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HAL Id: hal-03228188 https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03228188 Submitted on 17 May 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’enfant et la philosophie : de l’enfant-fardeau à l’enfant-citoyen Marjorie Metz To cite this version: Marjorie Metz. L’enfant et la philosophie : de l’enfant-fardeau à l’enfant-citoyen. Philosophie. 2021. ￿hal-03228188￿ UFR Sciences Humaines et Sociales - Nancy Année universitaire 2020-2021 L’enfant et la philosophie : de l’enfant-fardeau à l’enfant-citoyen Présenté par : Marjorie METZ Sous la direction de Anna ZIELINSKA Mémoire présenté le 12/05/2021, devant un jury composé de : Anna ZIELINSKA, Maître de conférences Christophe BOURIAU, Professeur Mémoire de Master, mention Philosophie 2 3 4 5 Remerciements Merci à ma directrice, Mme Anna ZIELINSKA, pour sa précieuse aide et ses conseils dans la réalisation de ce mémoire. Merci à M. Christophe BOURIAU, membre du jury, pour sa participation et son regard sur mon travail. Merci à ma famille et à mes ami.e.s qui m’ont aidée à la correction et à la relecture de ce mémoire. 6 7 TABLE DES MATIERES Introduction..................................................................................................................................................... 9 1. L’enfant dans l’histoire de la philosophie ......................................................................................... 13 1.1 Vision fragmentée de la figure de l’enfant dans l’Antiquité et les débuts de la modernité ............. 15 1.1.1 L’Antiquité ........................................................................................................................................ 15 1.1.2 L’enfant dans la modernité : entre raison innée et raison empirique ............................................. 20 1.2 Friedrich Nietzsche (1844-1900) : se métamorphoser en enfant ........................................................... 24 1.2.1 L’enfant comme figure de métamorphose et de dépassement de soi ............................................ 24 1.2.2 L’éducation comme outil pour l’avènement d’une culture aristocratique ...................................... 30 1.3 John Dewey (1859-1952) : l’enfant et l’élève .......................................................................................... 36 1.3.1 La démocratie créatrice .................................................................................................................... 36 1.3.2 L’éducation et la démocratie ............................................................................................................ 37 1.3.3 La dialectique de l’éducation ........................................................................................................... 40 2. L’enfant comme sujet dans la philosophie ....................................................................................... 45 2.1 Freud & Piaget : ecouter et observer l’enfant ......................................................................................... 47 2.1.1 Sigmund Freud (1856-1939) ......................................................................................................... 47 LE DIALOGUE ENTRE L’ADULTE ET L’ENFANT COMME CONDITION DE POSSIBILITE DE L’HOMME ................ 47 L’ENFANT, UN ETRE COMPLEXE ET RATIONNELLEMENT AUTONOME .................................................. 49 2.1.2 Jean Piaget (1896-1980) ............................................................................................................... 51 L’ENFANT ANIMISTE ............................................................................................................. 51 L’ENFANT EGOCENTRIQUE ..................................................................................................... 53 L’ENFANT : ETRE SOCIAL OU ETRE ASOCIAL ? .............................................................................. 54 2.2 Matthew Lipman et la philosophie pour enfants (PPE) (1923-2010) ...................................................... 56 2.2.1 « Tous les philosophes ont un jour été des enfants » ...................................................................... 56 2.2.2 L’enfant, espoir d’une société renouvelée ................................................................................... 60 2.2.3 La philosophie pour enfants, une pratique d’investigation en communauté de recherche ........ 61 2.3 Lévine, Tozzi : deux autres approches de la philosophie pour enfants ................................................... 65 2.3.1 Jacques Lévine et l’enfant Homo Philosophicus (1923-2008) .......................................................... 65 UNE ONTOLOGIE DE L’ENFANCE .............................................................................................. 65 ECOUTER L’ENFANT EN RECHERCHE D’IDENTITE ........................................................................... 68 8 2.3.2 Michel Tozzi et la didactique du philosopher ................................................................................... 71 POUR UNE EDUCABILITE PHILOSOPHIQUE DE L’ENFANT ................................................................. 71 UNE DIDACTIQUE DE L’APPRENTISSAGE DU PHILOSOPHER .............................................................. 74 3.Perspectives empiriques et conceptuelles ............................................................................................. 79 3.1 Olivier Houdé et la neuropédagogie ....................................................................................................... 81 3.1.1 L’enfant, un être naturellement scientifique ................................................................................... 81 3.1.2 Une nouvelle théorie du développement de l’enfant ...................................................................... 84 3.1.3 L’école en route vers la neuropédagogie ? ...................................................................................... 87 3.2 La mise en pratique de la philosophie pour/avec les enfants (PPE/PAE) ................................................ 90 3.2.1 La philosophie permet-elle de favoriser des attitudes démocratiques ? ......................................... 90 3.2.2 La philosophie permet-elle de produire des individus dotés de meilleures compétences cognitives et émotionnelles ? ..................................................................................................................................... 93 3.2.3 La PPE/PAE : limites et mises en garde ............................................................................................ 95 3.3 Réflexion plus générale sur la nécessité d’une éducation critique .................................................. 97 Conclusion ................................................................................................................................................... 100 Bibliographie ............................................................................................................................................... 103 9 INTRODUCTION Les enfants ne sont pas capables de philosopher. C’est du moins la thèse défendue par une école philosophique qui pense qu’il faudrait que l’enfant ait atteint un certain niveau de maturité pour qu’il puisse faire preuve d’une réflexion philosophique satisfaisante. L’enfant serait l’infans, celui qui ne parle pas (du moins pas comme l’adulte) et qui ne serait donc pas suffisamment doué de raison. Malgré les changements opérés par les travaux de certains psychologues, scientifiques et philosophes qui prouvent que l’enfant est un être possédant un dialogue interne riche et capable de partager sa propre vision du monde pour peu qu’on l’encourage à le faire, ce préjugé continue d’être largement relayé. Depuis une cinquantaine d’années, il existe une pratique de la philosophie pour enfants qui s’impose progressivement dans le paysage philosophique mais qui n’est pas vraiment considérée de manière sérieuse. La philosophie serait un domaine réservé à l’adulte, qui se résumerait à l’apprentissage de doctrines philosophiques, à la création de concepts, ou encore à une pratique de recherche. Pourtant, il est urgent de faire de la philosophie avec les enfants et pour les enfants afin de les aider dès le plus jeune âge à acquérir une certaine forme d’autonomie intellectuelle. Il faut philosopher avec les enfants car le philosopher ne tire sa véritable valeur que d’un échange bienveillant entre l’adulte et l’enfant, celui-là nourrissant le souci constant de voir la réflexion de l’enfant s’élever et mûrir de manière autonome, tout en étant guidée par l’adulte qui intervient en tant qu’accompagnateur des mouvements de la pensée. Comme dans une danse, il les retient ou au contraire leur donne l’impulsion nécessaire pour s’épanouir. En premier lieu, la préposition pour évoque l’idée un peu péjorative qu’il faudrait mettre la philosophie à hauteur d’enfant pour que celle-ci, en tant que discipline réputée ardue, leur soit accessible. De façon plus extrême, ce terme peut même paraître ségrégatif : nous aurions les enfants ignorants d’un côté et les adultes savants de l’autre. Je suis convaincue que tous les enfants sans exception naissent philosophes en puissance. C’est la vie qu’on leur offre qui les éloigne de leur prédisposition naturelle à philosopher. Mais la philosophie pour enfant peut aussi posséder un sens beaucoup plus positif puisque cela peut aussi vouloir dire que l’adulte, dans son rôle de créateur, intervient pour proposer une palette d’outils philosophiques adaptée aux intérêts de l’enfant dans le but de philosopher avec lui (livres et albums jeunesse par exemple). Dans le cas de la philosophie avec les enfants, nous semblons nous situer directement dans l’action de philosopher puisque c’est dans la discussion même que la pensée critique se construit. Dans le second cas, l’outil en tant que création représente une médiation qui permet la pratique de la philosophie avec l’enfant. Cependant, cet outil n’est pas la finalité ultime puisqu’il sert l’action de philosopher avec l’enfant. Je pense donc que la philosophie doit se faire avec les enfants, l’adulte occupant une posture d’éducateur attentif et bienveillant, tout en se faisant évidemment pour eux puisque la création d’outils spécifiques est ce qui permet d’éveiller et de maintenir la curiosité de l’enfant pour les discussions proposées. Il faut évidemment admettre qu’il est nécessaire d’adapter la pratique de la philosophie telle que nous la connaissons afin que l’enfant puisse s’en saisir. Cette manière de philosopher s’apparente donc tout aussi bien à une poïésis qu’à une praxis puisque ce type de philosophie trouve tout autant son utilité dans le fait même d’accompagner les enfants à structurer leur pensée, que dans la production d’outils qui vont venir soutenir cet objectif. La prise en compte de l’enfant dans sa spécificité d’enfant - en tant qu’il est un être qui porte un regard neuf sur la vie - mais également dans son statut plus général d’être humain égal à l’adulte, me semble être une démarche cruciale pour tendre vers une évolution positive de notre société. Nous parlons aujourd’hui naturellement de la « crise de l’éducation », qui entraînerait avec elle une « crise de l’autorité ». Un sondage CSA montre que 75 % des parents voient dans cette crise la principale cause de violence dans les établissements scolaires, ainsi qu’une des principales causes des difficultés scolaires (43 %) (Galichet, 10 2006, p. 1). Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation, il est important de faire une brève rétrospective anthropologique sur la place de l’enfant dans la société. En effet, il est bon de savoir que même si la question de l’enfant anime depuis quelques siècles les recherches scientifiques, le souci de celui-ci n’a visiblement pas toujours été une priorité. L’ouvrage de Philippe Ariès, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, nous explique qu’avant le 18ème siècle, l’enfant ne possédait pas de statut juridique propre. Plusieurs pratiques témoignaient de cette absence de droits : la pratique courante des infanticides jusqu’au milieu du 18ème siècle, celle tout autant admise des abandons d’enfants qui n’étaient pas socialement réprouvée et le droit, pour les parents, de faire emprisonner leurs enfants. Il y avance une grande idée, aujourd’hui contestée, que le Moyen-Age ne possédait qu’un vague sentiment de l’enfance. Après ses uploads/Philosophie/ marjorie-metz-memoire-l-x27-enfant-et-la-philosophie.pdf

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