Université Libre de Bruxelles Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Econ

Université Libre de Bruxelles Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Economiques Section des Sciences Sociales Année Académique 2006-2007 NEW AGE ET CHAMANISME EN FORET Cas d’étude en Amazonie péruvienne Claude Guislain Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de Licencié en Sociologie et Anthropologie Orientation : Anthropologie Directeur : Mme le Professeur Anne-Marie Losonczy __________________________________________________________________________________________www.neip.info Luis Culquitón (photographie de Manuela Cutolo) « Il n’y a pas de raison de douter, en effet, que les sorciers, au moins les plus sincères d’entre eux, ne croient en leur mission, et que cette croyance ne soit fondée sur l’expérience d’états spécifiques » Lévi-Strauss, 1958 « …on ne voit pas comment l’ethnographe pourrait s’abstraire lui-même du récit qui fonde sa description de la sorcellerie » Jeanne Favret-Saada, 1977 Remerciements : A todos los que participaron de una u otra manera a la realizacion de esta investigacion A Arnaud, por la paz ;A Rodrigo y Joël por la compañía. A Rómulo, por la magia y la medicina A i a i a por la ayuda invalorable y todo lo demás, A Louis Castel por la revisión del Francés, A mis profesores… __________________________________________________________________________________________www.neip.info TABLE DES MATIERES Introduction……..…………………………………………………………………………….1 Chapitre 1 LE NEW AGE a. Questions de définition……………………………………………………..7 b. Le New Age comme fait religieux…………………………………………9 c. Analyse du discours New Age……………………………………………11 d. Les différents niveaux d’appartenance………………………………….12 Chapitre 2 LE CHAMANISME a. Questions de définition…………………………………………………….15 b. Néo-chamanisme(s)………………………………………………………..18 Chapitre 3 L’AYAHUASCA a. Présentation : de la liane au breuvage…………………………………...24 b. La préparation du breuvage……………………………………………….28 c. Le berceau intellectuel……………………………………………………..29 Chapitre 4 LE TOURSIME « CHAMANIQUE » A IQUITOS A. La scène a. Iquitos, « terre de chamanes »……………………………………………31 B. Les acteurs a. Les chamanes locaux………………………………………………………35 i. Rómulo Magin à Huambé (Santa Fe)…………………………….35 ii. Luis Culquitón à Manacamiri......................................................35 iii. Pery Garcia Lozano à Iquitos.....................................................35 __________________________________________________________________________________________www.neip.info b. Les chamanes étrangers…………………………………………………..37 i. Ronald Wheelock à Quiruma……………………………………..37 ii. Howard Lawler et Spirit Quest à Iquitos…………………………37 c. Les usagers…………………………………………………………………38 C. Le script c. L’exemple de Kapitari………………………………………………………40 i. L’offre chamanique…………………………………………………40 ii. Le rôle des étrangers………………………………………………41 iii. Une intégration « écologique »……………………………………42 d. L’exemple de Spirit Quest (Howard Lawler)……………………………..43 i. La « tradition Chavin »……………………………………………..45 ii. L’ancrage « scientifique » et la légitimation de la « tradition »...45 iii. La place de l’expérience individuelle……………………………..49 e. L’exemple de Santa Fe (Arnaud Tognazzi)……………………………...51 i. Arnaud et sa rencontre avec le chamanisme et l’ayahuasca….51 ii. Santa Fe et Artidoro Aro Cárdenas............................................53 iii. Le déclin du maître sorcier………………………………………...55 iv. Santa Fe et la « familia Arco Iris ».............................................56 v. Romulo Magin, chamane à Santa Fe…………………………….56 Activités principales Figures mythologiques L’apprentissage chamanique: la dieta Ambivalence chamanique vi. Conflits et sorcellerie: el brujo envidioso y vengativo…………..60 L’agression La contre-sorcellerie Une expérience anecdotique à Santa Fe La résolution du conflit Dérives d’une aventure inachevée __________________________________________________________________________________________www.neip.info Chapitre 5 LE CHAMANISME ET L’AYAHUASCA DANS LES REPRESENTATIONS NEW AGE A. Le chamanisme et l’ayahuasca dans les représentations New Age a. L’idéologie apocalyptique………………………………………………….69 b. Le salut………………………………………………………………………70 c. La guérison………………………………………………………………….73 i. L’ « efficacité symbolique » dans un cadre multiculturel……….74 d. Les sources de la reconnaissance et de prestige………………………76 i. Hiérarchie chamanique………………………………………….…77 ii. Les formes de circulation de l’argent……………………………..78 iii. Création et reproduction de la légitimité : le rituel………………82 e. La sorcellerie et l’éthique chamanique…………………………………..84 i. L’ambivalence du chamanisme local…………………………….85 ii. La moralisation néo-chamanique…………………………………87 iii. Impact sur les sources de reconnaissance et de prestige…….90 iv. L’apprentissage chamanique et la sorcellerie…………………..91 B. Tradition, continuité et innovation: conséquences sur le chamanisme local a. Le regard de l’autre qui change le regard sur soi……………………….95 Le développement durable L’association entre « professionnels » Nouveaux objets rituels Perméabilités linguistiques Curiosités réciproques Conclusion…………………………............................................................................100 Bibliographie……………………………………………………………………………….103 __________________________________________________________________________________________www.neip.info ANNEXES I. DOCUMENTS ECRITS a. Le New Age : une brève histoire……………….……………………………………II b. Vulgarisations et grand public : le berceau intellectuel…....……………IV c. José Argüelles : dimensions discursives du New Age…………………XII d. La Caravane « Arco Iris por la paz »:...................................................XV e. Principaux informateurs…………………………………………………XXIV f. Bélèn et le pasaje Paquito………………………………………………XXX g. Les villages périphériques et l’axe Iquitos-Nauta……………………XXXII h. Santa Fe : description des lieux………………………………………XXXIII i. Le legs d’Arnaud……………………………………………………….XXXIV j. Déroulement d’une cérémonie: une expérience de terrain………XXXVIII k. Perfume : un warmi icaro de Rómulo Magin…....................................XLI l. Glossaire…………………………………………………………………..XLII II. IMAGES a. Situation géographique : une localisation de la recherche………….XLIV b. Photographies de terrain i. Les lieux d’un terrain...………………………………………….XLVII ii. Santa Fe : illustration des lieux...…..……………………….....XLIX iii. Visages d’un terrain………………………………………………..LIII iv. La plante de chacruna……………………………………………..LV v. La plante d’ayahuasca…………………………………………….LVI vi. La préparation du breuvage……………………………………..LVII vii. Mise en place : l’« autel » de Ron Wheelock………...……….…LX III. DOCUMENTATION DIVERSE i. Le page web de Spirit Quest…………………………………..…LXI ii. Les cartes de visite des chamanes…………………………….LXIV iii. Le pamphlet illustratif du Refugio Altiplano……………………LXV iv. Article : « Mea Culpa » (Marlene Dobkin de Rios)…………..LXVII v. Les autorités locales et la gestion de l’ayahuasca………….LXVIII vi. Les têtes en pierre : cabezas clavas ….……………………….LXX __________________________________________________________________________________________www.neip.info 1 INTRODUCTION « Vendredi : Dès mon arrivée, je suis allé chercher Rodrigo à la « Casa Arco-Iris » pour organiser mon travail de terrain sur le chamanisme dans ses relations avec un mouvement New Age. Elle n’existe plus ! La maison qui servait de base arrière dans la ville et de point de rencontre des visiteurs qui se rendent à Iquitos à la recherche d’ « expériences chamaniques », a été convertie en bar profane: « le Nikoro ». Il n’y a plus tous ces hamacs qui pendaient des poutres, ni les gens du Rainbow, ni les voyageurs, ni toutes les vives couleurs… à la place restent des tables, des chaises, une musique tropicale à la mode et le logo d’une bière locale. Rodrigo n’est pas là et je dois le trouver pour aller à la « ecoaldea Santa Fe », là où je suis supposé faire ma recherche, là où se trouvaient les chamanes qui guidaient les cérémonies d’ayahuasca, qui s’occupaient du traitement de quelques malades et des régimes de ceux qui étaient là pour apprendre à communiquer avec les esprits des plantes. Tout ça n’existe plus ! Je me vois obligé d’improviser et profiter quand même de ce qui se passe ici à Iquitos sans trop changer mon sujet de recherche. Comment je vais faire ? » C’est ainsi que commençait mon journal de « terrain » en Amazonie péruvienne en Mars 2006. Pourquoi un apprenti anthropologue voudrait-il s’aventurer dans des terres si lointaines pour faire un « simple » travail de fin d’études ? Pourquoi ne pas profiter de l’opportunité de vivre dans une ville intéressante, comme c’est le cas de Bruxelles, en ce qu’elle est particulièrement ouverte à l’étude de la diversité humaine, de la multiculturalité, du métissage, de la différence, etc.? Pourquoi vouloir dépenser ses réduites épargnes dans un long voyage dont le résultat était depuis le début incertain ? Depuis quelques années, les chamanes amazoniens semblent gagner de plus en plus de prestige et de réputation dans le monde occidental auquel j’appartiens, tout en ayant grandi au Pérou. Le chamanisme occupe, depuis les années soixante, une place privilégiée parmi les « objets » anthropologiques « consommés » par le grand public. Moi-même, apprenti anthropologue j’avais eu connaissance de l’existence de la discipline à partir d’un intérêt premier pour le chamanisme en tant que « technique de l’extase », en tant que source « alternative » de connaissance et de compréhension du monde. Arrivé en Belgique il y a onze ans, j’ai été confronté à une extraordinaire diversité culturelle dont la conséquence fut la remise en question de mes propres principes de base, de certaines de mes valeurs et de mes croyances. Tout simplement, les gens d’autres cultures que je rencontrais et que j’appréciais ne pensaient pas de la même manière que moi. Nombre d’éléments que je considérais comme « vérité » étaient soudainement convertis en réponses culturelles spécifiques aux mêmes questionnements et donc, relatives. L’altérité nous ramène à nous questionner sur nous mêmes, à relativiser notre propre culture. L’anthropologie m’était apparue dès lors, comme le __________________________________________________________________________________________www.neip.info 2 meilleur portail pour découvrir des systèmes de pensée « autres » et ainsi continuer avec l’exercice – certes douloureux, mais bien enrichissant – de mettre en doute et de relativiser ses propres positions. Dans la recherche de sens à travers la diversité humaine, l’anthropologie me donna, en quelque sorte, des nouveaux repères plus solides que ceux - partiels - de ma propre culture. Don Rómulo, pour sa part, me fit douter même de l’anthropologie… L’objet de cette recherche est, en quelque sorte, une rencontre particulière entre le monde occidental et le chamanisme amazonien. Le « monde occidental » n’est pas classiquement considéré comme un « objet » de l’anthropologie, si l’on suit la tradition de cette discipline qui s’est toujours intéressée à l’étude scientifique des « Autres » : les « primitifs », « les sauvages », « les indigènes ». Dans les pages de Tristes Tropiques, par exemple – un classique en la matière – on peut lire un Lévi-Strauss consterné par l’urgence de témoigner, répertorier et garder une trace des traditions, des mythes, des récits historiques, des techniques et des modes d’organisation et de pensée dont il semblait sûr de la proche et totale disparition, phagocytés qu’ils allaient uploads/Philosophie/ guislain-new-age-et-chamanisme-en-foret-cas-d-x27-etude-en-amazonie-peruvienne.pdf

  • 46
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager