Genre (sciences sociales) Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Aller
Genre (sciences sociales) Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Aller à : navigation, rechercher Pour les articles homonymes, voir genre. Une femme à l'usine pendant la Seconde Guerre mondiale, occupant ainsi un rôle traditionnellement vu comme masculin. Le genre est un concept utilisé en sciences sociales pour désigner les différences non biologiques entre les femmes et les hommes. Alors que le sexe fait référence aux différences biologiques entre femmes et hommes, le genre réfère aux différences sociales, psychologiques, mentales, économiques, démographiques, politiques, etc. Le genre est l'objet d'un champ d'études en sciences sociales, les études de genre. Ce concept est apparu dans les années 1950 dans les milieux psychiatriques et médicaux, aux États-Unis. À partir des années 1970, le genre est fréquemment utilisé par les féministes pour démontrer que les inégalités entre femmes et hommes sont issues de facteurs sociaux, culturels et économiques plutôt que biologiques. L'expression « théorie du genre » est essentiellement utilisée en France par ceux qui contestent la scientificité et la bonne foi des études de genre pour qualifier et critiquer le concept de genre. Sommaire [masquer] 1 Histoire et définition o 1.1 Étymologie et histoire en sciences sociales o 1.2 Usage courant o 1.3 Définition 2 Construction sociale 3 Processus relationnel 4 Rapport de pouvoir 5 Genre et autres rapports de pouvoir 6 Politique publique et genre 7 Critiques du concept de genre et « théorie du genre » o 7.1 L'expression « théorie du genre » : querelle sémantique o 7.2 Critiques du concept de genre 8 Bibliographie o 8.1 Ouvrages généraux o 8.2 Ouvrages critiques 9 Notes et références o 9.1 Notes o 9.2 Références 10 Voir aussi o 10.1 Articles connexes o 10.2 Liens externes Histoire et définition[modifier | modifier le code] Étymologie et histoire en sciences sociales[modifier | modifier le code] Le mot « genre » vient du latin « genus », devenu en ancien français « gendre ». Le mot a d'abord le sens de « catégorie, type, espèce » puis le sens de « sexe ». Le mot a longtemps été majoritairement associé au genre grammatical. Les travaux de Margaret Mead jouent un rôle précurseur dans ce domaine, dès 1935. Mead utilise le concept de « rôle sexué », qui distingue pour la première fois le rôle social et le sexe et est l'ancêtre direct de l'idée de genre. Le terme de « genre » (gender) a été employé pour la première fois avec sens non- grammatical dans une publication scientifique en 1955 par le psychologue et sexologue controversé John Money, dans un article où il introduit le concept de « rôle de genre » (gender role) : « le terme de rôle de genre est utilisé pour désigner tout ce que dit ou fait un individu pour se dévoiler […] comme ayant, respectivement, le statut de garçon ou d'homme ou bien de fille ou de femme. Il inclut, sans y être limité, la sexualité au sens de l'érotisme ». En 1964, les psychanalystes Robert Stoller et Ralph Greenson créent le concept d' « identité de genre » (gender identity) pour désigner « le sentiment qu'on a d'appartenir à un sexe particulier ; il s'exprime cliniquement par la conscience d'être un homme ou un mâle par distinction d'être une femme ou une femelle ». En 1968, Robert Stoller propose d'articuler les deux notions de rôle de genre et d'identité de genre : « l'identité de genre commence avec le savoir et la réalisation, consciente ou inconsciente, que l'on appartient à un sexe et non à un autre [...] le rôle de genre est la conduite déclarée que l'on montre en société, le rôle qu'on joue, notamment vis-à-vis des autres ». En 1972, John Money considère, de manière convergente, que « le rôle de genre est l'expression publique de l'identité de genre et l'identité de genre, l'expression privée du rôle de genre ». En 1972, la sociologue Ann Oakley reprend le terme « genre » tout en s'écartant des définitions de Money et Stoller : elle s'appuie sur l'articulation entre nature et culture développée par Claude Lévi-Strauss pour renvoyer le sexe au biologique et le genre au culturel. À la même époque, les universitaires français préfèrent les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe »,. À partir des années 1980, sous l'influence de la pensée de Michel Foucault, le genre est étudié dans son rapport au pouvoir et aux normes sociales. Dans le même temps, les études de genre gagnent de l'ampleur dans les universités au delà de la sociologie, en histoire notamment,. Enfin, le genre et son « injonction normative » sont la base des réflexions de Gayle Rubin et Judith Butler à partir des années 1990 dans leurs études sur les minorités sexuelles . La notion de genre est également utilisée par le mouvement féministe à partir des années 1970 puis 1980, qui souhaite démontrer l'oppression créée par la hiérarchie des sexes. Usage courant[modifier | modifier le code] En anglais, le mot « gender » est utilisé de manière courante, généralement pour exprimer les différences entre femmes et hommes en insistant sur les différences culturelles plutôt que biologiques. C'est donc via les traductions de l'anglais que ce terme a pénétré les sciences sociales en France. Cependant, l'utilité de cette traduction-calque en français demeure débattue car les bornes sémantiques des termes « sexe » et « genre » ne seraient pas les mêmes en français et en anglais, le concept anglo-saxon de gender étant en grande partie inclus dans le « sexe » français. C'est notamment l'avis de la Commission générale de terminologie et de néologie qui recommandait en 2005 de ne pas employer « genre » malgré son utilisation croissante dans certains champs des sciences sociales, arguant qu'« il semble délicat de vouloir englober en un seul terme des notions aussi vastes », qu'« en français, le mot sexe et ses dérivés sexiste et sexuel s’avèrent parfaitement adaptés dans la plupart des cas pour exprimer la différence entre hommes et femmes, y compris dans sa dimension culturelle » et concluant que « la substitution de « genre » à sexe ne répond donc pas à un besoin linguistique », et ce même si l'emploi de « genre masculin/féminin » pour désigner hommes et femmes a des attestations remontant au XVI e siècle . Définition[modifier | modifier le code] Le genre peut se définir de la manière suivante : « [U]n système de bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin). » Le genre se distingue donc du sexe : il va au delà des attributs biologiques pour s’intéresser à la différence sociale. Le concept de genre permet donc de penser les relations entre femmes et hommes en termes de rapports sociaux. Mais le genre se distingue également de l'orientation sexuelle (hétérosexualité, bisexualité, homosexualité) qui elle-même se distingue de la transsexualité . Construction sociale[modifier | modifier le code] Mary Frith (en) (Moll Cutpurse) a scandalisé la société anglaise du XVIIe siècle en portant des habits masculins et fumant en public, à l'opposé du rôle de genre. Article connexe : Constructivisme social. La sociologue britannique Ann Oakley explique que masculinité et féminité ne sont pas des substances « naturelles » inhérentes à l’individu, mais des attributs psychologiques et culturels, fruits d’un processus social au cours duquel l’individu acquiert les caractéristiques du masculin ou du féminin. Elle propose ainsi d’introduire la notion de genre comme outil d’analyse pour permettre la distinction entre la dimension biologique (le sexe) et la dimension culturelle (le genre). Le genre est ainsi l'identité construite par l'environnement social des individus : la masculinité ou la féminité ne sont pas des données naturelles mais le résultat de mécanismes de construction et de reproduction sociale. Consciemment ou inconsciemment, la société s’organise selon le paradigme des « choses des hommes » et des « choses des femmes », au point que l’on se convainc qu’il existe des domaines ou des niveaux de domaines socialement réservés à tel ou tel des deux sexes[réf. à confirmer]. Simone de Beauvoir écrit dès 1949, en clin d'œil à « On ne naît pas homme, on le devient » d'Érasme : « on ne naît pas femme, on le devient. ». Dans Le deuxième sexe, elle explique comment la civilisation et l'éducation agissent sur les enfants pour les orienter dans un rôle masculin ou féminin qui sert l'ordre social alors même que filles et garçons ne sont pas initialement distinguables. Judith Butler rajoute que le genre est « performatif » : les actes et les discours des individus non seulement décrivent ce qu'est le genre mais ont en outre la capacité de produire ce qu'ils décrivent. Ainsi, le genre « désigne l’appareil de production et d’institution des sexes eux- mêmes. » Elle décrit le genre comme « une série d’actes répétés […] qui se figent avec le temps de telle sorte qu’ils finissent par produire l’apparence de la substance, un genre uploads/Philosophie/ genre-definition.pdf
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- Publié le Sep 09, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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