Ce CHARLES BELLANGÉ SPIiNOZA ET LA PHILOSOPHIE MODERNE '^W Henri DIDIER. Éiutel

Ce CHARLES BELLANGÉ SPIiNOZA ET LA PHILOSOPHIE MODERNE '^W Henri DIDIER. Éiutelr 4 el 6, Rue de la Sorbonne,. Paris 1D12 7''ju.s droits résercés PREFACE // n'y a (jucre de pliilnsophie pins chidlée (pie celle de Spinoza et il n'y en n pnstpd demamle encore à Vèlre davnnlaçie. Rien qiCon ne la jufje pins nniqaemenl snr son nppiirenl panlhéisme et ipie les ronunenhiires des Delhos, des dont-liond, des nriinsi-lunicrj. tics Alherl Léon, en France, et. à rélranijer. renx des Pollock. des Van I loten. des lierendt cl Frtcdtàndcr. des Frenden- tlnil. des IVirhm^d W aide. <lcs Ijiinin-liorl.onjsld, — ponr ne citer ipie tes tranni.r récents — aient conirihné à lui reslilner sa craie pltYsi(ai(anie. il reste, noas a-t-it semblé, à nous en faire ane pins annplèle idée d'en- semble et, ibms le début, à dissiper plus d'une obscnrilé pcid-ètrc même, en ce (pu concerne sa conceplion de rinjini. par exemple, qui continue et dépasse celle de Nicrdas de (Uisa et de Bruno, et sa tbéorie des jilnrimrï^ i(lo;i', ipii précède la théorie des « petites perceptions n leibnizienne, ne lui a-t-on pas attribué tout ce rpu' lui appartient. La phiiosopliie spinozisle se pbice dans révolution infellectuelle européenne, à un moment critique : il lui Jaat. pour éceitler l'intérêt des spécialistes, s'astreindre ''Il mode de philosopher tlH'olofjiquc et métaphysique tiérité de bi tradition scolastique.btrulis <pi'ette n'est occu- j)ée en réalité que d'aider à l'explication inathématico- inéctnnque du monde, dont Galilée. Hobbes. Descartes, ciennent d'ébaucher le programme ; elle associe, par smte, II PREFACE dans ses formules à doahie fond l'immanence et la transcendance, c'esl-à-dire deux canceplums de la n/diire et de l'homme inconciliables: et c'est celte amphibo- logie, dont nous trouvons la cause à la fois' dans la crainte des préjugés régnants et dans im éclectisme ou esprit de synthèse naturel à l'aideur, que nous devons avoir sans cesse présente à l'esprit pour ne pas nous égarer. Il est vrai que c'est en partie ce qui fait poiu^ nous son importance historique. Mais Spinoza n'a pas poursuivi seulement cette gageure d'exprimer le mécanisme cartésien en hnigage d'école. Il a eu surtoid en vue, il nous le dit. la pralhjue humaine, c'est-à-dire la définition d'une morale et d'une politique rationnelles et d'une religion concordante oh la science et le sens comnuin passent également trouver leur compte. Nous en réservons l'étude à un procliain vohime. où nous verrons combien, à cet égard, il peut avoir à nous apprendre, où nous aurons de plus, poiw notre instruction actuelle encore, à confronter son exégèse biblique (wec celle qu'une cerUdne érudition a depius fait prévaloir pour la plus grande gloire du prophélismr hébreu (I). (Il Nous nous servons de l'édilioi! Van VIolen et Land, en .5 vol., la Haye 189.") ; et nous citons, quand elle n'est pas trop infidèle, la traduc- tion Saisset. La vie de Spinoza et l'histoire de sa pensée, si bien étudiées par Freudenthal. Meïnsma, Couchoud, etc., ne nous occupant pas ici. mais plutôt l'état délinitif de cette pensée, c'est à VElhica, au Trnclntu> llieuloiiico jjoliticus, au De nnendatione iiUelleclùs et à sa correspondance que nous nous somnnes le plus attaché. PREMIÈRE PARTIE Théorie de la connaissance CHAPITRE PREMIER Di: LA l'SYClloLocll'; COMMl-: S( ILXCl': DKPKXDAXTK S'il no s'aii-issait ahsolunionl ici quo do fairo, aprrs l)i('n d'aulros, l'expose.'" do la philo.sejphie do Spinoza, ce livro ne doM'ail pas coninieiicer jiar sa lliéorie de la connaissance humaine. Nous su j yrioj] s 1 a inai'clie de VKlJiiipic, oi'i il est Iraité (les (rpéralions^.iiienLales iiUmrpTrfci après une preniicrc partie de niélaphysi(pu> ycnrrale. Nous considcrerions que, dans la seconde j)artie même, les propositions du débul sont consa- crées à la connaissance envisag-ée en Dieu, c'est-à-dire dans l'ensemble de la nature et sous l'aspecl <le l'inlini. et ([ue ce n'est qu'à partir de la proposition II, plus exactement de la proposition 13, qu'il arrive à celle même pensée chez l'homme comme à un de ses cas parliculiers._Là même il s'interrompt ; il croit néces- saire de ])oser quek[ues pi'incipes premiers de i)hy- sique et de physiologie qui vont régir toute la suite de liK LA l'SVCIlnl.Odll-; Cu.MMK SCI KNCK DKI'F.N lt VNI-K son (Irvelopponient : et ce n'est quai^i-rs avoir monlrr dans l'orii-anisalion du corps, iiui nest cllo-mcme qiiune dépendance du mécanisme universel, la condi- tion de lorg-anisalion d'idées qui constituera la mens ou Ame individuelle, c'est alors seulement qu'il se sent en mesui'e d'aborder la sensation, la mémoire et la détermination des caractères de la connaissance scientifique (prop. 10 et suiv.V M. Couchoud écrit : « Spinoza a transposé audacieu- semcnt une théorie de connaissance en théorie de l'être I . >' On voit déjà que c'est le contraire, plutôt, que Spinoza parait s'être proposé : il a cherché, sa th<''orie de la connaissance Onns sa théorie de rêlre^ Et cela lui crée une première orig-inalité par rapport à son devancier lIobl)es. qui, dans le L<''i-iHi}inïu traite d'abord — à un point de vue tout phy.sique. il est vrai — des sens et de la connaissance, et surtout par l'apport à Descartes, à qui, d'ailleurs, comme à Ilobbes. il a tant emprunte. Descartes, dans ses î'rinciix's de pliilosopliir^ semble faire reposer tout l'édilice de la philosophie sur cette anirmalion initiale : Je pense, donc je suis, cogilo er<jo suni, tl'oîi il prétend tirei' toutes les autres certitudes. 11 s'en attribue la décou- verte -2) : il en est tellement satisfait, elle l'épond si bien à ce ([u'il imagine être l'objet et le tout de la ))hilosoj)hie ([uil croit devoir, dans ses MrdiL-ilitms, la retravailler, l'étirer dans tous les sens. 11 a eng'ag'é ainsi la psychologie moderne dans une voie où d'autres, ([ui l'ont suivi, n'ont phis u'ardé (k^ mesure, ("ar lui-même ne reste ])as toujours emprisonné dans sa formule. Tout en ])artant de rf'dudc interne de (1 P.-L. Couchoud, Bciioil df Si,inii:a, p. 172. (2) On retrouve cet argument clicz Ueiric d'.\ii\i'rre. clie/ .Scol iTipène ; il i"t'"baucli(' clifz V. Augu^itin, <lilc de Dieu, 1. \l. cli. wvi; voy. FMcavet, Les Hhilusoijliies médiérales, p. 824. 1»K l-V PSVClKiI.iKlIK CoMMi: -^CIKNCI-: 1» K l'IiM i ANI K ^ ITuno et de ses icbV's. |)rises en valeur iinm(''diale. il pense à rtl'server. ne serait-ee que par son hypothèse assez malheureuse sur h' l'ule de la g'iande pinèale. une part à nos ortranes. au jeu des muscles et i\i:'y< nerfs, dans la production de la i)ensé<'. Mais fhez Kant. qui reprend la formule du CihjHo à son compta I — avec quelques atlénualions parfois •?) — . chc/. Fichle. qui en d(''duit toute une concci>tion de l'univers, chez les Ecossais, (diez Maine (h- lîiran {'.\ et les professeurs de spiritualisme cousinien. obstinés à chercher dans la conscience - et ses " données immédiates •. dans le reii'anl inti'rieur le type de la connaissance certaine, on crr)irail ([ue celle cons- cience existe dans la nature par soi-même et sans ([ue le monde exti-rieur. sans que les corps y fovu'uissent autrement ({ue parce ([u ils se trouvent être. ])ar ren- contre, ses objets. Tel a (''It'' l'empire de celle méthode subjective, de cette mai'ehe du moi au ' non moi , ])résent(''e comme une marche du connu à l'inconnu, qu'elle s'est imposi'"e même à Locke et aux sen- sualistes dv^^ xviir" et xix" siècles. C'est i)ar ren(iuéte menée du dedans sur nos concepts, sur nos facultés et sur la léi^itimih'- de la connaissance que C'ondillac et Hume, et Sluart Mill encore, seronl pei-suad(''s (pie doit s'ouvrir la recher(die ]ihilosophique. pai" elle que l'école iiléolog'ique essaiera dV'lablir les prodromes de toute science (4). Au'juste Comte lui-même, si hostile ([u'il se montre à l'idée d'une psycholoii'i<' concnie (1) '.'r/7ii/ue de lu raison pure. Irad. Barni. t. 1. p. IfiG, '2S(). (2) Ibi.l.. p. 103, 179, 181. (o* M. de Dirai) distingue le sentiment du je et l'airirmalioii de là me commecliosepen-ante. Manuscrits inédits, dans Revue de Mi'liii>liYxiiiiie, WAVi , p. i;îO. Comp. la distinction du je et du moi chez William .lames. Préris de p:<yi'holngie : elle est aussi cliez kant, t. I. p. 29U, trad. Harni. 4) Destull de Tracy pourtant fait dériver l'idéologie de la zoologie ; Eléments d'idéoloijie, préface. i liK I.A l'SVClKir.OC.lK r.ùMAlK SCIKNC.K 1) K l'IIND VNIK cominc sc-ionco à oxistom-o projjrc. n'admet pas moins imjilicilomonl nnc dualilr de l'esprit et des choses, dnn moi et dun non moi. quand il se fait nne doctrine de limpossibilitc. pour notre inlelliirence. d'atteindre aux causes premicres et finales 1:. Et c'est parce (jue Spencer, à son tour, nudu'rc ce ([u'il dit de la dilïieultr de prcciser Vidée du moi (•2). imaç'ine en réalitr ce moi se connaissant avant de passer à la connaissance du non moi. ({u'ii prête tant d'attention, par exemple, aux analyses abstraites d'un Ilamilton et Unit par s'arrêter, respectueux, devant un » inconnaissable ". Ce n'est pas tout à fait ainsi, pourtant, que l'Anti- quité et le i\Ioyen-Age même avaient compris le pro- blème philosophique. Les sau'es de l'Ionie nous appa- raissent occupés de principes i)hysiques et non de subjectivité. L'importance que les sophistes et Socrate. uploads/Philosophie/ charles-bellange-spinoza-et-la-philosophie-moderne.pdf

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