PHILOSOPHIEN'OMADE Un diagnostic de notre temps Commentaires philosophiques Col
PHILOSOPHIEN'OMADE Un diagnostic de notre temps Commentaires philosophiques Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant à ladite "histoire de la philosophie", à travers leur lecture méthodique, telle est la finalité des ouvrages de la présente collection. Cette dernière demeure ouverte dans le temps et l'espace, et intègre aussi bien les nouvelles lectures des "classiques" par trop connus que la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes à reconnaître. Les ouvrages seront à la disposition d'étudiants, d'enseignants et de lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de la philosophie. Déjà parus Jean-Jacques ROUSSEAU, Essai sur l'origine des langues, 2009. Jean-Jacques ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes suivi de La reine fantasque, 2009. Khadija KSOURI BEN HASSINE, La laïcité. Que peut nous en apprendre 1 'histoire? 2008. Stamatios TZITZIS (dir.), Nietzsche et les hiérarchies, 2008. Guy DELAPORTE, Physiques d'Aristote, commentaire de Thomas d'Aquin, 2008. Khadija KSOURI BEN HASSINE, Question de 1 'homme et théorie de la culture chez Ernst Cassirer, 2007. Angèle KREMER MARIETTI, Nietzsche et la rhétorique, 2007. Walter DUSSAUZE, Essai sur la religion d'après Auguste Comte, 2007. Monique CHARLES, Kierkegaard. Atmosphère d'angoisse et de passion, 2007. Monique CHARLES, Lettres d'amour au philosophe de ma vie, 2006. Angèle KREMER MARIETTI, Jean-Paul Sartre et le désir d'être, 2005. Michail MAIATSKY, Platon penseur du visuel, 2005. Rafika BEN MRAD, La Mimésis créatrice dans la Poétique et la Rhétorique d'Aristote, 2004. Gisèle SOUCRON, Nietzsche: généalogie de l'individu, 2003. Gunilla RAAC (dir.), llommage à Oscar Haac, mélanges historiques, philosophiques et littéraires, 2003. Angèle KREMER MARIETTI, Carnets philosophiques, 2002. Abdelaziz 1111111 3248753 SOPHIE OMADE Un diagnostic de notre temps Préface d'Angèle Kremer Marietti L 'HARMA TI'AN © L'HARMATTAN, 2009 5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris http://www.librairiehannattan.com diffusion.hannattan@wanadoo.fr harmattan l@wanadoo.fr ISBN: 978-2-296-10719-9 EAN : 9782296107199 Qu'on ne se méprenne pas sur l'intention portée par la «philosophie nomade» d'un philosophe qui a traduit en langue arabe les œuvres de Paul Ricoeur, de Maurice Merleau-Ponty, de Gilles Deleuze, et dont la thèse magistrale, soutenue à l'université de Tunis en 2003, a pour titre « Le problème de Ja liberté et la vertu du sens dans la philosophie de Maurice Merleau-Ponty». Auteur de plusieurs ouvrages philosophiques publiés en langue arabe, et tels que Savoir et pouvoir chez Michel Foucault (1994), Éthique de la mort et du bonheur (2005), La philosophie de l'agir (2007), Abdelaziz Ayadi, professeur à l'université de Sfax (Tunisie), travaille actuellement sur le thème de la problématicité et des rythmes. L'ouvrage qu'il nous propose aujourd'hui, dans une langue française très précise et très élégante, comporte donc des rhizomes qui concernent la culture philosophique contemporaine et qui nous « parlent» profondément. Loin d'extravaguer, le «nomadisme» s'est imposé ici des cadres rigoureux, déterminés par ce que le philosophe Abdelaziz Ayadi appelle à juste titre une « nomadologie », que les pages qui suivent permettent de reconnaître comme suprêmement consciente d'elle-même. C'est dire la nature propre d'une telle «philosophie nomade» et surtout évoquer son pouvoir puissamment créateur parce qu'il est porteur de nouvelles instigations philosophiques qui ne manqueront pas de se confirmer nécessaires à l'équilibre d'un « vivre ensemble» novateur. Or, nul ne contestera que le monde contemporain a besoin d'une nouvelle liberté et de 5 Poxygène qu'elle est susceptible de libérer en chacun de nous. À travers ce «nous», qu'il soit accepté de trouver simplement globalisés dans notre temps les potentiels lecteurs de ce livre de haute vigie culturelle. Les points d'attaque développés par la stratégie philosophique d'Abdelaziz Ayadi confinnent, à chaque trait, les ressorts de la philosophie nomade qui est la sienne. Loin de n'être que «nomade », cette philosophie pose la question éthique essentielle, ou minimale, d'une action obéissant aux valeurs suprêmes de la liberté, de l'équité, de la vérité, et de la double solidarité biologique et culturelle, s'organisant dans la coexistence des échanges, des sollicitations et des donations de sens. Notons que, pour survivre en bonne et due forme, ces valeurs obéissent à leur condition de survie, c'est-à-dire en se déployant dans les termes des t~nsions qui les constituent. Il s'agit donc bien d'une éthique essentiellement problématique, c'est-à-dire interrogative, inachevée, persévérante, que nous propose Abdelaziz Ayadi, celle du nomade. Et lui, le nomade, qui est-il? Il se définit convenablement dans le « faire»: « Le nomade parcourt un champ ouvert suivant une ligne différen:iante de c répétition. Il se déplace sur un territoire parfaitement inconnu sans se perdre. » Ce n'est pas l'extravagant, c'est bien l'expérimentateur et, de ce fait, le résistant qui sait créer, sans voiler les intérêts par les principes, tout en travaillant à vaincre l'angoisse des lendemains dans l'autonomie visée. Le nomade ne «bétonne» pas, il voyage, il passe, il n'ignore pas la ligne du dehors «qui ouvre aux grandes patiences du monde et aux éloignements dans lesquels se configure la proximité». Le nomade proposé par Abdelaziz Ayadi crée «de nouveaux agencements qui transgressent les frontières pour faire 6 émerger des réalités nouvelles à partir des nœuds de coopération et d'expression sans cesse dénoués». Le nomade qui s'avance vers nous, c'est l'homme qui pense tous les «dehors» : celui de «la modernité qui est son impensé, le dehors de la pensée qui l'oblige à penser, le dehors de l'espace fenné qui est l'horizon sans toit, le dehors du tout fait qui est le se faisant, le dehors du pouvoir qui est la résistance, le dehors de l'immobilisme qui est la vie, le dehors de la plénitude qui est la fêlure, le dehors du désespoir qui est la colère, le dehors du tout résolu qui est la problématicité, le dehors de la perte du monde qui est notre croyance en lui, le dehors de l'hétéronomie qui est l'autonomie ou l'auto-position de l'être autoréférentiel » ! Au lieu de «désindividuer» l'individu, accompagner une telle réflexion le libère, renforce sa puissance originale tout en élargissant le champ de sa décision, au-delà des trop fameux «ismes» du nationalisme, de l'exclusivisme, du racisme, du fascisme, du fanatisme, de l'intégrisme. C'est pourquoi des leçons s'avèrent être nécessaires, comme celle d'un Schopenhauer réappropriant la parabole de la caverne pour nous déprendre d'une «theoria inconsistante attachée à des phénomènes dénués d'être» et pour nous faire accéder à une theoria plus haute, nous permettant «d'évaluer la natu~e profonde de la poièsis ontologique ». Mais la leçon d'un Patocka nous est profitable, qui appelle à lui une «phénoménologie asubjective », englobant le subjectif et l'objectif. Tl s'agit, nous explique Ayadi, de la « sphère de l'apparitiori dans son apparaître». Et Patocka souligne ce qu'est le mouvement de l'ancrage comme «insertion du sujet dans son monde par la relation aux autres », mais encore comme percée de « l'exploitation des possibilités de l'homme à la lumière de la vérité de &on être ». 7 Mais aussi le legs de Maurice Merleau-Ponty est à prendre au sérieux, puisqu'il nous apprend que « la chair est creux et plis que ne peuvent atteindre les explications, linéaires, causales et même dialectiques », et pour laquelle s'élargit la carte d.e la philosophie, de la phénoménologie, afin de nous «sortir des dualismes et appréhender la structure comme 'tissu conjonctif». Et, à propos de « carte », Deleuze est là pour nous rappeler que la carte n" est pas un tracé statique, elle est «une découpe, une trajectoire, un parcours dynamique de chemins, de méandres, de seuils, d'itinéraires et de détours ». C'est « le traçage des répartitions empiriques des singularités et des événements,. puisque ni l'abstrait ni l'universel n" expliquent rien». En même temps, la cartographie deleuzienne rend possible la contre-effectuation qui contrecarre les lieux du pouvoir, par exemple, en démolissant l'hégémonie absolue du capital. Un tel itinéraire, ouvert au monde contemporain et à notre être dans ce monde, est celui que nous enjoint de suivre cette philosophie nomade qui, sans nous essouffler, nous fait parcourir des espaces de vie et de santé qu'il nous fait découvrir pour notre plus grand salut. Que le philosophe Ayadi en soit remercié! Angèle Kremer Marietti 8 1. . J La question de l'agir est une question inaugurale dans tout discours philosophique, elle est celle de « tous ceux qui passent leur vie à philosopher» 1 même s'ils sont raillés par la servante de Thrace. L'initialité de la question est posée conjointement et solidairement avec sa problématicité. La question est initiale de par la décision philosophique fondatrice et elle est problématique de par son attachement à la spécificité de l'action, à ses effets et par conséquent à sa valeur. Dans une époque où nous vivons la fin des certitudes, une philosophie de l'agir peut avoir des détours que ne peuvent connaître ni la raison d'Etat ni les idéologies déterministes qui tentent de nous convaincre d'une logique universelle qui anime le monde. Il n'est pas de notre ressort de traiter de la crise des valeurs ou de leur renaissance ni de remplacer le déterminisme strict par un subjectivisme absolu. Nous nous limitons simplement à des questions qui peuvent ouvrir la voie à une éthique uploads/Philosophie/ abdelaziz-ayadi-angele-kremer-marietti-philosophie-nomade-un-diagnostic-de-notre-temps-2009-editions-l-x27-harmattan.pdf
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- Publié le Sep 13, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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