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f BERGSON COURS I .V 1 Leçons de psychologie et de métaphysique |} V •if. U m j: i r ÉÎIMÉTHÉE puf I : •tî • A V/ H -J* V v r.X/'lÿ, ■ - ' .. ........% .. i I V. 1 s '■V ■ ■ f « Je déclare avoir publié tout ce que je voulais livrer au public. Donc j’interdis formellement la publication de tout manus­ crit, ou de toute portion de manuscrit de moi qu’on pourrait trouver dans mes papiers ou ailleurs. J’interdis donc la publi­ cation de tout cours, de toute leçon, de toute conférence qu’on aurait pu prendre en note, ou dont j’aurais pris note moi-même » — précisait Bergson dans son testament. t; ' Pourtant ce vœu a été transgressé, en plein accord avec les héritiers d’Henri Bergson et sous l’autorité d’Henri Gouhier une première fois lors de la publication d’un volume de Mélanges (pu ?, 1972). Il l’est, dans les mêmes conditions, une nouvelle fois aujourd’hui. Les motifs de cette initiative sont évidents.: l’œuvre de Bergson n’appartient pas plus à Henri Bergson que celle d’Aristote, de Descartes ou de Hegel, à leurs auteurs ; elle appartient à l’histoire, à l’histoire de la philosophie et à la philosophie. L’enseignement de Bergson fait partie intégrante du fait bergsonien dans son ensemble, comme ses œuvres, bien qu'à un autre degré. De même que . nous n’envisageons plus de lire Duns Scot ou Ockham sans leurs B.eportationes, Kant, Hegel ou Schelling sans leurs Vorlesungen, Husserl ou Heidegger sans leurs cours, Wittgenstein sans ses remarques, de même doit-on rendre accessible l’ensemble du dossier de Bergson, en reconstituant les cours, comme l’écrin des œuvres — ni plus ni moins. En voici donc le premier volume aujourd’hui consacré aux Leçons de psychologie et de métaphysique (Clermont- Ferrand, 1887-1888). II sera suivi de trois autres, composés respectivement des Leçons d’esthétique, de morale, de psychologie et de métaphysique données à Clermont- Ferrand (1887-1888) et à Paris (lycée Henri-IV, 1892-1894), des Leçons d’histoire de la philosophie ancienne et enfin des Leçons d’histoire de la philosophie moderne '. J.-L. M. I . m lit 22136106 /5/90 290 FF 9 782 30 . ïmtî II ÉPIMÉTHÉE ESSAIS PHILOSOPHIQUES Collection fondée par Jean Hyppolite et dirigée par Jean-Laïc Marion ! HENRI BERGSON COURS i LEÇONS DE PSYCHOLOGIE ET DE MÉTAPHYSIQUE Clermont-Ferrand, 1887-1888 ÉDITION PAR HENRI HUDE AVEC LA COLLABORATION DE JEAN-LOUIS DUMAS Avant-propos par Henri Gouhier OUVRAGE PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CENTRE NATIONAL DES LETTRES PRESSES UNIVERSITAIRES DE F ISBN 2 13 043143 7 ISSN 0768 0708 Dépôt légal — ir# édition : 1990, mai © Presses Universitaires de France, 1990 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris 371513 AVANT-PROPOS Dans son testament daté du 8 février 1937, donc quatre ans avant sa mort, le 9 janvier 1941l, Henri Bergson écrivait : « Je déclare avoir publié tout ce que je voulais livrer au public. Donc j’interdis formellement la publication de tout manuscrit, ou de toute portion de manuscrit de moi qu'on pourrait trouver dans mes papiers ou ailleurs. J’interdis la publi­ cation de tout cours, de toute leçon, de toute conférence qu’on aurait pu prendre en notey ou dont j’aurais pris note moi-même. J’interdis également la publication de mes lettres et je m’oppose à ce qu’on tourne cette interdiction comme on l’a fait dans le cas de J. bachelier dont les lettres ont été mises à la disposition des lecteurs de la Bibliothèque de l’Institut, alors qu’il avait défendu de les publier. Celui qui a envoyé une lettre en conserve la propriété littéraire absolue. C’est empiéter sur son droit que de donner connaissance du contenu de sa lettre au public, même resteint, qui fréquente une bibliothèque. Pourquoi une atteinte à la propriété littéraire pren­ drait-elle nécessairement la forme d’un imprimé ? Je prie ma femme et ma fille de poursuivre devant les tribunaux quiconque passerait outre aux interdictions que je viens de formuler. Biles devront réclamer la suppression immédiate de ce qui aurait été publié. »2 On remarquera non seulement le ton très vif de ce texte mais le souci d’étendre le plus loin possible la portée de ces interdictions. Ainsit lorsque Bergson veut pré- 1. Bergson est mort le 3 janvier 1941, date donnée par Floris Delattre, neveu par alliance du philosophe, dans Les dernières années de Bergson, Etudes bergsoniennes, extrait de la Revue philosophique, mars-août 1941, p. 6. La date souvent donnée, 4 janvier, l’avait été par Paul Valéry, « Allocution à l’occasion du décès de M. Henri Bergson », Académie française, séance du 9 janvier 1941. 2. Texte cité dans Rose-Marie Mossé-Bastide, Bergson éducateur, Paris, pu f , 1955, p. 352. 6 BERGSON - COURS / I venir « le cas de J. bachelier », nous pensons tout naturellement à ce recueil de lettres préparé par le fils de bachelier et publié par son petit-fils, recueil non mis dans le commerce, tiré à un petit nombre d'exemplaires « offerts à titre personnel aux amis de la philosophie et aux admirateurs de fuies bachelier »3. Or Bergson a lu dans l'Avertissement que la correspondance laissée par bachelier est trop abondante pour être intégralement reproduite ; ou a donc choisi quelques lettres, et même quelques-unes seulement ont été retenues in extenso ; en général’, on a publié les passages ayant un intérêt philosophique ; l'éditeur continuant : « D’ailleurs, pour permettre au lecteur qui le désirerait de se reporter facilement au texte complet, nous avons déposé à la Bibliothèque de l'Institut de France, avec plusieurs manus­ crits, la copie intégrale de toutes les lettres recueillies... ».4 Quand Bergson dans son testament évoque « le cas de J. bachelier », il ne prend pas la peine d'interdire l'astuce de l'imprimé réservé à quelques privilégiés : cela va de soi après ce qu'il vient d'écrire : il interdit le dépôt de ses lettres dans une Bibliothèque ou il serait permis de les consulter. Bergson n'invoque pas les raisons banales en général données pour justifier l'interdiction de rendre publics des documents qui appartiennent à la vie privée ; textes écrits au courant de la plume, libres propos, confidences, allusions visant des « tierces personnes »... Il y a donc autre chose. ba même question se pose lorsqu'il s'agit des cours. Il est normal qu'un pro­ fesseur refuse le risque de voir paraître sous son nom le texte d'une leçon mal comprise ; mais Bergson n'écarte pas seulement les notes plus ou moins correctement prises par un étudiant : il interdit la publication des siennes si on en trouvait. Ici aussi il y a autre chose que la légitime méfiance vis-à-vis de celui qui transforme la parole en mots écrits. Cette autre chose est indiquée dans la première phrase de notre texte : « Je déclare avoir publié tout ce que je voulais livrer au public. » C'est l'idée que Bergson se fait de la philosophie qui lui dicte ici sa conduite. b'idée que Bergson se fait de la philosophie est celle qu'il trouve che% Descartes. C'est lui-même qui nous le dit : « Nous prétendons continuer l'œuvre des cartésiens. »6 En effet, que voulait Descartes ? Une philosophie où la métaphysique serait aussi scientifiquement établie que la physique. N'est-ce point là ce que Bergson mettait 3. Jules Lachelier, Lettres, i8j 6-i?i8, 1933, tous droits réservés (sans nom d’éditeur). 4. Ibid., Avertissement, p. 5-6, non signé mais visiblement comme l’Introduction, de B. G. L., petit-fils de Lachelier. 5. « Le parallélisme psychophysique et la métaphysique positive », Société française de philosophie, séance du 2 mai 1901, cité d’après Henri Bergson, Mélanges, textes publiés et annotés par André Robinet, Paris, pu f , 1972, p. 493- AVANT-PROPOS 7 sous Vexpression « métaphysique positive »® ? Le bergsonisme n'étant pas le cartè- sianisme, où est alors la différence ? Dans le contexte historique : au temps de Descar te sy les mathématiques jouaient le rôle de science modèle : elles offrent un idéal d'intelligibilité qui satisfait l'intelligence ; de là, une philosophie de la nature qui serait une sorte de mathématique appliquée ; « toute ma physique n'est autre chose que géométrie »7 ; de là aussi, une « métaphysique » ayant la même évidence « que celle des démonstrations de géométrie »8. Mais au milieu du XIXe siècle, il y a aussi une biologie positive ; voilà donc des sciences qui sont parfaitement dignes de ce nom et dont les résultats fondés sur l'observation et l'expérimentation offrent un autre modèle d'intelligibilité que l'évidence du mathématicien9 ? Quand Bergson parle de « métaphysique positive », l'adjectif introduit dans la pensée ce nouveau modèle. Si la philosophie est science, le comportement du philosophe sera celui du savant. Le savant disparaît derrière la science ; le physicien ou le biologiste ne fait pas état des hypothèses qu'il n'a pu vérifier. Bergson, par conséquent, ne veut laisser sous son nom que des problèmes résolus. Il distingue ce qu'il pense comme homme et ce qu'il sait comme philosophe ; ce qu'il sait comme philosophe, il l'écrit dans ses livres ; ce qu'il pense comme uploads/Philosophie/ henri-bergson-lec-ons-de-psychologie-et-de-me-taphysique-tome-1-1990-presses-universitaires-de-france.pdf

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