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Persée Portail Persée Perséides Data Persée Blog Retour à la collection Sous la direction de Gil Delannoi [Éditeur intellectuel] Edgar Morin [Éditeur intellectuel] Avant-propos [liminaire] 5 - 6 Gil Delannoi Edgar Morin La nation entre la société et le rêve [article] 7 - 15 Gil Delannoi Le national et le rationnel [article] 17 - 49 Jean-Jacques Guinchard Au-delà de la conception politique de la nation [article] 51 - 67 Chris Southcott Obstacles à tout concept de « caractère national » [article] 69 - 74 Gregory Bateson Un modèle géo-économique et géopolitique [article] 75 - 100 Stein Rokkan La notion de nation en France au Moyen Age [article] 101 - 116 Colette Beaune Le cri de Valmy [article] 117 - 155 Georges Gusdorf Nation, Etat et culture : l'exemple du sionisme [article] 157 - 170 Pierre Birnbaum Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Référence bibliographique Plan Figures Documents liés Référence bibliographique Documents liés Référence bibliographique Plan Documents liés Référence bibliographique Plan Documents liés Référence bibliographique Communications, 45, 1987. Eléments pour une théorie de la nation. - Persée https://www.persee.fr/issue/comm_0588-8018_1987_num_45_1 1 of 2 6/5/2021, 9:35 AM Fondations de l'Etat-nation ivoirien [article] 171 - 188 Yacouba Konaté La formation de l'identité nationale chilienne au XIXe siècle [article] 189 - 212 Marie-Noëlle Sarget La nation et l'unité européenne [article] 213 - 229 Jean-Luc Chabot Activités du CETSAP de 1984 à 1986 [autre] 231 - 254 Plan Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Plan Référence bibliographique Communications, 45, 1987. Eléments pour une théorie de la nation. - Persée https://www.persee.fr/issue/comm_0588-8018_1987_num_45_1 2 of 2 6/5/2021, 9:35 AM Communications Avant-propos Gil Delannoi, Edgar Morin Citer ce document / Cite this document : Delannoi Gil, Morin Edgar. Avant-propos. In: Communications, 45, 1987. Eléments pour une théorie de la nation. pp. 5-6; https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1987_num_45_1_1664 Fichier pdf généré le 10/05/2018 Avant-propos Quand nous avons eu l'idée de faire ce numéro, nous pensions qu'il était possible et nécessaire de présenter une théorie de la nation. Nous le pensions d'autant plus que la théorie de la nation n'a pas connu un développement correspondant à l'importance et à l'extension du phénomène national dans le monde. La nation constitue une dimension essentielle des sociétés où nous vivons, et il est difficile de soutenir que le phénomène national est promis à disparaître bientôt. Qu'il ne soit pas facile d'en faire la théorie incite à persévérer plutôt qu'à renoncer. Les auteurs du XIXe siècle avaient affronté le problème de la nature de la nation. Ce problème les dirigea vers la définition des propriétés idéales de la nation ; l'expansion des nationalismes les y poussait. De plus, le culte romantique du sentiment renforçait la puissance émotionnelle de l'idée nationale. L'histoire nationale fortifiait la nation et la nation encourageait l'histoire nationale. Michelet a forgé une image inoubliable de cette vive croissance. Renan a formulé une conception spirituelle de la nation cristallisant les volontés individuelles. La conception allemande opposait à cette idée volontariste l'idée d'une culture nationale assignée pour toujours à l'individu. Le peuple des ancêtres n'est pas le peuple des citoyens. Avant la catastrophe des nationalismes dans la guerre mondiale, le cas de l'empire austro- hongrois avait donné à la pensée qui se voulait la plus internationaliste la conscience que les nationalités persistaient et devaient être intégrées dans le fédéralisme international. Ce fut l'austro-marxisme. Staline lui-même, avant d'asseoir sa dictature et d'étendre son empire, fut contraint de répondre à cette question. La sociologie a eu de bonnes raisons de se méfier d'une réalité opaque qui semblait mener plus directement à une idéologie (le nationalisme) qu'à un savoir. Cette rigueur distante perdait au change un phénomène dont le sentiment romantique avait mesuré la profondeur. Dans les années cinquante, des études de science politique ont considéré les nations en cours de formation et ont retrouvé le problème. La nécessité de penser la formation des nations avec toutes les nuances requises a amené les théoriciens du « nation-building > à s'interroger sur la genèse des Etats-nations les plus anciens et à reconsidérer l'histoire de l'Europe Gil Delannoi et Edgar Morin (voir l'article de Stein Rokkan). Il est possible aujourd'hui de partir de cette base comparatiste pour multiplier les études de détail et améliorer les synthèses. Nous espérons que les quelques éléments assemblés ici permettront de poursuivre cet effort. La théorie ne peut restituer à elle seule l'image entière de la nation ; il faut y adjoindre une mythologie qui relève de la croyance quasi religieuse et des habitudes et des goûts esthétiques (Gil Delannoi). Il faut constater que la philosophie n'a jamais réduit la nation à un concept, ni même à une idée univoque (Jean-Jacques Guinchard), et que les théories de la nation sont loin d'être fixées (Chris Southcott). La théorie et l'exemple doivent se conjuguer, comme on le voit par les exemples de la France médiévale (Colette Beaune), de l'invention révolutionnaire de la nation à la française (Georges Gusdorf), et de la situation singulière d'Israël (Pierre Birnbaum). Enfin, des textes sur l'Afrique (Yaeouba Konaté), l'Amérique latine (Marie-Noëlle Sarget) et l'unification européenne (Jean-Luc Chabot) nous livrent une réflexion sur les données récentes de la construction d'une identité nationale. Les situations du Moyen et de l'Extrême-Orient, l'école, les mythes nationaux méritaient des études propres. Il faut une suite à ce numéro. Gil Delannoi et Edgar Morin Communications La nation entre la société et le rêve Gil Delannoi Citer ce document / Cite this document : Delannoi Gil. La nation entre la société et le rêve. In: Communications, 45, 1987. Eléments pour une théorie de la nation. pp. 7- 15; doi : https://doi.org/10.3406/comm.1987.1665 https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1987_num_45_1_1665 Fichier pdf généré le 10/05/2018 Gil Delannoi La nation entre la société et le rêve Au cours d'un match de football, celui qui n'a pas ressenti un frisson de plaisir quand la balle entre dans le but adverse ou vécu l'instant de stupeur quand elle vient, sans remède, s'éteindre au fond des filets de « son » équipe, ignore l'une des manifestations les plus courantes et les plus expansives du sentiment national actuel. Car le sport, à sa manière, présente l'essentiel des facettes de l'appartenance nationale, des éléments les plus objectifs de l'altérité aux figures les plus mythiques de la vie des peuples. L'étranger m'impose ma nationalité lorsqu'il me tient pour « représenté » par les résultats de l'équipe de mon pays, et, dans les épisodes de la chanson de geste moderne, le sportif s'élève au rang de héros national, les grandes victoires entrent dans la légende et les exploits deviennent propriété collective de la nation. Le spectateur enthousiasmé reproduit dans un même élan quelques réflexes directement constitutifs de la nation. Applaudissant ses héros, il s'applaudit lui-même, et cette vanité celée finit par s'épanouir dans le communautaire « On a gagné ! >. Ce supporter veut la mort, au moins cathartique, de l'adversaire, mais proclame aussi que l'essence de la compétition est la joie de lutter ensemble dans la tolérance et le respect des peuples entre eux. . Le sport énonce sur le mode ludique la vérité miniature du drame joué, grandeur nature, par les nations. Le style, l'organisation du jeu comme l'inspiration du joueur expriment dans le périmètre symbolique du gazon le caractère national ailleurs revendiqué et défendu par une1 culture, une manière de vivre, et par une armée. Ainsi l'individu puise un sens personnel dans le devenir d'un grand être historique, sorte de demi -dieu luttant pour le rayonnement et l'immortalité sur la scène de l'histoire. Le ciment de cette appartenance nationale doit être constamment renouvelé, d'où l'existence extra-sportive, épique et laïque, d'un panthéon infini. En France: Vercingétorix, Jeanne d'Arc, Henri IV, Napoléon, de Gaulle. < La nation appartient à cette catégorie de problèmes (époque, culture, air du temps) dans lesquels rien n'est simplement donné, rien n'est clairement conceptuel, si toutefois il y a là quelque chose de conceptuel. C'est pourtant une réalité indéniable, une dimension de la vie aux Gil Delannoi multiples aspects concrets. Un passeport, un poste de douane, un guichet de change sont les marques quotidiennes de cette réalité dont les champs de bataille et les terrains de jeu sont les hauts lieux. Dans l'atmosphère de dépaysement, charmeuse ou désagréable, que crée l'environnement d'une langue, de repères et d'objets incompréhensibles, se mesure la rupture des habitudes inconscientes auxquelles nous a habitués la nation où nous vivons. Des forces d'étrangeté et de familiarité s'exercent en tous sens, et malgré ce luxe foisonnant de détails et de signes, la nation, en tant qu'idée, a peu de stabilité. C'est un élément liquide ou gazeux épousant la forme de ce qui le contient ou le formule. Pas de solidité dans ce phénomène evanescent, paradoxe et question bien plus que réponse à quelque interrogation que ce soit. Le besoin de le nommer est cependant suffisamment universel pour qu'on réduise ce flou en lui collant l'étiquette de « nation »., L'exemple du sport, bel emblème de la nation, est, comme toute parabole, à la fois lumineux et trompeur. Le sport conserve-t-il, dans une tiédeur bonasse, le potentiel refroidi d'un sentiment national qui pourrait être bien plus uploads/Philosophie/ communications-45-1987-elements-pour-une-theorie-de-la-nation.pdf