HAL Id: dumas-03441754 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03441754 Submitted on 2
HAL Id: dumas-03441754 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03441754 Submitted on 22 Nov 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Être soi-même avec les autres. Ipséité et altérité chez le premier Heidegger Reinan Ramos dos Santos To cite this version: Reinan Ramos dos Santos. Être soi-même avec les autres. Ipséité et altérité chez le premier Heidegger. Philosophie. 2021. dumas-03441754 UFR10 Philosophie Parcours Philosophie contemporaine Reinan Ramos dos Santos ÊTRE SOI-MÊME AVEC LES AUTRES Ipséité et altérité chez le premier Heidegger Direction de Renaud Barbaras Mémoire de Master 2 Année universitaire 2020/2021 RESUME Dans ce mémoire, j’essaie de montrer comment on pourrait lire non seulement dans l’analytique existentiale de Heidegger, mais aussi à partir de ses cours professés dans les années 1920-1930, une tentative chez le philosophe allemand de changer les coordonnées philosophiques du problème de l’intersubjectivité. J’interprète ce qu’on pourrait appeler la « théorie heideggérienne de l’intersubjectivité » – comportant une instance constituante de la réalité et une instance de donation originaire, à savoir le On-même en tant que sujet inauthentique de la quotidienneté et le Soi-même comme sujet authentique – comme le résultat d’un déplacement de la question qui s’enquiert sur le rapport du soi aux autres du terrain épistémologique et phénoménologique (« comment puis-je avoir accès aux autres consciences ? ») vers le terrain métaphysique et axiologique (« comment devenir libre alors que les autres me déterminent fondamentalement ? »). Pour Heidegger, le problème de l’existence d’autrui ne se pose pas en termes de connaissance et de certitude – c’est pourquoi il échappe au solipsisme épistémologique husserlien –, mais en termes d’aliénation et de libération. Puisqu’ils constituent la réalité, les autres sont ceux qui déterminent le soi, une détermination qui, alliée à la tradition et au langage, domine la compréhension que le soi a de lui-même et lui fait croire que son être est de même nature que la réalité constituée. Pour se délivrer de cette domination, Heidegger propose ce que j’appelle l’isolationnisme existential, une doctrine selon laquelle, pour devenir soi-même, le sujet doit s’arracher au tissu humain et naturel qui le constitue, idée qui sera transposée dans le contexte de l’engagement de Heidegger pour le Parti nazi. Dans la philosophie heideggérienne, on retrouve certes la possibilité de penser une phénoménologie de l’intersubjectivité, avec des nouvelles coordonnées qui n’étaient pas présentes chez Husserl, tels les concepts de Mitsein ou de On. Mais n’est-elle pas la même philosophie qui, pour la première fois dans l’histoire, a soutenu explicitement le solipsisme comme méthode philosophique et en a donné les coordonnées méthodiques à travers l’analyse de l’être-pour-la-mort ? Mots-clés : Heidegger, jeune Heidegger, premier Heidegger ; phénoménologie, ontologie, philosophie politique ; subjectivité, ipséité, intersubjectivité, altérité ; Mitsein, Man, Selbst. English : In this dissertation, I try to show how we could read in Heidegger’s existential analytics, but also from his lectures professed during 1920-1930, an attempt by the German philosopher to change the philosophical coordinates of the problem of intersubjectivity. I interpret what we might call the “heideggerian theory of intersubjectivity” – comprising a constituent instance of reality and an instance of original donation, namely the Man-selbst as an inauthentic subject of everydayness and the self as an authentic subject – as the result of a displacement of the question which inquiries about the relation of the self to others from the epistemological and phenomenological field (“how can I have access to other consciousnesses?”) towards the metaphysical and axiological field (“how to become free when others determine me fundamentally?”). For Heidegger, we cannot think the problem of others’ existence in terms of knowledge and certainty – this is why he escapes from husserlian epistemological solipsism –, but in terms of alienation and liberation. Since they constitute reality, others are those who determine the self, a determination which, allied with tradition and language, dominates the self's understanding of itself and makes it believe that its being have the same nature than constituted reality. To free the self from this domination, Heidegger proposes what I call an existential isolationism, a doctrine according to which, in order to become himself, the subject must tear himself away from the human and natural fabric which constitutes him, an idea that will be transposed in the context of Heidegger’s engagement to the Nazi Party. In Heideggerian philosophy, we certainly find the possibility to conceive a true phenomenology of intersubjectivity, with new coordinates that were not present in Husserl’s work, such as the concepts of Mitsein or Man. But isn’t this the same philosophy that, for the first time in history, explicitly supported solipsism as a philosophical method and gave its methodical coordinates through the analysis of being-towards-death? Keywords: Heidegger, early Heidegger; phenomenology, ontology, political philosophy; subjectivity, selfhood, selfness, intersubjectivity, alterity, otherness; Mitsein, Man, Selbst. REMERCIEMENTS Dans la langue portugaise, le mot pour dire « merci » s’écrit obrigada ou obrigado. Il peut sembler paradoxal qu’un mot prenant sa racine étymologique dans le mot latin obligo – qui est à l’origine d’« obliger » ou d’« obligation » en français – soit utilisé communément pour introduire cet acte si volontaire qu’est le remerciement. Au-delà de la politesse, qui nous oblige quotidiennement à remercier sans vraiment savoir pourquoi, le mot obrigado, lorsqu’il apparaît en dehors du cadre conventionnel, renvoie à beaucoup plus qu’une simple obligation envers les autres. Quand nous disons véritablement obrigado, nous faisons savoir aux autres que ce que nous avons fait et que ce que nous sommes devenus n’aurait pas pu arriver sans le rapport avec eux. La signification du mot obrigado serait ainsi peut-être plus proche d’un autre sens du mot obligo, à savoir « attacher » ou « lier ». En disant obrigado, nous affirmons le lien de solidarité qui nous unit essentiellement aux autres et nous leur montrons que ce lien, que cet attachement nécessaire, est ce qui a rendu tout possible. Je dis obrigado à : Renaud Barbaras, qui a accepté de diriger cette recherche et dont les conseils ont été cruciaux pour sa réalisation. Ses cours toujours stimulants, autant rigoureux qu’originaux, m’ont permis, pour la première fois, de ressentir que je me dirigeais vers les choses mêmes ; Christine Roquet, qui a toujours vu en moi plus que je ne le voyais moi-même ; Larissa Emi, pour la complicité d’âme, la danse, le partage de visions et de mondes ; Flávia Hiroki, pour l’amitié, le jeu, la bienveillance et les fous rires ; Luiz Inácio Lula da Silva, sans qui je ne serais peut-être jamais entré dans le monde universitaire. Fontenay-sous-Bois, 28 avril 2021 À G.H., avec qui j’apprends à être autre que moi Le soi de Heidegger est un système fermé. Martin Buber1 1 Le problème de l’homme, Paris, Aubier-Montaigne, 1962, p. 76. TABLE DES MATIERES Ouverture .......................................................................................................................................................... 7 La question du rapport de l’ipséité à l’altérité humaine et le passage de la phénoménologie à la métaphysique chez le premier Heidegger .................................................................................................. 11 La phénoménologie de la vie et la question de l’origine : monde commun et monde du soi ....... 20 Le phénomène de la signification : ipséité, sens commun et tradition ............................................. 36 L’herméneutique de la facticité et le projet de l’existence authentique du Dasein : le temps, la mort, les autres ........................................................................................................................................... 43 Le rapport à l’autre dans l’ontologie fondamentale : le faux-problème de l’empathie ................... 69 Le problème de l’altérité chez Heidegger : de la phénoménologie à l’axiologie .............................. 89 Réouverture critique ..................................................................................................................................... 99 L’onto-politique heideggérienne : sur l’isolationnisme existential ................................................... 102 L’idéal du soi approprié et son antihumanisme .................................................................................. 117 Clôture : Heidegger et quelle phénoménologie ? ................................................................................... 127 Notice bibliographique ............................................................................................................................... 137 7 OUVERTURE Avec la publication des écrits heideggériens dans le cadre de la Gesamtausgabe chez Vittorio Klostermann, un intérêt renouvelé pour la philosophie du premier Heidegger s’est accentué dans le paysage des études heideggériennes contemporaines. Cette publication et les recherches qui s’y sont penchées ont énormément contribué dans un premier temps à l’enrichissement de l’histoire de la philosophie du XXe siècle, en ce qu’elles ont permis de déconstruire le mythe de la genèse ex nihilo d’Être et temps qu’entretenait encore une certaine interprétation de la philosophie heideggérienne en France. Cet apport historiographique a permis, dans un second temps, de déconstruire le mythe d’une téléologie dans le cheminement de pensée heideggérien, comme si dès le début Heidegger avait su implicitement où il voulait en venir en suivant ses « chemins ». Une fois cette double démystification accomplie, il a été possible de dégager – même parfois contre l’auto-interprétation de Heidegger lui-même – ce qu’il y a de fécond dans le geste qui « fait retour » aux travaux du premier Heidegger et qui considère uploads/Philosophie/ 2021-ramos-dos-santos-etr.pdf
Documents similaires










-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 30, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.7989MB