GROUNDED THEORY : QUELS USAGES DANS LES RECHERCHES EN CONTRÔLE DE GESTION ? Vas

GROUNDED THEORY : QUELS USAGES DANS LES RECHERCHES EN CONTRÔLE DE GESTION ? Vassili Joannidès et Nicolas Berland Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité - Contrôle - Audit » 2008/3 Tome 14 | pages 141 à 162 ISSN 1262-2788 ISBN 9782711734368 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2008-3-page-141.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Association Francophone de Comptabilité. © Association Francophone de Comptabilité. Tous droits réservés pour tous pays. 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La recherche est une étude bibliogra- phique confrontant les pratiques de la grounded theory avec les recommandations de ses fonda- teurs (Glaser et Strauss, 1967 ; Strauss et Corbin, 1998). Après avoir présenté les principes et usa- ges de la grounded theory, nous montrons la diver- sité d’utilisation de cette méthodologie dans les recherches en contrôle de gestion à travers onze articles revendiquant ce positionnement. Abstract The present paper draws on the main issues in the production of scientifi c knowledge based upon grounded theory in management account- ing research. This piece of work is a bibliographic study confronting grounded theory practices with the expectations of its founders (Glaser et Strauss, 1967 ; Strauss et Corbin, 1998). After we shed light on the principles and issues in the discovery of a grounded theory, we bring insights into the variety of uses thereof throughout eleven articles claiming that positioning. MOTS-CLÉS. GROUNDED THEORY – CONNAISSANCE – RECHERCHE QUALITATIVE – CONCEPTUALISATION – THÉORISATION KEYWORDS. GROUNDED THEORY, KNOWLEDGE, QUALITATIVE RESEARCH, CONCEPTUALISING, THEORISING Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.142.96.187 - 18/11/2019 12:11 - © Association Francophone de Comptabilité Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.142.96.187 - 18/11/2019 12:11 - © Association Francophone de Comptabilité 142 Vassili JOANNIDES et Nicolas BERLAND GROUNDED THEORY : QUELS USAGES DANS LES RECHERCHES EN CONTRÔLE DE GESTION ? COMPTABILITÉ – CONTRÔLE – AUDIT / Numéro thématique – Décembre 2008 (p. 141 à 162) Correspondance : Vassili Joannides Nicolas Berland vassili@gmx.ch nicolas.berland@dauphine.fr Remerciements : Nous tenons à exprimer notre gratitude à Julie Naudin et Isabelle Gignon, docto rantes de Nicolas Berland. Nous sommes également très reconnaissants à Sven Modell et Deryl Northcott pour leurs conseils et remarques tout au long de ce travail. Publié avec le concours de la FNEGE et de la Commission européenne (Programme Marie Curie) Introduction La grounded theory est un processus de production de connaissances en sciences sociales développé par Glaser et Strauss à partir de 1967. Cette approche de recherche abductive propose d’élaborer des théories directement à partir des donnés empiriques renversant la relation traditionnelle entre théo- ries, hypothèses et données et faisant une plus large place à l’observation. Alors que de nombreuses branches des sciences sociales (sociologie, anthropologie, science politique) se sont approprié peu à peu la grounded theory, elle reste encore peu utilisée en recherche comptable tant en France que dans le monde anglo-saxon. Un certain nombre d’idées reçues et d’interprétations erronées sur la nature de ce processus de recherche l’ont pour le moment laissé en marge des enseignements en méthodo- logie de la recherche. Son présupposé est en effet audacieux, sinon dérangeant, pour le chercheur. Il consiste à faire abstraction des cadres théoriques préexistants afin de laisser un objet d’étude pro- duire de lui-même des éléments constitutifs d’une théorie. Alors que les canons traditionnels de la recherche ont des visées explicatives, la grounded theory compte au rang de ses objectifs la compréhen- sion d’un objet et par extension d’un environnement social ou managérial (Quattrone, 2000). L’une des hypothèses de cette approche est que les études antérieures n’ont pas vu ou ont négligé des dimensions empiriques qui font défaut à la progression de la connaissance (Becker, 2001). L’examen minutieux du terrain conduit le chercheur à découvrir une nouvelle théorie ou à recourir à la théorie la plus appropriée parmi celles déjà existantes pour comprendre son objet. Le développement d’une théorie enracinée dans un terrain d’étude est un mode de recherche alternatif au modèle hypothético- déductif dominant. Ceci est une approche résolument qualitative fondée sur des démarches abducti- ves (Glaser et Strauss, 1967, Strauss et Corbin, 1990, 1998, David, 2000) Nous proposons d’étudier comment et à quelles conditions ce processus de recherche peut pro- duire de la connaissance utile aux chercheurs. Dans cette perspective, l’article est découpé en deux parties. La première présente les enjeux de la grounded theory pour la production de connaissances. La deuxième partie examine les utilisations concrètes et les apports de ce type de recherche en contrôle de gestion. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.142.96.187 - 18/11/2019 12:11 - © Association Francophone de Comptabilité Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.142.96.187 - 18/11/2019 12:11 - © Association Francophone de Comptabilité 143 Vassili JOANNIDES et Nicolas BERLAND GROUNDED THEORY : QUELS USAGES DANS LES RECHERCHES EN CONTRÔLE DE GESTION ? COMPTABILITÉ – CONTRÔLE – AUDIT / Numéro thématique – Décembre 2008 (p. 141 à 162) 1. La grounded theory, un mode alternatif de production de connaissances Considérant la grounded theory comme un mode de recherche alternatif au canon hypothético- déductif et comme une modalité dans un cadre interprétatif de type abductif, nous présentons dans cette première partie ses spécificités. Nous insisterons dans un premier temps sur la production de connaissances qu’elle permet. Dans un second temps, nous présenterons ses critères de validité trop souvent ignorés ou méconnus. 1.1. Produire de la connaissance avec la grounded theory La grounded theory permet de produire trois types de connaissance : théorique, empirique ou métho- dologique (Quattrone, 2000). Cette richesse supposée de connaissances productibles par la grounded theory est enracinée dans des contextes scientifiques spécifiques. 1.1.1. TROIS TYPES DE CONNAISSANCES La grounded theory peut produire trois types de connaissances : la création ou l’enrichissement de théo- ries, une meilleure connaissance empirique des objets de recherche, de nouvelles méthodologies. 1.1.1.1. Générer de nouvelles théories ou en enrichir d’anciennes L’objectif principal de la grounded theory est, à partir d’une observation empirique, de découvrir et de formuler une théorie que Glaser & Strauss (1967) qualifient selon les cas de formelle, de substantive ou de confirmatoire. Une théorie formelle apparaît comme une théorie achevée dont les concepts sont susceptibles d’être exploités dans d’autres travaux. Par comparaison, une théorie substantive est moins achevée. Elle pose uniquement des concepts qui pourront servir au développement d’une théorie for- melle dans des travaux ultérieurs. Une théorie confirmatoire vient confirmer ou enrichir une théorie déjà existante. L’absence de préjugés théoriques permet une compréhension d’abord naïve du terrain. Soit une théorie nouvelle est produite à partir du phénomène observé, soit les concepts émergeant de l´observation empirique se rapportent directement à une théorie déjà existante. Il revient alors au chercheur de l’enrichir à l’aune de ses observations. La construction de connaissances vient de ce que le chercheur est amené à d’abord déconstruire son objet d’étude avant de le reconstruire au regard de ce qu’il en a compris. La découverte d’une théorie constitue le stade final de la recherche et guide ensuite le processus d’écriture. Tout d’abord, la conduite d’une étude exploratoire fait émerger des concepts et une théorie provisoires. Au fur et à mesure que le chercheur reconstitue les connexions entre les différentes composantes du terrain, sa théorie évolue. La conceptualisation de ces relations constitue le cadre théorique final de la recherche. Par un processus récursif, l’application de ce cadre permet de restituer le cas pour le lecteur. Celui-ci n’est plus une simple histoire mais une suite de données empiriques reliées par des concepts issus des observations de terrain. La restitution est donc très exigeante en termes de rigueur d’écriture comme dans n’importe quelle autre recherche interprétativiste-constructiviste (Thiétart, 1999, Quattrone, 2000, Charreire et Huault, uploads/Philosophie/ cca-143-0141.pdf

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