ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE Qu’est-ce qu’une inférence ? Inférer, c'est
ÉLÉMENTS DE COMPRÉHENSION DU TEXTE Qu’est-ce qu’une inférence ? Inférer, c'est tirer une conséquence à partir d'un fait ou d'un ensemble d'affrmations. Par exemple : il neige dehors, j’en infère qu’il fait froid dehors. Une inférence peut être représentée comme un raisonnement qui part d’une ou de plusieurs propositions de départ (que l’on appelle les prémisses du raisonnement) et qui aboutit à une conclusion. Les inférences valides (ou légitimes) On distingue parmi les inférences, les inférences valides et celles qui ne le sont pas. Par exemple, si, à partir du fait qu'il neige dehors, j'en infère qu’il y a un canard dehors, alors mon inférence n'est pas valide. Elle n’est pas légitime : je n’ai pas le droit de tirer cette conséquence-là. Une inférence est valide, si les prémisses du raisonnement justifent la conclusion, si elles donnent une bonne raison d'accepter la conclusion. S'il neige dehors, alors cela constitue une bonne raison de penser qu'il fait froid dehors. ATTENTION ! Quand une inférence est valide, cela ne signife pas que la conclusion est vraie, cela signife simplement que si les prémisses sont vraies (ou étaient vraies), alors il est rationnel (ou il serait rationnel) de penser que la conclusion est vraie. On peut en effet faire une inférence valide à partir de prémisses fausses, voire absurdes. Par exemple, l’argument suivant est valide, mais les prémisses sont fausses et la conclusion aussi. La validité d’un raisonnement ne nous dit pas si les prémisses sont vraies, ou si la conclusion est vraie. La validité d’un argument concerne le lien entre les prémisses et la conclusion. Quand un argument est valide, cela signife qu’il y a un lien fort entre les prémisses et la conclusion, qui me permet de passer des prémisses à la conclusion. Inférences déductives et inférences inductives Il y a plusieurs types d’inférences, suivant la manière dont les prémisses prétendent justifer la conclusion. On distingue notamment l’inférence déductive et l’inférence inductive. Dans une inférence déductive, la conclusion est une conséquence nécessaire des prémisses. Si les prémisses sont vraies, alors, nécessairement, la conclusion est vraie, c'est-à-dire il est absolument inconcevable que la conclusion soit fausse. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement déductif. Dans une inférence inductive, la conclusion est une conséquence très probable des prémisses. Si les prémisses sont vraies, alors, il est très probable que la conclusion soit vraie, c'est-à-dire il est concevable que la conclusion soit fausse, mais il est plus probable qu'elle soit vraie. Le raisonnement suivant est ainsi un raisonnement inductif. L’inférence déductive repose sur un lien purement logique entre les prémisses et la conclusion, tandis que l’inférence inductive repose sur une estimation de ce qui est le plus probable, fondée sur une certaine connaissance du réel, ou du moins certaines suppositions à propos du réel. T. Texte 1 Prémisse(s) DONC Conclusion Il neige dehors DONC il fait froid dehors Tous les français sont des chanteurs Tous les chanteurs mangent des fans DONC Tous les français mangent des fans Cet argument est bien valide ! Si tous les français étaient chanteurs, et si tous les chanteurs mangeaient des fans, alors dans ce cas, il serait rationnel d’affrmer que tous les français mangent des fancs. Si un nombre est divisible par deux, alors il est pair 4 est un nombre divisble par deux DONC 4 est un nombre pair Nous sommes en été Il a fait beau ses derniers jours DONC Il fera beau demain Le problème que pose l’inférence inductive Dans l’inférence inductive, il y a toujours un saut. La conclusion va au-delà de ce que les prémisses nous permettent de savoir avec une absolue certitude. C'est parce que dans l'inférence inductive, il y a ce type de saut, que l'inférence inductive est une inférence risquée : même si les prémisses sont vraies, il est possible que la conclusion soit fausse. Dans l'inférence déductive, il n'y a pas de saut, la conclusion est déjà contenue dans les prémisses. La conclusion ne va pas au-delà de ce qui est présent dans les prémisses, elle ne fait qu'expliciter une information qui est déjà contenue logiquement dans les prémisses. C’est pourquoi l’inférence déductive n’est pas risquée : si les prémisses sont vraies, alors il est nécessaire que la conclusion soit vraie. Si l’inférence inductive se caractérise par un tel saut, alors le problème est de savoir dans quelle mesure un tel saut est légitime. Russell, pour mettre en évidence ce problème, fait la remarque suivante : « Les animaux domestiques s’attendent à manger dès qu’ils voient la personne qui leur apporte d’ordinaire leur nourriture. Nous savons bien qu’en raison de leur caractère rudimentaire ces attentes de l’uniformité peuvent être déçues. L’homme qui a nourri le poulet tous les jours de sa vie fnit par lui tordre le cou […] Le simple fait qu’un événement s’est produit un certain nombre de fois provoque chez l’animal comme chez l’homme l’attente de son retour. Et il est bien certain que nos instincts causent notre croyance que le soleil se lèvera demain : mais peut- être ne sommes-nous pas en meilleure position que le poulet à qui, sans qu’il s’y attende, on a tordu le cou. » (Problèmes de philosophie, VI, p. 86 trad. Rivenc). Nous sommes en effet intuitivement persuadés que le soleil se lèvera demain et cette croyance est fondée sur notre observation de la régularité du lever du soleil et sur notre supposition de l’existence de lois dans la nature. Mais cette supposition de l’existence de lois dans la nature semble à son tour fondée sur notre observation de certaines régularités dans la nature. Par conséquent, lorsque nous croyons que le soleil se lèvera demain, en quoi sommes-nous différent du poulet qui va se faire tordre le cou alors qu’il s’attend à ce qu’on le nourrisse tous les jours ? Qu’est-ce qui nous permet de penser que le futur obéira aux mêmes lois que le passé ? L’inférence inductive comme passage de propositions particulières à une proposition universelle Nous venons de dire que l’inférence inductive se caractérise par une sorte de saut. Plus précisément, l’inférence inductive consiste le plus souvent en un saut qui fait passer de propositions particulières à une proposition universelle. Une proposition particulière est une proposition à propos d’une réalité particulière, à propos d’une chose ou d’un événement observables en un lieu et à un moment donnés. Par exemple : « Ce corbeau est noir. » On inclut également dans la catégorie des propositions particulières les propositions à propos d’un ensemble particulier de choses d’un certain type. Par exemple « Tous les corbeaux que j’ai observé sont noirs. » Une proposition universelle est une proposition à propos de la totalité des choses ou événements d’un certain type. Par exemple : « Tous les corbeaux sont noirs. » L’inférence inductive consiste effectivement le plus souvent en passage de propositions particulières à une proposition universelle. C’est le cas dans les deux exemples suivants : L’inférence inductive dans le sens commun, et dans les sciences L’inférence inductive, ou plus simplement l’induction, est au cœur du sens commun. Bon nombre de nos croyances ordinaires reposent sur de telles inférences (par exemple, si je pense que les brocolis ont un goût détestable, c’est que je généralise à partir de certains cas ; si, pour faire en sorte que la porte s’ouvre, j’estime qu’il faut tourner la poignée et non avancer de manière confante vers la porte, il s’agit encore d’une généralisation à partir de l’expérience). Nous avons naturellement tendance à pratiquer des inférences inductives et cette capacité est également partagée par les animaux (la grenouille, une fois qu’elle a fait l’expérience douloureuse d’avoir mangé un frelon, ne cherche plus à s’en nourrir). Mais Popper s’intéresse dans cette œuvre aux sciences empiriques. Il faut donc comprendre quel rôle l’induction peut prétendre jouer dans les sciences empiriques. Pour cela, il faut préciser ce qui peut correspondre, en science, aux propositions universelles et aux propositions particulières. Les propositions universelles en science : théorie et hypothèse Les propositions universelles en science correspondent aux lois formulées par les scientifques. Les lois des sciences de la nature consistent en des formules mathématiques exprimant un rapport déterminé entre des grandeurs physiques (par exemple, la loi d’Ohm : U=R.I ; ou encore la loi de la chute des corps : e=½.g.t2). Ce matin le soleil s’est levé Hier matin, le soleil s’est levé … DONC Tous les matins, le soleil se lèvera Le premier corbeau que j’ai vu est noir Le deuxième corbeau que j’ai vu est noir … DONC Tous les corbeaux sont noirs Popper fait une différence entre les théories et les hypothèses. Comment comprendre cette différence ? On peut supposer que les hypothèses font référence aux tentatives d’explication d’un certain type de phénomène particulier (on parlera en ce sens de l’hypothèse de Galilée sur la chute des corps, ou de l’hypothèse de Kepler sur la révolution des planètes). Les théories feront alors référence aux tentatives d’explications d’un ensemble de phénomènes de types différent par quelques principes fondamentaux (on parlera en ce sens de la théorie de Newton, uploads/Philosophie/ cours-sur-popper-logique-de-la-decouverte-scientifique.pdf
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- Publié le Apv 17, 2021
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