1- Bonjour Monsieur Une lecture attentive de votre texte me confirme que vous ê
1- Bonjour Monsieur Une lecture attentive de votre texte me confirme que vous êtes bien la personne qui peut le mieux répondre à mes interrogations. Comme vous le verrez, il y a des éléments de votre réponse qui me sont restés obscurs. D'autres ont suscité des commentaires ou des hypothèses, que vous voudrez sans doute rectifier ou compléter selon le cas. J'ai enlevé les parties du texte qui ne me semblaient pas pertinentes avec le sujet que nous traitons et j'ai inséré mes commentaires et questions dans les parties restantes, en essayant de donner au tout la plus grande cohérence possible. Sans le mot «essence» on reconnaît deux mots latins : esse et ens. Le premier est l'infinitif du verbe «être» ; le second, le participe présent du même verbe. Littéralement, «essence» signifie : prenant part à l'être. Faut-il lire « esse-nce », (auquel cas le terme « essence » référerait à une sorte d'« être-té », objet intellectuel délimité par ses propres frontières et comme refermé sur lui-même, dépourvu de tout dynamisme.), ou lire dans le mot un amalgame de esse et de ens (auquel cas ce à quoi le terme «essence » référerait serait une réalité dynamique dont le dynamisme serait justement indiqué par le participe présent.)? J'ai cru comprendre à partir de votre exemple ci-dessous que c'est la deuxième hypothèse qui est la bonne. Prenons un exemple : «Une rose est là dans le jardin.» Dans cette phrase, on signifie deux éléments distincts : que quelque chose par «est là» ; et ce qu'est cette chose qui est. Suis-je dans l'erreur si je comprend : « quelque chose est là », c'est l'aspect ens, « cette chose est ce » (cette rose est « une rose »), c'est l'aspect esse ? Or, dans ce jardin, on trouve aussi une tulipe. C'est aussi quelque chose qui est là dans le jardin. À ce point de vue, l'être de la rose, en tant qu'elle est, et l'être de la tulipe, en tant qu'elle est, lorsqu'on compare les deux «en tant qu'elle est», ne présentent aucune différence. Aucune différence en tant « qu'elles « sont là » dans le jardin » (l'aspect ens), c'est bien ça ? Pourtant aucune rose n'est une tulipe, et aucune tulipe, une rose. Comment connaît-on leur différence ? Ce n'est pas «en tant qu'elles sont là dans le jardin», mais bien en tant qu'elles sont respectivement ce qu'elles sont. Bref, elles différent par leur «quiddité», mot qui signifie : quod quid est ou ce qu'elle est. La « quiddité » me semble correspondre à ce qu'est pour moi le concept : une idée générale et abstraite, construite par l'intellect à partir des caractéristiques communes à un ensemble d'objets distincts. Toutes les roses sont différentes dans leur individualité, mais elles sont des « roses » parce qu'elles ont en commun telle forme, telle odeur, telle couleur, etc. Or comment puis-je vous écrire ce que je viens de vous écrire, alors que mon jardin ne contient ni rose ni tulipe ? Pour ce faire, j'emploie des noms qui signifient deux quiddités. la « quiddité » est-elle le sens du terme ? Le signe verbal «rose» renvoie à une autre signe : le concept de rose. Si mon interprétation ci-dessus est erronée et que la « quiddité » n'est pas une autre appellation pour le concept, expliquez-moi ce qu'est le concept et en quoi il diffère de la «quiddité ». Le concept de rose a un fondement dans le réel, puisque vous, en me lisant, comprenez ce que signifient le mot et le concept. Ce que vous comprenez ainsi, c'est l'essence. Une essence connue, c'est une signification. Je crois que nous atteignons ici le cœur de ce que je n'arrive pas à saisir. Ma compréhension du lien entre le mot, le concept et le réel est celle-ci : l'esprit construit le concept à partir des ressemblances trouvées dans le réel concret. Je suis conscient des difficultés de cette position puisque, à y regarder de près, les sens ne nous donnent accès qu'à des différences. Par conséquent, comment l'esprit pourrait-il trouver des ressemblances alors qu'il n'a été alimenté que de différences ? Je vais essayer de clarifier le plus possible ma compréhension présente de ce dont nous discutons. Vous écrivez : « Le concept de rose a un fondement dans le réel, puisque » en lisant le mot qui y réfère, vous le comprenez. Puis, « ce que vous comprenez ainsi, c'est l'essence. » L'essence est-elle dans le réel, comme fondement de ma compréhension et « chose » à laquelle réfère le concept (auquel cas elle serait hors de mon esprit) ou bien est-elle dans mon intellect, comment étant « ce que je comprend » précisément au moment où je comprend ? La seconde hypothèse me semble correspondre à l'idée que je me fait du concept. Il est « ce que je comprend » au moment où je comprend. Dans cette perspective, «essence » et « concept » seraient deux termes différents pour une seule et même réalité. Si une essence est inconnue, nous n'avons ni concept ni mot pour la signifier puisque nous ne la connaissons pas. On dira alors : est là «quelque chose». «Est là » à l'extérieur de mon esprit ? Allons vers un peu plus difficile. Il ne faut pas confondre l'essence tel que l'esprit la conçoit dans un concept et le fondement réel de la signification du signe que nous en avons dans l'esprit. Comme je peux reconnaître chaque rose, car il en existe plusieurs, et que je les reconnais à leur caractère commun, caractère que j'exprime dans mon concept, il faut en conclure qu'il y a, dans le réel, un signifié pour mon concept. Ce signifié, c'est l'essence «rose» dans le réel. Si je comprend bien, le mot « essence » aurait deux significations : un « quelque chose » dans le réel qui sert de fondement (essence 1) à ce que mon intellect a le pouvoir de concevoir (essence 2). Allons encore plus loin. Si une rose est là dans un jardin, c'est qu'elle peut y être, sans quoi elle n'y serait pas. Jacques Maritain écrit alors, après bien d'autres : Ab esse ad posse valet illatio. De être à pouvoir être, la conséquence est valide. L'essence, c'est le «posse». De l'être qu'exerce une rose qui est, en tant qu'elle est, je peux conclure que son être vient d'un pouvoir être rose. Plus encore, ce qui peut être rose ne peut pas être une tulipe, sans quoi la rose serait une tulipe. Or aucune rose n’est une tulipe, et aucune tulipe, une rose. Le « pouvoir être rose » fait-il partie de son essence 1 de rose ? Mais je vous avoue que cette partie me rend perplexe, car j'ai le sentiment que vous me parlez d'une « chose » située à l'extérieur de mon intellect et dont je n'arrive pas à me faire la moindre représentation claire : quelle est sa nature, son origine, son lien avec la matière concrète, etc. J'ai par contre l'impression que cette « chose » dont vous parlez résoudrait le problème que pose la construction du concept à partir des sens et auquel j'ai fait allusion plus haut. Allons très loin. Qu'est-ce qu'être ? Alors que nous avons un concept pour ce qui est, l'essence, nous ne pouvons pas avoir un concept pour ce qu'est l'être. Pourquoi ? Si nous avions un concept pour l'être, c'est que nous aurions une essence pour l'existence. Or l'existence se divise de l'essence. Aucune existence n'est une essence, aucune essence, une existence. Pour l'existence, au lieu d'un concept, nous avons un analogue. Ainsi, l'être de la rose et l'être de la tulipe, qui ont en commun un «en tant qu'elle est», forment un analogue. Un analogue n'est ni un univoque (concept) ni un équivoque. Analogue, univoque et équivoque sont trois contraires. Cette partie m'est obscure. Je crois que je ne pourrai bien comprendre ce que vous dites que lorsque toutes mes incertitudes précédentes auront été balayées. Je propose que nous y revenions plus tard, si vous le voulez bien. Par ailleurs, l'être se prend en plusieurs acceptions. Le plus familier est l'être sensible, celui qui tombe sous les sens ; il existe dans l'expérience. Moins familier, est l'être intelligible, celui de l'être mathématique ; il ne tombe pas sous les sens, mais existe dans l'imagination. Songeons à une figure géométrique, qu'on voit sur le papier avec les yeux, mais dont la métrique ne se voit pas avec les yeux. Peu familier est l'être qui n'existe ni dans le sensible ni dans l'imaginable ; c'est l'esse métaphysique. Nous en avons parlé au sujet de la rose et de la tulipe. Je me permet de vous exposer brièvement quelle conception je me fais de l'homme et de ses facultés, dans le but, premièrement, vous sachiez où tombe, s'y j'ose dire, ce que vous me dites et l'usage que je suis susceptible d'en faire et, deuxièmement, que vous puissiez me permettre de uploads/Philosophie/ aristotelo-thomisme.pdf
Documents similaires
-
25
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 22, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.0564MB