compris sur la bouche; il avait d'ailleurs valeur hiérarchique : un plébéien ne

compris sur la bouche; il avait d'ailleurs valeur hiérarchique : un plébéien ne baise que la main d'un grand, ce n'est qu'entre grands qu'on se baise sur la bouche ou sur la poitrine. Ce qui signifie surtout, pour notre passage, qu'est abolie toute supériorité hiérarchique entre Marc Aurèle et son précepteur. Cf. L. Friedländer, Sittengeschichte Roms', Leipzig, 1919, t. I, p. 93-94, et A. Alföldi, Die monarchische Repräsentation im römischen Kaiserreiche, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1980, p. 27, 41-42, 64 (je dois ces indications à P. Veyne). 30. Cf. l'analyse par Foucault du traité hippocratique Du régime dans L'Usage des plaisirs, op. cit., p. 124-132. 31. Caton, De l'agriculture, trad. R. Goujard, Paris, Les Belles Lettres, 1975. 32. Xénophon, Économique, trad. P. Chantraine, éd. citée. 33. Allusion au Banquet de Platon comme texte fondateur; cf. chap. : « Le véritable amour », in L'Usage des plaisirs, p. 251-269. 34. De la colère, 111, XXXVI, in Sénèque, Dialogues, t. I, trad. A. Bourgery, Paris, Les Belles Lettres, 1922, p. 102-103. Pour une étude plus développée du même texte, cf. le cours du 24 mars, deuxième heure, ainsi que le séminaire sur les « Techniques de soi » à l'université du Vermont en octobre 1982 (Dits et Écrits, op. cit., IV, n° 363, p. 797-799). 35. Référence introuvable. Aucun texte de Sénèque ne correspond à cette description. Page_163 COURS DU 3 FÉVRIER 1982 Première heure Les commentaires néo-platoniciens de l'Alcibiade : Proclus et Olympiodore. - La dissociation néo-platonicienne du politique et du cathartique. - Étude du lien entre souci de soi et souci des autres chez Platon : finalité; réciprocité; implication essentielle. - Situation au Ier-IIe siècle : l'auto-finalisation du soi. - Conséquences : un art philosophique de vivre ordonné au principe de conversion; le développement d'une culture du soi. - Signification religieuse de l'idée de salut. - Significations de sôtêria et de salus. La dernière fois, j'avais laissé en plan, faute de temps, l'analyse de cette notion qui est, je crois, fort importante dans la pratique de soi, dans la technologie du sujet: cette notion de parrhêsia, à comprendre grossièrement comme franchise, ouverture de coeur, ouverture de la pensée, etc. Je voulais commencer par reprendre un peu cette question, et puis, pour plusieurs raisons, je préférerais retrouver ce problème un peu plus tard, quand on parlera plus 1 précisément d'un certain nombre de techniques du sujet dans cette philosophie, dans cette pratique, dans cette culture du Ier-IIe siècle, quand on parlera du problème en particulier de l'écoute et du rapport maître-disciple. Bon, alors j'en reparlerai à ce moment-là. Et, de toute façon, quelqu'un m'a posé une question. Malheureusement les questions ne viennent pas souvent, peut-être parce qu'on n'a pas beaucoup l'occasion de se rencontrer. Enfin il m'est venu une question, à laquelle je voudrais répondre parce que je crois qu'elle servira de toute façon assez bien d'introduction au cours que je voudrais faire aujourd'hui. La question, c'est tout simplement ceci: pourquoi prendre ce dialogue de l'Alcibiade, qui n'a pas d'ordinaire chez les commentateurs une importance si grande dans l'oeuvre de Platon? Pourquoi le prendre comme repère, ce dialogue, non seulement pour parler de Platon, mais finalement pour mettre en perspective tout un pan de la philosophie ancienne ? Justement, j'avais depuis un certain temps l'intention de me Page_164 référer à deux ou trois textes tardifs mais, je crois, très éclairants sur ce problème de l'Alcibiade et sur la place qu'il occupe dans la pensée antique. Alors je vais donc faire une rocade. Au lieu de vous parler de la parrhêsia maintenant et des commentateurs néo-platoniciens plus tard, je voudrais donc tout de suite évoquer un peu ce problème des commentaires néo-platoniciens de l'Alcibiade. Vous savez qu'à partir du grand retour du néo-platonisme dans la culture, dans la pensée, dans la philosophie antiques - en gros, à partir du IIe siècle - un certain nombre de problèmes se sont posés, et en particulier la question de la systématisation des oeuvres de Platon. Disons, tout simplement, le problème de leur édition: leur édition sous une forme et dans un ordre qui soient tels que les problèmes de la philosophie y soient abordés successivement, à la place qui convient, et de manière à constituer un ensemble à la fois clos en lui-même et utilisable dans l'enseignement et la pédagogie. Alors ce problème du classement des couvres de Platon, il a été abordé par un certain nombre de commentateurs, et en particulier par Proclus et Olympiodore 1. Or ces deux commentateurs, sur la place à accorder à ce dialogue de l'Alcibiade que j'avais pris pour point de départ, s'accordent l'un et l'autre à considérer que ce dialogue doit effectivement être placé en tête des couvres de Platon, que c'est par lui que l'on doit aborder l'étude de Platon ou du platonisme, et par là même l'étude de la philosophie en général. Si vous Voulez, trois grands principes en effet permettent à Proclus et à Olympiodore de donner à l'Alcibiade cette place première, cette place initiale, de le mettre en quelque sorte en propylée de la philosophie. Premièrement, l'Alcibiade est à leurs yeux le résumé même de la philosophie de Platon. Deuxièmement, il est l'introduction, première et solennelle dans la philosophie, du 1 gnôthi seauton comme condition première de la pratique philosophique. Et enfin, ils y voient la première apparition de l'embranchement entre le politique et le cathartique. Revenons un petit peu sur ces points. Je Vous signale que, de toute façon, premièrement je n'aurais pas pu vous dire ça si Festugière n'avait écrit sur le classement des oeuvres de Platon chez les néoplatoniciens un article intéressant, et s'il n'en avait extrait les textes principaux. C'est un article qui avait paru je ne sais plus où, mais que Vous trouvez de toute façon dans les Études de philosophie grecquez. Alors là, vous avez toute une série de textes qui sont cités. Texte de Proclus 3 (donc: Ve siècle) à propos du classement des oeuvres de Platon : « Ce dialogue [dit-il en parlant de l'Alcibiade ; M.F.] est le principe de toute la philosophie [arkhê hapasês philosophias le début, le principe de la philosophie; M.F.], comme l'est aussi précisément Page_165 la connaissance de nous-mêmes [tout comme la connaissance de nous-mêmes - le gnôthi seauton - est la condition pour pouvoir commencer à philosopher, de la même façon l'Alcibiade est le principe même de la philosophie; M.F.]. C'est pourquoi maintes considérations logiques y sont disséminées et livrées en tradition, maintes considérations morales contribuant à toute notre enquête sur l'eudémonie y trouvent leur éclaircissement, maintes doctrines propres à nous conduire à l'étude de la nature ou même à la Vérité touchant les êtres divins eux-mêmes y sont sommairement exposées, afin que soit contenue dans ce dialogue, comme en modèle, une seule et même esquisse générale et totale de toute la philosophie, esquisse qui se révèle à nous grâce précisément à ce premier retour sur nous-mêmes 4. » Texte intéressant, d'abord parce qu'on y voit une distinction qui n'est absolument pas platonicienne, qui a été introduite après, qui correspond tout à fait à ce qu'était l'enseignement et la distribution de la philosophie au cours de l'époque hellénistique, impériale, et à l'époque de l'Antiquité tardive. Voyez la distinction entre: considérations logiques; considérations morales; doctrines de la nature; Vérités touchant les êtres divins. Logique, morale, étude de la nature, théologie - ou discours sur le divin - sont les quatre éléments fondamentaux entre lesquels la philosophie se distribue. Alors, donc, Proclus suppose que ces quatre éléments se trouvent en effet disséminés, à la fois présents et un peu cachés discrètement dans le texte de l'Alcibiade, mais que tous ces éléments sont présentés à partir de ce qui doit en faire le fondement, et qui est le retour sur soi-même. Cette esquisse de la philosophie se révèle à nous, grâce précisément à ce premier retour sur nous-même. Revenons sur nous-même, prenons conscience de ce que nous sommes, et nous verrons, dans ce retour même, commencer à se déployer ce que doit être le savoir philosophique. « Et c'est 1 pour cela aussi, me semble-t-il [ajoute Proclus ; M.F.], que le divin Jamblique donne à l'Alcibiade le premier rang parmi les dix dialogues dans lesquels est contenue selon lui toute la philosophie de Platon [référence à un texte perdu de Jamblique 5 qui semble indiquer qu'avant même Proclus, par conséquent, et ce problème des classifications des oeuvres platoniciennes, l'Alcibiade était bien considéré comme le premier des dialogues de Platon, en tout cas celui qu'il fallait placer en tête des dialogues de Platon ; M.F] 6 » Olympiodore, dans un autre commentaire, dit à propos de l'Alcibiade : « Touchant le rang [de l'Alcibiade ; M.F.], il faut dire qu'on doit le mettre en tête de tous les dialogues platoniciens. Car, comme Platon le dit dans le Phèdre, il est absurde de s'ignorer soi-même si l'on aspire Page_166 à connaître tout le reste. En second lieu, c'est socratiquement qu'il faut aborder la doctrine socratique : or, dit-on, c'est par le précepte "connais-toi toi-même" que Socrate uploads/Philosophie/ foucault-l-x27-herme-neutique-du-sujet-3-fe-vrier-1982-pdf.pdf

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