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P68 p26 p40-41 p47 : depuis homère jusqu'au... p50-52 : les mesures que prend ulysse au moment... à la forme mythique vaincue. Par Benjamin Torterat Qu'est ce qu'une personnalité autoritaire ? Theodor W. Adorno (Theodor Ludwig Wiesengrund), 1903-1969, est un philosophe, sociologue, compositeur et musicologue allemand. En tant que philosophe, il est avec Herbert Marcuse et Max Horkheimer l'un des principaux représentants de l'École de Francfort , au sein de laquelle a été élaborée la Théorie critique ((groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de Recherche sociale fondé à Francfort en 1923. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir au transformisme. ). En tant que musicien et musicologue, il est représentant de la seconde école de Vienne et théoricien de la Nouvelle Musique. La pensée d'Adorno est centrée sur une critique de la Raison qu'il associe au terme Aufklärung (Lumières en allemand), au sens où celle-ci est à la fois considérée comme émancipatrice et dans le même temps comme instrument de domination : « Les Lumières sont totalitaires » (Aufklärung ist totalitär). Sans pour autant verser dans l'irrationalisme ou la mystique, il se réclame d'une forme de rationalisme : il s'agit d'une critique de la raison au nom même de la raison bien comprise. Critique donc de la domination sur la nature mais aussi de la domination de la nature. La révolte de la nature peut justement libérer des puissances pulsionnelles et autoritaires. L'extrait que nous étudions provient d'une vaste enquête sociologique intitulée Études sur la personnalité autoritaire qui interrogent l'avenir du fascisme dans l'après-guerre et surtout l'antisémitisme et le racisme. Le dispositif de réflexion est centré autour de cette réflexion : qu'est ce qu'une personne potentiellement autoritaire ? Voir qu'est-ce qu'un fasciste ? L'enquête s'est construite en interrogeant plus de 2000 citoyens américains et les questions étaient toutes relatives à ces neufs variables, destinées à la construction de l'échelle F, c'est à dire la construction de l'échelle chargée de mesurer et de graduer les préjugés fascistes des personnes interrogées. Cette échelle résultait du croisement de plusieurs questionnaires et d'entretiens « idéologies ». Et ce dispositif procède lui-même de la déconstruction d'autres dispositifs constitués par des concepts dont l'histoire du XXè a montré l'insuffisance : les concepts marxistes d'idéologie, d'appartenance à une classe, de détermination à l'action politique par l'intérêt de classe et surtout le concept classique d'individu capable d'un choix politique rationnel. Le construction du dispositif Adornien a lui aussi ses difficultés et opacités mais ce soir ce qui me semble plus intéressant de traiter est la question de fond, à partir de cette grille sociologique : qu'est ce qu'un potentiel autoritaire et donc un potentiel anti-démocratique ? Quelle actualité de cette question et pourquoi y prêter attention dans des séminaires sur l'émancipation ? Cette question est au fond celle qui traverse tout l'oeuvre d'Adorno : l'émancipation peut toujours se retourner en son contraire. Elle a même une tendance à le faire. C'est ce qu'il constate déjà dans l'ouvrage écrit avec Max Horckeimer à propos du mouvement des Lumières : l'émancipation et la sortie du Moyen-Âge, l'entrée dans la modernité appuyée par la philosophie des Lumières plaçant la Raison au cœur de ce mouvement d' émancipation s'est retourné en son contraire : exploitation de la nature, de l'humain par l'humain, logique calculatrice. C'est aussi chercher à combattre le fascisme d'abord en nous, comme Deleuze le disait : « nous avons tous en nous un petit Staline ». Pourquoi le terme « potentiellement » ? C'est à dire un individu dont la structure émotionnelle et psychique est propre à le rendre particulièrement réceptif à la propagande antidémocratique. S'interroger sur la formation psychique de la pensée antidémocratique et chercher les facteurs déterminants qui contribuent à cette formation conduit donc à secondariser les plans socio-économiques des analyses traditionnellement marxistes, « ce qui se trouve à la surface », pour tourner l'attention vers « ce qui se trouve au-dessous », la structure de la personnalité. Cette structure n'est bien sûr ni donnée, ni figée. Comme la « pulsion sociale » analysée étudiée par Freud dans Psychologie des masses et analyse du moi, elle peut être analysée et décomposée, soumise au cercle aux influences : écoles, familles, éducation. Mais cette structure pour Adorno se caractérise quand même par une organisation relativement stable de forces psychiques persistantes, qui sont des dispositions à dire et à agir. Il s'agit de comprendre que ce qu'un individu déclare publiquement n'est pas ce qu'il dit secrètement, ni ce qu'il pense sans le dire, ni même ce qu'il est susceptible de penser ou de faire, mais que toutes ces strates de surface et de profondeur, loin de s'exclure sont liées, organisées d'une certaine manière, que l'enquête d'Adorno cherche à caractériser. Et cette structure n'est pas modifiable facilement puisqu'elle a été modelée par l'éducation. Cette grille d'étude sur la personnalité autoritaire met ainsi à nu la nécessité d'anachroniser la présent pour toucher la complexité du réel politique. C'est travailler à même les « structures profondes » qui rendent acceptables des discours idéologiques de surface. Ce forage dans les profondeurs psychiques où le stéréotype idéologique vient s’inscrire croise le concept important d'Ernst Bloch dans Héritage de ce temps, celui de « non-contemporanéité » = c'est à dire que le présent est polymorphique, il comprend plusieurs strates, idéologique, sociale, politique, culturelle, économique, psychique. Il n'y a pas qu'une réalité historique mais plusieurs dont la mise au jour requiert le recours au savoir de l'inconscient. On peut comprendre que l'idéologie, par l'usage de la langue, s'inscrive dans les structures psychiques des individus, Victor Klemperer l'a montré à travers son étude méticuleuse de la LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIeme Reich). C'est ainsi que le bouleversement de la perspective marxiste a été initié par Erich Fromm et Wilheim Reich. Confrontés en 1933 au ralliement d'une partie de la classe ouvrière allemande au national-socialisme, les 2 théoriciens critiques jugent ce ralliement incompréhensibles du seul point de vue des analyses marxistes et de l'exploitation économique. Le marxisme francfortois prenait ainsi acte de l'insuffisance pertinence des concepts de classes et de luttes des classes dans l'histoire politique des années 30. Il importait de saisir pourquoi les ouvriers autant que les employés de bureau ou les petits-bourgeois, les grands industriels aussi pouvaient tous devenir fascistes. Ce que E Fromm nommait le « caractère autoritaire devenait le nouveau centre de gravité de l'analyse. Les divers mécanismes qui sont en œuvre dans la formation du caractère autoritaire au sein de la famille ont ainsi été longuement analysés par les théoriciens de l'école de Francfort à travers la psychologie des profondeurs. Celle-ci a montré comment la dépendance, le profond sentiment d’infériorité, la polarisation de toute la vie psychique sur les notions d'ordre et de soumission, mais aussi d'autre part les réalisations culturelles, sont conditionnées par les relations à ses parents ou à ceux qui en tiennent lieu. La famille garante de « la solidité de l'ordre bourgeois ». Les analyses psychologiques et sociales, relatives à l'autorité paternelle ont été initié par Paul Federn en 1919 avec son ouvrage « Contribution à la psychologie de la révolution : la société sans père ». Dans cet essai P. Federn prend appui sur Totem et Tabou de Freud pour montrer comment les sujets confrontés à la désillusion que suscite en eux « la médiocrité des pères réels comparée à la toute puissance de leur image infantile » réagissent soit par « une élaboration imaginaire de substitution (figures paternelles grandioses) soit par une « attitude d'opposition et de résistance à tout pouvoir ». P Federn trouve ainsi un principe d'explication à la fois au surgissement contemporain de « l'institution fraternelle » propre à la démocratie des conseils ou des soviets, mais aussi à l'apparition de la figure idolâtrée du meneur, du chef. Le fascisme précisément vit des effets de transgression et de destruction produits par ce déclin qu'il aggrave en prétendant le conjurer. Adorno nomme quant à lui « expropriation du surmoi » cette procédure de substitution imaginaire par laquelle le sujet accomplit son adaptation sociale dans une résolution sado-masochiste qui le conduit à trouver du plaisir à l'obéissance et à la subordination. Le devenir afamilial de la famille dans la société de masse et finalement la liquidation de l'individu par l'extension sociale de l'industrie compensent une même destructivité civilisationnelle, sous-tendu par un principe de domination, dont l'analyse formait le cœur de La dialectique de la raison et qui fait retour dans cette étude sur la personnalité autoritaire. Donc un double point de vue déconstructeur préside à cette grille sociologique : 1. non-pertinence du recours au concept de classe sociale pour expliquer les conduites politiques des individus 2. non-pertinence de toute référence à l'individu libre et volontaire, défini par la philosophie bourgeoise du 18 et 19ème siècle. L'enquête plonge alors dans les profondeurs psychiques des sujets afin de comprendre les potentialités autoritaires, qui uploads/Philosophie/ adorno-la-personnalite-autoritaire.pdf

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