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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Compte rendu par Catherine Pleau Horizons philosophiques, vol. 8, n° 2, 1998, p. 134-136. Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/801082ar DOI: 10.7202/801082ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html Document téléchargé le 10 juillet 2014 09:10 Ouvrage recensé : Élie During, L’âme, Paris : Flammarion, 1997, 239 p. Élie During, Lame, Paris : Flammarion, 1997,239 p. Le livre d'Élie During est, malgré son objet parfaitement invisible, facile à com- prendre. La structure du livre y est sûrement pour quelque chose. Dans son effi- cace introduction, l'auteur nous explique d'abord les raisons pour lesquelles nos contemporains ne croient plus à l'âme. Ces raisons sont surtout fondées sur le désir de prouver sa propre existence scientifiquement, ce qui ne semble plus possi- ble. Or, «toute la question, que la science ne pose jamais, est justement de savoir à quel genre d'existence on est en droit de s'attendre» (p. 13). Puis, During pose certaines questions fondamentales et tente d'y répondre soit en faisant une synthèse des diverses philosophies présentées dans son livre, soit en les réinterrogeant. La philosophie n'est-elle pas la science qui questionne tout ce qui nous entoure? Son livre est divisé en quelques chapitres thématiques («Qu'est-ce que l'âme?», «L'union de l'âme et du corps», «Les mondes de l'âme», etc.). Ensuite, During présente les philosophes par un résumé critique de leur pensée. Cette présenta- tion est suivie d'un texte philosophique abordant une problématique liée au thème du chapitre. Enfin, l'auteur termine son livre par un pratique vade-mecum dans lequel ceux qui s'y connaissent moins en philosophie peuvent trouver une définition de certaines abstractions. Pour Platon, l'âme est divisée en trois parties : l'intellect, la partie émotive et la partie appetitive. Le philosophe grec pense que cette division tripartite de l'âme correspond aux trois «classes sociales» de son temps : les chefs, les gardiens et le peuple. During choisit de s'appuyer sur le texte du quatrième livre de la République. Son choix est judicieux car il aurait pu arrêter son choix sur un texte du Timée, qui, au lieu d'expliquer le fonctionnement de la division tripartite de l'âme, en explique la composition et les causes (inspirées de l'ancienne médecine). During résume bien la pensée d'Aristote, celle de «De l'âme», qui, dans certains de ses aspects, nous est contemporaine. L'âme, pour Aristote, est d'abord et avant tout un principe d'unité purement formel. L'âme est présentée comme moteur du corps (sans toutefois être elle-même en mouvement) et comme forme du corps. «Je suis, j'existe» représente, selon Descartes, la seule certitude en ce monde. L'existence représente «une intuition première qui vient avec la pensée» (p. 55). Le «Je» a ici un caractère absolu, universel. L'âme est une «chose pensante» (p. 54) et une substance (elle peut exister indépendamment du corps). De plus, l'âme et le corps sont des «choses complètes» (l'âme est une «pensée» (p. 104) et le corps est une «étendue» (p. 104), cependant, il est inconcevable de pouvoir les 134 HORIZONS PHILOSOPHIQUES PRINTEMPS 1998, VOL 8 NO 2 unir. Par exemple, Descartes a semblé confus lorsque la princesse Elisabeth lui a posé la question de l'union du corps et de l'âme; il n'y voyait pourtant aucun pro- blème, bien au contraire. S'il y a difficulté, ce n'est pas dans le «fait de l'union» (p. 105), mais bien dans la façon de la «concevoir» (p. 105). Pour Kant, il est impossible d'avoir une connaissance a priori de l'âme puisqu'elle est un des trois noumènes (avec Dieu et le monde en soi). Là-dessus, la théorie kantienne ressemble à celle de Platon : au-delà du phénomène, il y a l'Idée de celui-ci. On ne peut pas comprendre véritablement l'âme puisqu'on n'en connaît qu'une partie. On sait qu'elle existe, mais on ne sait ce qu'elle est. Le «Je pense, donc je suis» ne peut donc être possible puisqu'on ne peut pas définir une chose seulement à partir de son concept. Le grand philosophe du dix-huitième siècle dit aussi que la psychologie ne peut être considérée comme étant une vraie science parce qu'elle fait trop corps avec le monde empirique et pas assez avec le monde intelligible. Selon l'auteur de la «Critique de la raison pure», nous nous trou- vons actuellement dans le monde empirique, mais nous sommes aussi à cheval sur l'autre monde : le monde noumenal. Ce monde n'a pas de lieu, il est «nulle part» (p. 172). «Nous sommes déjà dans l'autre monde» (p. 171), différent du monde empirique par le seul fait que nous lui appliquons une autre intuition. Après la mort, selon Kant, alors que nous serons pleinement dans le monde noumenal, nous serons au paradis ou en enfer dépendant de la qualité de vie que nous avons eue. Il ne s'agit que d'une hypothèse, car il ne peut baser ses dires sur quelque preuve que ce soit, et il en est conscient. Il propose seulement d'y croire. Quant à son immortalité, l'âme intervient comme postulat, elle «répond à un problème théorique précis, celui de la possibilité de la vie morale, ainsi qu'à une demande pratique, celle de pouvoir continuer à espérer» (p.187). Kant dit que l'âme se doit d'être immortelle, sinon cela ne sert à rien de respecter les lois morales. Bien sûr, ici, on passe dans le monde de la croyance, mais c'est dans l'unique but d'espérer une vie après la mort. Nous avons tous besoin d'essayer de répondre à des questions qui dépassent l'expérience et les preuves. Pour Bergson, il existerait une sorte de «solidarité» (p.130) entre l'âme et le cerveau. Le cerveau représente une sorte de «dispositif récepteur» (p. 130) de tous les mouvements de l'âme. L'âme est quelque chose de beaucoup plus grand (pas au sens matériel du mot) et plus riche que ce simple organe. Ainsi, «La symphonie dépasse de tous côtés les mouvements qui la scandent; la vie de l'esprit déborde de même la vie cérébrale» (p. 130). Et c'est pour cette raison qu'il n'y a rien prouvant que l'âme et l'esprit doivent être liés. HORIZONS PHILOSOPHIQUES PRINTEMPS 1998, VOL 8 NO 2 135 Par ses présentations claires, par son architecture et par le choix des textes philosophiques, le livre de During permet de bien comprendre les problèmes et les questions liés à la thématique de l'âme. De plus, les étudiants de niveau collégial et les universitaires de premier cycle en philosophie s'y retrouveront facilement : les philosophes, même les plus difficiles, sont bien présentés. Les résumés des textes philosophiques choisis par During sont clairs et faciles à comprendre, étant regroupés par thèmes. Avis à ceux qui s'intéresseraient à d'autres problématiques que celle de l'âme, sont parus dans la même collection (Corpus chez Flammarion) d'autres livres à portée philosophique : Le Désir, Le Langage, Le Pouvoir, Le Scepticisme et La Sensation. Catherine Pleau Collège Édouard-Montpetit 136 HORIZONS PHILOSOPHIQUES PRINTEMPS 1998, VOL 8 NO 2 uploads/Philosophie/ elie-during-l-x27-ame-resume.pdf
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- Publié le Jui 17, 2021
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