La vérité – D.Franck cours de L2, année 2009-2010 Cours du mercredi 10 Février

La vérité – D.Franck cours de L2, année 2009-2010 Cours du mercredi 10 Février Le problème de la vérité est central pour la philosophie depuis toujours. Aristote définit la philosophie entre autre comme portant sur la vérité. Pas la peine d'insister sur le caractère central de cette question. Elle n'est un problème une parmi d'autres dès lors que la philosophie reçoit sa détermination de la vérité elle-même. Commence à être reposée de manière différente chez Nietzsche d'abord, et ensuite chez Heidegger où elle a pris une ampleur considérable : sa propre pensée, pour lui, a pour tache de penser la vérité de l'être. Pas secondaire selon l'histoire de la philo, et selon la situation présente cad depuis un siècle au regard de ce que la philosophie se donne pour tache depuis Nietzsche. Ce qui commande mon propos c'est l'analyse de la manière dont Heidegger bouleverse le problème de la vérité. Mais pour savoir comment, pour comprendre comment bouleverse son statut, il est nécessaire de comprendre comment elle était traditionnellement comprise et pensée. C'est là où la question devient un peu plus compliquée. Vous connaissez tous j'espère la définition traditionnelle de la vérité : l'adéquation rei at intellectus. Cette définition traditionnelle a une histoire, pas tombée du ciel. Il y a dans cette histoire des moments déterminants. La définition traditionnelle de la vérité. Je partirai de son énonciation en latin. Quand on lit Descartes Leibniz Kant Husserl, ils font tous appel à cette détermination de la vérité. Est énoncée en latin. Que signifie cela? Je ne vais pas rentrer maintenant dans les problèmes de traduction qui sont très importants. Mot grec : alethei, traduit par veritas. Ce que je veux commencer par faire, c'est comprendre le sens de la détermination traditionnelle de la vérité comme adequatio. On aurait pu partir de Platon, d'Aristote. Mais ni de l'un ni de l'autre je partirai. Parce que ne parlent pas le latin. Or la définition traditionnelle est énoncée en latin. Qui l'a énoncée? La formule elle-même est due à un auteur secondaire, Israeli, l'a formulé comme ça mais n'a pas grande signification. Par contre, construite par Thomas. Lui qui l'a au fond frappée, lui qui l'a philosophiquement construite, et comme dit Heidegger, son traité sur la vérité est le plus grand traité sur la vérité jamais écrit. Ni avant ni après problème travaillé avec une aussi grande ampleur. Je vais commencer par étudier un texte précis de Thomas, qui est tout à fait extraordinaire de puissance de beauté. Par là que je commence puis j'en viendrai à Heidegger, en explicitant à partir de Thomas pourquoi on ne peut se contenter de la définition traditionnelle. Thomas Le De veritate:c'est dans la première question que le concept de vérité est construit. Son premier grand traité. On a la chance que cette question soit bien traduite en français. Chez Vrin. On ne comprend pas ce que signifie la détermination traditionnelle de la vérité si on ne remonte pas à ce texte, je répète ce que dit Heidegger. Thomas surpasse Platon et Aristote dans son traitement. Chez eux, le concept de vérité encore ambigu, oscille entre plusieurs vérités. Pour comprendre au fond ce que signifie vérité et dans quel contexte se pose, on doit passer par ce texte, rend intelligible beaucoup de choses. Heidegger ensuite, qui a Thomas pour adversaire, puisque dit que Thomas le plus grand, donc lui se donne comme objectif la même ampleur mais dans une autre direction. J'y reviendrai. Y consacre deux cours. Il y a d'abord ça, mais aussi maintenant d'autres trucs qui me font m'intéresser à cette question dans Heidegger lui-même. Il n'a pas achevé Sein un Zeit, s'arrête au seuil de ce qui devait en être le cœur. Dans la lettre sur l'humanisme, revenant sur cet inachèvement, il disait ceci : la section en cause ne fut pas publiée parce que la pensée ne parvenait pas à dire ce tournant (être et temps → temps et être) et ne pouvait faire ça à l'aide de la langue métaphysique. Au début de S&Z Heidegger trace le plan de son entreprise, la deuxième partie devait comprendre trois sections, la dernière : « temps et être », donc retournement. Dit que s'il parvient pas à atteindre son but, c'est parce que était au fond en un sens trop pris dans ce qu'il appelle la langue métaphysique. La conceptualité de la langue de S&Z est encore trop marquée par la tradition. Le retournement qui concerne le cœur de son affaire, il est explicité d'une certaine manière dans la conférence sur l'essence de la vérité dit-il. Veut dire qu'on ne peut comprendre la pensée de Heidegger, son mouvement de tournant, sans passer par ce texte. Par conséquent, je m'y suis particulièrement intéressé. Ce texte qui est absolument capital fait 20 pages. Écrit en 1930 publié en 43, entre les deux, publie quasi rien. (une petite plaquette sur Hölderlin.). La date : pas indifférent, fait partie du contenu du texte. En 43 la catastrophe a eu lieu. La guerre est perdue. Vous comprendrez pourquoi c'est la seule question, et tout se rassemble, peut être condensé sur cette question. Le sens de la vérité change, pour comprendre son ampleur, partir de St Thomas. Texte de Heidegger traduit en français, pas une traduction exceptionnelle. Emmanuel Martineau a fait une traduction pirate. La traduction publiée, n'est pas bon comment dire, bon ils sont les premiers, on peut pas leur reprocher, pas un problème de compétence linguistique, mais philosophique. Texte inintelligible quand il est paru. En 56, Levinas écrit une petite note dessus sur le texte, et il n'a rien compris. Par contre texte de Koyré, paru dans Critique la revue, et repris dans Étude d'histoire de la pensée philosophique, collection tel, texte sur Hegel et sur ça. A vu que véritable changement. A pas su dire quel était ce changement. Mais vraiment très bien. On pouvait pas comprendre, Heidegger le savait, a fait exprès, voulait taire. On n'avait pas les textes qui permettaient de comprendre. Quand on les a eu pas facile encore. Partie 16 et 17 de la Somme Théologique qu'on peut lire aussi. Question un du De Veritate porte sur la vérité, porte sur autre chose lié aussi. Question divisée en articles qui chacun traite d'un sujet, d'une question. Il commence toujours par faire l'inventaire ordonnée des thèses de la tradition, à la fois philosophique essentiellement mais aussi de truc de théologiens, se recoupe. Ensuite examine les problèmes soulevés par ces thèses, et propose des solutions à ces problèmes, sa réponse. Puis intègre ça comme cas particuliers dans sa propre réponse. Très grande clarté, rend justice à toutes les thèses, en les intégrant. Modèle du point de vue de la structure argumentative. La Question elle-même. Point de départ chez Heidegger lui-même. Ce que nous voulons comprendre c'est l'essence de la vérité. On vise ce qui est commun à toute vérité. On cherche l'invariant, ce indépendamment du domaine dans lequel elle s'exerce. Doit concerner les vérités éternelles, contingentes, d'expérience, qui concernent aussi bien la foi, que la philosophie. Je ne pourrais pas me poser la question, si je n'étais pas déjà au clair, familier avec un certain sens de la vérité. Quand je dis il est vrai qu'il fait pas très beau aujourd'hui, on comprend tous. Donc on comprend d'une certaine façon le il est vrai que. Quelle est cette compréhension ordinaire? La vérité c'est ce qui fait d'une chose vraie une chose vraie. Je veux dire qu'il est bien réel, c'est pas le mirage d'un stylo, un image, mais un vrai stylo. Vrai = réel. C'est en vertu de la convertibilité vrai = réel, qu'on peut distinguer l'or véritable et ce qui ne l'est pas. L'or faux a bien quelque chose de l'or mais n'est pas réellement de l'or. La vérité se confond avec la réalité mais suffit pas parce que quand je dis que l'or faux n'est pas réellement de l'or je ne dis pas que ce qui possède de l'apparence est moins réel que le vrai or. L'or véritable n'est pas seulement réel mais authentique. Que signifie cette authenticité? Que la réalité de l'or s'accorde avec ce que par avance nous entendons par or. Ce que j'ai sous les yeux correspond au concept. L'or véritable pas seulement réel mais authentique. Signifie que « la réalité de l'or s'accorde avec ce que par avance nous entendons par or ». in der übereinstimmung stehen. Si faux : ça colle pas. Ça colle : es stimmt. De quoi avons nous parlé quand on a parlé du vrai? De ce qui fait d'une chose vraie une chose vraie, de la vérité des choses donc. Mais la vérité désigne pas seulement les choses, mais aussi et surtout nos énoncés, nos jugements sur les choses sur l'étant. Le premier moment ce sont les choses, mais la vérité ne qualifie pas seulement les choses, elle qualifie peut être plus essentiellement les énoncés. Un énoncé est vrai quand il s'accorde. Mais veut dire quoi s'accorder, comment est-ce possible, mais on verra ça plus tard. uploads/Philosophie/ franck-la-verite.pdf

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