HOMO EX MACHINA Nous, les sans-philosophie Collection dirigée par Ray Brassier,

HOMO EX MACHINA Nous, les sans-philosophie Collection dirigée par Ray Brassier, Gilles Gre/et et François Laruelle L'appel constant à la philosophie, à sa défense, à sa dignité, ne peut faire oublier qu'elle-même appelle les humains à se ranger à l'ordre du Monde, à se rendre conformes à ses fins, bonheur, intelligence, dialogue et correction. Nous, les sans-philosophie, ne participons pas de cette entreprise de mondanisation : nous cherchons une discipline de rébellion à la philosophie et au monde dont la philosophie est la forme étemitaire, pas un remaniement de plus ou un simple doute sur leurs valeurs et leurs vérités. Nous sommes en attente d'une seule régularisation : celle du<< génie >>,par la méthode. Plutôt que les propriétaires de la pensée, nous sommes les prolétaires de la théorie, en lutte avec la suffisance des maîtres-philosophes. Qu'on la dise gnostique, matérialiste, non-philosophique, théoriste, seule importe sa puissance de désaliénation, c'est-à­ dire d'invention. Il y a de la philosophie, mais la philosophie n'est pas (réelle). Nous, les sans-philosophie, faisons acte d'ultimatum. www .librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 ©wanadoo. fr ©L'Harmattan, 2005 ISBN: 2-7475-9438-6 EAN: 9782747594387 François Lamelle (éd.) HOMO EX MACHINA L'Hannattan Hongrie Kônyvesbolt KossuthL. u. 14-16 1053 Budapeƚt L'Harmattan 5-7, me de l'École-Polytechnique; 75005 Paris FRANCE Espace L'Harmattan Kin(hasa Fac. des Sc Sociales, PoL et Adm ; BP24J, KIN Xl Université de Kinshasa- RDC L'Harmattan Italia Via Degli Artisti, 15 10124 Torino ITALIE L'Harmattan Burkina Faso 1200 logements villa 96 12B2260 Ouagadougou 12 La mise en page de ce recueil a été assurée par Jean-Ba ptiste DUSSERT aidé pour la correction par Mariane BORIE et Christelle FOURLON. Non-philosophie, le Collectif les remercie. L'ordinateur transcendantal une utopie non-philosophique par François LARUELLE La théorie unifiée de la pensée et du calcul, unification en-dernière­ identité, est une tâche en deçà de tout esprit encyclopédique (Morin, Serres). C'est aussi le thème de l'ordinateur transcendantal (OT), d'une machine qui aurait un rapport transcendantal à la philosophie dans son ensemble, capable donc de penser-calculer selon un mode « unifié » les mélanges de pensée et de calcul comme par exemple une arithmétique transcendantale comme le platonisme ou toute autre combinaison de ces termes à dominante de calcul et de philosophie. Au préalable il faut régler une question pré judicielle qui concerne le degré d'automaticité de la non­ philosophie. Ce qui suit est un essai en ce sens aux limites du thème d'un ordinateur transcendantal. AUTOMATE ET UNIMATE Si la pratique non-philosophique se repère ou se mesure à un effet (l' ef­ fet-unification ou clone), puisque l'Un-en-personne ne peut être ce repère, n'étant pas lui-même identifiable, cet effet est le type de désaliénation pos- sible pour les énoncés du Monde, de droit représentables ou philosopha­ bles. Déjà l'on pourrait ob jecter, et l'on pourrait comprendre ainsi ce qui vient d'être dit, que cette pratique non-philosophique n'est pas identifiable comme spécifiquement « non-philosophique >>, sa cause étant l'Identité­ en-personne qui n'est pas identifiable en extériorité comme un critère à disposition puisqu'elle est vécue-en-immanence. Sa cause pourrait être aussi bien après tout l'effet d'une machine simulant un sujet de toute façon absent, un automatisme en quelque sorte charitable, et il n'était donc pas nécessaire tous comptes faits de critiquer la philosophie. Si une machine au sens classique de ce mot peut faire ce que fait le non-philosophe, celui­ ci et sa théorie sont inutiles ? Plus exactement l'ob jection est la consé­ quence ou la suite d'une division de la non-philosophie susceptible de don­ ner lieu à deux images, une image théorique inerte de machine ou de méca­ nisme fait de pièces objectivées, et une image de fonctionnement pratique, image celle-ci donnée sans distance d'objectivation mais vécue. L'objection suppose le droit de résoudre la pratique non-philosophie en une structure inerte, de la photographier, supposant qu'elle doit être construite au préalable, avant même de pouvoir fonctionner et pour pou­ voir fonctionner. Or s'il y a en effet un présupposé à cette pensée, ce n'est pas une structure, un schéma, une figure lisible dans un espace de transcen­ dance (une structure de ce type existe pour la philosophie elle-même, c'est l'un de ses modes de donation lui-même philosophique), c'estjustement ce qui défie toute transcendance et toute structure inerte faite de termes et de relations, de points et de vecteurs, etc. ; c'est le Réel-en-personne. Selon cette objection, seuls les effets seraient appréciables comme rele­ vant ou non des présupposés d' « humanéité » de la non-philosophie. Mais cette ob jection dissimule sa propre présupposition qui est de consi­ dérer a priori les effets eux-mêmes comme étant déjà ceux d'un automa­ tisme insérables avec celui-ci dans une structure, effets inertes déjà donnés dans le Monde (Husserl aurait dit dans l' « attitude naturelle>>) et enregis­ trés. C'est préjuger ainsi de la nature de l'Identité-en-personne et, fort de ce cercle vicieux, conclure de la nature automatique et mécanique suppo­ sée de ces effets à leur productibilité par une machine. Mais rien ne se passe ainsi dans la pratique non-philosophique qui n'est pas un automate simulant l'homme. C'est là une vision contemplative ou théoriciste, donc un objectivisme absolu, matérialiste ou bien justement mécaniste de manière a priori, ce qui est une possibilité philosophique. Examinons ces effets de la pratique non-philosophique puisque c'est là le critère ou l'ar­ gument secret de l'objection. 6 Certes il y a des effets (de clonage) mais ils n'ont rien d'automatique et ne doivent pas être considérés dogmatiquement comme des choses inertes. Ils sont pour partie, côté matériau, formés de choses inertes du Monde mais déjà enveloppés dans un horizon de philosophabilité ou de transcendance (qui lui-même inclut la possibilité d'un sujet ou de ce que l'on appelle ainsi), ces deux composants étant mélangés. Et pour une autre « partie » d'une immanence radicale ou « vécue » (le Vécu-en-personne) qui, elle, exclut d'être mélangée et n'est pas de toute façon une partie d'un ensem­ ble. Or le mélange et le non-mélange ne se mélangent pas mais, si l'on peut dire, s'épousent ou s'embrassent, s'unissent sans anneau de synthèse, dans une alliance irréversible que l'on appelle le sujet-existant-Étranger ou exis­ tant-en-lutte. Ce sujet est le véritable effet, entier, en son identité et sa dua­ lité (unilatérale), c'est la pratique comme incluant un matériau à forme­ philosophie. Où dans ce sujet l'effet de la pratique est-il lisible ? Dans et comme ce que nous avons appelé le phénomène ou l'apparaître du sujet pratique, qui n'est pas la juxtaposition de deux moitiés mais la transforma­ tion de l'un des côtés par l'autre auquel il s'unifie sans synthèse. Les effets par exemple d'énoncés textuels, s'ils ne sont pas continûment rapportés à 1 'Identité-en-personne ou clonés, perforrnés, redonnent lieu à de la prati­ que chosifiée et inerte, automatique, aperçue du point de vue de la philo­ sophie seule et livrée alors à la division dont on a parlé plus haut. L'être­ perforrné de 1 'Identité ou de l'Homme-en-personne et de ses effets clonés toutefois n'est pas lui-même visible ou sensible, mais il se marque par de tels effets non pas dans le visible et le sensible de l'histoire et du monde comme dans un réceptacle, mais à même leur forme-philosophie ou monde. Cette forme ainsi transformée donne lieu à un apparaître phénomé­ nal ou déterminé-en-dernière-identité (en-dernier-vécu ?). C'est la forme­ philosophie telle que donnée en-Un, ou encore son identité transcendan­ tale. Dans cette forme-philosophie est incluse en particulier de la subjectivité dont l'apparaître phénoménal en-Un est le tissu de l'effet de sujet. Il est donc exclu de toute façon que les effets déterminés, qui sont d'extraction philosophique puissent être produits par un système automatique, du moins pour autant que le mécanisme transcendantal de la philosophie puisse échapper lui-même à cet automatisme et à cette réduction à un sim­ ple mécanisme. C'est la transcendance en général qui exclut sa réduction à un algorithme. Maintenant on peut évidemment poser le problème du degré d'automatisation possible de la transcendance qui est le nerf trans­ cendantal de la philosophie. Mais dans la mesure où elle se continue quoi- 7 que transformée dans le sujet, elle limite les chances de 1' automaticité et du formalisme. On peut évidemment comparer les modes d'immanence de l'Homme et de la machine. Ou bien celle-ci suppose un humain dont la machine imite au plus près le fonctionnement, c'est une intériorité de conscience étalée dans l'espa ce. Ou bien cette immanence ma chinique et algorithmique est première, et c'est la conscience ou notre concept de conscience qui imite la ma chine. On tourne dans un cercle vicieux. L'Homme-en-personne, lui, n'est pas un sujet au sens traditionnel ni un « homme » au sens anthropologique, un mode en général de la conscience ou de l'être. En un sens la « passivité » de l'Homme-en-personne ne fait que renforcer l'aspect « mécaniste », même si l'on dit que c'est du vécu pur. Son aspect d'automatisme est peut-être une apparence créée par l'ab­ sence ou le manque d'un sujet a ctif, repérable et identifiable, qui fait croire à une machine. L'Identité-en-personne ressemble à une machine sans en être une, uploads/Philosophie/ francois-laruelle-homo-ex-machina.pdf

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