COLLECTION POUR CONNAITRE LA PENSÉE DE K A -\ T PAR GEORGES PASCAL Docteur ès-L
COLLECTION POUR CONNAITRE LA PENSÉE DE K A -\ T PAR GEORGES PASCAL Docteur ès-Lettres Agrégé de l'Université Maître de conférence à l'Université des Sciences sociales de Grenoble AVANT-PROPOS Photo couverture : CI. Roger-Viollet Un critique particulièrement bienveillant (Revue de Méta- physique et de Morale, janvier-mars 1950, p. 103) reprochait à la première édition de ce livre de prétendre s'adresser à la fois aux lecteurs spécialisés, avertis des problèmes techniques de la philosophie, et à un plus vaste public, le public simple- ment curieux des choses de l'esprit. Nous avons voulu, dans cette nouvelle édition, tenir compte de l'observation. Toute- fois, si nous avons apporté à notre exposé les précisions et les compléments que pouvait attendre un étudiant, nous nous sommes efforcé cependant de ne pas rendre le texte inacces- sible à un lecteur qui, sans être spécialiste, désirerait s'ins- truire de la philosophie kantienne. C'est pourquoi nous sommes resté fidèle à :notre méthode première, nous attardant aux démarches, au cheminement de la pensée de Kant, au lieu d'exposer simplement ses idées essentielles. Certes les inconvénients de cette méthode demeu- rent : d'une part, elle ne fait pas suffisamment ressortir, peut- être, les pièces maîtresses du système ; d'autre part, elle donne à l'exposé une allure sévère, peu engageante pour le lecteur. Sans doute un commentaire assez éloigné du texte parvien- drait-il à éclairer mieux les grandes idées de Kant qu'une analyse serrée de ses œuvres. Et ces grandes idées, résultats des longues recherches du philosophe, ont : assez d'importance en elles-mêmes pour justifier un commentaire qui ne s'atta- cherait qu'à elles. Aussi avons-nous essayé, dans cette édi- tion, de dégager en un premier chapitre les grands thèmes de la pensée kantienne. © Bordas, Paris, 1966 — 0655 790 207 ISBN 2-04-002901-X " Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur, ou de ses ayants-droit, ou ayants-cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1 er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. La loi du 11 mars 1957 n'autorise, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective d'une part, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration 8 AVANT-PROPOS Mais il semble qu'on ne puisse vraiment se faire une idée précise d'un philosophe que si l'on a suivi son effort de décou- verte et passé avec lui par les différents moments d'une démonstration. Nous n'avons donc pas cherché essentielle- ment à mesurer l'importance des thèmes fondamentaux du Kantisme. Mais plutôt nous avons essayé de montrer d'où venaient ces thèmes, comment ils se présentaient, comment ils se développaient. De là l'aspect systématique de notre exposé, qui n'est finalement qu'un résumé analytique des grandes oeuvres de Kant. De là aussi son aridité, qui est l'aridité même de ces grandes oeuvres. Kant lui-même avouait, dans la préface de la première Critique, qu'il avait cherché à obtenir « la clarté discursive », celle qui résulte des concepts, plutôt que « la clarté intuitive », qui résulte des exemples et éclaircissements concrets. D'ailleurs, remarquait-il, cette forme de clarté est souvent nuisible à la première, et « bien des livres auraient été plus clairs s'ils n'avaient pas voulu être si clairs ». Ce qu'il importe d'abord de comprendre, ce sont les articulations et la structure du système. C'est cela sur- tout que nous avons essayé de faire ressortir, sans craindre de nous écorcher, et le lecteur avec nous, aux « épines qui couvrent le sentier de la critique ». I KANT ET LE KANTISME PREMIÈRE SECTION BIOGRAPHIE Emmanuel Kant est né à Koenigsberg, le 22 avril 1724. Sa vie, qu'il passa presque entièrement dans sa ville natale, n'offre aucun incident remarquable. Elle fut celle de nombreux philosophes allemands, professeurs studieux et paisibles. Il était le quatrième d'une famille de onze enfants. Deux de ses soeurs furent servantes, et c'est assez dire que sa famille était pauvre. Son père, Jean-Georges Kant, était un ouvrier sellier, laborieux et honnête; il avait le mensonge en horreur. Sa mère, Anna-Régina Reuter, très pieuse, lui donna une ferme éducation morale. Avant de mourir, elle le mit au collège Frédéric, dirigé par Albert Schultz, adepte fervent du piétisme. Le promoteur du piétisme, Spiner, enseignait que la vraie foi est la foi vivante et que la lecture directe de la Bible est la source de la régénération intérieure. Schultz, qui enseignait la Théologie à l'Université, en même temps qu'il dirigeait le collège Frédéric, était acquis aux idées de Spiner, et son influence sur Kant fut considérable. Lorsqu'il perdit sa mère, Kant, âgé de treize ans, était fortement imprégné des croyances morales et religieuses du piétisme. L'exemple de ses parents resta vivant en lui. Plus tard, il se rappellera avec émotion n'avoir « jamais vu ni entendu dans la maison paternelle rien qui ne fût d'accord avec l'honnêteté, la décence, la véracité ». Et par là s'explique sans doute, en partie, l'austérité de sa morale — notamment sa condamnation radicale du mensonge — et la solidité de sa foi, indépendante de toute pratique cultuelle. Au collège Frédéric, Kant se fit remarquer, et quand il en 10 BIOGRAPHIE VIE DE KANT 11 sortit, en 1740, pourvu d'une bonne culture latine, le direc- teur le fit entrer à l'Université de Koenigsberg. Là, il suivit les cours de philosophie, qui comprenaient à la fois la philosophie proprement dite et les sciences. Le philosophe qui eut sur Kant la plus grande influence fut Martin Knutzen, piétiste comme Schultz, mais aussi disciple de Wolff. Wolff, dont Hegel dira qu'il fut l'instituteur de l'Allemagne, n'était pas un phi- losophe original. Ses idées étaient celles de Leibniz, mais sa façon de les exposer, inspirée des mathématiques, formait des esprits robustes, habitués à des définitions précises et à des démonstrations rigoureuses. Ce que Kant appellera « la méthode sévère de l'illustre Wolff » est un rationalisme systématique qui s'efforce de juger de tout par principes, et non par sentiments, et de déduire logiquement chaque pro- position. Cette attitude sera bien celle de Kant. Mais ce sont les sciences, surtout, qui, à l'Université, attirent le jeune Kant. Son premier ouvrage, publié en 1747, s'intitule : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives ; il essaie d'y accorder les idées de Descartes et celles de Leibniz sur la mesure de la force d'un corps en mouvement. Pendant cette période, il s'initie plus complètement aux mathématiques et découvre la physique newtonienne. En 1747, son père étant mort, Kant est obligé de quitter l'Université avant d'avoir conquis tous ses grades et, pour gagner sa vie, se fait professeur privé. Il donne des leçons dans quelques familles nobles de la Prusse-Orientale, notamment chez les Keyserling, où il prend le goût de la société polie et des conversations Il fut ainsi précepteur pendant neuf ans, qu'il passa dans les environs de Koenigsberg. Mais il continuait à travailler et, revenu en 1755 dans sa ville natale, il publie un second ouvrage : Histoire universelle de la nature et théorie du ciel, dans lequel, s'inspirant de Newton, il propose des origines de notre monde une explication mécaniste fort proche de celle qu'on trouvera, quarante ans plus tard, chez Laplace. La même année, il obtient à l'Université de Koenigsberg la « promotion », sorte de diplôme de fin d'études, avec une Esquisse sommaire de quelques méditations sur le feu, puis « l'habilitation », qui lui donnait le droit d'ouvrir un cours libre, avec une Nouvelle explication des premiers principes de la connaissance métaphysique. Désormais, sa carrière de professeur est fixée. Pendant qua- torze ans il est privat-docent, c'est-à-dire qu'il fait des cours libres dont la rétribution est directement assurée par les étudiants eux-mêmes. Son succès est tel qu'il peut rapidement vivre à son aise. Il deviendra professeur titulaire en obtenant « l'ordinariat », en 1770, avec sa Dissertation sur la forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible. Il enseigne les matières les plus diverses : mathématiques, logique, métaphysique, physique, pédagogie, droit naturel, géographie. C'est un professeur scrupuleux et vivant, fort aimé de ses élèves. Herder, qui suivit ses cours pendant deux ans, le décrit ainsi : « Son front découvert, taillé pour la pensée, était le siège d'une gaieté et d'une joie inaltérables ; débordante d'idées, la parole coulait de ses lèvres ; plaisan- teries, esprit, humour ne lui faisaient jamais défaut ; et son enseignement était un commerce des plus intéressants. » Malgré des offres séduisantes, Kant ne voulut jamais quitter l'Université de Koenigsberg, qu'il rendit illustre. Il 'y fut membre du sénat de l'Université (1780), recteur (1786-1788), doyen de la Faculté de philosophie :et de toute l'Académie (1792). L'Académie de Berlin l'élut en 1786, celle de Saint- Pétersbourg en 1794, celle de Vienne en 1798. Une dizaine d'années avant sa mort, il sentit ses forces décliner et en 1796 uploads/Philosophie/ georges-pascal-pour-connaitre-la-pensee-de-kant-1966-bordas.pdf
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- Publié le Dec 13, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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