1 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY UFR SHS Département de Philosophie ……………………

1 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY UFR SHS Département de Philosophie …………………………………………………………….. LICENCE 3 (2019-2020) Cours magistral ÉPISTÉMOLOGIE DE LA BIOLOGIE « Conceptions philosophiques concernant vivant : le mécanisme et le vitalisme » A. N’GUESSAN Dépry GUEBO Josué 2 Quelques points importants à retenir concernant la philosophie de la biologie en L3. 1. Objectif général : identifier quelques grands courants philosophiques structurant l’arrière-plan de la connaissance scientifique du vivant (mécanisme, vitalisme, organicisme, évolutionnisme) 2. Objectifs spécifiques - Indiquer les caractéristiques générales du vivant à partir de Jacques Monod - Procéder à la présentation du mécanisme comme une philosophie dominante en physique et en biologie à partir de l’exemple de Descartes - Insister sur quelques repères lexicaux propres à la philosophie de la biologie (causalité, finalisme et nécessité) 3. Déroulement : outre le cours magistral, des textes d’exposés sont proposés en vue d’un renforcement de quelques axes thématique concernant la philosophie de la biologie. Gr Sujets Date Note Caractéristiques du vivant : comment reconnaît-on un être vivant ? La sélection naturelle (Darwin) Mireille Gaudant, Jean Gaudant, Théories classiques de l’évolution, Paris, Dunod, 1971, pp. 73-83 La sociobiologie Jacquard (Albert), Au péril de la science, Paris, Seuil, 1982, pp. 136-141 Le vitalisme (époque et justification) Monod (Jacques), Le hasard et la nécessité, essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Paris, col. Points, Editions du Seuil, 1970, pp. 41-63 Canguilhem (Georges), la connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1967, pp. 85-87 Naissance de la biologie moléculaire : émergence d’un paradigme Thuillier (Pierre), Jeux et enjeux de la science, Paris, Col. Science Nouvelle, Editions Robert Laffont, 1972, pp 111-141 Conception organicisme (Texte de Von Bertalanffy, Les problèmes de la vie, Paris Gallimard, 1961 (traduction de M. Deutsch), p. 27-30 L’évolutionnisme Thuillier (Pierre), Jeux et enjeux de la science, Paris, Col. Science Nouvelle, Editions Robert Laffont, 1972, pp 149- 168 Jacquard (Albert), Au péril de la science, Paris, Seuil, 1982, pp. 151-155 : « évolution du vivant » La place du hasard dans la biologie Jacquard (Albert), Au péril de la science, Paris, Seuil, 1982, pp. 116-119 Le mécanisme selon Descartes (Discours de la méthode, 5e partie. Traité de l’homme, in Descartes, Œuvres et lettres, Paris, Gallimard), p. 873 3 Consignes et format des exposés et dissertations  Introduction  Situer le sujet (en indiquant la période, des noms significatifs des auteurs relevant du courant de pensée dans lequel s’inscrit le thème, le sujet)  Dégager un objectif général du texte étudié  Indiquer les grands axes de réflexion ou du traitement du sujet ou du texte  Préciser les références utiles  Développement : Le traitement du sujet s’effectue en tenant compte des approches suivantes : le point de vue de l’analyse systémique et le point de vue de l’évolution.  Conclusion : Elle ramasse les arguments décisifs défendus et ouvre une perspective digne d’un intérêt épistémologique  Bibliographie : proposer une bibliographie d’au moins cinq (05) ouvrages et/ou d’articles. La convocation d’ouvrages ou d’articles récents liés au sujet traité est vivement conseillée. N-B : Aucun travail de groupe ne devra excéder trois (03) pages saisies (times New roman,taille 14) 4 Introduction Les phénomènes vitaux résultent-ils des propriétés de la matière brute ou supposent-ils un principe distinct de la matière ? L’histoire des sciences biologiques, depuis l’antiquité, a été marquée par deux positions ou courants philosophiques qui ont tenté de répondre à cette question fondamentale: le vitalisme et le mécanisme. L’organisation du vivant, dans un tel contexte, a été l’objet de controverses qui mêlent des considérations« théologico-métaphysico- scientifiques » et de considérations éthiques en rapport avec la transcendance ou l’immanence. On a tantôt considéré le vivant, plus précisément l’être humain comme un cas particulier d’une œuvre de l’Esprit dans la nature en s’attardant sur son caractère organisé et finalisé. Il est alors perçu comme l’une des preuves de son origine divine, ou à tout le moins, spirituelle en référence aux propriétés organisatrices et finalistes de l’esprit humain ; ce même être humain est tantôt perçu comme un cas particulier d’application des lois physiques au regard de la nature physico-chimique de la matière vivante. Cela constitue, aux yeux des partisans de cette hypothèse, une des preuves que la réalité ultime des êtres vivants (molécules, atomes) n’est pas différente de celle que la conception matérialiste assigne à l’univers tout entier. La biologie nouvelle, c’est-à-dire celle des années 1950, a semblé faire triompher définitivement la dernière conception, après que la conception rivale, vitaliste, s’est longtemps défendue en vain, ne tirant sa force que des insuffisances des sciences biologiques d’avant la révolution génétique moléculaire (1970). Depuis, la biologie a fait son chemin en s’inspirant du paradigme de l’information dans lequel la contingence tient une place prépondérante. Et pourtant, on trouve encore d’éminents épistémologues de la biologie qui fondent leur vision du biologique sur le vitalisme comme c’est le cas de Georges Canguilhem. Car, l’étude philosophique de l’être vivant met l’accent sur la question de la spécificité du fait biologique comme nous l’indiquions plus haut: la vie est-elle une réalité sui generis ou est-elle réductible à des phénomènes physico-chimiques ? Peut-on répondre à cette interrogation sans recourir à la philosophie ? Aristote qui, le premier apporte une réponse affirme que la vie est perçue comme un principe immatériel qui anime la matière de même que la nature tout entière est ordonnée par une intelligence suprême. La doctrine ainsi résumée est l’animisme. Elle diffuse une confusion entre le spirituel et l’organique. Au 17e 5 siècle, l’école de Montpellier, avec Barthez, répond à la même question par le vitalisme, une doctrine qui attribue l’unité de l’être vivant à un « principe vital », une inconnue à partir de laquelle on raisonne et on argumente. Au cours de cet exposé dont la matière repose sur les thèses mécaniste et vitaliste, nous rappellerons, d’abord, la place de la biologie dans la classification des sciences opérée par Auguste Comte, ce qui permet d’insister sur la spécification du monde biologique ; et donner iii) un aperçu général des théories qui en structurent l’arrière-plan. On évoquera la théorie évolutionniste et les thèses mécaniste et vitaliste. L’accent ici sera mis sur quelques aspects concernant le vitalisme dans l’histoire de la biologie. 1. Les sciences biologiques dans la classification des sciences d’Auguste Comte La biologie est classée à la cinquième place dans la classification des sciences opérée par Auguste Comte, juste avant la sociologie. C’est dire à quel point l’objet d’étude de cette science est tellement complexe qu’on ne peut y dégager des lois générales des êtres vivants applicables hors de la biosphère. Cependant, si on considère toute science dans le rapport qu’elle tisse entre l’homme et l’univers, la biologie occupe « une place centrale puisqu’elle est, de toutes les disciplines, celle qui tente d’aller le plus directement au cœur des problèmes qu’il faut avoir résolus avant de pouvoir seulement poser celui de la « nature humaine » en termes autres que métaphysiques. La biologie est le domaine où se rencontrent des considérations à la fois philosophique, scientifiques, religieuses (créationnisme), éthiques, politiques et idéologiques (sociobiologie). La problématique évolutionniste (seconde blessure que la science inflige à l’humanité après l’héliocentrisme, qui fait de la terre une planète comme les autres), en est une illustration. Notre tâche se veut modeste car, par-delà les multiples questionnements ouverts dans le cadre de l’étude des phénomènes vitaux, nous avons choisi un aspect longtemps considéré dans sa double dimension métaphysico-scientifique : le mécanisme et le vitalisme qui ont traversé des siècles vu la nature et la portée des problèmes ontologiques, méthodologiques, religieux, qu’ils posent. Comment une science parvient à surmonter des postulats avec leurs dogmatismes et illusions pour s’affirmer comme telle. La naissance de la biologie moléculaire est la preuve qu’il est dans la nature d’une science de 6 réussir à balayer les conceptions spiritualistes et vitalistes en imposant même un nouveau paradigme, différent de celui de la physique, où l’organisation en différents niveaux d’intégration devient la clef de voute du nouveau savoir scientifique et le point de départ de nouveaux questionnements dont quelques- uns sont répertoriés dans le tableau des recherches dans le cadre des TD en vue d’approfondir davantage quelques aspects nodaux en rapport avec le champ des discussions ainsi ouvert par le présent cours magistral 2. Spécificité des entités du monde biologique ou des sciences de la vie Qu’appelle-t-on un vivant ? Le « vivant » est un terme générique qui caractérise un monde original, un monde distinct du monde physique où se réalisent justement les vivants. En effet, si nous admettons que les végétaux et les animaux sont des corps physiques, et qu’ils sont soumis en tant que tels aux lois du monde physique, il faut aussi admettre qu’à l’égard des corps bruts, leur essence spécifique est d’être des corps animés, c’est-à-dire des corps qui se différencient des corps bruts ou inanimés, par des propriétés spécifiques bien précises. Ainsi, à la question « qu’est-ce qu’un vivant ? », notre réponse doit trouver et dégager des propriétés à partir desquelles nous pouvons identifier clairement l’ensemble des entités qui répondent aux caractéristiques énoncées. uploads/Philosophie/ cours-epistemologie-de-la-biologie-corrige.pdf

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