1 Conseils de méthode pour la dissertation (1) . La dissertation de philosophie
1 Conseils de méthode pour la dissertation (1) . La dissertation de philosophie a plusieurs fonctions et exigences : Il s’agit tout d’abord de questionner un sujet, qui s’énonce au départ comme fermé, ou malaisé à traiter . Par exemple : le sujet Qu’est-ce qu’être soi-même ? est un sujet qui paraît intraitable, parce que trop général ou trop flou. Il faudra donc trouver les moyens de débloquer le sujet. Attention ! ne pas oublier qu’un sujet qui a l’air facile exige une certaine approche, qui est la même quelle que soit la difficulté du sujet. L’inhabituel, dans un sujet de philosophie, c’est que son traitement passera par une clarification du sens des termes, et par la mise en place d’un certain nombre de problèmes que pose le sujet. En d’autres termes, on ne vous demande pas de tout dire (ce qui serait impossible ! mais de trouver un cheminement, un parcours où le sens du sujet apparaît, où l’on comprend que des réponses essentielles peuvent être données… Par ex : des sujets du style Faut-il combattre nos désirs ? ou Le travail permet-il à l’homme de s’accomplir ? ou Pourquoi faut-il travailler ? contraignent à énoncer des réponses qui dépassent le niveau des réponses quotidiennes… Les étapes préparatoires : travail d’analyse et de recherche. Il faudra donc identifier très vite, dans les étapes préparatoires, un certain nombre de points ? en partant du plus difficile ! - les présupposés du sujet : ce que le sujet accepte, l’idée qu’il a derrière la tête sans l’avoir explicitée ou démontrée. 2 Par exemple : le sujet Toute passion est-elle une illusion ? présuppose que la plupart des passions relèvent de l’illusion, ou à tout le moins il envisage la passion sous un angle tout à fait négatif, celui du travestissement ou de la déformation du réel. Dans le même sens, le sujet : Pourquoi les animaux ne parlent-ils pas ? présuppose, cela est clair, que les animaux ne parlent pas. Il semble nous demander seulement les raisons pour lesquelles cela est le cas. Mais bien souvent, les présupposés sont plus difficiles à trouver ; il faudra donc procéder à une analyse préalable du sujet pour clarifier son sens. Faites comme si le sujet avait été volontairement mal posé : l’enjeu est pour celui qui donne le sujet de vous obliger à ne pas seulement y répondre comme à une question. Cherchez ce qui pourrait « clocher » dans le sujet, tentez de trouver les problèmes qu’il suscite. Il est important de partir de ce principe : les termes du sujet ainsi que leurs relations doivent être précisément définis, même s’ils ont l’air d’avoir un sens clair. Par exemple : le sujet Qu’est-ce qu’être soi-même ? Exigera une définition des notions d’identité, de personne, d’authenticité, en incluant les enjeux de l’identité personnelle, en questionnant la possibilité de se connaître pour être soi-même, en se demandant si être soi-même relève d’une certaine définition (connais-toi toi-même) ou d’une certain manière d’agir (comme dans le cadre de la vertu chez Aristote). - on l’a donc compris : l’une des étapes préparatoires destinée à clarifier le sens du sujet consiste à l’éclairer à partir d’un certain nombre de définitions. Elles pourront être réutilisées par la suite, et joueront un rôle essentiel qui permettra d’éviter le schéma thèse antithèse synthèse. Il faut donc définir, commenter les liens qui unissent les termes du sujet, pour ensuite commencer d’élaborer des questions, et voir certains aspects du sujet commencer de s’éclairer. 3 ! les définitions des termes doivent être recherchées dans des dictionnaires philosophiques : le dictionnaire de français ne suffit pas, car des termes du langage courant peuvent avoir un sens philosophique : par exemple , le terme de désir, ou le terme d’art, celui de bonheur, ou de société… doivent être définis de manière philosophique : dans ce cas, ce que le dictionnaire décrit, c’est le contenu d’un concept ou d’une idée. Ainsi, un sujet portant sur l’Etat (L’Etat est-il l’ennemi de la liberté ?) ne pourra comporter des réponses et des analyses de même nature selon que l’on définira l’Etat comme ensemble des institutions qui permettent de régir un pays ou sous la figure de tel ou tel régime politique. Par exemple, le sujet : La révolte peut-être elle un droit ? devient très vite problématique dès qu’on a un peu précisé le sens des termes de révolte et de droit : si le droit énonce ce qui est permis ou interdit, si la révolte consiste à rejeter en bloc un système juridique ou une logique de domination qui semble injuste ou priver l’individu de sa liberté, on voit mal comment un système juridique autoriserait l’acte par lequel il est lui-même nié. En poursuivant quelque peu l’analyse, on perçoit bien vite qu’un droit pouvant être ou non exercé, si la révolte est légitime parce que la liberté du sujet est niée ou violentée, parce que les règles sous lesquelles il vit font de lui un esclave, la révolte n’est plus alors un droit (qui se penserait sous la forme d’un optatif ou d’une option, comme si se révolter était optionnel), mais un devoir. Il y a en fait des styles de sujet, des constantes dans les formes qu’ils prennent que l’on peut repérer pour faciliter l’analyse. (voir les exemples de sujets). L’on peut ensuite aller chercher des références philosophiques, aller lire des textes qui vont pouvoir donner d’autres idées, ouvrir le champ de la problématique, donner de la consistance à certaines idées ou questions que vous aurez déjà ébauchées. Il vous faut chercher des références à des textes ou à des thèses d’auteurs ; pour cela, un travail « exploratoire est nécessaire : 4 - premier instrument, nécessaire mais non suffisant, le manuel. Utilisez l’index, la table des matières. Si vous vous êtes aperçus que tel auteur est important pour votre sujet, regardez dans le manuel les textes choisis de son œuvre.... - Tout aussi important, allez chercher dans le manuel ou dans d’autres manuels disponibles au CDI, ou sur Internet, ou dans des Annales de sujets, ou dans La Philosophie pour les nuls par exemple ou encore dans une encyclopédie de bon niveau1 des cours ou résumés de cours. Cela est essentiel, car vous ne pourrez traiter un sujet en profondeur que si vous avez un vue d’ensemble de ses enjeux, des questions incontournables relatives à telle ou telle thématique... - Utiliser des textes de philosophes est aussi fort précieux. La notation inclut aussi les analyses de thèses énoncées par un philosophe, dans la mesure où elles sont rattachées au sujet (voir conseils de méthode n°2). Il n’est pas nécessaire de comprendre l’intégralité du texte et de ses nuances pour pouvoir insérer la référence à l’auteur ! En revanche, lorsque vous lisez le texte, efforcez-vous d’en saisir l’essentiel, pour le retranscrire plus tard. Donc, identifiez l’argument majeur du texte, et étoffez votre compréhension grâce à des références à l’auteur, à ce qu’il veut dire dans ce texte...( encore une fois Internet est à ce sujet fort utile !) Les références philosophiques sont essentielles : d’abord parce que les philosophes auxquels vous ferez référence ont médité en profondeur la question qui vous occupe, vous gagnez donc du temps à la utiliser plutôt qu’à chercher seuls, mais aussi parce qu’ils donnent, de ce fait, de la teneur à votre problématique. A partir de là, vous pourrez insérer dans le corps de votre développement des références précises à un auteur (des citations), qui seront toujours brèves (au maximum une ligne ou deux), et toujours commentées (voir structure de l’argumentation). Vous pouvez également utiliser la pensée d’un auteur sans le citer, mais faites-le de manière précise, et dans les deux cas, cherchez à expliquer à quoi vous sert l’auteur, quelle position on peut décrire à partir de la référence qui y est faite… 1 L’Encyclopédie Universalis, L’Encyclopédie Encarta, ou d’autres qui présentent une approche rigoureuse sont utilisables. Pour les sites internet, ils sont nombreux, j’en donne quelques exemples : philagora.net, un site de l’Académie de Grenoble qui présente des ressources pour d’autres disciplines également, http://www.ac- grenoble.fr/accueil_peda/accueil.php, un annuaire des sites gratuits de philosophie pour les lycéens, http://www.touslescours.com/cours.php?quoi=philosophie, http://philolycee.free.fr/, 5 Conseils de méthode pour la dissertation (2) . Mise en ordre des idées et construction du plan. Aucune prédermination de l’ordre que doivent prendre vos idées ni votre plan n’est possible à l’avance, puisque cette mise en forme dépendra des lignes de problématique que vous aurez choisies. Cependant, il est possible, au travers de quelques conseils, de focaliser votre réflexion autour de questions, de lignes de force… Tout d’abord, il est essentiel que votre travail dans sa globalité soit progressif, et démonstratif. Il s’agira donc d’ordonner vos idées de telle sorte que se dessine pour vous à la fois une unité démonstrative de votre copie, qui inclura des remises en cause successives, un point de vue critique sur le sujet, mais aussi un approfondissement de votre réflexion, ou des changements de cap qui obligent à penser d’autres problèmes dans le sujet uploads/Philosophie/ conseils-de-me-thode-pour-la-dissertation.pdf
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- Publié le Mar 07, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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