Axel Honneth La société du mépris Vers une nouvelle Théorie critique Édition ét

Axel Honneth La société du mépris Vers une nouvelle Théorie critique Édition établie par Olivier Voirol Textes traduits par Olivier Voirol, Pierre Rusch et Alexandre Dupeyrix ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE 9 bis, rue Abel-Hovelacque PARIS XIIIe 2006 ISBN 10 : 2-7071-4772-9 ISBN 13 : 978-2-7071-4772-1 Le logo qui figure sur la couverture de ce livre mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir du livre, tout particulière- ment dans le domaine des sciences humaines et sociales, le développement massif du photocopillage. Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément, sous peine des sanctions pénales réprimant la contrefaçon, la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or cette pratique s’est généralisée dans les établisse- ments d’enseignement, provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer cor- rectement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc qu’en application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du Code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à usage collectif, intégrale ou partielle, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de repro- duction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l’éditeur. Si vous désirez être tenu régulièrement au courant de nos parutions, il vous suffit d’envoyer vos nom et adresse aux Éditions La Découverte, 9 bis, rue Abel-Hovelacque, 75013 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimestriel À La Découverte. Vous pouvez également retrouver l’ensemble de notre catalogue et nous contacter sur notre site www.editionsladecouverte.fr. Axel Honneth (Pour la traduction française : Éditions La Découverte, 2006) : « Aner- kennung als Ideologie », 2004 ; « Organisierte Selbstverwirklichung. Paradoxien der Individualisierung », 2002 ; « Paradoxien des Kapitalismus. Ein Forschungspro- gramm », 2004 ; « Die soziale Dynamik der Missachtung. Zur Ortbestimmung einer kri- tischen Gesellschaftstheorie », 1994 (pour la traduction française : Cerf, 1996) ; « Eine soziale Pathologie der Vernunft. Zur intellektuellen Erbschaft der Kritischen Theorie », 2004. Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main (Pour la traduction française : Éditions La Découverte, 2006) : « Moralbewusstsein und soziale Klassenherrschaft. Einige Schwie- rigkeiten in der Analyse normativer Handlungspotentiale », Das Andere der Gerechtig- keit, 2000, p. 110-129 ; « Objektbeziehungstheorie und postmoderne Identität. Über das vermeintliche Veralten der Psychoanalyse », Unsichtbarkeit. Stationen einer Theorie der Intersubjektivität, 2003, p. 106-137 ; « Pathologien des Sozialen. Traditions und Aktua- lität der Sozialphilosophie », Das Andere der Gerechtigkeit, 2001, p. 11-69 ; « Über die Möglichkeit einer erschliessenden Kritik. Die Dialektik der Aufklärung im Horizont gegenwärtiger Debatten über Sozialkritik », Das Andere der Gerechtigkeit, 2000, p. 10-87 ; « Unsichtbarkeit : zur Epistemologie von Anerkennung », Unsichtbarkeit. Sta- tionen einer Theorie der Intersubjektivität, 2003, p. 10-27. Éditions La Découverte, Paris, 2006. Préface Olivier Voirol Au cours de ces dernières années, les travaux du philosophe et sociologue allemand Axel Honneth ont suscité un intérêt tou- jours plus marqué dans l’univers francophone de la philosophie et des sciences sociales. La publication en français en 2000 de La Lutte pour la reconnaissance 1 a largement contribué à placer cet auteur au centre du débat sur les questions de la reconnaissance. Si l’apport de ses travaux à cette discussion en cours est très lar- gement pris en compte et considéré à sa juste mesure, le projet intellectuel global de cet auteur contemporain passe par contre quelque peu inaperçu. Pourtant, une grande partie des textes d’Axel Honneth ne portent pas seulement sur la reconnaissance mais aussi sur la reconstruction patiente et systématique d’une perspective critique s’inscrivant dans la tradition de la philoso- phie sociale de la Théorie critique de l’École de Francfort. Le projet de ce recueil est par conséquent de présenter cette œuvre dans sa complexité et sa diversité, au-delà de l’angle exclusif de la thématique de la reconnaissance. Les textes qui composent le présent ouvrage sont pour la plu- part de facture récente, ayant été publiés au cours des cinq der- nières années. Ils correspondent cependant à des préoccupations différentes, ne se situent pas tous au même niveau d’analyse et 1. La Lutte pour la reconnaissance (trad. P. Rusch), Cerf, Paris, 2000. 9 renvoient à des axes de réflexion distincts dans le travail philo- sophique de l’auteur. En langue allemande, ils ont paru séparé- ment, parfois dans des ouvrages dont l’économie générale a fortement imprégné le contenu. Du coup, il se pourrait que l’unité thématique de la mosaïque qu’ils composent échappe au premier regard. Par conséquent, cet éparpillement appelle quelques clarifications introductives. Trois partitions théma- tiques majeures ont présidé à l’élaboration de ce recueil : la reconstruction de la Théorie critique de l’École de Francfort, les « déformations » de la reconnaissance et, enfin, les « patho- logies » et les « paradoxes » des sociétés capitalistes contemporaines. Vers une nouvelle Théorie critique ? Ces trois thématiques recoupent les principaux axes de déve- loppement de la pensée d’Axel Honneth depuis la publication, en 1992, de son ouvrage Kampf um Anerkennung (La Lutte pour la reconnaissance) 2. Cet ouvrage était lui-même l’aboutisse- ment d’un cheminement philosophique, commencé dix ans aupa- ravant, au cours duquel l’auteur s’est abondamment confronté aux principales contributions de la philosophie sociale 3. C’est surtout la discussion critique qu’il engage avec l’héritage de l’École de Francfort – et, plus généralement, du marxisme – qui constitue l’essentiel de sa réflexion au cours de cette première période. Ces discussions sont les premiers jalons d’une entre- prise de reformulation d’une théorie critique de la société ins- crite dans le prolongement de l’École de Francfort, qui le conduira à l’élaboration d’une « nouvelle » version de la Théorie critique à partir du concept de reconnaissance. Ce parcours passe par une discussion systématique des travaux de Max Hork- heimer, de Theodor W. Adorno et de Jürgen Habermas, dont il convient ici de rappeler quelques-unes des articulations majeures. Ceci d’autant plus que le projet philosophique de 2. Ibid. 3. Les principaux textes de cette époque ont été publiés dans Die zerrissene Welt des Sozialen, Suhrkamp, Francfort, 1990. La société du mépris 10 l’auteur s’est largement construit au fil d’une discussion métho- dique avec cet héritage intellectuel et qu’il acquiert davantage de clarté lorsque son examen est restitué. Axel Honneth entreprend très tôt de rediscuter les fondements de la Théorie critique, dont le projet apparaît le plus clairement dans les écrits de Max Horkheimer du début des années 1930 (à l’époque où il reprend la direction de l’Institut de recherche sociale). Honneth conteste alors ses résidus « fonctionnalistes » influencés par un économisme marxiste largement répandu à cette époque. Ce réductionnisme économiste se traduit, selon lui, par un « déficit sociologique » et une incapacité à rendre compte du « social » dans ce qu’il a de spécifique 4. À ses yeux, les pre- miers Francfortois ont renvoyé avec trop d’empressement les dimensions psychologiques individuelles et les phénomènes culturels aux principes fonctionnels de la structure économique. Aussi n’ont-ils guère laissé de place à une activité sociale autori- sant la formation indépendante de convictions morales et d’orientations normatives. Pour Honneth, en renonçant à conce- voir une forme de reproduction sociale différente des impératifs fonctionnels, le jeune Horkheimer a très vite perdu de vue le domaine du « social », c’est-à-dire ce domaine dans lequel des sujets individuels et collectifs développent des actions communes par le biais de la communication, entrent en conflit sur des interprétations divergentes autant que sur la distribution des ressources matérielles. Dans son examen de la tradition francfortoise, Axel Honneth accorde une place prépondérante à Theodor W. Adorno, figure majeure de cette école. Il voit à l’œuvre chez ce dernier une « philosophie négative de l’histoire », incapable à ses yeux non seulement de faire une place à ce domaine propre du « social », mais aussi de renouer avec une idée de théorie critique en lien avec une pratique d’émancipation « intramondaine ». Adorno, souligne-t-il, a substitué à la conception positive de l’histoire à l’œuvre dans l’hégélianisme de gauche, qui postule la formation progressive d’une conscience éclairée dans l’histoire, une 4. Axel HONNETH, « Horkheimers ursprüngliche Idee. Das soziologische Defizit der Kritischen Theorie », in Kritik der Macht. Reflexionstufen einer kri- tischen Gesellschaftstheorie, Suhrkamp, Francfort, 1986, p. 12-42. Préface 11 conception négative soulignant l’universalité du processus de réification 5. En considérant l’accomplissement de la domina- tion de la raison instrumentale, Adorno opère une double restric- tion dont les conséquences sur l’avenir de la Théorie critique sont de premier ordre. D’une part, il écarte le domaine du « social » d’où pourraient émerger de nouvelles formes de résis- tance et de conflits ; d’autre part, il rompt le lien de la théorie critique avec une pratique effective guidée par des motifs d’émancipation. Adorno rejette en effet l’idée d’un développe- ment historique du capitalisme déployant une raison émancipa- trice, pour voir à l’œuvre dans ce développement le seul achèvement d’une conscience instrumentale gouvernée par un principe uploads/Philosophie/ honnet-la-societe-du-mepris.pdf

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