éditions tahin party « Le fait d’être traitée matériellement comme une chose fa

éditions tahin party « Le fait d’être traitée matériellement comme une chose fait que vous êtes aussi dans le domaine mental considérée comme une chose.De plus,une vue très utilitariste (une vue qui considère en vous l’outil) est associée à l’appropriation :un objet est toujours à sa place et ce à quoi il sert,il y servira toujours.C’est sa « nature ».[...] Corollairement,les socialement dominants se considèrent comme dominant la Nature elle-même,ce qui n’est évidemment pas à leurs yeux le cas des dominés qui, justement,ne sont que les éléments pré-programmés de cette Nature. » Colette Guillaumin, Sexe, Race, Pratique du pouvoir et idée de nature, éd.Tierces, 2000. esclaves sexuelles, violences verbales et physiques… A quoi servent les « lois de la Nature » ? Avec quelles conséquences ? En finir avec l’idée de Nature, renouer avec l’éthique et la politique Marquer les chairs au fer rouge… En finir avec l’idée de Nature, renouer avec l’éthique et la politique La règle « obéir à la nature » est vide de sens.C’est au prix d’amalgames (notamment le glis- sement illégitime entre deux sens parfaitement distincts du mot « loi », qui désigne soit une régularité soit un commandement) qu’un courant de pensée multiforme prétend fonder une éthique sur le « respect » de l’« ordre naturel » ou sur l’obéissance aux « lois de la nature ». En revenir à cette idée de nature n’est rien moins qu’un retour ou un rappel à l’ordre. Les idées reçues se propagent en échappant à tout questionnement critique. Mais les pro- positions creuses ou fausses ne deviennent pas vraies à force de répétition. Elles constituent un danger parce qu’elles offrent une ligne de conduite illusoire ou erronée face à des problè- mes bien réels. Invoquer la nature en lieu et place de principes clairs de jugement compte parmi les infirmités majeures qui handicapent de nombreux mouvements contemporains qui souhaitent améliorer le monde. Invoquer un critère de naturalité en lieu et place d’un critère de justice permet d’asseoir toutes les injustices. L’éthique est la recherche du bien. La seule éthique digne de ce nom est celle qui s’applique à tous les êtres à qui on peut faire du bien ou du mal,c’est-à-dire à tous les êtres conscients (sensibles). Cela découle du principe de justice ou d’équité : l’égalité, par dé- finition, refuse toute discrimination arbitraire. Beaucoup préfèrent aujourd’hui se plonger dans la nostalgie d’un « âge d’or » ou de « modes de vie traditionnels harmonieux » qui n’ont jamais existé, plutôt que de se battre ici et maintenant pour l’avénement enfin de mondes qui se soucient des autres mondes, de tous les autres. La politique, si elle se veut fondée sur l’éthique, n’a rien non plus à gagner à vouloir arcbouter ses valeurs sur le sentiment de la nature. Heureusement, il n’y a aucune fatalité naturaliste : il n’est dans la « nature » de personne de préférer une frileuse révérence à l’Ordre plutôt qu’un débat ouvert et contradictoire sur ce qu’il est juste ou non de faire. Yves Bonnardel, d’après un texte de Estiva Reus. Texte paru dans la revue Les Temps Modernes de mars-juin 2005. Cette brochure est téléchargeable en plusieurs langues sur le site des éditions tahin party: http://tahin-party.org Ce qui est naturel est bien, répète-t-on1. La Nature est un ordre, harmonieux, où toute chose est à sa place, qu’il ne faut pas déranger. Elle inspire un sentiment religieux de respect, au sens d’adoration et de crainte (comme de soumission devant tout ce qui nous paraît puissant et dangereux). Pourtant, si la nature désigne tout ce qui existe, alors rien ne peut être contre-nature. Si par contre la nature désigne une partie de ce qui existe, alors il n’y a de sens à parler de « contre-nature » que si l’on suppose que cette nature non seulement existe,mais est le siège d’une finalité. Or, rien ne soutient ce point de vue. La science tout du moins, depuis Darwin, est muette sur ce point2. Le seul soutien de l’existence d’une telle finalité reste la foi (sim- ple foi en l’ordre naturel,ou foi religieuse).En outre,l’existence d’une entité « Nature » munie d’une finalité ne règlerait pas en soi le problème éthique : il ne découle pas automatique- ment de l’existence de la Nature (ou de celle de Dieu) qu’il faille se soumettre à sa volonté. En soi, cultiver un sentiment de « respect » de ce qui apparaît comme une puissance, et de soumission à un ordre (même déguisée en « volonté d’harmonie »), ne paraît pas de bon augure... Et pourtant, l’idée de nature reste omniprésente dans les discours normatifs. En pratique, l’attitude est plus ambiguë : tantôt les humains dénoncent avec indignation ce qu’ils jugent contre-nature, tantôt ils célèbrent les conquêtes qui ont permis à l’humanité 1. Cet article contient des passages empruntés – avec l’accord de l’auteure – à la préface d’Estiva Reus à l’essai La nature de John Stuart Mill (La Découverte,2003).Cet essai de Mill,dont la première édition remonte à 1874,offre une remarquable analyse critique des doctrines qui « font de la Nature un critère du juste et de l’injuste, du bien et du mal, ou qui d’une manière ou à un degré quelconque approuvent ou jugent méritoires les actions qui suivent, imitent ou obéissent à la nature ». (p. 55) Plus généralement, les analyses développées ci-après doivent beaucoup aux réflexions en cours au sein du mouvement pour l’égalité animale. 2. Voir l’ouvrage collectif Espèces et éthique. Darwin, une (r)évolution à venir, éd. tahin party, 2001. Les versions de la biologie, de l’écologie ou de la théorie de l’évolution que l’on apprend à l’école, dont on lit des comptes rendus de vulgarisation dans les magazines (y compris scientifiques), dont on entend parler à la radio ou à la télévision, sont très généralement truffées de mentions naturalistes, finalistes et holistes. 2 11 Peter Singer, La Libération animale, éd. Grasset, 1993 (21 €). Peter Singer, Questions d’éthique pratique, éd. Bayard, 1998 (24,60 €). Peter Singer, L ’égalité animale expliquée aux humains, éd. tahin party, 2002 (2,30 €). Collectif, Luc Ferry ou le rétablissement de l’ordre, ou l’humanisme contre l’égalité, éd. tahin party, 2002 (3 €). Collectif, Darwin, une (r)évolution à venir, éd. tahin party, 2002 (8 €). Joan Dunayer, Poissons. Le carnage, éd. tahin party, 2004 (2,30 €). Brochures et textes téléchargeables : http://infokiosques.net/antispecisme Jeffrey Moussaieff Masson & Susan McCarthy, Quand les éléphants pleurent : la vie émotionnelle des animaux, éd. Albin Michel, 1997 (6,50 €). Les Cahiers antispécistes, revue pour l’égalité animale (plus de 25 numéros parus !) dont les textes sont accessibles sur : http://www.cahiers-antispecistes.org J’aime trop la viande !, brochure prix libre (en table de presse,cf.antispesite). Les livres des éditions tahin party sont disponibles gratuitement sur internet : http://tahin-party.org Antoine Comiti, Le spécisme et les pratiques spécistes, http://antoine.comiti.free.fr/specisme/index.htm Petite bibliographie complémentaire • RÉSEAU ANTISPÉCISTE : 20, rue Cavenne – 69007 LYON – FRANCE courriel : reseau.antispeciste@poivron.org site : reseau-antispeciste.org • COLLECTIF ANTISPÉCISTE DE PARIS : 99, avenue de la république, esc. 3 – 94800 VILLEJUIF – FRANCE courriel : antispe@no-log.org – site : antispesite.free.fr • ACTA (AGIR CONTRE LA TORTURE ANIMALE) : rés. Les Corolles, appt 26, bât. A, rue Simone de Beauvoir – 33320 EYSINES – FRANCE site : acta-gironde.fr • INSCRIPTION SUR LA LISTE INTERNET DE CRITIQUE DE L’IDÉE DE NATURE : site : poivron.org/mailman/listinfo/contre-nature Contacts d’échapper aux rigueurs de sa condition primitive. Personne ne souhaite vraiment que nous imitions la nature en tout point, mais personne ne renonce pour autant volontiers à l’idée que la Nature doit nous servir d’exemple ou de modèle. Les considérations sur ce qui est contre-nature et ce qui est naturel (censé être équivalent à : normal, sain, bon...) viennent trop souvent court-circuiter la réflexion sur ce qu’il est bon ou mauvais de faire, sur ce qui est souhaitable et pourquoi, en fonction de quels critères. L’idée de nature « pollue » les débats moraux et politiques... La révérence pour l’ordre naturel Le naturel reste fortement associé à des jugements de valeur. La publicité utilise le mot « na- ture » pour désigner ou évoquer n’importe quelle notion à connotation positive :campagne,santé, tradition, éternité, force, authenticité, sagesse, simplicité, paix, splendeur, abondance... Le senti- ment de la nature apporte un « supplément d’âme » bienvenu au monde de la marchandise, il participe du « réenchantement du monde » capitaliste : qu’est-ce qui, à l’heure de se vendre, n’est pas naturel ? L’idéologie du « respect de la nature » l’emporte de plus en plus sur celle de la victoire sur la nature,alors même que l’une est le miroir de l’autre.Les « avancées » des sciences et techniques sont habituellement saluées comme des étapes dans la Longue Marche du Progrès, alors que dans le même temps on ressasse des propos alar- mistes sur les risques encourus en jouant aux « ap- prentis-sorciers ». Dans les deux cas, on recourt plutôt à des mythes (le Progrès versus la « dé- miurgie de l’Homme ») qu’à des réflexions sur le caractère positif ou négatif des conséquences pour l’ensemble uploads/Philosophie/ en-finir-avec-l-x27-idee-de-nature-yves-bonnardel-estiva-reus.pdf

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