BAC TECHNOLOGIQUE 2021 Épreuve de Philosophie Sujet 1 Est-il toujours injuste d

BAC TECHNOLOGIQUE 2021 Épreuve de Philosophie Sujet 1 Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ? Introduction Désobéir aux lois peut d'emblée s'entendre comme un paradoxe, dans la mesure où ce sont les lois qui, pour l'homme, fixent les règles de l'obéissance, apparaissent comme des normes universelles et correspondent aux exigences de la vie en société. De plus, cette désobéissance serait toujours injuste, c'est-à-dire contraire à la justice, dans son sens le plus large, contraire au respect de ces normes qu'un groupe d'hommes partage, comme autant d'habitudes sociales, de mœurs mais surtout de valeurs morales de son pays. Est- il toujours injuste de désobéir aux lois ? Cette question prend une tournure particulière à la fois par le caractère nécessaire d'universalité des lois, mais aussi par l'aspect permanent de l'injonction. N’existe-t-il pas quelquefois des lois injustes ? N’y a-t-il pas des cas où une loi ne peut pas être respectée, en raison même de son caractère injuste ? La désobéissance à cette loi peut-elle alors se justifier moralement ? Nous nous demanderons s'il est possible de désobéir à une loi, malgré le caractère contraignant de celle-ci, puis s'il existe des lois injustes, pour enfin se demander à quelle loi nous pouvons légitimement désobéir. I. La loi est contraignante : comment lui désobéir ? • La loi est un ensemble de règles qui permettent de vivre en société sans que la loi du plus fort ne détermine les rapports entre les hommes. La loi résout le problème de « l'insociable sociabilité » définie par Emmanuel Kant. • Chaque époque, chaque pays, institue un ensemble de lois que l'on appelle le droit positif et qui peut être incarné par un État, un code, une institution juridique. En ce sens la justice est le respect des lois de la cité, tel que l'exprime Créon, l'oncle d'Antigone qui affirme qu'il n'est pas légitime de lui désobéir. • S'il n'est pas juste de désobéir aux lois de la cité, s'il s'agit même d'une faute jugée et punie par les institutions, ne peut-on pas admettre cependant, comme Antigone, que ces lois ne sont pas naturelles au sens où elles n'expriment pas le juste en soi, l'idéal de justice commun à tous les hommes ? II. Désobéir à une loi injuste • Antigone désobéit à son oncle Créon représentant les lois de la cité au nom de « lois plus anciennes qui ne dépendent pas de la volonté des hommes. » Pour elle, il est injuste de ne pas se conduire humainement au nom d'une institution alors même qu'il existe des valeurs universelles et des devoirs « plus anciens » qui pourraient régler tous les conflits entre les hommes. • Il y a des lois qui nous semblent illégitimes, et dont la nature même ouvre la possibilité d'y désobéir « dès lors qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement » explique Rousseau, à propos d'une conséquence absurde d'un droit du plus fort. Il existe bien des lois injustes, celles établies par un régime despotique par exemple ou celles instituées dans le propre intérêt d'un individu (le tyran). • Une loi n'est pas inconditionnellement juste car loi et justice sont bien deux concepts distincts, comme le rappelle la distinction entre la force et le droit, la violence et la légitimité. Obéir à une loi sous la contrainte ou par intérêt, crainte ou soumission, c'est ne pas être libre, c'est céder à une force qui n'est pas légitime. III. À quelle loi faut-il obéir ? • Si nous comprenons qu'il ne faut pas obéir par force et qu'il est injuste de se soumettre à un régime tyrannique, faut-il pour autant renoncer à toute obéissance à la loi, même pour notre sécurité comme l'affirmait Hobbes dans Le Léviathan ? Obéir par contrainte, de manière inconditionnelle, parce que c'est la loi revient à renoncer à mes droits et à mes devoirs, revient à ne plus être un être de moralité, c'est-à dire libre. • On peut se poser la question de savoir quelles lois sont légitimes, par exemple en se demandant si la vengeance est légitime dans le cas où une loi m’empêche de tuer l'assassin d'un de mes proches (cf. le film Le Parrain). Est-il dans ce cas juste de désobéir aux lois pour satisfaire son propre intérêt ? • On ne peut pas tenir pour injuste une loi qui ne satisfait pas son propre intérêt. Kant propose une solution à ce dilemme entre mon intérêt particulier et la nécessité de l'universalité de la loi. Il s'agit de faire en sorte que ce qui motive notre acte, la maxime de notre action, puisse être élevée en une loi universelle. Cela suppose une conscience morale universelle qui permette de comprendre l'intérêt de tous. Conclusion Les lois ne sont pas toujours justes et il peut donc être juste d'y désobéir pour préserver notre moralité et notre liberté. En effet, si on ne peut pas désobéir aux lois, c'est qu'elles sont contraignantes, du côté de la force, de l'injustice. D'autre part, une loi juste ne doit pas simplement être respectée en témoignant de notre passivité ou de notre soumission. Il faut donc distinguer la loi qui nous semble injuste, au regard de nos intérêts particuliers, et la loi injuste vis-à-vis des intérêts de tous les hommes raisonnables pour savoir à laquelle il est juste de désobéir. Sujet 2 Savoir, est-ce ne rien croire ? Introduction Philosopher c'est reconnaître sa propre ignorance, telle est l'explication que l'on peut donner de la célèbre phrase attribuée à Socrate « je sais que je ne sais rien ». Dans l’Apologie de Socrate, dialogue écrit par Platon, nous comprenons que c'est une ignorance coupable qui s'oppose à la sagesse (sophia = le savoir), et n'est cependant pas l'absence de connaissance, mais la croyance. Tel est le paradoxe de cette question qui oppose savoir et croire et définit même le premier par l'absence du second. Car nous confondons souvent les deux verbes, pensant que croire c'est bien savoir quelque chose, en particulier lorsque nous prétendons donner des réponses aux questions que l'homme se pose concernant la connaissance du monde. Il faut donc s’interroger sur nos croyances, qui bien souvent tiennent lieu de savoir, puis nous nous demanderons comment écarter toute forme de croyance et enfin quel intérêt nous avons à se débarrasser de toute croyance pour accéder au savoir. I. Nos croyances et convictions tiennent lieu de savoir  Croire c'est donner son assentiment à une idée, un jugement, une proposition que l'on tient pour vrai(e). C'est donc prétendre détenir la vérité, posséder le savoir.  Croire relève toujours d'une opinion, quelque chose qui est immédiat, non réfléchi, et surtout subjectif (c'est mon avis, mon opinion ou celle partagée avec quelques- uns, ou encore la majorité). Certains, comme les sophistes ont prétendu fonder leur sagesse, leur savoir, sur leurs opinions ; il s'agissait alors pour eux de faire triompher, par le discours éloquent, leurs propres idées, fussent-elles les plus violentes.  La croyance, en tant qu'opinion est jugée par Platon contraire à la science qui est le seul et véritable savoir. En effet, seul le savoir est justifié (je sais que je sais) et surtout susceptible d'être vérifié par un raisonnement objectif. II. Est-il possible de ne rien croire ?  Une opinion peut-être vraie (l'opinion droite chez Platon) mais du fait qu'elle ne peut être ni démontrée ni enseignée, elle ne peut pas tenir lieu de savoir. Il faut donc la mettre en question  Le doute, en particulier lorsqu'il est utilisé comme une méthode (Descartes), permet de ne rien croire et de suspendre son jugement pour se mettre en quête d'un savoir véritable. Il s'agit d'un processus méthodologique qui consiste à rechercher la vérité en mettant en question toute forme de croyance par le seul usage de sa raison.  Bachelard dans La Formation de l'esprit scientifique affirme « qu'une opinion a en droit toujours tort » en particulier parce qu’avoir une opinion c’est ne pas penser, ne pas s'interroger, ne pas problématiser le réel. III. Ne rien croire est la mise en route du savoir  La certitude de la croyance s'oppose au doute nécessaire de la recherche scientifique, mais il reste à savoir si toute connaissance n'est que scientifique d'une part, et d'autre part si la science elle-même échappe à toute croyance ? C'est ce que se demande Nietzsche quand il discute de l'affirmation selon laquelle « dans le domaine de la science, les convictions n'ont pas droit de cité » et affirme que la science repose sur la croyance en la valeur du savoir lui-même.  Il est une croyance particulière qui pose problème dans cette opposition entre croire et savoir, c'est la croyance religieuse. Apparentée à une vérité révélée, elle suppose d'exclure toute forme de doute et d'adhérer, quelque fois dans comprendre, à l'idée d'un être transcendant. Cependant, Kant montre que cette idée est tout de même une idée de la raison, pour laquelle nous devons renoncer au savoir afin de lui substituer la foi. Il s'agit alors de distinguer croire et uploads/Philosophie/ bac-techno-philo-corrige.pdf

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