1 QU'EST-CE QUE L’ÉCOUTE ? : LES EXIGENCES S’UNE SI « PETITE CHOSE » ! L’écoute
1 QU'EST-CE QUE L’ÉCOUTE ? : LES EXIGENCES S’UNE SI « PETITE CHOSE » ! L’écoute de l’autre, dans les métiers du social, ou de l’humain – et certainement l’écoute de l’autre de manière générale – a quelque chose de toujours mystérieux. Elle peut paraître facile, mais ne l’est pas. Elle s’échappe lorsque l’on tente de la saisir, et peut surgir alors qu’on ne l’attend pas. Elle n’est pas une technique que l’on peut apprendre et appliquer, et pourtant elle s’entraîne. Elle est au cœur de bon nombre de professions du social, cependant sa vraie place, de même que sa vraie valeur, restent difficiles à évaluer. Ecouter, par définition, implique un bruit, une source sonore, que nous avons une tendance naturelle à essayer d’identifier : nous aimons savoir ce qu’est ce bruit que nous écoutons. Ecouter l’autre, dès lors qu’il y a relation humaine, ne procède pas autrement : il ne s’agit pas uniquement d’entendre avec notre sens auditif les mots prononcés, mais d’identifier – de « comprendre » disons-nous – ce qui est dit. C’est là que les difficultés commencent : là où il y a quelqu’un qui a dit des mots, et qui de ce fait en détermine le sens. L’écoute implique d’entrer en contact avec ce monde à part entière en même temps que, pour nous-même, cet autre univers qu’est tout être humain. Le premier réflexe, confronté à cette immense inconnue qu’est l’autre, consiste à se raccrocher à ce que l’on possède, soit nos connaissances et références propres. C’est compréhensible, mais c’est pourtant là le piège. L’on peut devenir très habile, atteindre à une certaine pertinence, relever des choses consensuellement admises, mais chaque fois que nous pratiquons de la sorte nous nous éloignons de ce dont nous pensons nous occuper : l’autre et sa réalité unique. Ce constat n’a rien de banal, il peut être fait et refait très facilement. Beaucoup de professionnels, y compris de la relation d’aide, sont convaincus qu’ils pratiquent une écoute qui inclut la personne, et qu’ils arrivent à des interprétations et observations définissant cette personne. Or, lorsque ces mêmes professionnels prennent la peine, par le biais d’entretiens enregistrés dans un cadre de formation continue ou de supervision, de vérifier le bien-fondé de cette idée, ils se retrouvent très souvent à constater qu’ils n’ont en réalité pas entendu l’autre, qu’ils n’ont pas su rester à l’écoute mais se sont fait une idée de l’autre, idée qui a orienté toute leur intervention pendant l’interaction, et qui ne correspond pas à la réalité de l’autre. Il est ainsi possible de se fabriquer toute une construction mentale, d’être convaincu de répondre aux réalités et besoins de l’autre, alors que l’on est en train de passer totalement à côté de ce qu’il ou elle exprimait réellement. En réécoutant l’enregistrement, parfois même deux ou trois fois, ce constat devient souvent d’une telle évidence qu’il en a quelque chose d’insupportable. Comment cela est-il possible, alors que ce n’est nullement le but recherché ? Parce que, peut- être, la réalité de ce qu’est l’écoute est mal posée, mal définie. Beaucoup de professionnels du social ont appris et sont convaincus qu’ils doivent être capables de décoder l’autre, de l’interpréter ; c’est d’ailleurs souvent ce qui est attendu d’eux. Leur intervention ira alors logiquement dans ce sens. Ils intègrent ainsi une forme d’écoute qui exclut la personne au profit d’une idée ou interprétation de la personne. Dans cette forme d’écoute, l’attention est portée sur la compréhension de l’autre, au détriment d’être portée sur l’autre. En d’autres termes, le professionnel est à ce moment trop préoccupé par sa propre recherche de compréhension pour être véritablement disponible à l’écoute de la personne. Il est centré sur 2 lui-même, sur son effort – certes louable – et il ne lui reste que peu de disponibilité à l’autre, donc peu de chance de pouvoir l’entendre. Nous avons là une première exigence fondamentale de l’écoute : elle demande avant toute chose une attention libre, une disponibilité à recevoir, à laisser venir à soi. L’écoute est réceptive et non émissive. De même qu’il faut faire silence dans le monde physique si l’on veut entendre clairement les bruits environnants, de même il faut faire silence dans sa pensée si l’on veut écouter l’autre de manière à l’entendre. Mais ce silence ne se fait pas lorsque nous cherchons à interpréter ou à expliquer, car dans ce cas nous sommes dans une attitude essentiellement émissive ; nous faisons trop de « bruit » nous-même pour pouvoir entendre les bruits extérieurs. Ceux-ci existent, ils passent mais nous ne les captons pas. Nous n’avons pas fait suffisamment silence pour être en état d’écouter. La personne parle, amène son monde, son univers qui est à elle, mais nous ne sommes pas prêts, alors nous ne le remarquons pas. Nous entendrons peut-être ses mots mais pas la personne et ce qu’elle exprime d’elle au travers de ces mots. Ce n’est pas véritablement avec cet être humain unique que nous serons en contact. La relation de personne à personne ne s’établit pas, et elle manque. Dans de telles situations, et elles sont certainement bien plus nombreuses que nous ne l’imaginons, il y aura fort peu d’écoute. L’entretien dérivera, la plupart du temps sans que s’en aperçoivent les protagonistes, vers une situation de type questions-réponses, où le professionnel cherchera à avancer, tandis que la personne écoutée répondra poliment aux questions (puisque c’est le professionnel, celui qui « sait », qui les lui pose), mais où les éléments les plus pertinents, les plus réels pour la personne auront été ratés. 8Une telle démarche ne pose évidemment pas problème si la relation est clairement définie comme une situation dans laquelle le professionnel a besoin de recueillir des informations sur la personne. Lorsqu’il s’agit de connaître les antécédents médicaux de quelqu’un, sa situation financière en vue de décider de l’attribution ou non d’une aide sociale, ou encore ses habitudes alimentaires, nous sommes dans une situation d’entretien ou de consultation. La relation n’est pas basée sur l’écoute et ne la réclame pas. Par contre, dès lors que la relation se veut un soutien de la personne, que ce soit en milieu social, pédagogique ou médico-social, interviennent comme données fondamentales tant la qualité de la relation humaine que la qualité de l’écoute. Ainsi, plus la relation tend à être un accompagnement de la personne vers une autonomie et une maturité psychosociale, plus elle nécessitera d’écoute. Un entretien est suffisant pour une récolte de données et d’informations, tandis que l’écoute de la personne devient de plus en plus primordiale dès lors que nous tendons vers un soutien ou un accompagnement. Il convient cependant de relever qu’écouter, d’une certaine manière, n’est pas le but. C’est le moyen qui, lorsqu’il est employé à l’usage de la personne, permet à celle-ci d’être entendue. C’est là qu’est le véritable début de la relation, le moment où le professionnel du social devient quelqu’un, un partenaire qui compte. Être entendu, fait apparemment simple, se révèle d’une puissance remarquable. C’est se sentir exister, pris en compte, considéré. À l’inverse ne pas être entendu, ne pas se sentir considéré mène soit à se soumettre si l’autre est plus fort ou en position de pouvoir comme c’est presque toujours le cas dans le médico-social, et par là souvent à se décourager, à baisser les bras, soit à résister si nous en avons les moyens – et avec les moyens que nous avons. C’est une réalité humaine que nous pouvons tous, que nous avons tous expérimentée. Nous en souvenons-nous 3 encore lorsque, professionnels, nous sommes face à un patient, un client, un résident, un handicapé, un malade qui « résiste » comme l’on dit, ou qui fait preuve d’agressivité à notre Cela dit, il n’y a rien d’évident au fait d’écouter et d’entendre une autre personne, quand bien même cela peut par moments se passer de manière tout à fait simple et naturelle. Ecouter demande un étrange mélange où il faut pouvoir se mettre suffisamment de côté soi-même tout en étant résolument présent, être libre d’une volonté de résultat tout en restant réveillé et en « at-tension », en tension vers. En ce sens c’est une attitude particulière, surtout pour qui veut l’utiliser professionnellement. S’il y a toutes formes d’écoute, une réalité demeure : la personne écoutée perçoit, consciemment ou non, qu’elle est entendue, ou alors elle ne le perçoit pas, ce qui à de rares exceptions veut dire qu’elle ne l’est pas. L’autre est entendu ou ne l’est pas, c’est là le critère de l’écoute. En ce sens elle ne s’improvise pas, elle ne relève pas de la simple intention. Au-delà de celle-ci il y a des conditions à remplir, et des obstacles rédhibitoires. PRATIQUE DE L’ECOUTE : Le Questionnement et la reformulation. Comme nous l’avons vu dans l’article « Techniques de communication: la définition de l’écoute active selon Carl Rogers » , l’écoute active est une technique de communication qui permet de s’assurer que l’on a bien compris le message de son interlocuteur et le lui démontrer. Le mécanisme de uploads/Philosophie/ d-elements-i-l-x27-ecoute.pdf
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- Publié le Sep 17, 2022
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