Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique L’épigrap
Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique L’épigraphie funéraire bilingue des Italiens en Grèce et en Asie, aux IIe et Ier siècles av. J.-C. Elodie Bauzon Résumé Aux IIe et Ier s. av. J.-C., des Italiens, mais aussi des Romains sont partis vivre en Grèce. Nombre d’entre eux y sont morts. Leurs stèles funéraires sont le plus souvent en grec, quelques-unes sont en latin, mais peu. Les stèles bilingues sont encore moins nombreuses, une dizaine. Ce n’est pas uniquement leur rareté qui fait leur intérêt. Une analyse détaillée montre des hésitations dans les traductions qui semblent pouvoir faire sens. Les langues se révèlent alors comme, suivant l’expression des linguistes, des systèmes conceptuels et non de simples outils de communication. Abstract During the 2nd and the 1st centuries BC, some Italians, but also some Romans, set off to live in Greece. Many of them died there. Most often, their funerary steles are in Greek, some of them, although very few, are in latin. There are even fewer bilingual steles, around ten. It is not only their rarity that makes them interesting. A thorough analysis shows translations mishaps that seem to make sense. Languages thus turn out to be conceptual systems, as linguists put it, rather than mere tools of communication. Citer ce document / Cite this document : Bauzon Elodie. L’épigraphie funéraire bilingue des Italiens en Grèce et en Asie, aux IIe et Ier siècles av. J.-C.. In: Bilinguisme gréco-latin et épigraphie. Actes du colloque organisé à l'Université Lumière-Lyon 2, Maison de l'Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, UMR 5189 Hisoma et JE 2409 Romanitas les 17, 18 et 19 mai 2004. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2008. pp. 109-128. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique, 37); http://www.persee.fr/doc/mom_0985-6471_2008_act_37_1_2467 Document généré le 08/05/2016 L’épigraphie funéraire bilingue des Italiens en Grèce et en Asie, aux IIe et Ier s. av. J.-C. Élodie Bauzon Agrégée et docteur en Histoire Lycée Chateaubriand, Rome Résumé Aux iie et ier s. av. J.-C., des Italiens, mais aussi des Romains sont partis vivre en Grèce. Nombre d’entre eux y sont morts. Leurs stèles funéraires sont le plus souvent en grec, quelques-unes sont en latin, mais peu. Les stèles bilingues sont encore moins nombreuses, une dizaine. Ce n’est pas uniquement leur rareté qui fait leur intérêt. Une analyse détaillée montre des hésitations dans les traductions qui semblent pouvoir faire sens. Les langues se révèlent alors comme, suivant l’expression des linguistes, des systèmes conceptuels et non de simples outils de communication. Abstract During the 2nd and the 1st centuries BC, some Italians, but also some Romans, set off to live in Greece. Many of them died there. Most often, their funerary steles are in Greek, some of them, although very few, are in latin. There are even fewer bilingual steles, around ten. It is not only their rarity that makes them interesting. A thorough analysis shows translations mishaps that seem to make sense. Languages thus turn out to be conceptual systems, as linguits put it, rather than mere tools of communication. Le bilinguisme est abordé ici comme un phénomène historique, sociologique. Il est induit par le mouvement migratoire des negotiatores, « ces gens qui faisaient des affaires hors de Rome » , Romains, Italiens, Italiotes, des latinophones et / ou des hellénophones , partis vers l’Orient hellénistique aux iie et ier s. av. J.-C, de leur . J. Andreau, « Negotiator », Der Neue Pauly, 8. . On a longtemps pensé, à la suite des travaux de Hatzfeld 1919, que les Italiens du Sud, hellénophones, étaient majoritaires dans le mouvement migratoire des negotiatores. Leur culture grecque leur aurait permis d’accéder plus facilement à l’Orient hellénophone dans une sorte de retour aux sources. Mais Wilson 1966 a montré que les Romains y ont joué un rôle prépondérant. 110 é. bauzon propre initiative. Cette migration spontanée a mis en contact des individus appartenant à deux mondes, à deux modes de pensée, à des systèmes politiques divers, au-delà ou en deçà des rapports diplomatiques et institutionnels tissés par Rome avec les cités grecques. Les rares traces de bilinguisme sont un élément important dans la recherche des signes de l’intégration des Italiens dans le monde grec, objet de mon doctorat , soutenu en 2003. Le récent ouvrage de Jean Hadas-Lebel, Le bilinguisme étrusco-latin , permet de proposer une définition relativement simple du bilinguisme, qui recouvrirait deux réalités : « D’un côté, il désigne une qualité, un état : celui de l’individu « bilingue », c’est-à-dire compétent – de façon égale ou non – dans deux langues (en général sa langue maternelle et une autre acquise secondairement) ; et d’un autre côté, il désigne une situation touchant un nombre variable d’individus – une personne, un groupe de personnes ou une communauté – ayant en commun la pratique de deux idiomes ». Ces réalités seraient désignées respectivement par les termes de bilingualité et de bilinguisme. Marque d’une qualité ou d’une situation, le bilinguisme gréco-latin des negotiatores doit être pris comme une hypothèse de travail dictée par le bon sens et la logique. Il est trop rarement attesté pour permettre de telles distinctions. On retiendra donc globalement la pratique individuelle et collective de deux langues. L’épigraphie grecque est la principale source dont nous disposons pour l’étude des communautés d’émigrés originaires de la péninsule italienne et installés en Orient. L’onomastique est souvent l’unique moyen pour identifier la culture romaine d’un individu, qui peut être affranchi et ne pas être Romain de naissance. L’onomastique latine, si caractéristique, apparaît aussi bien dans l’épigraphie publique que dans l’épigraphie privée. Les cités ayant conservé le grec comme langue officielle, malgré la domination romaine, les textes bilingues attestant un bilinguisme individuel ou celui d’une communauté, et non des rapports de puissances, ne peuvent se trouver que dans le domaine privé. Ce sont donc les inscriptions funéraires qui offrent la plus grande documentation sur les Italiens installés en Orient et, par conséquent, sur les rares cas de bilinguisme gréco-latin. Le caractère très minoritaire du bilinguisme dans les inscriptions funéraires donne une plus grande force, plus de sens à l’attitude généralement adoptée : le recours massif au grec, la langue de la communauté d’accueil. Le bilinguisme devient, a contrario, un signe d’intégration et d’adaptation des Italiens. Un interdit juridique pourrait expliquer la rareté du phénomène. Mais à l’heure actuelle, aucun document, à ma connaissance, n’indique l’existence d’un interdit linguistique, ni n’informe sur l’existence d’une éventuelle autorisation délivrée par les cités pour le droit de sépulture dans le monde grec hellénistique. Les inscriptions funéraires bilingues, voire les inscriptions uniquement latines dans un ensemble très majoritairement rédigé en grec, incitent à supposer que l’usage du grec ne relevait pas d’une obligation légale. . L’intégration des Italiens en Grèce et en Orient au iie et au ier siècle avant notre ère. . Hadas-Lebel 2004, p. XIV. . Hamers 1983. l’épigraphie funéraire bilingue des italiens en grèce et en asie aux ii e et i er s. av. j.-c. 111 Il s’agissait d’un choix, qu’on ne peut sans doute pas qualifier d’entièrement libre, car il était sans aucun doute déterminé en partie par la pression subie et inconsciente du milieu d’accueil, mais que certains ont eu la volonté de faire. Dans le corpus des inscriptions funéraires des Italiens en Orient, une petite dizaine d’épitaphes est bilingue (sur plus de 200 documents). Cette faiblesse quantitative est impressionnante. Pourquoi des Italiens, porteurs de la culture romaine, culture en passe de dominer l’Orient, n’ont-ils pas choisi de s’identifier plus souvent, par l’utilisation du latin, ou du grec et du latin, à la culture romaine, minoritaire en Orient, mais synonyme de puissance ? Doit-on en déduire que leur horizon culturel au moment de leur mort s’arrêtait à la cité grecque et n’arrivait pas jusqu’à l’Empire ? Avaient-ils perdu Rome de vue ? Dans la colonie romaine de Patras en Achaïe, « pour les épitaphes, le latin et le grec sont utilisés selon l’origine ethnique du défunt, du moins pendant quelques générations après la colonisation ; ensuite le grec domine dans ce genre de documents » . Dans le mouvement des negotiatores, l’adoption du grec dans l’épigraphie funéraire a été beaucoup plus rapide. Qui sont ceux qui choisissent le bilinguisme ? Qu’attendent-ils de leur revendication des deux langues, des deux cultures ? Présentation du corpus Le corpus se compose de neuf inscriptions. Il ne prétend pas à l’exhaustivité, en raison à la fois des problèmes de datation du matériel funéraire et de l’étendue de l’espace observé, mais il est basé sur une étude des principaux sites où sont attestées des communautés de negotiatores. Les inscriptions sont classées par ordre chronologique (mais les datations sont souvent peu précises) et géographique. Après de nombreuses hésitations, je les ai traduites, aussi bien dans leur version latine que dans leur version grecque, et d’une manière très littérale, afin d’éviter la redondance produite par le bilinguisme et afin de ne pas effacer les différences entre les versions grecque et latine, qui constituent l’objet de notre étude. Les uploads/Philosophie/ bauzon-2008-l-x27-epigraphie-funeraire-bilingue-des-italiens-en-grece-et-en-asie-aux-iie-et-ier-siecles-av-j-c.pdf
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- Publié le Nov 06, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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