la donation qui n'est pas un défaut de donation............................................................................................................................................................84 ii.Monde perceptif et monde pratico-existentiel.............................................................................................90 iii.La détermination complète de l'existence comme « trame tendue entre deux horizons ».........................94 B.Authenticité et dévouement, ajointement au monde et théorie des mouvements de l'existence...................101 i. Existence asubjective et ajointement au monde........................................................................................101 ii.Dévouement et mouvements de l'existence...............................................................................................106 Conclusion.................................................................................................................................................................117 Bibliographie.............................................................................................................................................................121 4/124 Introduction Il y a, en phénoménologie, et surtout chez ses fondateurs, un parti-pris d'ordre intellectualiste. Ce parti-pris se montre déjà de façon discrète chez Husserl, lorsque ce dernier distingue hylè, noème et noèse, puisque cette distinction lui permettra de faire du noème, le perçu comme tel, le résultat de l'animation du donné, des data ou hylè par l'intention subjective ou noèse. C'est ainsi l'intention elle-même qui donne son sens à la matière, qui l'informe et en fait un vécu avec corrélat objectif transcendant1. Cet intellectualisme, on le retrouve chez Heidegger, élève de Husserl, lorsqu'il affirme, au cœur de son analytique existentiale, que : « Le Dasein n'est authentiquement lui-même que pour autant qu'il se projette primairement, en tant qu'être préoccupé auprès... […] vers son pouvoir-être le plus propre, et non pas vers la possibilité du On-même. Le devancement dans la possibilité absolue force l'étant devançant à la possibilité d'assumer de lui-même et à partir de lui-même son être le plus propre »2. Autrement dit, le Dasein, en tant qu'être devançant, n'est fidèle à son être qu'en tant qu'il accède à son pouvoir-être propre, qu'il échappe à la quotidienneté nivelée, et se révèle, dans une situation donnée, la source des possibilités et des projets qui le constituent et par lesquels il lui donne un sens. Le Dasein est libre en tant qu'il peut être le foyer du possible. La question qui s'ouvre à nous se rapporte désormais au contenu de ce préjugé intellectualiste, qui est le suivant : il s'agit de la séparation absolue de la conception et de la réalisation. En d'autres termes, le sens de l'existence réside tout entier dans l'intention, dans le projet ou le possible que le Dasein conçoit pour lui-même et projette de façon autonome. La liberté existentielle consiste précisément en la conception de nouvelles fins, par un effort d'extraction et de négation des fins moyennes et communes, que nous n'avons pas choisies. Mais la réalisation de ces possibilités conçues n'est pas pensée comme telle, elle se borne à être une exécution, un passage à l'existence comparable au passage à l'existence des cent Thalers dans l'exemple kantien et dont la venue au monde n'altère ni n'enrichit en rien leur conception. Le passage à la matière est donc tout négatif : s'il n'est pas un asservissement, il est en tout cas neutre. La forme informe la matière à blanc, sans être informée par elle. Le Dasein est donc créateur, et non pas acteur : « L'action suppose un déterminisme […] elle obéit à la nature pour lui commander […] Mais la création est 1 Certes, la noèse constitue la chose sous l'influence de la hylè, au sens où une visée ne peut aller avec n'importe quelle matière, que c'est la matière qui prescrit la visée qui lui correspond. Il n'en reste pas moins que la matière n'apprend rien à la visée et ne l'enrichit pas. Voir Husserl, Edmund, Idées directrices pour une phénoménologie, Paris, Tel Gallimard, 1950, § 88, p. 305. 2 Heidegger, Martin, Être et temps, Edition Martineau, en ligne, § 53, p. 209. 5/124 pure liberté ; avant elle il n'y a rien, elle commence par produire ses propres principes, elle invente avant tout la fin ; par là elle participe à la gratuité de la conscience ; elle est cette gratuité voulue, repensée, érigée en but »3. Autrement dit encore, le Dasein trouve sa liberté dans sa capacité de projection, et le projet, en tant que simplement projeté, trouve en lui-même et sans sortir de soi une forme d'achèvement et de perfection. Comment ne pas relier cet intellectualisme phénoménologique et existentiel (même si prouver cette liaison serait le fruit d'un tout autre travail) à une certaine conception des œuvres humaines, séparant par exemple les arts libéraux des arts mécaniques, et faisant de l'idée, de la conception, du projet, le seul vrai travail de l'artiste ? Le génie est créateur comme le Dasein est authentique, c'est- à-dire, comme l'a bien montré Sartre, qu'il tire tout de lui-même, et le passage à la matière de son projet laisse ce dernier intact, comme la réalisation de l'idée de l'artiste est reléguée à un pur problème technique qui ne relève pas de son corps de métier4. Il est même tentant de poursuivre plus loin l'analogie, puisqu'il arrive parfois à Heidegger d'affirmer que « l'homme ne possède pas liberté comme une propriété, mais au contraire, la liberté, le Da-sein ek-sistant et dévoilant, possède l'homme »5, de même au fond que le génie, la faculté créatrice, possède l'artiste. Le Dasein n'est pas libre de ne pas être libre, comme le génie est sans liberté face à l'inspiration6, et il advient à lui- même par le sens qu'il donne au monde du fait de sa projection devançante7. Or, la philosophie, et tout travail accompli directement et en première personne, nous ont appris qu'il est impossible de séparer le projet (ou la conception) de la réalisation, comme l'essentiel de l'in-essentiel, comme il n'est pas de vrai artiste qui ne soit en même temps artisan. Cela revient à dire que le projet seulement conçu ne peut se considérer comme achevé sans une rétro-action de sa réalisation sur lui- même : le projet ne peut se contenter de dépasser les étants vers uploads/Philosophie/ 2017-mangeney-vie.pdf

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