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Ceci est la version HTML du fichier http://www.e-publicacoes.uerj.br/index.php/logos/article/download/15216/11520. Lorsque G o o g l e explore le Web, il crée automatiquement une version HTML des documents récupérés. Page 1 Le corps entre utopie et hétérotopie Resumo Em uma transmissão radiofônica de 1966, Foucault nos convidava a reconhecer no corpo um lugar de utopia. Por meio de uma linha de pensamento pessoal, acadêmica e fenomenológica, o ouvinte é levado a perder a imagem tradicional do corpo como “topie impitoyable” para uma experiência de um corpo vivido como o modelo mesmo de todas as utopias. O ensaio promove uma discussão a partir das proposições de M. Foucault. Palavras-chave: corpo, Foucault, utopia. Abstract In a radio transmission in 1966, Foucault invited us to recognize in body a place of utopia. In a personal, academic and phenomenological way of thinking, the listener is invited to leave the traditional imagem of body as “topie impitoyable” to an experience of a living body as a model of all utopias. This essay aims to provoke a discussion from Foucault’s propositions on. Keywords: body, Foucault, utopia. Résumé Dans une conférence radiophonique de 1966, Foucault nous invite à reconnaître Frédéric Rambeaud Professor de filosofia, doutorando na Univesité de Paris 8, Vincennes/Saint-Denis. Autor de Droit de mort et pouvoir sur la vie, dossier et notes sur La volonté de savoir de M. Foucault (Gallimard, 2006), L’inconscient impersonnel (Cahiers Philosophiques, n°107, CNDP, 2006). 35 LOGOS 25: corpo e contemporaneidade. Ano 13, 2º semestre 2006 dans le corps un lieu d’utopie. Au fil d’une parole tour à tour personnelle, académique et phénoménologique, l’auditeur est déporté d’une image traditionnelle du corps comme « topie impitoyable » à l’expérience d’un corps vécu comme le modèle même de toutes les utopies. L’essai fait une discussion a partir des propositions de M. Foucault. Mots-clefs : corps, Foucault, utopie. Page 2 Frédéric Rambeaud: Le corps entre utopie et hétérotopie Dans une conférence radiophonique de 19661, Foucault nous invite à reconnaître dans le corps un lieu d’utopie. Au fil d’une parole tour à tour personnelle (un autoportrait), académique (un plan construit sur une thèse, une antithèse et un renversement) et phénoménologique (les rapports du visible et de l’invisible) – ce qui pour les deux derniers n’est pas sans surprendre de la part du philosophe - l’auditeur est déporté d’une image traditionnelle du corps comme « topie impitoyable » à l’expérience d’un corps vécu comme le modèle même de toutes les utopies - « mon corps, lieu d’utopie ». C’est qu’il est toujours ailleurs, « hors lieu » depuis lequel rayonnent tous les autres lieux possibles. Or ce paradoxe de devoir être ailleurs pour prendre corps trouve une réponse dans les plaisirs de l’amour : quand nous faisons l’amour, notre corps, que nous découvrons grâce à l’autre, est ici. Mon corps, lieu d’utopie « Tous les matins, même présence, même blessure. Sous mes yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage maigre, épaules voûtées, visage myope, plus de cheveux, vraiment pas beau. » Ce serait pour effacer cette « cage que je n’aime pas » qu’on aurait développé les innombrables utopies qui permettent de le transfigurer, « éblouissant et éternel ». Mais le corps, poursuit Foucault, ne se laisse pas disparaître si facilement ; il dispose lui-même de formidables ressources utopiques : je suis pour moi-même à la fois visible et invisible (je ne peux pas voir mon dos etc.) ; mon corps est toujours capté par une invisibilité. Dans la maladie, il se transforme en une « architecture fantastique et ruiné ». En réalité donc, le corps est l’acteur principal de toutes les utopies : « pour que je sois utopie il faut et il suffit que je sois un corps ». Toutes les choses étant disposées par rapport à lui, il n’existe, à proprement parler, dans aucun lieu : mon corps, point zéro du monde. Or, selon Foucault, deux expériences donnent lieu à la vie profondément utopique du corps, elles « font taire et referment sur elle-même la grande rage utopique qui délabre et volatilise à chaque instant notre corps » : le miroir et le cadavre. Par exemple, l’image du miroir unifie la multiplicité des zones partielles du corps de l’enfant; ou encore, chez Homère, rappelle aussi Foucault, le mot de corps n’apparaît que pour désigner le cadavre : « devant Troie, il n’y avait pas de corps, mais des bras levés, des poitrines courageuses, des jambes agiles, des casques étincelants. ». L’identification du corps n’a lieu qu’en étant déplacée dans un invincible ailleurs. Il y a pourtant une manière de prendre 36 LOGOS 25: corpo e contemporaneidade. Ano 13, 2º semestre 2006 corps hors de toute utopie : dans les plaisirs de l’amour. Entre les mains de l’autre, les parts invisibles de mon corps deviennent sensibles. Si nous aimons tant faire l’amour, conclut Foucault, c’est que « dans l’amour, le corps est ici ». Si en faisant l’amour j’existe enfin hors de toute utopie, si je peux « sentir mon corps se refermer sur soi », c’est seulement parce que les mains de l’autre découvrent ce qui du corps m’échappe toujours, cette part de moi que je ne peux que manquer, qui n’apparaît jamais que partiellement, dans un certain écart avec moi-même, et qui toujours échappe à ma maîtrise. Elles me la rendent sensible, vivante, praticable. Dans la relation érotique, tout se passe comme si prendre corps c’était inventer une expérience et une pratique de ce qui ne peut m’appartenir que si j’en suis aussi en partie dépossédé. Page 3 Frédéric Rambeaud: Le corps entre utopie et hétérotopie On est là bien loin de l’évidence qu’on prête couramment à la notion de plaisir et notamment de plaisir sexuel: une jouissance corporelle qui donne sa visée à tout désir, qui vient combler son manque et satisfaire sa tension par un objet extérieur. Freud lui-même reconduit cette représentation commune du plaisir qui, à bien des égards, dirige sa théorie de la sexualité. L’Esquisse d’une psychologie scientifique, par exemple, le définit comme une décharge énergétique le long des voies nerveuses dans cet appareil à plaisir et à déplaisir qu’est l’âme. Il n’en reste pas moins que la psychanalyse a su penser combien le plaisir était à la fois constitutif de notre identité psychique, et toujours excessif, nous débordant et nous dessaisissant constamment de nous mêmes. L’excès du plaisir n’est pas irrationnel, et c’est essentiellement la manière dont nous l’éprouvons qui nous singularise (DAVID-MÉNARD, 2000, p. 40). Le plaisir n’est pas réductible à une décharge énergétique, il est aussi et surtout un principe qui commande la constitution de notre vie psychique. De cet enseignement freudien, je retiendrai une chose simple qui, malgré les critiques sans appel et sophistiquées de Foucault, en 1976, à l’égard de la théorie analytique de la sexualité, n’est pas si étrangère à la manière dont il a lui-même questionné et aussi expérimenté les plaisirs de l’amour : la singularité d’un sujet se joue dans les destins de ses plaisirs. Autrement dit, ce que nous avons de plus propre, la spécificité de notre soi, la manière dont nous prenons corps, se constitue dans une expérience qui nous déprend de nous même. De l’enregistrement radiophonique de 1966, je retiendrai que faire l’amour permet de donner lieu à l’écart d’avec soi impliqué par la nature corporelle de notre existence, de le produire effectivement, de l’expérimenter. Prendre corps ce serait, d’une façon ou d’une autre, trouver un procédé, créer l’espace d’une relation par lesquels du hors-lieu peut se produire, s’effectuer. Pour qualifier ce processus, dont en 66 déjà la relation érotique est le modèle, qui n’est ni topique ni utopique, ou plus exactement qui est les deux à la fois, réel et irréel, un concept de Foucault me semble particulièrement indiqué: celui d’ « hétérotopie ». Il le propose moins d’un an après cet enregistrement, dans un autre contexte (celui des espaces sociaux), lors d’une conférence au Cercle d’études architecturales, intitulée « Des espaces autres ». 37 LOGOS 25: corpo e contemporaneidade. Ano 13, 2º semestre 2006 Mon corps, cette hétérotopie Dans cette conférence Foucault souligne qu’à notre époque l’espace se donne à nous sous la forme de relations d’emplacement (voisinage entre éléments, problème du stockage et de la démographie) et non plus sous celle de l’étendue ou de la localisation : « L’espace dans lequel nous vivons, par lequel nous sommes attirés hors de nous-mêmes, dans lequel se déroule précisément l’érosion de notre vie et de notre histoire, cet espace qui nous ronge et nous ravine est en lui-même un espace hétérogène » (1984, p.1572). C’est qu’en effet il est constitué par un ensemble de relations ou de rapports qui définissent des emplacements fixes et irréductibles les uns aux autres. Foucault se propose d’étudier parmi ces emplacements ceux qui ont la propriété singulière de « suspendre, d’inverser ou de neutraliser » l’ensemble des rapports qui sont désignés par les autres emplacements. Ils sont de deux types : les utopies d’abord, des emplacements sans lieu réel, des espaces irréels qui sont Page 4 Frédéric Rambeaud: Le corps uploads/Philosophie/le-corps-entre-utopie-et-he-te-rotopie.pdf

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