Electroneurobiología vol. 12 (1), 2004 Keywords: akhlaqi, akhlaqiyyat al-tibb w

Electroneurobiología vol. 12 (1), 2004 Keywords: akhlaqi, akhlaqiyyat al-tibb wa ouloum al-hayat, bioética, bioethics, bioéthique, brain-mind relationships, esprit, guerre de velours, soul, tecnociencia, techno-science, technos- cience, ultrahistory, ultrahistoire Éthique de la Bio-Éthique Thème d'une conférence donnée à Damas le 6 décembre 2003 dans le cadre des « Rencontres Franco-Syriennes de Bioéthique » Texte publié à Beyrouth dans la revue " Travaux et Jours " N°73, Printemps 2004. par Antoine Courban1 Electroneurobiología 2004; 12 (1), pp. 73-89; URL <http://electroneubio.secyt.gov.ar/index2.htm> Copyright © 2004 de l’auteur / by the author. Esta es una investigación de acceso público; su copia exacta y re- distribución por cualquier medio están permitidas bajo la condición de conservar esta noticia y la referencia completa a su publicación incluyendo la URL original (ver arriba). / This is an Open Access article: verbatim copying and redistribution of this article are permitted in all media for any purpose, provided this notice is pre- served along with the article's full citation and original URL (above). Correspondance / Contact: ACourban@cyberia.net.lb Pour ne pas croire au Père Noël 2 Jadis, Socrate se demandait si oui ou non la vertu pouvait être enseignée, au sens de sa transmission par les didascales et non de sa perpétuation par les pédagogues. La prudence ainsi que les scrupules du vieux Socrate sont certes touchants mais apparaissent, du moins aujourd’hui, déplacés, anachroniques voire empreints de fatuité suffisante et pharisaïque, en tout cas aux yeux du 1 Conseiller Scientifique du Centre Georges Canguilhem de Philosophie et Histoire des Sciences ( Institut de la Pensée Contemporaine / Université Paris VII ). Professeur d’Anatomie Humaine à l’Universite Saint Josepth à Beirut. Chargé de cours d’Éthique Médicale à l’USE à Kaslik. Chargé de cours d’Epistémologie et d’Histoire des Sciences à l’USJ. 2 Le contenu de cet article est construit autour du texte d’une conférence, portant le titre de " Bio-Ethique : valeur universelle ou idéologie ", donnée à Damas par l’auteur le 6 dé- cembre 2003 en langue arabe et en langue française, et ce dans le cadre des « Rencontres Franco-Syriennes de Bioéthique ». 73 Electroneurobiología vol. 12 (1), 2004 monde de l’éducation. Qui, dans l’univers de l’enseignement, oserait préten- dre que l’Éthique ne s’apprend pas ? Une telle affirmation ferait passer son auteur pour un conservateur acrimonieux, un individu hors du temps de la modernité. Si l’Éthique, pour Emmanuel Lévinas, est une philosophie première bien avant toute morale, force est de constater que la préoccupation d’éthique est devenue aujourd’hui la priorité absolue, pour ne pas dire l’obsession ma- jeure, dans pratiquement tous les secteurs d’activité professionnelle. Il y au- rait semble-t-il des « ethics 3 » et des « values 4 » spécifiques à n’importe quel type d’activité humaine. Même un comportement instinctif, inscrit dans la chair de tout un chacun, et qui n’est donc pas une vertu morale, fait pompeu- sement l’objet d’une classification et d’une taxinomie « valorielle 5 » propres à donner le vertige. Récemment, une responsable de l’enseignement complémentaire et secondai- re m’a demandé de bien vouloir superviser un cursus spécifique, en Ét- hique/Bio-Éthique, qu’elle souhaitait implanter dans son établissement. J’ai applaudi à son idée mais n’ai pas accepté sa proposition. Je l’ai cependant chaleureusement félicitée et lui ai vivement suggéré d’étendre ce cursus vers le bas, vers les classes primaires et maternelles afin de bien s’assurer que les chers bambins de son établissement connaissent l’éthique comme ils connais- sent la règle de trois et la table de multiplication. J’ai, dans le même temps, refusé d’assumer des cours d’éthique au premier cycle universitaire d’une école de médecine. J’ai proposé de les faire remplacer par une initiation à la philosophie générale. Par ailleurs, j’ai suggéré aux responsables académiques de mettre en place, dans le cadre du deuxième et du troisième cycles univer- sitaires, un forum permanent où des situations concrètes et précises peuvent faire l’objet de débats ouverts et critiques portant sur les valeurs qu’elles en- gagent ou qu’elles pourraient engager. Que dire alors de l’initiative de telle responsable d’institution, dans le réseau associatif, qui met en place quelques cours d’éthique destinés au grand public fréquentant tel dispensaire ou tel centre médico-social ? Ma charmante collè- gue était pourtant convaincue que ces cours d’éthique pouvaient améliorer les 3 J’utilise le terme « ethics » et le vocable « values » en anglais car leur pertinence me semble accrue dans cet idiome. 4 Ibidem 5 Ce néologisme, s’avère être à la mode Il rend avec bonheur les dérivés du « ethics » an- glo-américain. 74 Electroneurobiología vol. 12 (1), 2004 conditions psychologiques de son « target-group 6 ». On peut, à la limite, ef- fectivement imaginer qu’une bonne formation en éthique ou bio-éthique pou- rrait rendre les classes laborieuses moins portées à troubler l’ordre social et plus enclines à faire preuve de la nécessaire retenue ainsi que de sagesse, cette indicible « sophia » que l’Éthique est supposée véhiculer. Rendre à César ce qui est à lui Cette préoccupation éthique est assez récente. La vague a commencé dans l’univers culturel anglo-américain qui a toujours su développer une grande ac- tivité en philosophie morale. Avec la domination étasunienne sur le monde, perceptible depuis la décennie 1990, la préoccupation éthique s’est progressi- vement généralisée au reste de la planète, parfois même sans discernement. Sous couvert de dialogue des cultures, on a tendance à s’imaginer que l’imitation du modèle américain dans le domaine de la philosophie morale et plus précisément dans le secteur de l’éthique dite substantielle 7 ou appliquée 8 est quasi une preuve de ce « sustainable development 9 » auquel tout le monde rêve d’accéder. Durant la dernière décennie, cette tendance s’est développé de manière galo- pante. Dans une étude récente, Gordon Marino 10 faisait observer qu’il existe actuellement un grand nombre de professionnels, appelés « éthiciens » ou « ethicists » et qui agissent au titre de super-ego de n’importe quelle profes- sion. Il fait le constat qu’aux Etats Unis, si on prend n’importe quelle profes- sion, on peut être quasi certain de l’existence d’une autre profession appelée 6 Bien qu’issue du vocabulaire militaire, l’expression target-group ou « groupe-cible » conserve une meilleure pertinence étymologique quand elle est dite en anglo-américain. 7 L’éthique substantielle est une approche qui définit à la fois le système moral de l’Idée de Bien, et la procédure rationnelle pour y parvenir. Cette orientation en philosophie morale est perceptible dans le monde anglo-saxon depuis le milieu du XX° siècle. 8 L’éthique appliquée est la conséquence de l’éthique substantielle. Il s’agit essentiellement du cadre procédurier de cette dernière. 9 Ou « développement soutenu », concept extrêmement difficile à cerner car on voit mal à quel type de réalité il renvoie. 10 MARINO Gordon. « Before Teaching Ethics », The Observer, volume 50, n° 24, p.B5, cité in < http://www.chronicle.com > 75 Electroneurobiología vol. 12 (1), 2004 éthique de la première ( ainsi : bio-éthique ; éthique médicale ; éthique in- formatique ; éthique juridique ; éthique économique etc. ). De la conscience morale On peut d’ailleurs s’interroger sur les raisons qui qualifient quelqu’un à être reconnu comme un expert en affaires morales. Ainsi, « Randy Cohen, le res- ponsable de la rubrique The Ethicist dans le New York Times Magazine était un auteur de pièces comiques pour le compte du David Letterman Show avant d’occuper ses nouvelles fonctions de directeur du bien et du mal 11 » dans le prestigieux magazine new yorkais. Je ne cherche pas à cacher mon propre scepticisme quant à cette nouvelle catégorie d’experts ou quant à l’idée même que l’Éthique serait ou pourrait être un champ d’expertise comme, par exem- ple, l’astrophysique. « Alors que certains se désolent de ne pouvoir assurer des cursus d’éthique à des étudiants et des apprentis-professeurs, je demeure quant à moi fidèle à la certitude aristotélicienne que ce n’est pas de savoir théorique supplémentaire dont nous aurions besoin mais de plus d’audace et de courage, et que ceci ne s’obtient pas en mémorisant des paradigmes mé- ta-éthiques ou en analysant des histoires de cas 12 ». Dans son célèbre et lapidaire « La Maladie à la Mort » ( Traité du Désespoir), Sören Kierkegaard (1813-1855) faisait observer en 1849 que la plupart des gens « travaillent graduellement à éclipser leur intelligence éthique et éthico- religieuse 13 ». L’auteur danois pensait que la connaissance morale est uni- versellement distribuée, au titre de « conscience ». Cependant, selon la pro- pre conception de Kierkegaard, la conscience demeure un combat permanent d’aspiration vers le haut car, comme nous pouvons le constater dans notre propre chair, les directives de la conscience semblent hélas inversement pro- portionnelles aux impératifs de l’intérêt personnel. 11 Op. cit. « Randy Cohen who writes ‘The Ethicist’ column for the New York Times Maga- zine, was a comedy writer for the David Letterman show before he assumed his present post as director of right and wrong for the Times”. [ traduction de l’auteur ] 12 Op. cit. « And while some people are crying out for required ethics courses for graduate students and beginning professors, uploads/Philosophie/ bioethics-pdf.pdf

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