Synthèse Guy BAJOIT – Le changement social : Approche sociologique des sociétés

Synthèse Guy BAJOIT – Le changement social : Approche sociologique des sociétés occidentales contemporaines Stéphane CORIDON – DEA128FC Paris Dauphine - 1 – Séminaire Contrôle de gestion et TIC – Yvon PESQUEUX CORIDON Stéphane DEA 128FC e-management Université Paris Dauphine Année 2003-2004 Guy BAJOIT - Le changement social Approche sociologique des sociétés occidentales contemporaines Collection Cursus – Armand Collin L’auteur Guy BAJOIT est professeur émérite de sociologie à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Il s’est intéressé pendant plus de 30 ans, à la problématique du changement socio-culturel et de l’action collective, tant dans les pays en développement que dans les sociétés industrielles. Bibliographie ƒ Pour une sociologie relationnelle, (PUF, 1992) ƒ Les jeunes dans la compétition culturelle (PUF, 1995) ƒ Contributions à une sociologie du sujet (Belin, sous la direction de l’Harmattan, 1995) ƒ Jeunesse et société : socialisation des jeunes dans une société en mutation (De Boeck, 1999) La démarche Tous les observateurs s’accordent à dire que le monde, dans lequel nous vivons, est en pleine mutation, qu’une transformation profonde est en cours et que les rapports de l’individu à son contexte naturel sont entrain d’être complètement bouleversés. Selon leur sensibilité, ces observateurs nous proposent des interprétations diverses et variées dans l’ensemble de ces mutations. Sous l’angle des facteurs technologiques, économiques et financiers, les auteurs mettent en lumière tantôt l’avènement de la société de la communication et de l’information, tantôt celui du modèle néo-libéral et de la société de compétition, ou encore celui du « village planétaire » régi par la spéculation. Sous l’angle du social et du politique, ces mutations sont interprétées comme le dépassement de l’Etat national par un processus de globalisation, ou comme la fin de l’Etat-providence. En insistant sur les facteurs sociaux et culturels, d’autres auteurs présentent ces mutations comme la fin des grandes idéologies et des mouvements sociaux qui y étaient liés, l’évolution rapide vers un nouveau système de valeurs et d’un nouveau modèle culturel qualifié de « post- industriel ». On entend plus globalement des débats entre les partisans d’une vision post- moderniste du monde présentée comme la fin de la modernité et les partisans d’une simple étape de la modernité. Synthèse Guy BAJOIT – Le changement social : Approche sociologique des sociétés occidentales contemporaines Stéphane CORIDON – DEA128FC Paris Dauphine - 2 – Séminaire Contrôle de gestion et TIC – Yvon PESQUEUX Tous ces points de vue sont riches d’enseignement pour comprendre les mutations que nous sommes entrain de vivre mais elles ne présentent pas une lecture globale de l’ensemble de changements. L’objet de cet ouvrage cherche justement à articuler ces différents points de vue dans une lecture, d’intégrer les facteurs et les dimensions du changement dans une proposition théorique générale. L’auteur entend proposer une lecture globale de ces mutations, en essayant bien sûr de rien perdre de la complexité du réel, et qui soit suffisamment claire pour nous aider à comprendre le monde que nous sommes entrain de construire. L’objectif est ambitieux et risqué, non pas parce qu’il nécessite certes une collecte d’information importante et ardue mais principalement parce qu’il nécessite des instruments théoriques pertinents et indispensables à une analyse sociologique capables de rendre intelligibles les mutations en cours. L’auteur propose une théorie sociologique que nombre de sociologues d’aujourd’hui trouveraient douteuse mais qu’importe puisqu’elle a le mérite de faire avancer le débat sur une science qui cherche ses marques. Elle invite donc à la discussion. L’objet du livre est donc double : 1) Il est théorique parce qu’il propose des concepts sociologiques, des instruments d’analyse, permettant de rendre intelligible, de donner du sens à la vie sociale. 2) Il est analytique parce qu’il cherche à montrer la pertinence de ces concepts pour analyser et comprendre les changements sociaux et culturels dans le monde d’aujourd’hui. Les hypothèses L’ouvrage se présente sous forme de 7 propositions qui forment un tout, chacune faisant l’objet d’un chapitre. Ces propositions constituent les hypothèses de la théorie proposée par l’auteur. Première proposition « La sociologie ne peut comprendre la vie sociale d’aujourd’hui qu’en plaçant le sujet individuel au cœur de son approche » Deuxième proposition « La vie sociale implique des contraintes du collectif sur les individus qui en sont membres » Troisième proposition « Les contraintes sociales ne sont supportables et efficaces que parce qu’elles ont un sens culturel légitime aux yeux des individus » Quatrième proposition « Par la pratiques des relations sociales, structurées par des contraintes sociales et matérielles et par des sens culturels, les individus se socialisent et forment leurs identités collectives » Cinquième proposition « Les identités collectives sont traversées par des tensions existentielles que les individus gèrent pour construire leur identité personnelle » Sixième proposition « Pour réaliser leur identité personnelle parmi les autres, les individus s’engagent dans des logiques d’action sociale » Septième proposition « En s’engageant dans des logiques d’action sociale, les individus (re)produisent les contraintes et les sens qui structurent leurs relations sociales » Synthèse Guy BAJOIT – Le changement social : Approche sociologique des sociétés occidentales contemporaines Stéphane CORIDON – DEA128FC Paris Dauphine - 3 – Séminaire Contrôle de gestion et TIC – Yvon PESQUEUX Chapitre 1 : Position épistémologique Première proposition « La sociologie ne peut comprendre la vie sociale d’aujourd’hui qu’en plaçant le sujet individuel au cœur de son approche » Sur l’épistémologie de la sociologie La sociologie essaie depuis ses origines de se faire une place parmi les sciences. Son épistémologie n’a jamais été vraiment très sûre d’elle-même et depuis que ses théories classiques sont remises en cause par les changements culturels de nos sociétés, elle l’est encore moins. La scientificité du discours sociologique est un débat qui reste d’actualité. Ce sont dans les sciences de la nature que les sociologues sont allés cherchés leurs premiers fondements. Ils se sont efforcés de se soumettre aux exigences épistémologiques des sciences dites « exactes ». La « physique sociale » chère à Auguste Comte naissait de ce principe. Les sciences de la nature ont, en effet, donné une réponse plus claire à la scientificité de leurs domaines. Pour Karl Popper, une proposition reste scientifique aussi longtemps qu’elle n’est pas réfutée. Il faut donc l’énoncer sous une forme falsifiable et la soumettre à un travail expérimental pour anticiper et constater les résultats produits. Tant qu’on ne pourra pas produire de résultats contredisant la proposition, on pourra dire qu’elle est scientifique parce qu’elle entretient avec la réalité un rapport homologie structurale qui permet de penser qu’elle lui est bien conforme. La proposition est scientifique parce qu’elle permet d’anticiper un résultat identique dans des conditions définies. D’autres épistémologues ont montré ont montré que l’épistémologie des sciences de la nature n’est pas sans faille puisqu’elle est parfois orientée par des cadres de pensée scientifiques qui sont culturels. Thomas Kuhn les nommera des « paradigmes » et Irme Lakatos, « des programmes de recherches scientifiques ». Ces cadres font voir le réel sous un certain angle et en occultent d’autres : l’homologie structurale avec la réalité sur la base de ces fondements épistémologiques est donc contestable. Ces considérations mises de coté, il est possible néanmoins d’appliquer cette épistémologie aux sciences de l’homme, et notamment à la sociologie. Prenons ces deux exemples : 1. Si pour prévoir le nombre de suicides survenant l’année prochaine dans une société à une époque donnée, nous réunissions des statisticiens ayant étudier le taux de suicide. Nous arrivions à une proposition du style : « Parmi les catégories des hommes, protestants, urbains ou adultes, le taux de suicide s’élèvera l’an prochain à X ». Elle est considéré comme scientifique puisqu’elle est (ou sera) confirmée. Pour la vérifier, il suffit d’attendre un an. Si nous voulons par contre intervenir sur le cours des événements, il nous est indispensable de savoir pourquoi les traits sociaux évoqués dans cette proposition tendent à engendrer d’aussi fatales conséquences. Durkheim dirait que les différences entre les taux de suicide de diverses catégories sociales s’expliquent par les variations du contrôle sociale qui s’exerce sur elles. Nous arriverions ainsi à la proposition suivante : « Moins une catégorie est socialement contrôlée et plus ses membres auront tendance à se suicider ». Est-elle scientifique ? Comment établir que le contrôle social est bien la cause de ce phénomène ? Si nous établissons le fait que les hommes, protestants, adultes et urbains sont soumis à un contrôle moins grands que les femmes, catholiques, jeunes et rurales ; et que les premiers se suicident plus que les secondes. Nous pourrions faire une analyse statistique pour vérifier que la variable « faible contrôle social » est la seule corrélée significativement avec le taux avec du suicide. Plus empiriquement, nous pourrions analyser l’influence d’un programme d’encadrement de ces Synthèse Guy BAJOIT – Le changement social : Approche sociologique des sociétés occidentales contemporaines Stéphane CORIDON – DEA128FC Paris Dauphine - 4 – Séminaire Contrôle de gestion et TIC – Yvon PESQUEUX hommes adultes sur le taux de suicide. Si le taux de suicide a effectivement diminué, nous pourrions conclure que l’insuffisance de contrôle social est bien la cause du phénomène. uploads/Philosophie/ changementsocial-1263199365887.pdf

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