P assetonbacd’abord?Trente- sixans après la sortie du filmdu mêmenomde Mau- ric
P assetonbacd’abord?Trente- sixans après la sortie du filmdu mêmenomde Mau- rice Pialat, l’injonction fait sourire, tant le diplôme fait désormais figure d’éviden- ce au sein de la jeunesse. A la dernière ses- sion, en juin2013, 73,7% d’une génération l’a décroché. Un pourcentage qui montre combien le baccalauréat, qu’il soit profes- sionnel, technologique ou général, est devenu la norme. Non seulement une lar- ge majorité d’adolescents prépare aujour- d’hui ce premier grade de l’enseignement supérieur, mais en plus ils l’obtiennent très massivement. Dans la voie générale, la plus prestigieuse des trois – qui com- prend les bacs S pour scientifique, Lpour littéraire et ES pour économique et social–, seuls 8% des élèves ont été ajour- nés en 2013 et, d’une année sur l’autre, le taux d’échec s’amenuise. Pour se distin- guer, il ne reste donc qu’une stratégie: décrocherune mention. Ce n’est pas aussi accessoire que cela peut en avoir l’air, puisque même avec un diplôme prestigieux de l’enseignement supérieur en poche le baccalauréat reste un examen que l’on inscrit sur son CV. Le curriculumrappelledonc,desannéesplus tard, que l’on a décroché l’examen de jus- tesseou avecbrio. Or, obtenir une mention en 2014 n’est pas une mission impossible, loin s’en faut. Lors de la dernière session, en 2013, la plu- part des admis aux trois baccalauréats généraux (L, ES et S) ont même été reçus brillamment. Les mentions bien (entre 14 et 16 de moyenne) et très bien (au-dessus de 16 sur 20) ont été attribuées à 30% des bacheliers généraux, contre 11% dans les voies technologiques et professionnelles, rappellent les statistiques du ministère de l’éducation. En série S, le plus prestigieux des bacs généraux, mais aussi le plus important en nombre de candidats (170000inscrits),letauxdementionsbien ettrèsbienestmêmemontéà36%.Sil’ony adjointles27,5%d’assezbien(entre12et 14 de moyenne),onarrive à un totalde 63,5% dereçusavecunemoyennesupérieureà12 sur20;soitlesdeuxtiersdescandidats. Le développement des mentions s’est fait doucement. Jusqu’à la fin des années 1990,cetermerimaitavecexception.Leur montéeenpuissancedateenréalitédeces quinzedernièresannées.Ilyaeneffetcinq fois plus d’élèves qui décrochent un très bien en 2010 qu’il n’y en avait en 1997, alors que le nombre de candidats n’a même pas augmenté de 1% sur la même période. Pour le dire autrement, la men- tion très bien est restée jusque dans les années 1990 l’apanage de 1% des élèves, ceux qu’on pouvait qualifier de lycéens exceptionnels.En2010,leseuildes10%de lauréats a été franchi. Les sessions à venir montreront s’il est vraiment possible d’al- lerplus loin. p Maryline Baumard Passetonbac…avecmention! Longtemps,lamentionestrestéeunedistinctionexceptionnelle.Cesdernièresannées,pourtant,elleestdevenue beaucoupplusfréquente.Pourlasession2014,mieuxvautdoncsefixerd’embléecommeobjectifd’endécrocherune 0123 Chaquejeudi,l’essentiel delapresseétrangère dans ENVENTECHEZVOTREMARCHANDDEJOURNAUX Révisersonbac Cahier du « Monde » N˚ 21532 daté Jeudi 10 avril 2014 - Ne peut être vendu séparément Unehiérarchiequiafaillidisparaître E videmment, le fort en maths qui fait un bac scientifique multiplie seschances.Commelefortenlet- tresouen philosophiequisepré- sente en section littéraire. Pour- tant, un élève moyen peut aussi prétendre à une vraie belle mention, à condi- tion de travailler, bien sûr; mais surtout d’être un fin stratège. Tout commence avec un constat simple: «Obtenirun15enlatinouengrecreprésenteun gain équivalent à deux points à l’épreuve de mathématiquespourunbachelierS.»Ceprinci- pe posé, il ne reste plus qu’à adopter la bonne tactique car c’est le plus malin, et non le meilleur élève qui va décrocher la plus belle mention. Pour cela, il faut bien connaître parfaite- ment la petite cuisine du bac, et appliquer à la lettrelameilleurerecette.Lapremièrechoseà savoirestsimple.Uneétude menéesur lebac- calauréat2010 par des inspecteurs généraux a montré que «25,9% des mentions [très bien] obtenuesparlesbacheliersS,35%decellesobte- nues par les bacheliers ES et 40,2% de celles obtenues par les bacheliers L n’auraient pas été attribuées sans les épreuves facultatives.» Tout est dit! C’est en effet là que se joue depuis 2003 l’at- tribution de ces petits plus qui feront de vous un super-bachelier. Depuis cette date, les points obtenus au-dessus de la moyenne à la première option facultative choisie par le lycéen sont multipliés par deux dans le calcul du score au bac. Et si cette option est une lan- gue ancienne, c’est l’eldorado puisque lespoints au-dessus de 10 sont multipliés partrois. Evidemment, selon une étude du ministère de l’éducation, une telle valorisation change lesrésultatsaubac:«En2012,7%desbacheliers L et S ont obtenu grâce aux épreuves facultati- ves une mention ou une mention supérieure à celle à laquelle ils auraient pu prétendre avec leurs seules notes aux disciplines obligatoires.» C’est aussi le cas de 4,6% des bacheliers ES, la même année, ont noté encore les inspecteurs généraux auteurs du rapport intitulé Proposi- tions pour une évolution du baccalauréat. La stratégie à adopter pour avoir une bonne moyenne aux épreuves du baccalauréat est donclaprésentationdesdeuxoptionsauxquel- les on a droit. En France, le bac a cette générosité d’offrir des épreuves qu’on ne trouve dans nul autrepays évalué à un examen. Ainsi, outrele théâtreouladanse,onpeut passeruneépreu- vede gouren(luttebretonne)dansl’académie de Rennes… du surf à Bordeaux et un cousin de la pétanque ailleurs! En plus des 57 lan- gues, quivont du hindi au tchèqueen passant par le slovène. Et si vous vous dites que vous n’avez pas les compétencesnécessairespourvousprésenter, sachez quand même que le système est ainsi fait que les élèves qui prennent une option sont quasi sûrs d’obtenir une bonne note. Ain- si, en 2010, l’analyse menée sur la première option choisie par les bacheliers S, a montré que50,7%avaientéténotésau-dessusde15sur 20! Il faudrait être fou pour ne pas se laisser tenter. D’ailleurs, les très scolaires bacheliers de la série S ont vite compris la combine et ne se sontpaslimitésauxdisciplinesétudiéesàl’éco- le. La même année, ils étaient en effet 46000 (sur 166000candidats) à suivre un enseigne- mentd’optionen terminale…mais75000à en passeruneaubac.Etsurlenombre,67000ont gagnédes points. Avis aux amateurs! p Maryline Baumard L’épisodea été oublié. Il tient en une semaine, à la toute fin de l’été 1983. Dans le cadre d’un toilettage des textes relatifs au baccalauréat,le ministre de l’éducation, Alain Savary, propose de supprimer les mentions.«C’était rester fidèle au projet socialistepour l’éducation», estime l’historienClaude Lelièvre, qui qualifie ce projet d’«antihiérarchique». Par cette mesure symbolique,le ministre de l’époqueentend redonner au bac son identité première: c’est un examend’entrée dans le supé- rieur, et non un concours reposant sur la hiérarchisationdes lycéens. Le 31août 1983, le conseil des ministresvoit néanmoinsl’enter- rement de cette mesure. Et ce, sur ordre du président Mit- terrand,personnellementattaché à ce système honorifique. Trop bref pour provoquer une fronde populaire, l’épisodene soulève pas vraiment les passions,assure Claude Lelièvre. Et, quelquesmois plus tard, le baccalauréattechnologique,créé quinze ans auparavant, se voit à son tour doté de mentions. Lesmeilleuresrecettes pourdécrocherunemention Pourbrilleraubaccalauréat,ilnesuffitpasd’êtrebonélève.Ilfautsurtoutsavoirgérersesoptions, obligatoiresetfacultatives,enhabiletacticien réviser son bac M organeReto, 19 ans, inscrite dans une prestigieuse prépa parisien- ne, l’affirme. Sa mention très bien au bac – 18 de moyenne – ne lui a servi à rien, sauf à «frimer devant ses parents». La mention aurait-elle progressivement perdu desonutilité? En 2013, deux choses ont changé. A Sciences Po Paris les bacheliers détenteurs d’une men- tion très bien ne peuvent plus intégrer directe- ment l’établissement depuis cette date. Ils pas- sent désormais le concours commun, comme lesautrescandidats. La même année, la bourse au mérite (1800eurosparanpendantsixansmaximum), attribuée aux boursiers titulaires d’une men- tion très bien au bac, a été supprimée. Le mon- tantde ce dispositifdevraitdésormaisêtre bas- culé vers les aides sociales étudiantes, «insuffi- santes»,selonMathieuLandau,porte-parolede l’Union nationale des étudiants de France (UNEF),principalsyndicatétudiant. Pourtant, la mention offre encore au moins cinqavantages. 1 – Intégrer directement un IEP de région Contrairementà SciencesPo Paris,certainsIns- tituts d’études politiques (IEP) de région sélec- tionnent sur mention. Grâce à son «19 de moyenneaubac»,CamillePiquerey,19ans,fait partie des vingt bacheliers qui ont, en 2013, «directementrejointlesbancsdel’IEPdeToulou- se sans passer par la case concours», s’enthou- siasme-t-elle.Desoncôté,l’IEPdeRenness’inté- resse en priorité aux candidats titulaires d’une mention très bien; même si ces derniers sont tenus de s’inscrire aux concours communs et depasserlatotalitédesépreuves,ilssontpriori- tairessurles listesd’admission. 2 – Etudier à l’étranger En Grande-Bretagne, les universités sélectives – King’s College, Uni- versity College of London, Imperial College… – s’appuient sur les résultats du bac pour faire le triparmilesmilliersdecandidaturesfrançaises reçues chaque année. Leur stratégie? Imposer dans certaines matières une note, au-dessous delaquellelecandidatestautomatiquementéli- miné. Une difficulté qu’Hugo, 20 ans, étudiant enbiochimie, a surmontéeavec succès. Grâce à sa mention très bien au bac, il a ainsi intégré Imperial College, à Londres. «Ses notes corres- pondaient à celles qui étaient demandées par l’établissement», explique fièrement son père. Dans d’autres pays, certaines universités fonc- tionnent de la même manière, notamment HEC Montréal (Canada), qui n’ouvre ses portes qu’aux«mentionsbien,sectionSouES»,etl’Eco- le polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), accessibleaux «mentionstrèsbien,sectionS». 3 – Bénéficier d’une offre «Mentions bac» de la banque CIC Tous les ans, la banque CIC offreuneprimeauxbacheliers–clientsetpros- pects – ayant obtenu d’excellents résultats au bac. Celle-ci varie en fonction de la note – 160 euros pour les mentions très bien, 80euros pour les mentions bien et 40 pour les mentions assez bien. Ces montants sont dépo- sés sur un Livret jeune, rémunéré à 2,50% net. Une offre qui a permis à Mathilde Haas-Delor- mes, 19 ans, 17 de moyenne au bac, «d’acheter des billets pour un week-end à Bruxelles entre copines,pasgrand-choseaufinal,maisuneexpé- riencenéanmoinsinoubliable». 4 – Profiter de la générosité des collectivi- tés Certaines villes récompensent généreuse- ment leurs bacheliers méritants. C’est notam- mentlecasdeMontrouge(Hauts-de-Seine),qui propose 780euros aux jeunes ayant obtenu la mention bien ou très bien. Une somme obliga- toirementinvestiedansunpermisdeconduire, un séjour linguistique ou l’achat de matériel informatique.De son côté, la Guadeloupe offre à ses meilleurs bacheliers un chèque de 3900euros,unetablettetactile,etunbilletaller- retour Pointe-à-Pitre-Paris (ou une autre desti- nationd’études). 5 – uploads/Philosophie/ dos.pdf
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- Publié le Mar 19, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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