Librairie Philosophique J. Vrin La “Certitude Probable” Author(s): A. Gardeil S
Librairie Philosophique J. Vrin La “Certitude Probable” Author(s): A. Gardeil Source: Revue des Sciences philosophiques et théologiques, Vol. 5, No. 2 (1911), pp. 237-266 Published by: Librairie Philosophique J. Vrin Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44412058 Accessed: 11-06-2020 14:19 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Librairie Philosophique J. Vrin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue des Sciences philosophiques et théologiques This content downloaded from 132.248.9.41 on Thu, 11 Jun 2020 14:19:59 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms La "Certitude Probable" ... Circa contingentia et variabilia ... sufficit probabilis certitudo, quae ut in pluribus veritatem attingati etsi in paucioribus à ver i tate defìciat. Summa theologica , IIa IIae, q. lxx, a. 2. La bilité? certitude - Une est-elle telle question en opposition surprendra absolue certainement, avec la et proba- cho- bilité? - Une telle question surprendra certainement, et cho- quera peut-être nombre de théologiens contemporains, plus ver- sés dans la lecture des théologiens modernes, - j'entends de la période qui va du milieu du XVIe siècle à l'époque actuelle, - que dans l'étude des anciens logiciens et des anciens théo- logiens. Il n'est rien de plus fréquent que de voir déclarer évidente l'irréductibilité de la probabilité à la certitude. Je re- lève, par exemple, dans l'une des dernières thèses solennelle- ment discutées en France, cette proposition où s'affirme une sécurité presque candide : Motiva credibilitatis non sunt proba - bilia argumenta sed certa. Évidemment, le rédacteur de cet énon- cé n'appartient pas, par le langage s'entend, à l'école du doc- teur angélique, pour qui l'expression probabilis certitudo était normale et qui, dans une seule de ses Questions, l'a répétée à plusieurs reprises, et commentée avec une insistence qui ne permet pas de la considérer comme un obiter dictum (1). L'opinion régnante date des débuts du XVIe siècle. Vers 1544, Dominique Soto donne à ses partisans l'épithète de Moderni (2), de Juniores (3), de Doctores hu jus temporìs . Elle est dès lors tellement répandue que notre auteur n'essaie pas de s'op- 1. S. Thomas, Summa theol IIa IIae, q. LXX. 2. D. Soto, In Dialecticam Aristotelis Commentarli , Posteriorem 1. I, q. VIII: Ďe scientiâ, fide et opinione, Salamanque, 1554, p. 128 recto, col. 1. 3. Ibidemy verso, col. 1. 5« Année. - Revue des Sciences. - N° 2. 16 This content downloaded from 132.248.9.41 on Thu, 11 Jun 2020 14:19:59 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 238 REVUE DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES ET THÊOLOGIQUES poser au courant : « Dico quod postquam abiit in usum ponere distinctionem essentialem inter fidem humanam (assentiment ceis tain) et opinionem (assentiment comportant la crainte comme élément essentiel) hoc demus usui diabeticorum » (1). Tout au plus réservait-il timidement, quoique non sans hauteur, les droits d'une intelligence plus philosophique de la question : « Nihi- lominus licet loquamur ut plures , liceat sapientibus sentire cum paucis et loqui ad modum quo loquitur Aristoteles » (2). Les probabilistes ne se sont pas crus tenus à tant de distinctions. Ils ont adopté de confiance, universellement, le langage et la conception nouvelles. La chose n'a pas été sans à-coup. C'est, pour ne citer qu'un exemple, en fonction de! ce langage et de cette conception du probabilisme, (et non pas en fonction du langage et de la conception des anciens), qu'il faut entendre cette proposition condamnée par Innocent XI : « Assensus fidei supernaturalis et utilis ad salutem stat cum notitia solum probabili revelationis , imo cum formidine qua quis formidet ne non sit locutus Deus » (3). Dans mon ouvrage sur La Crédibilité et V Apologétique , j'ai suivi la vieille manière, qui est, à mon sens, la bonne. Je n'ai pas tardé à comprendre, par les réserves qui m'étaient faites i 1. Ibidem , recto, col. 1. 2. Ibidem , recto, col. 2. La suite de ce texte établit que c'est aussi la pensée de Saint Thomas. 3. Dccretum SS. Officii , 2 Martii 1679; Cf. Denziger, Enchiridion , n. 1169, (1038). Si l'on veut une preuve textuelle de la différence entre le sens du mot probable dans cette proposition et chez les anciens, on peut lire le texte des Decrétales , (Cf. Décret. Greg. IX, 1. v. de De Sent, ex- comm., tit* XXXIX, cap. XLIV, Inquisitioni ; édit. de Turin, 1588, col. 2125-2126) résumé par Saint Thomas, De Ver., Q. XVII, a. 4, obj. 4 : « Secundum Jura, si aliquis habet conscientiam quod uxor sua attineat sibi in aliquo gradu prohïbito, et conscientia ilia sit probabilis, tunc oportet earn sequi contra praeceptum Ecclesiae, e' iam si excommunicatio addatur... Sed conscientia erronea... nullo modo est probabilis. Ergo talis conscientia non li- gat. » Et Saint Thomas de répondre : « Ad quartum dicendum quod quando con- scientia non est probabilis , tunc debet earn deponere... » On le voit, avec les anciens nous sommes dans un autre monde. 11 est à noter que, par un singulier retour des choses, l'insertion dans des documents ecclésiastiques officiels des propositions condamnées des probabi- listes a été l'un des principaux instruments de vulgarisatiop de leur vocabu- laire. Pour que les erreurs des probabilistes soient atteintes, il fallait que les mots fussent entendus avec le sens qu'ils y attachaient. Beaucoup de théologiens ne prirent pas garde que ce sens était nouveau, et, condamnant avec l'Église la proposition, ils propagèrent la manière d'entendre les termes dont cette propo- sition était solidaire. - J'ai signalé un cas, somme toute, analogue dans Le Don- né révélé et la Théologie , p. 47. This content downloaded from 132.248.9.41 on Thu, 11 Jun 2020 14:19:59 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LA « CERTITUDE PROBABLE » 239 et les objections gui m'étaient présentées, q n'était pas compris (1). Ce n'est pas que je Soto, réagir contre l'usage. Avec un théologien dont je viens de publier le Traité de la Conscience, et qui fut mon initiateur en Théologie morale, j'estime que les choses en sont rendues à un tel point, en casuistique du moins, qu'il est inutile de ré- sister au torrent (2). Mais cette concession ne tranche pas la question, toute spéculative, de logique et de méthodologie que soulèvent la notion du probable et ses relations avec la certitude. ! C'est sous cet angle de la logique méthodologique que je Voudrais reprendre le problème. Ce travail ne sera donc pas une discussion des points de vue qui se sont fait jour à ren- contre des miens. La discussion sera courte et n'apparaîtra guère que dans quelques notes. C'est en elle-même et pour elle-même que je voudrais traiter la question de la Certitudo probabilis- Ce que Newman a tenté dans sa Grammar, pour l'expérience vitale de l'assentiment, du point de vue de l'analyse psycholo- gique, n'est-il, pas possible de le réaliser, pour la réalité concep- tuelle de l'assentiment non-scientifique, du point de vue logique? Cette Logique de l'assentiment d'opinion, les anciens l'ont con- nue, largement développée; et leur doctrine de la certitude probable en est le centre. Je m'attacherai donc, avant tout, à faire revivre, dans tout son relief, cette notion, aujourd'hui ou- bliée, méconnue, défigurée et cependant, c'est ma conviction, toujours éclairante, toujours actuelle; j'essaierai de mettre en valeur les arguments et les motifs qui l'appuient et, par leur bien fondé, peuvent donner lieu, - si je ne me trompe du tout au tout, - à un intéressant arbitrage. L'opposition des deux termes en présence : probabilité et cer- titude, détermine la direction du mouvement de pensée par le- quel nous allons tenter de les unir. Nous nous camperons d'abord dans l'objet, le probable, et, par une marche régressive et s'in- tériorisant de plus en plus, nous descendrons vers l'attitude du 1. Cf. J.-V. Bainvel, Un essai de systématisation apologétique , Revue pratique d'Apologétique , mai 1908. E. Hugueny, L'évidence de Crédibilité , Revue thomiste, juin 1909; Réponse au R. Pś Lagae, Ibid., sept. 19Í0. 2. R. Beaudouin, 0. P. Tractatus de Conscientiâ , curâ et studio R. P. A. Gardeil editus, Tournai, Desclée et Cie; Paris, J. Gabalda; Fribourg, Herder; 1911, pp. 35, 36, 38, et surtout p. 45. This content downloaded from 132.248.9.41 on Thu, 11 Jun 2020 14:19:59 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms ¿40 REVUE DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES ET THÉOLOGIQUES sujet qui lui correspond. Les étapes de ce progrès dynamique peuvent se jalonner ainsi. /. Le prouvé et le probable : Question d'existence . II. Définition réelle et structure concrète du probable : son sujet, ses facteurs , ses propriétés. III. L'assentiment d'opinion, sa définition, son sujet et ses causes subjectives, sa propriété : formido errandi. IV. La (( certitude probable ». I Le Prouvé et le Probable. Nous disposons de deux méthodes pour déterminer uploads/Philosophie/ gardeil-la-certitude-probable-1-pdf.pdf
Documents similaires
-
14
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 05, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.8659MB