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1 Remerciements Merci à mon promoteur Michel Lisse pour sa patience et l'aide précieuse qu'il m'a apportée au bon moment, à mon mentor de poésie Michel Dupuis et à la mineure en culture et création qui m'ont permis de réaliser un travail de poésie, à Laurent Gilson, un ami qui m'a apporté de la confiance, à mes parents, qui m'ont soutenue tout au long du travail. 2 Introduction Artaud et Derrida en discussion, dans la mise en abîme tumultueuse de la création. Derrida est un philosophe intéressé par l'art alors qu’Artaud est un poète ayant développé une pensée philosophique débordant de son travail d’artiste. Notre travail ne se propose pas de les réduire à cette affirmation, mais de tenter, simplement, d'observer et de mettre en exergue un des enjeux majeurs de la dialectique qui lie et relie ces deux acteurs. En réalité, Artaud et Derrida ne se sont pas côtoyés durant leur vie, même si on peut le penser compte tenu de l'intensité de leurs échanges. Nous ne traiterons donc non pas d'une discussion en chair et en os -bien qu'elle aborde d'une certaine façon la chair et l’os- mais plutôt d'une discussion interne à la pensée de Derrida, elle-même faisant immédiatement écho à celle d'Artaud. Alors pourquoi suggérer que la discussion se déroule entre Derrida et Artaud dans le titre? Commençons par mieux cerner la définition d'une discussion. D'après Le Robert 1, cela désigne l'action d'examiner, d'analyser quelque chose; le fait de remettre en question un ordre en s'y opposant par des arguments; un échange de point de vue et d'idées; une altercation plutôt vive et passionnelle entre deux opposants. Dans ses quatre analyses définitionnelles, ce mot prend sens pour notre thématique. En effet, notre travail aborde comme source d'information principale plusieurs textes que Derrida a écrits au sujet de la pensée d'Artaud, étayés par certains propos de ce dernier. Se joue alors le théâtre d'une véritable discussion. D'un côté Derrida tente d'analyser la pensée d'Artaud mais un paradoxe se pose directement à lui: comment analyser une pensée qui s'oppose au discours critique et à toute forme de différenciation ou de dissociation interne ? Autrement dit, par quels moyens, si tant est qu’il en existe, soumettre une perspective telle que celle d’Artaud à une analyse fragmentaire voire morcelante alors même que cette perspective présente une résistance de fond à la pensée analytique? Derrida est bien conscient de cette difficulté et propose un contenu philosophique plus proche d'un échange de point de vue sur Artaud que d'une véritable dissection de sa pensée. Néanmoins, et nous le verrons dans le premier chapitre, Derrida est en opposition avec ce qu'il appelle "la philosophie" d'Artaud. Ses écrits pourraient en être affectés s'il ne restait dans une vision philosophique scientifique. La discussion de Derrida avec Artaud est donc plutôt ambigüe. Derrida peut-il vraiment rendre compte de l'élan poétique et vital nécessaire aux écrits d'Artaud , tout en étant partagé entre l'admiration et une forme de rejet? De l'autre côté, on trouve les textes d'Artaud. S'y joue une discussion virulente et forte 1 Paul ROBERT, Le Petit Robert 1, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Le Robert, 1991, p. 551. 3 d'Artaud avec lui-même et avec la société. Il s'agit d'une remise en question de l'art dans le corps social et d'une déconstruction des structures établies. A l'intérieur de cette discussion règnent paradoxes et antinomies. C’est en ce sens qu’Artaud doit parfois faire face à une certaine impossibilité de résolution, chacune de ses thèses élaborées étant susceptible de trouver, au sein des morceaux épars de sa pensée, l’antithèse qui l’annule. Celle qui la tue. Le discours critique et la figure du philosophe sont remis en question par Artaud et résonnent encore comme paradoxes et nécessités dans les textes philosophiques de Derrida. Ils s'interrogent mutuellement, l'art questionne la philosophie et la philosophie se questionne sur l’art. Une éternelle dialectique dont la synthèse reste sans visage. Pour continuer, intéressons-nous à la seconde partie du titre. Elle donne plusieurs informations essentielles relatives à la tournure de ce travail. La notion courante de mise en abyme2 désigne un procédé de répétition interne à une œuvre littéraire ou artistique, et est souvent utilisée dans le surréalisme et dans le nouveau roman. L'expression est volontairement orthographiée dans le titre à l'aide du mot abîme pour renforcer la dimension d'infini et de perdition que peut revêtir la répétition. D'après le Robert3, l'abîme se dit d'un gouffre aux profondeurs insondables, d'une chose infinie ou d'une situation de perdition. De plus, l'expression est qualifiée dans le titre de tumultueuse. Cela signifie que, non seulement la mise en abîme renvoie à un processus infini et de perte (ou même de fuite), mais elle se veut également bouillonnante, trouble et effervescente, tel le présage d'un chaos bruyant! Mais de quoi est-il question? Quel objet se trouve engrené dans le déchaînement de cette force obscure? La création. Ce travail a pour objet principal le concept de création tel qu'il tente d'être approché par Artaud, au travers de l'œuvre, du théâtre, de la scène, de la parole, du geste, du souffle...au travers de la vie même. Et nous verrons qu'il est véritablement pris dans un mécanisme abyssal, rendu possible et impossible par une certaine répétition au sein de sa représentation. Précisons que ce sujet est abordé essentiellement à partir des textes de Derrida et non directement à partir de ceux d'Artaud. La mise en abîme comme fuite infinie du sujet se répercute donc aussi sur Derrida et, peut-être, avec encore plus de force. Pour finir l'analyse du titre, observons l'importance du mot lien entre la première et la seconde partie. Manifestement, la mise en abîme de la création n'est pas le sujet de la discussion entre Artaud et Derrida, mais plutôt le lieu, la manière, ou peut être même la temporalité dans laquelle elle se déroule. D’ailleurs cette mise en abîme, précisément, donne la qualité de non- 2 cf. Lucien DÀLLENBACH, Le récit spéculaire (Essai sur la mise en abyme), Paris, Seuil, 1977. 3 Paul ROBERT, op. cit., p. 4. 4 lieu à la scène sur laquelle se déroule cet échange. La posture de la phrase souligne que le concept de création n'est pas à envisager comme un simple sujet de discussion, mais comme une réalité qui influence les deux acteurs sur de nombreux plans. Une discussion qui les anime à la fois comme cause et comme résultat de leur projection sur les pentes vertigineuses de la création. Ils sont entrainés tout entiers dans les plus intimes fondements de leur thématique. Le titre de ce travail en dévoile l'orientation. La question de recherche peut donc maintenant être posée pour identifier l'approche de la problématique. Comment un paradoxe fondamental est-il à l'œuvre dans les textes de Derrida sur Artaud, et à l'intérieur même de la pensée d'Artaud? Le paradoxe des textes de Derrida réside dans la volonté de lire philosophiquement une œuvre qui s'insurge contre les procédés de dissection symptomatique des discours critique et clinique. Le paradoxe des textes d'Artaud se retrouve dans presque tous ses concepts comme par exemple le fait de penser la création en termes de déconstruction, la vie en termes de mort, la santé en termes de maladie, etc. Et pourtant, la question s'intéresse à un paradoxe fondamental, un paradoxe à l'œuvre, ce qui signifie qu'il ne cloue pas la discussion dans une impossibilité radicale. Cette absurdité apparente est en réalité à la base de la discussion, comme le fondement du concept de création, comme le moteur. C'est un paradoxe nécessaire qui garantit l'ébranlement de la réflexion. Pour aborder notre problématique, ce travail se divise en cinq chapitres ancrés sur les réflexions d'un texte de Derrida sur Artaud. Le premier chapitre débute par deux courtes biographies sur Artaud et Derrida. Ensuite, il aborde avec plus de complétude notre question de recherche grâce au texte de Derrida intitulé Artaud le Moma. Les trois chapitres suivants ont pour thème un moyen d'expression discuté ou expérimenté par Artaud, et le support de représentation qui les accompagne, telle une antithèse. Ils s'intitulent respectivement: "Parole et Ecriture", "Théâtre et Scène" et "Dessin et Subjectile". Ces parties s'élaborent à partir de trois textes de Derrida: "La parole soufflée", "Le théâtre de la cruauté et la clôture de la représentation" et "Forcener le subjectile". Le dernier chapitre s'intitule "Poésie et Création" et cherche à synthétiser l'ensemble du travail tout en apportant de nouveaux reliefs à la problématique de départ. Tout au long des chapitres, des citations issues des textes d'Artaud viennent appuyer notre analyse. 5 En annexe, ce travail propose un projet personnel de création poétique réalisé dans le cadre de la mineure en culture et création. Il se présente comme une résonnance poétique et artistique à la problématique abordée philosophiquement. Avant de plonger au cœur du sujet, écoutons l'âme d'Artaud: "Si je suis poète ou acteur ce n'est pas pour écrire ou déclamer des poésies, mais pour les vivre. Lorsque je récite un poème, ce n'est pas pour être applaudi mais pour sentir des corps d'hommes ou de uploads/Philosophie/ artaud-et-derrida-en-discussion-dans-la.pdf
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- Publié le Mai 24, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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