Auguste COMTE (1851) Système de politique positive Tome II, chapitres 2 et 4. U

Auguste COMTE (1851) Système de politique positive Tome II, chapitres 2 et 4. Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Auguste Comte (1819-1822), La science sociale 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Auguste COMTE (1798-1857) Système de politique positive. Tome II (sur la statique sociale) : chapitres 2 et 4. Une édition électronique réalisée à partir de textes d’Auguste Comte publiés en 1851. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 17 février 2002 à Chicoutimi, Québec. Auguste Comte (1819-1822), La science sociale 3 Table des matières Système de politique positive Tome II chapitre 2 : appréciation sociologique du problème humain ; d'où théorie positive de la propriété matérielle chapitre 4 : Théorie positive du langage humain Auguste Comte (1819-1822), La science sociale 4 Tandis que le Cours de Philosophie positive devait pour Comte « mieux caracté- riser la supériorité intellectuelle du positivisme sur un théologisme quelconque », le Système de politique positive est appelé à « manifester la prééminence morale de la vraie religion ». Tandis que le Cours est une oeuvre de recherche, le Système est une œuvre d'exposition. Aussi les méthodes elles-mêmes vont-elles se modifier: à la méthode objective et de discussion du Cours succède et fait place la méthode sub- jective et de réflexion du Système. Le résultat théorique du Cours est la source de la construction synthétique du Système. Dans la Préface du premier volume du Système de politique positive (1851), Comte décrit les circonstances sentimentales qui ont favorisé la conception et la réalisation d'une oeuvre dans laquelle l'intelligence est subordonnée au sentiment : la rencontre sublime d'une vie en la personne de Clotilde de Vaux, tôt disparue, l'ombre tutélaire d'une mère également disparue, enfin l'active assistance d'une servante. D'ailleurs la Dédicace, qui fait suite à la Préface, est adressée à Clotilde pour rendre au sentiment l'hommage qui lui est dû : « Directement consacré désormais à la reconstruction sociale fondée sur ma rénovation philosophique, j'y retirerai une utilité plus étendue et plus immédiate du tardif complément d'éducation moral que je dois à toi seule » (p. XIX). Le premier tome, qui reproduit le Discours sur l'ensemble du positivisme, comprend une Introduction fondamentale à la fois scientifique et logique exposant comment « la philosophie positive se décompose en philosophie sociale et philosophie naturelle, dont la seconde sert de préambule fondamental à la première, seul objet définitif de nos spéculations réelles ». Le second tome contient la statique sociale, le troisième la dynamique sociale selon les lois du mouvement intellectuel et social, enfin le quatrième tome donne les systématisations finales du culte, du dogme et du régime avec la théorie fondamentale du Grand-Être. C'est l'avenir humain que, Comte systématise en cinq chapitres étendus qui concourent à l' « élaboration directe de l'harmonie relative » : la situation qu'il considère ne peut encore exister. Une unité relative se dégage des quatre tomes : parce que le premier a déduit une systématisation de la logique positive par la méthode subjective qui, permet l'établissement de la théorie cérébrale, le second institue la synthèse universelle avec la suprématie théorique de la morale et son application dans la séparation normale des deux pouvoirs; le troisième volume exa- minant la dynamique donne le résultat de son évolution : une synthèse du fétichisme et du positivisme ; enfin, le quatrième volume veut prouver que « le positivisme vient mieux rallier les âmes d'élite que l'encyclopédisme ne coalisa les esprits forts un siècle avant » (conclusion totale, IV, p. 534). Auguste Comte (1819-1822), La science sociale 5 SYSTÈME DE POLITIQUE POSITIVE : TOME II CHAPITRE II APPRÉCIATION SOCIOLOGIQUE DU PROBLÈME HUMAIN; D'OÙ THÉORIE POSITIVE DE LA PROPRIÉTÉ MATÉRIELLE Retour à la table des matières Pour la * mieux apprécier, je dois d'abord considérer une situation hypothétique, où la nature humaine pourrait librement développer son essor affectif et intellectuel, sans être forcée d'exercer aussi son activité. La prépondérance réelle de ce dernier ordre de fonctions cérébrales est uniquement due à nos nécessités matérielles. On pourrait donc l'écarter provisoirement, sans même supposer l'homme organiquement soustrait aux besoins végétatifs, en concevant un milieu très favorable à leur juste satisfaction. Il suffirait essentiellement que l'alimentation solide exigeât aussi peu dé soins habituels que la nutrition liquide ou gazeuse. Dans les climats où les autres besoins physiques sont peu prononcés, quelques cas naturels d'heureuse fertilité se rapprochent beaucoup d'une telle exception. Mais elle se réalise encore mieux chez les classes privilégiées, que leur situation artificielle dispense presque entièrement de ces grossières sollicitudes. Tel doit même devenir, dans le régime final, l'état normal de chacun pendant l'âge préparatoire où l'Humanité pourvoit seule à l'existence matérielle de ses futurs serviteurs, afin de mieux développer leur initiation morale et mentale. D'après ces deux ordres de cas exceptionnels, les uns rares, mais perma- nents, les autres communs, quoique passagers, l'hypothèse proposée présente assez de réalité abstraite pour comporter un examen spécial, sans lequel les vraies tendances sociales propres au sentiment et à l'intelligence resteraient trop confuses. Outre son efficacité théorique, cette appréciation provisoire offre, d'ailleurs, une haute utilité pratique, en préparant le type moral des situations où elle convient suffisamment. * Il s'agit de l'influence de la vie collective sur la vie individuelle. Auguste Comte (1819-1822), La science sociale 6 Quand la poésie régénérée aura dignement développé ce modèle spontané, il pourra fournir à tous l'idéal de la conduite humaine, vers lequel doivent tendre, autant que possible, les existences même les moins adaptées à sa réalisa-Lion. Mais je dois ici borner sa destination à mieux déterminer ensuite la véritable influence fondamentale propre à la vie active, d'après la modification finale que les exigences matérielles imprimeront nécessairement à ce premier type abstrait. Dans une telle hypothèse, le grand problème humain se trouverait spontanément résolu, d'après la prédilection naturelle que nous inspirerait librement la synthèse altruiste. Quoique notre constitution cérébrale accorde une grande prépondérance aux instincts personnels, leur domination effective est surtout due à l'excitation continue qu'ils reçoivent de l'ensemble des besoins physiques. Privés alors d'une telle stimu- lation, ils se trouveraient aisément contenus par les antagonismes individuels résultés des divers contacts sociaux. Le cours naturel des relations humaines entraînerait donc chacun à développer surtout les seuls penchants qui comportent, presque sans limites, un essor vraiment universel. Ainsi surgirait librement l'aptitude caractéristique des instincts sympathiques à compenser, par un vaste exercice habituel, leur faible éner- gie naturelle. Le charme qui leur est propre les ferait donc prévaloir bientôt sur des penchants dont la supériorité organique se trouverait alors combattue par leur inertie ordinaire. D'après la théorie biologique de l'hérédité, on doit même concevoir que, dans une telle société, quelques générations suffiraient pour modifier réellement la constitution cérébrale, en augmentant ou diminuant la masse des organes affectifs qui seraient ainsi exercés ou engourdis. Il faut maintenant apprécier ce que deviendrait alors notre existence intellectuelle. On voit d'abord que nos spéculations pratiques se développeraient très peu, puisque leur principal essor résulte des besoins corporels. Mais, par cela même, la culture scientifique proprement dite perdrait aussi sa destination essentielle, consistant à éclairer l'activité industrielle. Quant aux instincts théoriques qui nous font directe- ment chercher l'explication des phénomènes quelconques, ils sont naturellement beaucoup trop faibles pour inspirer alors des efforts vraiment soutenus. Dans une situation où le milieu ne leur imprimerait aucune forte excitation pratique, soit personnelle, soit aussi sympathique, ils seraient bientôt lassés de leur stérile exercice, et se contenteraient d'ébaucher les plus faciles constructions d'après les plus simples analogies. Alors notre intelligence suivrait librement sa prédilection naturelle pour les travaux esthétiques, qui lui conviennent beaucoup mieux que les travaux scientifiques ou même techniques. Ses fonctions de conception seraient ainsi subordonnées essentiellement à sa fonction d'expression, dont la prépondérance spontanée se mani- feste sous tant de formes, d'après sa relation directe avec la sociabilité. Mais cette apparente inversion de notre économie réelle se réduirait, au fond, à diriger vers les sentiments le principal -exercice du langage, aujourd'hui relatif surtout aux pensées suscitées par les fatalités extérieures que doit sans cesse modifier notre activité collective. Toute émotion prononcée nous inspire le besoin de la manifester, et l'expé- rience nous apprend bientôt qu'une telle expression réagit sur l'affection correspon- dante. Cette réaction, sensible même dans l'existence solitaire, augmente beaucoup quand le langage aboutit réellement à sa destination essentielle, par une vraie commu- nication. Enfin, une telle satisfaction appartient principalement aux instincts sympa- thiques, qui seuls peuvent faire assez accueillir, et uploads/Philosophie/ auguste-comte-systeme-politique-positive-1 1 .pdf

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