3 Ted Honderich Êtes-vous libre ? Le problème du déterminisme Traduction de Nad

3 Ted Honderich Êtes-vous libre ? Le problème du déterminisme Traduction de Nadège D. Renaud & d'Édouard Guinet Scanné parce que le tirage est épuisé Collection « Matériologiques » Éditions Syllepse 4 Matériologiques COLLECTION DIRIGÉE PAR FRANÇOIS ATHANÉ, JEAN-MARC DEL PERCIO, ÉDOUARD GUINET ET MARC SILBERSTEIN CHARLES DARWIN, La filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, 1999 (2e éd. 2000). CHARLES DARWIN, La formation de la terre végétale par l'action des vers avec des observations sur leurs habitudes, 2001. EAN DUBESSY & GUILLAUME LECOINTRE (dir.), Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, 2001 (2e éd. 2003). BERTRAND RUSSELL, Le pouvoir, 2003 (épuisé). JÉRÔME SEGAL, Le Zéro et le Un. Histoire de la notion scientifique d'information au 20 e siècle, 2003. JEAN DUBESSY, GUILLAUME LECOINTRE & MARC SILBERSTEIN (dir.), Les matérialismes (et leurs détracteurs), 2004 (rééd. prévue en 2010). DAVID FOREST, Le prophétisme communicationnel. La société de l'information et ses futurs, 2004. JEAN ROCCHI, Giordano Bruno l'irréductible. Sa résistance face à l'Inquisition, 2004. PHILIPPE LHERMINIER & MICHEL SOLIGNAC, De l'espèce, 2005. FRANÇOIS ATHANÉ, ÉDOUARD MACHERY & MARC SILBERSTEIN (dir.), Matière première, n° 1: Nature et naturalisation, 2006. CARLOS SONNENSCHEIN & ANA M. SOTO, Le société des cellules. Nouvelle approche du cancer, 2006. JAEGWON KIM, L'esprit dans un monde physique. Essai sur le problème corps-esprit et la causalité mentale, 2006. FRANÇOIS ATHANÉ, ÉDOUARD GUINET & MARC SILBERSTEIN (dir.), Matière première, n° 2: Émergence et réductions, 2007. PASCAL CHARBONNAT, Histoire des philosophies matérialistes, 2007. ALAIN TESTANT, Critique du don. Études sur la circulation non marchande, 2007 (2e éd.2009). MARIO BUNGE, Le matérialisme scientifique, 2008. JEAN-JACQUES KUPIEC, GUILLAUME LECOINTRE, MARC SILBERSTEIN & FRANCK VARENNE (dir.), Matière première, no 3: Modèles, simulations, systèmes, 2008. PIERRE POIRIER & Luc FAUCHER (dir.), Des neurosciences à le philosophie. Neurophilosophie et philosophies des neurosciences, 2008. THOMAS HEAMS, PHILIPPE HUNEMAN, GUILLAUME LECOINTRE, MARC SILBERSTEIN (dir.), Les mondes darwiniens, 2009. FED HONDERICH, Êtes-vous libre ? Le problème du déterminisme, 2009. JEAN-JACQUES KUPIEC, OLIVIER GANDRILLON, MICHEL MORANGE, MARC SILBERSTEIN (dir.), Le hasard au cœur de la cellule. Probabilités, déterminisme, génétique, 2009. Marc Silberstein exprime toute sa gratitude à Édouard Guinet pour son aide si précieuse dans la réalisation et la traduction de cet ouvrage. Nous souhaitons également insister sur le plaisir que nous avons eu à discuter et à travailler avec Ted Honderich. Êtes-vous libre ? Le problème du déterminisme. Traduction de Ted Honderich, How Free Are You ? The Determinism Problem, Oxford University Press, 2002. ©Ted Honderich pour les droits de traduction en français. ISBN : 978-2-84950-19-62 © Nadège D. Renaud, 2008, pour la 1re version de la traduction française. © Marc Silberstein, 2009, pour la photo de couverture. © Éditions Syllepse, mars 2009 pour l'édition française et la version finale de la traduction. 69, rue des Rigoles, F-75020 Paris / www.syllepse.net / edition@syllepse.net 5 Chapitre 1 Introduction à deux théories suspectes Le problème dont ce livre traite va vous passionner. Si l'on en doute, que l'on prenne à témoin les philosophes du présent et du passé, des plus illustres aux plus obscurs, qui se sont obstinés à vouloir le résoudre. D'aucuns en ont été décontenancés, d'autres se sont rangés du côté de leurs prédécesseurs, d'autres encore se sont essayés à réduire ce problème à un problème scientifique, d'autres se sont fait fort d'annoncer des solutions hardies. Ce problème est celui du déterminisme. Autrement dit, la question de savoir si le fait que vous ayez choisi ce livre et que vous soyez maintenant en train de lire cette phrase, ou votre décision de vous mettre en ménage avec quelqu'un ou au contraire de divorcer, se borne à une question de cause et d'effet. Il existe de prétendues théories qui au final reviennent à pas grand-chose, ou en tout cas s'avèrent insuffisantes. Si certaines d'entre elles se situent hors de la science et de la philosophie telles qu'on les conçoit d'ordinaire, et se tiennent à l'écart des universités, il reste que beaucoup sont intra-muros. Par exemple, certaines théories philosophiques émises par des scientifiques — certaines portant sur le thème de la conscience —, n'ont, semble-t-il, guère plus de valeur que celle du papier qui a servi à leur impression. On peut discuter et écrire au sujet de théories, on peut les croire sur parole, elles peuvent jouir d'un grand succès, perdurer même. Toutefois, cela ne les empêche pas de manquer de clarté, de cohérence, d'élaboration. Bref, de telles théories s'avèrent, du point de vue conceptuel, inadéquates. Lorsque vous entreprenez réellement d'avoir prise sur elles, de les disséquer, soit vous les trouvez obscures, soit elles ne tiennent pas la route, sont caduques, ou encore insuffisamment développées. Elles s'avèrent être des échecs, et ce avant même que vous n'ayez commencé à tester leur véracité. La théorie du déterminisme tombe-t-elle sous cette catégorie ? Il y a longtemps qu'elle a cours, assez longtemps pour que la plupart d'entre nous ayons une idée de ce qu'elle est. On peut énoncer comme suit son résultat 6 supposé : dans tout ce que nous faisons ou choisissons, nous ne sommes pas libres, et nous ne devons donc pas être tenus pour responsables de nos actions, ni en recevoir le moindre crédit moral. Sans doute le déterminisme va-t-il à l'encontre de l'idée spécifique ou du type de liberté que l'on continue d'appeler le libre arbitre. Celui-ci est une propriété que nous sommes convaincus de posséder, et dont la perte nous préoccuperait très sérieusement. Lors de la comparution devant un juge, celui-ci peut nous rappeler fermement que lorsque nous avons choisi de commettre le délit en question, nous possédions bel et bien notre libre arbitre. Il se peut que ce juge ne fasse pas nommément appel à ce terme archaïque, mais cela ne nous empêchera nullement de saisir le sens de ses propos. Les chapitres 2 à 5 de l'ouvrage traitent du soupçon, selon lequel le déterminisme, même s'il a cours depuis bien longtemps, ne représente néanmoins pas une théorie qui du point de vue conceptuel soit respectable — elle est insuffisamment explicite, cohérente, exhaustive. En bref, le déterminisme ne saurait se targuer du titre de philosophie authentique de l'esprit et de l'action. Plus d'un philosophe l'a d'ailleurs déjà dit. Des scientifiques l'ont souvent laissé entendre ou impliqué — et ce peut-être pas uniquement parce qu'ils ont tendance à s'embrouiller dès qu'ils sont confrontés à un type de pensée dépassant le leur en clarté1. Ces chapitres, en particulier le chapitre 4, font aussi entrer en jeu l'idée, contraire, du libre arbitre2. Selon cette idée; chacun d'entre nous a une sorte de pouvoir personnel qui lui permet d'être à l'origine de ses choix et décisions, et par voie de conséquence, de ses actions. Le fait qu'ils se soient produits — leur initiation — ne se ramène certainement pas à une simple question de cause et d'effet. Ainsi, en une occasion donnée, le passé étant exactement ce qu'il était, le présent ce qu'il est et nous-mêmes ce que nous sommes, nous pouvons choisir ou décider le contraire de ce que dans les 1. La science a le grand avantage d'être plus empirique que la philosophie, et plus proche des petits faits de l'univers. Par conséquent elle peut se permettre d'accorder moins d'attention à l'exactitude d'ordre conceptuel — à la logique dans l'acception large du terme. Nous avons autant besoin de la science que de la philosophie. 2. L'expression « libre arbitre » peut aussi être utilisée d'une manière plus relâchée pour désigner, comme il semble, notre liberté en général, là où celle-ci peut être comprise comme incluant quelque chose de très différent de l'origination. Comme indiqué brièvement plus haut, cette autre chose peut être l'absence de frustration. Il n'est pas inconcevable que l'usage au sens large de l'expression « libre arbitre » soit voulu dans l'intitulé même de l'Oxford Handbook of Free Will. J'emploierai le terme dans son acception plus précise, tout en continuant à me servir de l'étiquette « libre arbitre », aux fins d'indiquer ce sens. 7 faits nous choisissons ou décidons. Il est tout à fait en notre pouvoir d'agir d'une manière différente de celle dont nous agissons en réalité: Or il y a des raisons de soupçonner tout autant, si ce n'est davantage, cette théorie. Est-elle respectable ? Nous livre-t-elle ce qui mérite d'être qualifié de philosophie de l'esprit et de l'action ? Qu'elle fasse généralement figurer en son sein une interprétation d'une partie problématique de la physique, à savoir la théorie quantique, en est-elle pour autant rendue respectable ? Pour mieux saisir le problème dès les chapitres d'ouverture, il nous faut opérer une ou deux distinctions. Philosophes et non-philosophes emploient le terme de « déterminisme » de différentes façons. Traditionnellement, on l'utilise pour désigner une théorie très générale portant sur toute la réalité, y compris le monde non vivant et surtout les atomes de la physique. Parfois, cette théorie générale est envisagée ou élaborée en termes d'équations mathématiques. Elle revient alors à un déterminisme exprimé en termes des sciences physiques. Cependant, le déterminisme est aussi d'ordinaire pris comme une idée, une doctrine ou une théorie uploads/Philosophie/ hon-de-rich-libre.pdf

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