Atelier de Traduction Numéro 27/2017 Sous la coordination de : Henri Awaiss Mug

Atelier de Traduction Numéro 27/2017 Sous la coordination de : Henri Awaiss Muguraş Constantinescu DOSSIER THÉMATIQUE Avez-vous dit culturel ? Editura Universităţii „Ştefan cel Mare” din Suceava 2017 2 Directeur fondateur : Irina Mavrodin Rédacteur en chef : Muguraş Constantinescu Comité de rédaction : Elena-Brânduşa Steiciuc Raluca-Nicoleta Balaţchi Daniela Hăisan Elena-Camelia Biholaru Cristina Drahta Gina Puică Anca-Andreea Brăescu Réalisation technique : Ionela-Gabriela Arganisciuc Zamfira Lauric (Cernăuţan) Couverture : Ana Constantinescu Publication indexée dans : Fabula, Ulat, MLA International Bibliography, Google Scholar, ERIH PLUS, EBSCO. 107 COLLECTION ET FONDS : UN CAS DE VARIATION EN MUSÉOLOGIE Anna Joan CASADEMONT1 Abstract: A thorough analysis of the variation in the written communications of experts of a domain is necessary to highlight some phenomena of cognition and language. In this article, the study of contexts of specialised discourse in the field of museums allows us to observe in an exploratory way concrete examples of variation in several languages (Catalan, English, French and Spanish). Specifically, we will analyse the units used to refer to all the artifacts gathered by a museum institution (collection and fonds). We will consider denominative and semantic variation as well as the factors causing these phenomena in museum studies. Keywords: terminology, denominative variation, semantic variation, interlingual variation, motivation. 1. Introduction Son importance ayant été longtemps négligée, plusieurs aspects de la variation en terminologie sont étudiés depuis déjà quelques années et cela à partir de plusieurs approches : la variation selon les principes et les techniques générales en terminologie (L’Homme, 2004), la variation des termes du point de vue textuel (Ciapuscio, 1998), les traits caractérisant la variation dénominative (Freixa, 2002, 2006), la polysémie et le sens spécialisé dans l’unité lexicale (Adelstein, 2004, 2007), la variation conceptuelle à partir de la modulation sémantique du discours (Kostina, 2011, 2014), la variation dénominative et le point de vue (Fernández-Silva, 2013), la variation terminologique dans les discours oraux (Seghezzi, 2013), la variation dénominative à partir de la motivation cognitive et communicative (Tercedor, 2013), la variation terminologique dénominative, conceptuelle et la polysémie (Pelletier, 2010, 2012), la représentation de la variation contextuelle à partir de définitions (San Martín, 2016), etc. Dans notre cas, lors d’un travail sur les aspects à considérer dans l’élaboration d’un vocabulaire terminologique de muséologie (Joan Casademont, 2002), nous avions décelé quelques phénomènes de variation dans la création de fiches terminologiques multilingues en catalan, espagnol, français et anglais. Cela a attiré notre attention vers les aspects théoriques relatifs aux traits sémantiques-pragmatiques des langues nommées de spécialité, ainsi qu’au fait qu’un vocabulaire spécialisé peut être d’une très pauvre utilité 1 Université TÉLUQ, Québec, Canada; anna.joan.casademont@teluq.ca 108 s’il ne répond pas aux besoins des traducteurs, des rédacteurs ou des enseignants et des étudiants d’une matière. Notre objectif est ici, en reprenant les données obtenues alors, d’analyser de manière exploratoire deux unités lexicales du domaine de la muséologie afin de décrire des phénomènes de variation qui se produisent dans les productions écrites d’experts et qui ne sont pas égaux dans toutes les langues étudiées. En premier lieu, nous considérons brièvement le cadre théorique de notre recherche, la Théorie communicative de la terminologie (TCT proposée par Cabré, 1999, 2000, 2002 et suivants) et les concepts clés à partir desquels nous analyserons le corpus. En second lieu, nous caractérisons le corpus (langues, traits de la discipline traitée dans les textes analysés) et la méthodologie utilisée. Ensuite, nous analyserons les phénomènes de variation observés dans le domaine de la muséologie à travers d’exemples puisés dans des textes spécialisés de notre corpus. Finalement, nous utilisons les résultats obtenus dans le but de faire une réflexion récapitulative de ce qui a été vu. 2. Cadre théorique La Théorie communicative de la terminologie proposée par Cabré (1999 et suivants) considère les termes comme des éléments transmetteurs du savoir et des éléments qui se nourrissent de leur position dans une situation communicative concrète (leur caractère spécialisé dépend de l’usage que l’on en fait en contexte). Cette approche communicative établit la polyédricité (plusieurs plans ou faces) des termes, de par leur composante cognitive (ils expriment la perception et la catégorisation de la réalité par les spécialistes d’un domaine), linguistique (ils sont des signes linguistiques faisant partie des langues naturelles) et sociale (ils servent à communiquer, à former de nouveaux experts, à divulguer les connaissances et à identifier les groupes socioprofessionnels). En fait, cette idée de polyédricité a permis à Cabré de rendre compte des différents éléments de variation qui existent dans les plans cognitif et linguistique (Cabré, 2008) et se situe donc, tel que d’autres propositions de ce type, dans une approche dynamique de la catégorisation des connaissances. Dans le cadre de la théorie communicative et à partir notamment des travaux de Freixa (2002, 2005), Fernández-Silva (2013 : 12) propose la définition suivante de variation dénominative : « phénomène par lequel un concept spécialisé est exprimé à partir de différentes unités terminologiques distinctes, qui peuvent différer formellement mais également sémantiquement »2. Cette définition est basée sur l’idée que l’unité lexicale peut varier du point de vue de son expression ainsi que de son contenu, mais qu’elle possède un élément, situé dans la zone nucléaire du concept décrit par l’unité en question qui, lui, sera invariable. 2 Notre traduction 109 En ce qui concerne les raisons des variations, Tebé (2005 :73) fournit une liste de facteurs ayant des conséquences sur la variabilité de la structure conceptuelle d’une discipline : le stade de développement d’une science ou d’une technique; les différentes approches selon les écoles ou courants de pensée; les visions du monde selon la culture; les interprétations divergentes de la réalité; les différents axes d’intersection dus aux inter-disciplines; les intérêts des collectifs professionnels. La variation dénominative met donc en relief les nuances cognitives sur la forme d’apprivoiser une même réalité scientifique (Tercedor, 2004 : 199). La notion de « point de vue », définit par Fernández-Silva (2013 : 12) devient également ici un facteur essentiel : la position depuis laquelle un auteur concret traite d’un concept concret, et qui a de l’influence sur la perception des traits distinctifs du concept en question. Finalement, ces différentes nuances cognitives sur les formes d’apprivoiser une même réalité permettent également d’expliquer l’existence de phénomènes de variation sémantique dans l’usage des termes, mais sans qu’il y ait de la variation dénominative pour autant. Plusieurs classifications ont été proposées en ce qui concerne les types de phénomènes de variation sémantique des unités lexicales. Voici, par exemple, les différents stades du continuum monosémie/polysémie adaptés de Cruse (1995) : - Monosémie : une unité a un seul sens (lysosome). - Polysémie régulière : a) Latence : propre à la métonymie syntactique, où il faut déduire l’élément supprimé le cas échéant (attendre (un bébé), consommer (alcool, drogue)). b) Coopérativisme : les différences ne réfèrent pas à deux sens séparés et non cohérents, mais à deux composantes ou facettes d’une même acception (livre). Dans ces cas, Cruse distingue entre le coopérativisme paratactique (sans un sens qui fonctionne comme hypéronyme des autres, comme livre) et le coopérativisme hipotactique (où le mot peut fonctionner à la fois en tant qu’hypéronyme ou qu’hyponyme, comme chien, référant à l’animal en général ou au mâle de l’espèce). - Polysémie irrégulière : a) Semi-polysémie : l’opposition antagonique entre les sens n’est pas forte et chaque sens n’est pas clairement différent d’un autre (bouche). Dans ces cas, Cruse distingue entre les sens locaux (extensions métaphoriques d’un même type ontologique, comme bouche) et les sous-sens (ils ont un sens 110 hypéronymique, comme couteau, qui présentera de la polysémie selon la situation dans laquelle l’unité est utilisée). b) Polysémie stricte : l’opposition entre les sens est antagonique et chaque sens est clairement différent d’un autre (pont). Pour la caractérisation de la variation dénominative avec des conséquences sémantiques, nous avons adapté les étapes méthodologiques proposées par Fernández-Silva (2011) dans son étude d’un corpus sur la conchyliculture.3 Pour les analyses de variation exclusivement sémantique, nous suivons la typologie de Cruse (1995; tirée de Martí, 2003) présentée ci-dessus. 3. Thématique, langues du corpus et méthodologie Il existe plusieurs manuels et articles réalisés par des réputés muséologues et muséographes qui cherchent à donner des définitions précises sur les éléments du domaine (Tobelem et Bary, 1998; Desvallées et Mairesse, 2011; Desvallées, 2014). Dans le cadre de notre recherche linguistique et terminologique, nous nous intéressons aux traits suivants de la discipline muséologique et ce, parce qu’ils ont une incidence du point de vue terminologique (Joan Casademont et Lorente, 2005a, 2005b, 2006) : Ce domaine s’inscrit dans les sciences sociales et artistiques, lesquelles différent des sciences nommées exactes (ces dernières ont tendance à favoriser la relation sans équivoque entre un terme et un concept, souvent par la standardisation, et présentent de nombreux termes éloignés de l’usage commun); Il s’agit d’une discipline pratique et d’origine théorique récente, où la théorisation délimite a posteriori des concepts souvent polysémiques, avec des dénominations variées et très proches des usages discursifs non spécialisés. Il s’agit d’un domaine qui, à cause de son histoire, n’a pas été favorisé par un lien étroit entre son lieu d’application (le musée) et uploads/Philosophie/ atelier-traduction-27-1.pdf

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