2 Philosophie africaine : principaux courants et perspectives Dossou Y. Davy 2
2 Philosophie africaine : principaux courants et perspectives Dossou Y. Davy 2 2 2 3 Dédicace A la mémoire de mes parents défunts, A Dabe Honzalo Janine Et toutes les âmes éprises de la sagesse philosophique Je dédie ce livre 2 4 2 5 Remerciements Cet ouvrage est le fruit de la collaboration, du soutien et de l’affection réconfortante de plusieurs personnes. Nous avons bénéficié particulièrement des encouragements de Publication Edilivre et des observations critiques (pour avoir participé à la lecture de notre manuscrit) de nos aînés le professeur Nathanaël Yaovi Soédé, professeur de philosophie et de théologie morales et de Jacques Fédry, professeur de linguistique. Leurs observations critiques nous ont permis de corriger certaines données et d’approfondir des perspectives de notre recherche. Notre profonde gratitude va spécialement au professeur Nathanaël Yaovi Soédé qui nous a fait l’honneur d’écrire la préface de cet ouvrage. Notre reconnaissance va à l’endroit des grands séminaristes de la promotion 2008-2009 du grand séminaire-philosophat saint Mbaga Tuzinde de Sarh au Tchad qui nous ont suggéré et encouragé à publier en livre le cours de philosophie africaine qui leur a été 2 6 dispensé pendant l’année académique 2008-2009. Mes sincères remerciements à tous mes compagnons, aux membres de ma famille et à toutes mes amies. 2 7 Préface Un prélat africain, Mgr Christophe Adimou, parvenu à l’âge où la sagesse faisait de lui une personne de référence, un homme dont la parole éclaire la route de l’existence humaine, ne se lassait pas d’introduire ses propos par ces mots hautement philosophiques : la parole n’est contemporaine de personne. Cela est vrai. Mais, comme telle, le propre de la parole est de se faire cependant contemporaine à nous. La contemporanéité de la parole est l’expression de sa transcendance. La parole est, en effet, l’intelligence pénétrante et lumineuse des choses qui vient à nous dans le langage pour nous faire approcher la vérité, venir à elle, habiter son lieu et son temps. Les Dogons du Mali et plusieurs autres peuples africains désignent à ce sujet la vérité en termes de la parole humide. Ils signifient qu’elle se fait proche de nous comme l’eau de la terre. Proximité de fécondation qui révèle sa nature d’être in se, pour l’être humain, une source de vie, de sens et d’accomplissement. 2 8 Si l’écriture est l’une des figures les plus significatives que prend la parole dans son rapport au langage et à nous, sa forme la plus sublime s’exprime, de manière particulière, dans la Philosophie. A l’école des Egyptiens qui accordent une grande importance aux prêtres chargés de déchiffrer l’écriture sacrée pour faire connaître au Pharaon les paroles divines afin qu’ils soient de vrais guides du peuple, les Grecs considéraient, avec raison, les personnes qui vouaient leur vie à la Philosophie, comme les seuls capables de diriger la res publica. Et si, de nos jours, le leadership n’est plus lié uniquement à la vocation du philosophe, ce n’est pas pour signifier que la parole, l’écriture ou la sagesse de celui-ci est vaine, mais plutôt qu’elle représente le bien suprême que toutes les catégories sociales doivent acquérir. Toutes sont concernées, en effet, par la gestion de la vie personnelle et collective. Le mérite de Davy Dossou est de mettre à la portée des spécialistes, tout aussi bien que toute personne, une écriture philosophique dont la profondeur de pensée, la clarté des idées, la justesse des mots et leur expression simple et fluide, élèvent l’esprit. Ce qui donne à l’intelligence de cerner aisément les valeurs esthétiques et les actions que le sujet est appelé à promouvoir pour qu’en lui-même, dans les autres et dans la cité l’humanité soit construite. L’auteur de l’ouvrage Philosophie africaine : principaux courants et perspectives nous 2 9 offre une recherche de grande qualité. L’originalité de l’œuvre est d’offrir aux lecteurs et lectrices des études lumineuses sur la philosophie située en contexte africain et posée comme problème. L’enjeu du débat est donc le devenir des personnes concrètes en quête de sens et d’efficience pour leur existence. Davy Dossou montre que la « Philosophie africaine » exprime l’idée fondamentale selon laquelle la « Philosophie » ne signifie rien et ne peut être signifié de manière vague, neutre ou en termes de « on », car elle ne peut dans sa propre expression être contraire à sa nature profonde et à son objet véritable. La Philosophie africaine provient d’un sujet qui se dit dans une écriture dont la nature est de conduire à la vérité, à la parole de sens et d’effectuation de ce qui répond au problème de la réalisation historique d’un peuple et de l’humanité entière. Davy Dossou traite de ce sujet sans parti pris. Son exposé fait connaître les différentes données de l’analyse et les opinions les plus controversées en une démarche réflexive fascinante. On reste impressionné par la synthèse que l’auteur fait des différents courants de pensée de la Philosophie africaine. Il en présente les idées maîtresses et les traits caractéristiques sur un fond documentaire impressionnant par la qualité et la diversité des travaux en philosophie africaine, aussi bien dans sa littérature francophone qu’anglophone. Admirable recherche que l’on suit au pas de la rationalité philosophique, celle d’une pensée qui évolue 2 10 en un mouvement constant d’interrogation et de critique qui font d’un problème étudié une nouvelle question (Jankélévitch). Ainsi, le thème de la Philosophie africaine (chapitre 1) qui ouvre le débat, suscite la question de sa légitimité (chapitre 2) qui à son tour soulève celle des lieux et des courants de pensée de sa pensée discursive (chapitres 3 et 4). Ce qui amène les lecteurs et lectrices à visiter les objectifs majeurs, la problématique et le contenu des recherches philosophiques élaborées dans le Sitz im leben africain. Le génie de l’auteur est de ne pas arrêter le discours à l’écriture parvenue à sa page finale. Il rebondit en une reprise de la pensée pour inviter à questionner la Philosophie africaine sur sa pertinence par rapport au problème récurrent du devenir de l’existant aujourd’hui, en Afrique, ici et maintenant. Question du présent et de l’avenir d’une philosophie qui se reçoit du passé d’un héritage qu’il revient à de véritables philosophes de penser ! Ce sont ces maîtres de la contemporanéité de la parole, nous montre le jeune philosophe béninois, à la fin de l’ouvrage, qui peuvent répondre au problème du développement, parce qu’ils sont les seuls capables « de bannir la logique du statu quo, du déjà-là, de l’immédiateté pour explorer de nouvelles voies pouvant favoriser l’émergence à tous les niveaux du continent » et du monde. Nous en savons gré à l’auteur et souhaite à son ouvrage une large diffusion, une contemporanéité qui 2 11 rejoigne spécialistes de la philosophie et leurs disciples, femmes et hommes de culture et d’action pour construire l’humanité en toute personne et toute cité dans l’humanité. Nathanaël Yaovi SOEDE Professeur de philosophie morale et de théologie morale 2 12 2 13 Introduction Parler de la philosophie africaine avait suscité ou suscite encore de passions. La Philosophie africaine fait soulever des débats où s’entremêlent critiques et controverses, voir passions aux relents racistes comme en témoignent des prises de position très tranchées auxquelles on a assisté dans les années 1960 à 1973. Ce sont justement ces critiques et controverses qu’elle suscite qui fait dire au jésuite belge et ancien professeur de philosophie à l’Université de Lubumbashi Jean-Marie Van Parys que « celui qui voulait présenter la philosophie africaine s’est heurté jusqu’il y a peu et se heurte encore en bien des cas à l’affirmation d’une fausse évidence : « il n’y a pas de philosophie africaine ». Voilà un jugement bien rapide et bien peu fondé, qui ne peut émaner en aucune manière d’un esprit scientifique. Certains semblent croire que les mots « philosophie africaine » ne peuvent évoquer que la pensée de 2 14 l’Afrique Noire traditionnelle et précoloniale »1. Ceux qui croient que les mots « philosophie », « africaine » évoquent la pensée de l’Afrique Noire traditionnelle et précoloniale font-ils, à notre avis, une lecture réductrice ou du moins erronée de la philosophie ? La suite nous le confirmera ou l’infirmera. Par contre, d’autres, au sujet de la philosophie africaine, affichent une position qui frise même le mépris – comme si l’Afrique ne peut aucunement être un foyer de philosophie ou comme si l’Africain n’est pas apte à l’art de philosopher – en avançant des boutades comme celles-ci « citez-moi l’Africain qui a produit une œuvre comme celle de Descartes ou de Kant ! ». De telles boutades ne paraissent-elles pas saugrenue ? En les analysant, elles tendent à mettre en évidence, de manière plus ou moins euphémique, les affirmations de Hegel au sujet de l’Afrique ou des Africains : « L’Afrique n’est pas une partie historique du monde. Elle n’a pas de mouvements, de développements à montrer, de mouvements historiques en elle. C’est-à-dire que sa partie septentrionale appartient au monde européen ou asiatique ; ce que nous entendons précisément par l’Afrique est l’esprit ahistorique, l’esprit non développé, encore enveloppé dans uploads/Philosophie/ dossou-y-davy-philosophie-africaine-principaux-courants-et-perspectives.pdf
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- Publié le Fev 14, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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