CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera
CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.” Voltaire GUY DEBORD ET LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE CONFÉRENCE PAR GISLAIN VERGNES Association ALDÉRAN Toulouse pour la promotion de la Philosophie MAISON DE LA PHILOSOPHIE 29 rue de la digue, 31300 Toulouse Tél : 05.61.42.14.40 Email : philo@alderan-philo.org Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-211 GUY DEBORD : LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE Cinquantenaire de l’Internationale Situationniste : 1957 - 2007 conférence de Gislain Vergnes donnée le 14/12/2007 à la Maison de la philosophie à Toulouse Pour les cinquante ans de l'Internationale Situationniste (1957), c'est l'occasion de célébrer Guy DEBORD (1931-1994). Et, en même temps, les quarante ans (décembre 1967) de la publication de "La société du spectacle", exposé de la théorie situationniste. C'est une critique radicale et globale de la société contemporaine qui trouve son inspiration dans les mouvements littéraires et artistiques de la première moitié du XXème siècle (dadaïsme, surréalisme, lettrisme). Elle tire son argumentaire de la relecture de MARX, initiée par György LUKACS, dont les analyses sont réadaptées à la société actuelle. Pour le style, Guy Debord s'était ciselé une langue classique rappelant Bossuet, Retz, Pascal, mais aussi, pour ce qui est de ses films, les grands réalisateurs des années 40-50. Il recourait en plus à la technique du détournement (citations détournées), à l'exemple de Lautréamont. Animés par un enthousiasme proprement renversant, les situationnistes visaient, parmi leurs objectifs, à "la réalisation de la philosophie". Ils créèrent des concepts nouveaux sur des mots anciens : situation, dérive, spectacle... Guy Debord, penseur et stratège de la subversion culturelle et sociale, cinéaste aussi, a condensé en un film étonnant, voici juste trente ans, sa vision du monde et sa vie. Il l'a titré d'un vieux palindrome du Moyen-Âge, "In girum imus nocte et consumimur igni" ; et à la fin il nous demande de tout reprendre depuis le début. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 2 GUY DEBORD : LA PHILOSOPHIE SUBVERSIVE RÉALISÉE Cinquantenaire de l’Internationale Situationniste : 1957 - 2007 PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR GISLAIN VERGNES Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l’on voit est son monde. La production économique moderne étend sa dictature extensivement et intensivement. Guy Debord La société du spectacle, 1967 I VIE ET ŒUVRES DE GUY DEBORD JUSQU'À LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE - Naissance le 28 décembre 1931 à Paris XXème - Père d'origine rurale (Haute Vienne). « Élève en pharmacie » (à 36 ans…), mort de tuberculose trois ans après. - Mère née à Paris, fille d'un industriel italien installé dans le XIXème, déjà décédé, entreprise ruinée par la crise de 1929. Vente des biens en 1939 et installation à Nice. - Scolarité à Nice, Fontainebleau, Pau, Cannes (à partir de 1945). - Bac à Cannes en 1951 (faire-part) - Lectures de jeunesse les plus marquantes : - Sax Rohmer (Fu-Manchu) « Le mythe de mon enfance » - Lautréamont. - Edgar Poe « C'est le premier qui m'a donné l'impression profonde de surréel ». - « … j'ai eu alors l'occasion de lire plusieurs bons livres, à partir desquels il est toujours possible de trouver par soi-même tous les autres, voire d'écrire ceux qui manquent encore. » ( Panégyrique) - Premières idées notables - Courrier de 1950 : « Si le monde est acceptable il faut que ce soit au moins en menant la vie la plus libre possible et la plus dégagée des mesquineries qui enferment les gens. Il ne faut pas admettre les choses. Il faut faire des révolutions. » « Il faut se lancer dans toute aventure intellectuelle susceptible de repassionner la vie ». - Panégyrique I … « Je suis né en 1931, à Paris. La fortune de ma famille était dès lors fort ébranlée par les conséquences de la crise économique mondiale…, et les débris ne paraissaient pas pouvoir aller beaucoup au-delà de ma majorité, ce qui arriva effectivement. Ainsi donc, je suis né virtuellement ruiné… Pendant tout le cours de mon adolescence, j'allai lentement mais inévitablement vers une vie d'aventures, les yeux ouverts… Je ne pouvais même pas penser à étudier une seule des savantes qualifications qui conduisent à occuper des emplois, puisqu'elles me paraissaient toutes étrangères à mes goûts ou contraires à mes opinions. Les gens que j'estimais plus que personne au monde étaient Arthur Cravan et Lautréamont, et je savais parfaitement que tous leurs amis, si j'avais consenti à poursuivre des études universitaires, m'auraient méprisé autant que si je m'étais résigné à exercer une activité artistique… Je me suis fermement tenu, docteur en rien, à l'écart de toute apparence de participation aux milieux qui passaient alors pour intellectuels ou artistiques. J'avoue que mon mérite en cette matière se trouvait bien tempéré par ma grande paresse, comme aussi par mes très minces capacités pour affronter les travaux de pareilles carrières. » - Avril 1951 : Festival de Cannes. S'associe au groupe lettriste d'Isidore Isou. - Octobre 1951 : Vient vivre à Paris 6ème … « Je vis s'achever, avant d'avoir vingt ans, cette part paisible de ma jeunesse ; et je n'eus plus que l'obligation de suivre sans frein tous mes goûts, mais dans des conditions difficiles. J'allai d'abord vers le milieu, très attirant, où un extrême nihilisme ne voulait plus rien savoir, ni surtout continuer, de ce qui avait été antérieurement admis comme l'emploi de la vie ou des arts. » … « J'ai connu surtout les rebelles et les pauvres. J'ai vu autour de moi en grande quantité des individus qui mouraient jeunes, et pas toujours par le suicide, d'ailleurs fréquent. Sur cet article de la mort violente, je remarque, sans pouvoir Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-211 : “Guy Debord et la philosophie subversive réalisée” - 14/12/2007 - page 3 avancer une explication pleinement rationnelle du phénomène, que le nombre de mes amis qui ont été tués par balles constitue un pourcentage grandement inusité, en dehors des opérations militaires bien sûr. » … « Pour qui [refuse] le travail existant, il est bien certain qu'il faut savoir vivre sur le pays… Je me suis toujours tenu à donner l'impression vague que j'avais de grandes qualités intellectuelles et même artistiques, dont j'avais préféré priver mon époque, qui ne me paraissait pas en mériter l'emploi. Il s'est toujours trouvé des gens pour regretter là mon absence et, paradoxalement, pour m'aider à la maintenir. Cela n'a pu être mené à bien que parce que je ne suis jamais allé chercher personne, où que ce soit. Mon entourage n'a été composé que de ceux qui sont venus d'eux-mêmes, et ont su se faire accepter. »… 1952 : Revue lettriste ION, unique publication (sur le cinéma) de tous les lettristes - puis en juin fondation de l'Internationale Lettriste par Guy Debord et trois amis, les plus radicaux. - 17 juin «tournage» du film “Hurlements en faveur de Sade“, «entreprise de terrorisme cinématographique» (G.D. 1953). - Projection le 30 juin (Musée de l'Homme), puis le 13 octobre (Sociétés savantes). - L'internationale Lettriste : novembre 1952 N°1 1953 : Février, N°2 - Fin février : Lettre à un ami d'enfance (H. Falcon) Besoin de repos à Cannes pour quelques mois. « Je sais que je vais avoir là-bas bien du temps vide, mais il me semble que c'est nécessaire. Je suis proche d'un écroulement total, nerveux principalement. Les cuites ininterrompues et divers autres divertissements compliquent les difficultés métaphysiques de toujours singulièrement aggravées. Mais il me semble - pas à toutes les heures - que nous ne sommes pas mûrs pour le suicide, et qu'il y a des multitudes de choses à faire, si on dépasse certaines barrières et sans renoncer à rien du mépris ou du refus que nous avons sincèrement affirmé à propos de presque tout. » - Juillet : revient à Paris après une tentative de suicide (au gaz) et un court séjour en maison de repos organisé par sa famille. - Septembre : « Manifeste pour une construction de situations » (Inédit, à usage interne de l'Internationale Lettriste) …« Notre temps voit mourir l'Esthétique. … Les arts s'achèvent dans leurs dernières richesses, ou continuent pour le commerce. … Notre mépris pour l'Esthétique n'est pas choisi. Au contraire, nous étions plutôt doués pour « aimer ça ». Nous sommes arrivés à la fin, voilà tout.» … « Le décor nous comble et nous détermine. … Il faut aboutir à un dépaysement par l'urbanisme »,… … « Après quelques années passées à ne rien faire au sens commun du terme, nous pouvons parler de notre attitude sociale d'avant-garde, parce que dans une société encore provisoirement fondée sur la production, nous n'avons voulu nous préoccuper sérieusement que des loisirs. Persuadés que les seules questions importantes de l'avenir concerneront le Jeu, … … Mais en appliquant à ces faits de nouvelles intentions de recherches - une uploads/Philosophie/ guy-debord.pdf
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- Publié le Apv 21, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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