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HAL Id: hal-00574147 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00574147 Submitted on 7 Mar 2011 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Eléments pour une épistémologie de la recherche qualitative en gestion (2) Hervé Dumez To cite this version: Hervé Dumez. Eléments pour une épistémologie de la recherche qualitative en gestion (2) : Une réponse à Marie-José Avenier. AEGIS Le Libellio d’, 2011, 7 (1, Printemps), pp.39-52. <hal-00574147> Page 1 Volume 7, numéro 1 “Il y a là quelque chose qui cloche. Cela se produit souvent dans les discussions : c’est sans doute une question de définition.” Fernando Pessoa, Le banquier anarchiste le Libellio d’ AEGIS Printemps 2011 Volume 7, numéro 1 Sommaire 3 Marques Frontières: Trade marks and information P. Duguid 11 Débat 15 La neuroéconomie en question C. Schmidt 23 Débat 29 La difficile construction du jugement collectif : la sélection des projets de recherche à financer analysée par Michèle Lamont H. Dumez 39 Pourquoi jeter le bébé avec l’eau du bain ? Méthodologie sans épistémologie n’est que ruine de la réflexion ! M-J. Avenier 53 Éléments pour une épistémologie de la recherche qualitative en gestion (2) Une réponse à Marie-José Avenier H. Dumez Paul Duguid (SIMS-Berkeley) s’interroge sur un aspect de la propriété intellectuelle nettement moins étudié que les brevets ou les droits d’auteurs, la marque. Ses recherches reposent sur un matériau jamais encore systématiquement étudié, les dépôts de marque, notamment en France, depuis leur origine. Sa réflexion le conduit à élaborer le concept de symétrisation de l’information. A partir de son livre paru chez Odile Jacob, Christian Schmidt (Dauphine) présente les développements d’un courant de recherche novateur, la neuroéconomie, dans ses différentes dimensions. Il précise notamment ce qu’on peut attendre de ce nouveau champ, et ce qu’on ne doit pas en attendre. Dans un livre récent, How professors think, Michèle Lamont (Harvard University) analyse la manière dont des chercheurs de différentes disciplines, réunis dans des comités, construisent un jugement collectif en sélectionnant des projets de recherche à financer. L’intérêt de l’ouvrage est bien sûr d’aider à comprendre un aspect de la politique de recherche. Mais il dépasse cette situation, pour poser la question plus générale de ce qu’est le jugement en tant que phénomène social. Enfin, Marie-José Avenier (CERAG, Grenoble) réagit sur les questions épistémologiques soulevées dans le précédent numéro en défendant le paradigme constructiviste. Pour elle, il s’agit bien d’un paradigme même si elle distingue différents types de constructivisme, fondé sur des hypothèses concernant l’origine de la connaissance. Une réponse est faite à sa critique, notamment sur cette notion de paradigme et ses fondements. Un supplément à ce numéro traite de la nature des concepts, de leur création, de leur définition et de leur redéfinition A tous et à chacun, bonne lecture. Hervé DUMEZ RAISONNANCES http://crg.polytechnique.fr/v2/aegis.html#libellio Le Libellio d’ AEGIS Vol. 7, n° 1 – Printemps 2011 J e voudrais remercier Marie-José Avenier d‟avoir pris le temps de répondre à mon article « Eléments pour une épistémologie de la recherche qualitative en gestion » (Dumez, 2010)1. La qualité de son texte est évidente, tant pour les idées, les références mobilisées, les recadrages qu‟il opère, que pour les critiques qu‟il formule. Il s‟agit de ce que j‟appellerais de la haute épistémologie. Ma première remarque est que je ne me situe pas à ce niveau. Pour deux raisons. Tout d‟abord, si je suis diplômé en épistémologie, ce diplôme m‟apparaît assez lointain : je ne me sens pas réellement habilité à traiter de ces questions particulièrement abstruses et j‟ai trop peur qu‟on ne m‟applique cette sentence de Montesquieu : « Ces messieurs aiment beaucoup les combats, mais ils sont légèrement armés »... Le titre « éléments », que j‟avais donné à mon papier, n‟était pas pour moi une figure de style. Je crois profondément, et c‟est la seconde raison, qu‟on a besoin d‟éléments de réflexion épistémologique, mais pas plus (j‟insiste : pas plus), pour faire de la recherche. Le terme d‟éléments s‟oppose à celui de paradigme et j‟y reviendrai longuement. Il est donc important de comprendre que nous ne nous situons pas, Marie-José Avenier et moi, au même niveau. Ceci est d‟ailleurs exprimé dans son texte : je suis rangé avec ceux qui se posent des questions épistémiques et non avec ceux qui s‟en posent d‟épistémologiques, dont elle est. La compagnie en laquelle on me place est d‟ailleurs aussi brillante qu‟agréable, puisque je comprends que j‟y retrouve Alain-Charles Martinet, ce qui constitue à la fois un honneur et un plaisir. Ceci étant posé, sur lequel je vais revenir de manière plus détaillée, Marie-José Avenier me permet de préciser un certain nombre de points importants, ce dont je ne saurais trop la remercier. Elle a relevé des choses confuses ou mal définies dans mon texte et je vais essayer de les éclairer, autant que mes moyens me le permettent. Le contexte de l’écriture du papier : mes énervements Je ne devrais évidemment pas me mettre en scène dans un débat scientifique (encore que le constructivisme, ou un type de constructivisme, ou le post-modernisme m‟y autorisent peut-être...), j‟en présente mes excuses au lecteur, mais Marie-José Avenier a présenté mon papier comme « provocateur », ce qui ne m‟apparaît pas faux. Plus exactement, le ton en est effectivement un peu énervé. Il n‟est peut-être pas inutile que je précise d‟où vient ce ton, que j‟ai contenu par rapport à une version Éléments pour une épistémologie de la recherche qualitative en gestion (2) Une réponse à Marie-José Avenier Hervé Dumez CNRS / École Polytechnique pp. 53-62 1. Je remercie Magali Ayache, Julie Bastianutti, Colette Depeyre et Marie-Rachel Jacob pour leurs remarques sur ce texte. Je dois bien évidemment être tenu pour seul responsable de son contenu. Page 54 AEGIS le Libellio d’ antérieure dévastatrice, mais qui perce dans celle édulcorée qui a finalement été publiée. En tant que membre de jury de thèse, il se trouve que j‟ai multiplié ces derniers temps les lectures de thèses caractérisées par les points suivants : 1. un chapitre « épistémologique » précisant que le doctorant s‟était positionné par rapport aux trois « paradigmes » existants (positiviste, constructiviste, interprétativiste) ; 2. des bêtises colportées sur Popper (caractérisé comme positiviste ou néo- positiviste et dans l‟ignorance qu‟il a écrit sur les sciences sociales) qui passent d‟une thèse à l‟autre ; 3. ce chapitre épistémologique se positionnant in fine comme interprétativiste (le constructivisme étant peu discuté, ce qui explique qu‟il était assez mal traité dans mon article, d‟où la réaction fondée de Marie-José Avenier) ; 4. la thèse elle-même manifestant une tranquille absence de tout lien entre cette partie « épistémologique » et ce fameux « paradigme interprétativiste », et la démarche même (travail de terrain et élaboration des résultats) ; 5. la thèse passant par contre à côté de réelles questions épistémologiques (épistémiques au sens de Marie-José Avenier, comme par exemple : les notions que manie la thèse sont-elles de véritables concepts, et en quoi ? – voir sur ces questions le supplément à ce numéro). En tant que directeur de thèse, mes doctorants se trouvent confrontés à la critique : « vous n‟avez pas précisé quelle est votre posture épistémologique, dans quel paradigme vous vous inscrivez ». Et ils se trouvent particulièrement mal à l‟aise du fait que leur directeur de thèse leur explique qu‟il n‟y a pas de paradigme épistémologique et qu‟ils doivent se poser des questions épistémologiques mais refuser de se situer par rapport à ces « paradigmes » qui n‟en sont pas selon lui. En tant qu‟auteur d‟article, il m‟est arrivé récemment que le rédacteur en chef d‟une revue m‟explique qu‟il fallait que je précise ma posture épistémologique (ce que j‟ai fait, souhaitant être publié, mais à ma façon). Le papier qui a été écrit est né directement de l‟énervement qu‟ont suscité en moi ces trois expériences. Nos points d’accord Marie-José Avenier relève des points d‟accord entre nous qui sont les suivants (en tant qu‟exemples, précise-t-elle, l‟espoir d‟un accord plus large n‟étant donc pas interdit) : considérer que, quelles que soient les méthodes de recherche mobilisées, on ne peut pas se passer sans préjudices d‟affronter les questions épistémologiques ; constater les conséquences dommageables d‟une certaine vision des paradigmes épistémologiques qui tend à s‟imposer dans l‟univers des sciences de gestion francophones ; considérer que l‟étude de cas ne relève pas forcément d‟une épistémologie non-positiviste (Yin, 1984), et que les phénomènes sociaux peuvent être étudiés à l‟intérieur des paradigmes épistémologiques réalistes (Tsoukas, 2000 ; Searle, 2010) ; tenir pour essentiel qu‟une recherche débouche sur des résultats fondés et féconds ; Page 55 Volume 7, numéro 1 placer la quête obstinée de rigueur et de cohérence au centre du uploads/Philosophie/ elements-pour-une-epistemologie-de-la-recherche-qualitative-en-gestion-herve-dumez.pdf

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