fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180 L'ARGUM
fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180 L'ARGUMENTATION Argumenter - Persuader - Convaincre Au sens premier du terme, la rhétorique désigne l'ensemble des outils et des procédés de l'orateur. Plus largement, elle désigne la réflexion menée sur l'art de persuader par la parole (discours, art oratoire) ou par l'écriture, et elle enseigne les moyens de convaincre un auditeur ou un lecteur. 1°) DÉFINITIONS Argumenter, ou chercher à convaincre, c'est utiliser des moyens rationnels et logiques pour démontrer la vérité ou de la fausseté d'un fait. C'est chercher à faire comprendre par une démarche essentiellement intellectuelle, en ayant recours au savoir, aux connaissances et à la logique. Quand on veut convaincre, on argumente en s'adressant à la raison de l'interlocuteur, on présente des faits, des exemples, on fait appel à l'expérience… On utilise alors un registre didactique. Alors que, pour persuader, on utilise des moyens indirects, voire irrationnels, qui faussent subtilement l'argumentation et qu'il est parfois difficile de démasquer (voir l'implicite, l'ironie). La persuasion joue beaucoup plus sur l'affectif, les sentiments, les émotions (compassion/pitié, ou colère/indignation…), on cherche à séduire l'interlocuteur, à le charmer, le flatter, à ridiculiser l'adversaire et ses thèses… On cherche plus à entraîner l'adhésion de l'autre qu'à le convaincre de façon rationnelle. Persuader consiste à faire croire en cherchant à ébranler l'âme, à obtenir une adhésion affective du locuteur. Enfin, délibérer, c'est peser le pour et le contre, examiner le différents points de vue et arguments, avant de se décider (un jury délibère dans un procès, avant de donner son verdict). L'argumentation est l'ensemble de la démarche par laquelle on veut convaincre ou persuader l'autre, l'enjeu désignant ce qui est en jeu, l'objectif à atteindre, le "gain" espéré. Toute argumentation présente une thèse, opinion ou position que l'on a par rapport à un thème ou problème donné ; c'est la notion que développe et que défend le texte, l'auteur. Un argument est une proposition générale, une idée utilisée pour soutenir la thèse, ou critiquer la thèse adverse, appelée l'antithèse. Parce que les arguments restent généraux et abstraits, l'auteur choisit souvent de les illustrer par des exemples, tirés de cas concrets, de faits réels. Les exemples ont deux fonctions : ils permettent de rendre plus accessibles et plus compréhensibles des idées difficiles (car ils les illustrent) mais ils peuvent parfois jouer le rôle de "preuves", venant renforcer les idées énoncées (ils deviennent alors argumentatifs). fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180 2°) LES MOTS DE LIAISON Les articulations ou connecteurs logiques jouent un rôle important dans la construction d'une argumentation ; ils articulent les arguments en chaînons élémentaires et mettent en relief l'ordre dans lequel ils se suivent, aidant ainsi à comprendre le cheminement de la pensée. Ils permettent d'organiser les arguments entre eux pour constituer un raisonnement. On retiendra surtout les connecteurs logiques exprimant : relation logique connecteurs logiques : fonction : ADDITION ADJONCTION GRADATION et - de plus - en outre – aussi - par ailleurs – surtout - d'abord - ensuite - enfin - d'une part… d'autre part… - non seulement… mais encore… - également… permet d'ajouter un argument ou un exemple nouveau aux précédents PARALLÉLISME COMPARAISON de même - de la même manière - ainsi que - comme… établit un rapprochement entre deux faits CONCESSION malgré + GN - sans doute - en dépit de - bien que + Vb - quoique - quand bien même… permet de constater des faits ou des arguments opposés à sa thèse, tout en maintenant son opinion OPPOSITION mais - au contraire - or - cependant - pourtant - en revanche - tandis que - alors que - néanmoins - toutefois, … permet d'opposer deux faits, deux arguments, souvent pour mettre en valeur l'un d'entre eux CAUSALITÉ car - en effet- étant donné que - parce que - puisque - en raison de - sous prétexte que - dans la mesure où - (+ au XVIIe : pour ce que - à cause que…) … permet d'exposer l'origine, de remonter à la cause d'un fait CONSÉQUENCE ainsi - donc - c'est pourquoi - par suite - de là - d'où - dès lors - de sorte que - si bien que - par conséquent… permet d'énoncer le résultat, l'aboutissement d'un fait ou d'une idée CONCLUSION donc - ainsi - finalement - en résumé - en bref - en définitive - pour conclure - en conclusion… permet de conclure une argumentation Mais les relations logiques peuvent aussi être décelées à travers d'autres indices : - la ponctuation les deux points peuvent introduire une explication, ou bien une cause, ou encore un exemple ; les parenthèses ou les tirets amènent un détail supplémentaire ; les guillemets peuvent mettre un mot/une expression en valeur pour attirer l'attention dessus (soit pour insister sur ce mot, soit au contraire dans une intention ironique) ; le point d'interrogation peut être une interrogation oratoire qui amène ensuite une explication… - la juxtaposition simple de deux arguments ils peuvent former une suite logique (le 2ème vient renforcer le 1er) ou s'opposer (le 2ème contredit le premier) … À vous de voir pourquoi ils sont simplement juxtaposés, sans lien logique entre eux, et quel est l'effet produit… fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180 - la composition du texte en paragraphes peut aussi aider à voir que l'on passe d'un argument à un autre… Il faut toujours être attentif à la disposition du texte, à son PLAN, à l'ordre des idées/arguments, au nombre de § et à leur contenu. les stratégies argumentatives Dans un texte argumentatif, le locuteur (l'auteur, ou le narrateur, ou le personnage) cherche à convaincre un destinataire (un lecteur, ou un autre personnage) et à lui faire adopter son point de vue. Il va donc utiliser des arguments, et des types de raisonnements, dans le cadre d'un plan plus vaste, d'un but final. C'est ce plan d'ensemble que l'on désigne par l'image de la stratégie d'argumentation : comme s'il fallait un plan, en vue de remporter une bataille. Cette stratégie, dans une situation d'énonciation donnée, vise à exposer et à soutenir une thèse, souvent contre une thèse opposée, implicite ou explicite, qu'elle cherche à réfuter ou à discuter. L'argumentation prend alors une fonction polémique *. (voir : le registre polémique) 1°) les différents types d'ARGUMENTS On peut employer différentes sortes d'arguments : - l'argument logique est de type rationnel ; sa vérité est de l'ordre de la cohérence interne (ex : être libre, c'est refuser l'esclavage). - l'argument de valeur : il se réfère à un système de valeur communément admis. Sa validité, limitée à ce système, ne remporte pas forcément l'adhésion générale. - l'argument d'expérience : fondés sur l'observation et l'expérience, ils sont souvent de l'ordre du constat (ex : les gens qui ont peur des autres sont souvent agressifs). - l'argument d'autorité : l'auteur a recours à la caution d'un homme illustre, reconnu dans tel ou tel domaine, pour légitimer ses propres affirmations. Mais ce recours varie selon les cultures, les époques, les idéologies. - l'argument "ad hominem" : il est utilisé pour discréditer qqn, en attaquant non pas ses idées, mais sa personne même (ou sa vie privée). Parce qu'il en appelle au particulier au détriment de la vérité générale et de la réflexion personnelle, ce type d'argument est souvent "spécieux", c'est-à- dire sans valeur véritable. Il y a aussi les "mauvais" arguments, ou arguments fallacieux : Certaines phrases se présentent comme des arguments, mais n'ont pas de valeur rationnelle ni logique, ou elles comportent des erreurs. - la pétition de principe ou postulat de départ présente comme vrai ou recevable ce qui devrait être démontré. - la "fausse cause" aussi appelée « saut à la cause » est une façon de présenter un lien chronologique comme un lien, logique, de cause à effet (or, ce n'est pas parce que deux événements A et B se suivent qu'ils sont forcément liés, ou que A est la cause de B). - le renversement de cause à effet consiste à présenter une conséquence B comme étant en fait la cause de A. On inverse ainsi la relation logique entre A et B. fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180 - la contre-vérité est une affirmation manifestement contraire à la vérité. - l'opinion, personnelle (ou collective) tente de faire passer une prise de position personnelle, pour une vérité universelle. - la généralisation abusive : on prend en fait quelques faits, ou exemples, ou individus, pour attaquer (ou louer, c'est selon) tout le groupe, toute la catégorie, tout l'ensemble. On généralise à partir d'un nombre insuffisant ou trop réduit. - la non-pertinence : la réponse faite n'a rien à voir avec le sujet, on dévie du sujet, on esquive ou fausse le débat. - l'amalgame : on assimile abusivement deux éléments qui n'ont rien à voir. - le faux syllogisme * ou paralogisme (quand l'interlocuteur se trompe de uploads/Philosophie/ 55-les-procedes-de-l-argumentation-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 31, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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