7 La méthodologie « La méthode est l’art de disposer une suite de plusieurs pen

7 La méthodologie « La méthode est l’art de disposer une suite de plusieurs pensées pour découvrir et prouver » (Antoine Arnauld et Pierre Nicole, Logique de Port-Royal). « Toute la méthode consiste en une mise en ordre. » (Descartes, Règles pour la direction de l’esprit) I. Conseils préliminaires Trois sujets au choix vous sont proposés : deux questions de dissertation et un texte à expliquer. A. Le choix du sujet 1. Première difficulté : Dissertation (quel sujet ?) ou explication ? Aucun exercice n’est bon en soi ni meilleur qu’un autre. Tout dépend des autres sujets proposés pour un candidat donné. Que savez-vous ? Avez-vous travaillé régulièrement ? Un élève sérieux, consciencieux, appliqué qui a fourni un travail régulier mais sans grande originalité aura intérêt à opter, s’il en est un, pour le sujet classique. Il existe en effet de grandes questions récurrentes en philosophie et qui ne demandent pas de réelle « prise de risque » (Le travail est-il l’ennemi de la liberté ?, L’État est-il l’ennemi de la liberté ?) Ces questions ont forcément été abordées en cours, de manière plus ou moins développée. L’élève sérieux et prudent a tout intérêt à les sélectionner car elles valoriseront ses connaissances, ses compétences, son travail. Un élève sérieux qui a acquis une culture philosophique mais s’égare parfois dans le hors-sujet aura quant à lui tout intérêt à se diriger vers le texte. Cet exercice peut au premier abord lui paraître moins intéressant, puisqu’il devra s’effacer devant le philosophe, mais il présente l’immense avantage de le canaliser. Il est plus facile de dégager un plan déjà là et de le respecter que de découvrir par soi-même un plan avec le risque de se fourvoyer. L’essentiel est donc de disposer de quelques connaissances solides afin d’avoir suffi- samment confiance en soi et de sentir quels sujets sont abordables et lesquels sont risqués. Il n’est pas de philosophie sans une part de subjectivité. Le bon sujet naît d’une rencontre entre un élève, doté de certaines qualités, qui a travaillé plus ou moins, qui a un passé, des préoccupations, une personnalité et déjà une vision du monde qui lui sont propres, et une question qui, pour x raisons, éveille son intérêt et le motive. Le même sujet, qui passionnera un élève en faisant émerger tout un monde de questions et en lui permettant de mobiliser des connaissances précises, découragera un autre qui va rester déconcerté sans discerner ce qu’il pourrait dire. L’art de choisir le bon sujet, SON sujet, suppose donc une certaine connaissance de soi, de sa personne, de ses compétences (est-on un esprit original ? Ou est-on doté d’un naturel prudent ? Y a-t-il des notions et/ou des questions que l’on maîtrise mal ?), de ses défauts (hors sujet, digressions, longueurs ou inversement style elliptique, tendance à réciter le cours…) et, bien sûr, de son degré de compréhension du sujet. 8 Choisir son sujet demande du temps. 2. Prendre le temps de la réflexion Un choix éclairé suppose une délibération et donc une réelle prise en compte de chacun des trois sujets proposés. Tous les enseignants sont d’accord sur ce point. Qu’il s’agisse de nos propres élèves ou des inconnus que nous surveillons le jour de l’examen, bien trop nombreux sont ceux qui se précipitent sur un sujet. Trois sujets sont proposés. Il faut choisir. Mal choisir son sujet serait la pire des choses. Le premier impératif ? Conserver son calme et sa lucidité pour envisager chacun des trois sujets. Consacrer les vingt premières minutes de l’épreuve de philosophie à choisir son sujet n’a rien d’étonnant. Il ne faut pas ici penser « perte de temps » mais « investissement et rentabilité ». L’élève qui, en toute connaissance de cause, aura éliminé deux des trois sujets ne travaillera peut-être pas un sujet qui le passionne. Il se consacrera du moins au sujet qu’il peut et sait traiter : « son » sujet, et là est l’essentiel. 3. Comment procéder ? Lire et relire attentivement les trois sujets en prenant pour chacun d’eux une série de notes. Identifier le problème, les questions clefs qui constitueraient la problématique, les notions clefs à mobiliser, recenser les connaissances qui permettraient de formuler et comparer plusieurs thèses, les références philosophiques, envisager une ébauche de plan (on voit assez vite si les idées griffonnées pourront se mettre en ordre ou partent dans tous les sens), se demander si l’on a une idée ou une perspective un peu originale sur la question… Assez vite, vous discernez avec quel sujet vous serez le plus à l’aise. B. Gérer son temps • Le brouillon permet de choisir son sujet (20 minutes environ) puis de travailler le sujet choisi de manière à construire un plan très détaillé. Il est donc maintenant entre 9 h 15 et 9 h 30. • Rédigez l’introduction (5-10 minutes). • Vous disposez de 30 à 40 minutes pour rédiger chaque partie de votre développement. Cela paraît peu mais, si le plan est précis et rigoureux avec des amorces et des transi- tions soigneusement formulées, il ne reste qu’à habiller les idées avec des mots ce qui est relativement simple. • La conclusion, si le devoir est clair, se fait rapidement (10 minutes maximum). • Il reste donc 10 minutes-un quart d’heure pour la relecture finale. Conseils de rédaction La réflexion philosophique, dans la dissertation ou l’explication, doit être méthodique, structurée et logique. Il faut donc des phrases de transitions pour articuler les idées. La réflexion philosophique est aussi une réflexion personnelle. Sur ce point, toute la difficulté sera pour l’élève d’affirmer sa pensée sans pour autant adopter une position purement subjective et à ce titre arbitraire et sans valeur. 9 C. Bien présenter sa copie Soignez la présentation ; première impression du correcteur. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », disait Boileau dans son Art poétique : une pensée claire et structurée se matérialise dans un devoir bien construit et bien présenté. Bref, la clarté de la présentation révèle la clarté de la pensée. Les copies distribuées aux examens ont des lignes et seront numérisées pour être ensuite corrigées. Si vous écrivez gros, écrivez une ligne sur deux. Veillez à ce que votre devoir soit lisible. Un développement doit être constitué de 3 parties, elles-mêmes composées de 2 paragraphes minimum. Les titres du plan doivent disparaître. Ceci établi, le devoir doit donc se présenter sous cette forme : Introduction (en un §) QUESTIONNER Sauter 2 lignes PREMIÈRE PARTIE : Une phrase d’amorce 1er § 2e § 3e § Bilan + Question de transition Sauter une ligne DEUXIÈME PARTIE Une phrase d’amorce 1er § 2e § 3e § Bilan + Question de transition Sauter une ligne TROISIÈME PARTIE Une phrase d’amorce 1er § 2e § 3e § Bilan Sauter 2 lignes Conclusion (en un §) RÉPONDRE II. La dissertation Ce sujet se présente sous la forme d’une question qui peut explicitement ne porter que sur une notion (Le silence ne dit-il rien ?) ou en citer deux (L’art est-il un langage ?). En réalité le devoir ne devra jamais se limiter à n’aborder qu’une des notions du programme ; il ne 10 serait alors qu’un exposé et à ce titre hors sujet. On attend de vous que vous mobilisiez vos connaissances en articulant les différentes notions étudiées durant l’année scolaire. Ce que la dissertation ne doit pas être : un exposé thématique, la restitution d’un cours, l’exposé d’une ou plusieurs doctrines philosophiques, un recueil d’opinions, un ensemble d’affirmations dogmatiques… Outre leurs défauts spécifiques (le hors sujet, les banalités, les avis injustifiés), ces démarches maladroites se rejoignent sur un point : l’élève répond sans avoir pris le temps de questionner. Il s’agit toujours en philosophie, et cela se remarque tout particulièrement dans la disser- tation, de réfléchir et de penser par soi-même. Le problème est qu’il existe concernant cette expression un énorme malentendu entre les professeurs et les élèves. Fort désireux de penser par eux-mêmes, les élèves croient qu’il s’agit de « dire ce qu’on pense » tout au long de sa copie, ce qui sous-entend qu’on n’aurait nul besoin de s’y connaître en philosophie. Il s’agit là d’une illusion. « Dire ce qu’on pense », c’est exprimer un premier avis, c’est livrer son opinion ; ce n’est pas philosopher. Il n’y a pas d’opinion en philosophie et pas de « je pense que ». Penser par soi-même, ce n’est pas penser seul et à partir de rien. C’est réfléchir, se nourrir d’idées antérieures pour les examiner, critiquer, justifier ou rejeter ; c’est penser avec les autres, contre les autres, dans un dialogue permanent. C’est construire une réflexion, élaborer sa pensée pour dire ce qu’on pense, oui, mais à la fin du devoir, c’est-à-dire après une solide argumentation qui de cette pensée fera une conviction profonde et fondée à mille lieues de l’opinion irrationnelle et sans valeur. La philosophie est un chemin vers la vérité et c’est, dans la dissertation, ce cheminement qui importe, plus que le résultat. Il s’agit moins de dire ce qu’on pense uploads/Philosophie/ extrait 4 .pdf

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