Sujet 1, Amérique du Nord, mai 2013, série L Le sujet } Dissertation : Percevoi
Sujet 1, Amérique du Nord, mai 2013, série L Le sujet } Dissertation : Percevoir est-ce savoir ? Le sujet Pas à pas ® Comprendre le sujet Le sens du sujet : Dans ce sujet, il s’agit de se demander si on peut poser une équivalence entre l’acte de percevoir et celui de savoir, deux actes propres à l’homme. L’acte de percevoir désigne la saisie intuitive d’une réalité par la conscience. On le distinguera du simple fait de sentir, plus immédiat. L’acte de savoir désigne la possession d’une connaissance de ou sur quelque chose, qui ne prend pas nécessairement la forme d’une perception. D’où la question posée. L’opinion commune et sa remise en question : La réponse évidente à ce sujet est affirmative, dans la mesure où la perception nous délivre bien un certain savoir quand elle se produit. Pour savoir que ma main comporte cinq doigts, il suffit de la percevoir. Cependant, on peut objecter à cela que bien souvent mes perceptions sont trompeuses, et ne peuvent alors être identifiées à des savoirs. ® Mobiliser ses connaissances Aperception : Mot inventé par Leibniz et repris ensuite par Kant dans la Critique de la raison pure (aperception transcendantale), pour désigner l’acte par lequel un sujet opère un retour réflexif sur ses perceptions et en prend conscience. Leibniz oppose ainsi l’aperception aux « petites perceptions » qui sont des perceptions inconscientes.Voir également : analyse, synthèse ; sens ; sensible, intelligible. Connaissance : • Du latin cognitio, « action d’apprendre ». Activité de l’esprit par laquelle l’homme cherche à expliquer et à comprendre des données sensibles. • Le problème de l’origine et du fondement de la connaissance, ainsi que celui de ses limites, oppose en particulier Kant et les empiristes. Voir également : expérience ; sensible, intelligible ; sujet, objet ; théorie ; vérité. Conscience : Au sens général, la conscience est le savoir intérieur immédiat que l’homme pos- sède de ses propres pensées, sentiments et actes. La conscience exprime ainsi notre capacité de réflexion et le pouvoir que nous avons de viser autre chose que nous-mêmes. Son essence est selon Husserl l’« intentionnalité» .Voir également : conscience morale ; certitude ; cogito ; Descartes ; être pour soi, être en soi ; évidence ; intuition ; ipséité ; morale ; représentation ; Sartre. Philosophie Le sujet Pas à pas Expérience : On peut distinguer quatre sens principaux de l’expérience : – l’expérience sensible, c’est-à-dire ce que les sens nous révèlent du monde ; – l’expérience scientifique, c’est-à-dire l’expérimentation, qui est un dispositif réglé de vérifica- tion des théories scientifiques ; – le savoir-faire technique acquis à force de pratique ; – la sagesse acquise par l’homme d’expérience au contact des épreuves de la vie. Voir également : a priori, a posteriori ; certitude ; connaissance ; empirisme ; épistémologie ; évidence ; fait ; falsifiabilité ; formes pures ; immédiat ; interprétation ; raison ; sciences pures, sciences expérimentales ; transcendantal ; vérité. Phénoménologie : Doctrine philosophique essentiellement développée au xxe siècle, qui consiste à étudier les phénomènes en tentant de mettre en évidence la façon dont ils apparaissent à la conscience humaine.Voir également : certitude ; connaissance ; conscience intentionnelle ; expé- rience ; existence ; durée ; Husserl ; immédiat ; Levinas ; Merleau-Ponty ; métaphysique ; ontolo- gie ; Sartre ; sujet, objet ; vérité ; vivant. Citations pouvant servir de référence : « Il n’y a pas de science par la sensation. » Aristote, Seconds Analytiques, Paris, Flammarion, 2005, Chapitre I,87b La perception « n’est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination [...] mais une inspection de l’esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse [...] ou bien claire et distincte. » Descartes, Méditations métaphysiques, Méditation seconde, Paris, Flammarion, 1992, p. 87. « La perception n’est pas une sorte de science commençante, et un premier exercice de l’intelli- gence, il nous faut retrouver un commerce avec le monde et une présence au monde plus vieux que l’intelligence. » Maurice Merleau-Ponty, Sens et non sens, Paris, Gallimard, « NRF », p. 93. Les textes de référence : Un texte d’Alain qui établit le rapport entre la perception et la pensée : On soutient communément que c’est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation. Mais il n’en est rien. Je ne touche pas ce dé cubique. Non. Je touche successivement des arêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objet est cubique. Exercez-vous sur d’autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bien assurer ses premiers pas. De plus, il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sens que ce dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées de même en même temps. Mais pourtant c’est un cube que je vois, à faces égales, et toutes également blanches. Et je vois cette même chose que je touche. Platon, dans son Théétète, demandait par quel sens je connais l’union des perceptions des différents sens en un objet. Revenons à ce dé. Je reconnais six taches noires sur une des faces. On ne fera pas difficulté d’admettre que c’est là une opération d’entendement, dont les sens fournissent seulement la matière. Il est clair que, parcourant ces taches noires, et Sujet 1 – Le sujet Pas à pas retenant l’ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement, l’idée qu’elles sont six, c’est-à-dire deux fois trois, qui font cinq et un. Apercevez-vous la ressemblance entre cette action de compter et cette autre opération par laquelle je reconnais que des apparences successives, pour la main et pour l’œil, me font connaître un cube ? Par où il apparaîtrait que la perception est déjà une fonction d’entendement. Alain, Les passions et la sagesse, Paris, Gallimard, « La Pléiade », p. 1060. Un texte de Leibniz qui montre que toutes nos perceptions ne sont pas conscientes : « D’ailleurs il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. [...] Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l’on fait, il faut bien qu’on entende les parties qui composent ce tout, c’est-à-dire le bruit de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l’assemblage confus de tous les autres ensemble, et qu’ils ne se remarqueraient pas si cette vague qui le fait était seule. » Gottfried Wilhelm Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, Paris, Flammarion, 1990, Préface, pp. 41-42. ® Procéder par étapes Identifier les difficultés particulières de ce sujet : La difficulté de ce sujet vient de sa formulation concise et de la difficulté de la notion de perception. En effet, la perception est une notion difficile à définir, et qu’il faut à la fois distinguer de la sensation, mais également de la pensée, bien que les deux y prennent part. En outre, il faut faire attention à ne pas identifier « savoir » à « vérité », un savoir pouvant parfois être faux. Problématiser le sujet : Le problème qui se pose est donc celui de comprendre pourquoi un acte intuitif peut être réduit à un certain savoir, bien que le savoir ne puisse être réduit à l’acte de percevoir. Trouver le plan : Nous verrons d’abord que la perception est une forme de savoir qui nous élève au-delà de la sensation, puis nous verrons que la perception ne peut cependant pas être identifiée au savoir discursif propre à l’entendement. Philosophie Le corrigé Introduction La perception est un phénomène singulier : elle n’est ni la sensation, ni la pensée, ni le sentiment. Qu’est-elle donc ? On pourrait commencer par définir l’acte de percevoir comme la saisie intuitive par la conscience d’une réalité. Il s’agit donc d’un acte subjectif qui n’est pas seulement corpo- rel comme la sensation, ni seulement intellectuel comme la compréhension. Cependant, cet acte qu’est la perception nous donne bien souvent accès à un savoir. Ainsi, par exemple, il suffit que je perçoive un arbre pour savoir qu’un arbre se trouve face à moi, comme il suffit que je perçoive de la fumée pour savoir qu’un feu doit être allumé quelque part. Mais la perception est aussi souvent trompeuse : il arrive que uploads/Philosophie/ bac-sujets-de-philosophie-term-l-es-s.pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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