MÉDITATIONS ··CARTESIENNES INTRODU.CT·ION. A LA laDMO.ND· HUSSER·L. · Traduit d
MÉDITATIONS ··CARTESIENNES INTRODU.CT·ION. A LA laDMO.ND· HUSSER·L. · Traduit de t•anemand par M"•· GABRIELLE PEIFF'f:-R ET M. EM/MANU~L LEVtN·AS. Oôcteur .d• a•Universitlt de. Str.abourg PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la. Sorbonne (Ve) 1953 142244' . . ·. AVERTISSEMENT · ~es 23 et 25 . f~vrier .. i 929, sur l'invitation de l' /1u;titut d'Études ,qermaniques et de la Société française de Philoso- phie, le Profe~seur Edino.nd. Husserl fit l Ja Sorbonne·, ·dans l' amphithéâtr~ Descartes, quatr,e conférences sur l' ln(ro4_uc- tion à la /!llén~ménologie {ranscendenta!e. Il les fit en alle-. rn and. M. Xavier Léon, administrateur de hi SociétA française- de Philosophie, lui adres~a rallocution suivante : « Quand nous avons été. averHs que l'Institut d'.Études· ger- maniques avait invité !;illustre Profess~ur E. Husserl, qui veut bien nous honorer aujourd'hui. de sa présence; à exposer en Sorbonne l'essence de la Phénoménologie trànscendentale, ]a Société française de Philosophie a saisi avec· empressem·ent . l'occasion qui lui était offerte de rendre· hommage au niaître le plus éminent de la. pensée allemande. «Monsieur le Professeur et cher collègue, yous me permet- trez bien de voüs . donner c.e ·nom, car, par votre coll~b~ration <lU Vocabulaire philosophique _dont. notre 3:mi Làlande .·a · pris l'initiative et qui est :un des actes dont. notre S[Jciété p~.ut. être légitimement fière, ,vous êtes depuis lo~gtemps des nôtres, Monsieur le .Professeur et cher collègue, not-re- Société, depuis l'origine, s"est donné pour objet de rapprocher Science et Philosophie; ce même effort, que- vous représent~z ex cel- . . lemment, vous avez eu la délicatesse de le mettre sousl'égide -VI- · de. Descartes et, ·dans cet amphithéâtre, c'est" un . peri lui qui vous teço(t aujourd'h1Ji... · <c-Dès,l9it, dans un article publié par la Revue de·Métapky- SÏfJUe et de_. ·Mor(J,/e, notre cher et regretté'" Victor ·nelbos signalait l'originàlité des Logische Vnte~suchungen : la phi- losophie de la logique pure opposée au psychologisme, le pro- . blème fondamental de la Jogique ramené· à l'examen, Jes con- ditions de la possibilité de ·la seienee en général, l'étroite parenté de la m~thode logique et de. la mathématique. Je n'ai . .pas·, hél~s! >la compétence nécessaire pour souligner dans le , ·détail l'influence d:une pensée originale et profonde comme !a . vôtre sur 1~ développement des théories physiques .. dont l'essor merveilleux est un· des plus grands spectaele·a de notre te~ps. Le nom d'H~rmann Weyl, l'hommage qu'a a tenu à vous rendre dans l'introduction de son livre célèbre : Raum~ Zeit, Materie, qua~d il écrit : .Oié pra2is~ Fas sung dieser Gedanken le4nt sich au{ engste an Husserl an (Ideen·,$u einer rei'nen Plûi,~omenologie unt! plûinomenologischen/ Philosophie),.· les beaux.· travaux, d'Heis·enherg di~ent . assez ce que_ la. ·science· vous ~oit. Et je :&'.énumérerai pas non plus ces recher~hes de premier ordre fécondant tour à tour les différents. domaines.de la psychologie et de la philosophie, de la morale et de la -reli- giop qui répandent· votre !nspiration par le rnonde ·; je ne décrirai pas cette concentration touchante et continue de vos disciples qui' donne la valeur -d'un monumé~t à la série. ds vos Ja,~rhücher (fir· Philosophie und phanom~nolqgi~che For~ scltung. Je rapp~!lerai seulement la mémoire de Max Schelei-, dont l'ouvrage clas~ique : L'Essence et les Formes de la Sym,- pat~ie, vi~nt préeis~ment d'être traduit dans notre langue. Nous t~ua~ et particulièrement èeux qui'l'avaientvuréeemment _ à. ·Paris, nous -~e nous '·consolons p~s de sa disparition préma- turée~ · _ « Enfin, DOUS ·VOUS sommes. reconnaissants de 'f'occasion ·~'avoi_r à dire,_ une fois ·de plus,, comme· c'est pour notre Soeiété un privilège qui lui est ·cher de donner la parole à _ nos collègues étrangers et d'affirmer. ain~jJ~unité de la pensée -VU- humaine, l'universalité de la vérité·. Tous nous communions avec le même désintére.ssement et la mêÎne · sincérité dans le culte de la seienee pure et nous allons ainsi vers cette huma- nité véritable à laquelle la Soci~té des Nations apporte le plus précieux des appuis extérieu~s et·dont la réalité demeure liée au renouvellement sans 'trève et à l'approfondissement de la . vie spirituelle. · « Dansces.sentimentsj~tiensà honneur d'être l'interprète de la Société franÇaise de Philosophie pour vous adresser, cher . etillustre Professeur; -nos souhaits de .bienvenue, et, puisque vous allez célébrer bientôt le soixante-sixième 'anniversaire. de votre naissance, permettez-moi d'y ajouter èordialement nos souhaits. de longue vie et de fécond labeur. » L'ouvrage que nous publions aujourd'hui sous le titre de Méditations cartésiennes est le fruit de ces eonférei1ces. L'au- teur les ·a développé~s et profondément remaniées; il a tenu · à les. présenter au p~blfc français sous une forme dèfin~tive, comme dans une sorte de message philÇ)sophique. Qu,H reçoive iei, pour l' ~ffort qu'il a fait~· l'expression renouvelée de notre .. g-ratitude.· · . Le texte a,-Bté .traduit de l'allemand par Mlle l?eiffer et par M. E. Levinas, docteur de l'Université de Stra-sbourg; cette traduction~ été revue pa:f M. A·. Koyré, professeur à. l'U11iver- sité . de Montpellier. Què ·tous reçoivent ici no a remerciements reconnaissants. .. A LA PHÉNOMÉNOLOGIE IN'IRODUC'l'iO.N. t. Les« .Meditations» de:Descat"tes; prototype· du retour philosophique sur soi-mdme. Je suis .!leureux de pouvoir ·parler de la .phénoménologie trans- cendantale da1;1s cette maison vénérable entre toutes où s'épanouit la science française. J'en ai des rafsons spéciales. Les impulsions nouvelles· que.la 'phé~oménologie a reçues, elle les doit à René Descartes, le plu's grand penseur' de la· France~ C'est par l'étude de · ·s~.s Méditations· que la· phénoménologie naissant& s'est trans.- formée· e·n un type·. nouveau de philosophi~ transcendentale. On pourrait presque l'appeler un néo-.cartésianisme, bien qu'elle se . soit vue obligée de r·ejeter à p~..:ou près tout le contenu doctrinal . connu du· cartésianisme, pour cette raison même qu'elle a donné ·à certains thèmes cartésiens un développement radical. Dans é.es circonstances je crois pouvoir être sû:r d'avance de trou- ver chez vous un accueil favorable. si je choisis coxnme point . de . · départ, parmi les thèmes des Jleditationes de prima philosophia, . ceux qui ont à mon sens un~ portée éternelle, et si j'essaie de caractériser ensuite les transformations et ~es innovations qui ont .. donné naissanèe à la méthode et aux problèmes tra:riscendentaux. To.ut débutant en philosophie cQnnait ·la remarquable et surpre- nante suite de pensées des .llfédîtations;. Rappelons-en t'idée direc- trice. Elle visè à une réforme totale de la philosophie, pour faire de celle-ci une scienc~ à ·fondements absolus. Ce qui implique pour D~scartes 'une réforme parallèle~de toutes les science~~ car, à 2·- ses yeux;. ces ~ciences ne sont qùe des membres d'une· science uni~ . ._verselle qui. n'est autre que .1~ philosophie~- ee··n'est que dans - l'unité systématique de celle-ci qu'elles peuvent devenir véritable- · ment des sciences. Or, si l'on considère ces scieilees· dans leùr devenir histodqrie, on &'aperçoit qu'ii leur manque. ce. caractère- de vérité qui. permet ·de les ramener intégralement et en der- . niere analyse à des intuitions abso1ùes au delà- desquelles on ne peut remonter. C'est pourquoi il devient nécessaire de recon.struire l'édifice qui pourr8.it correspondre. à l'idée de la philosophie, eon.;.. çue comme unHé universelle des .sciences s'élevant sur un fondement d'un earactère abs.olu. Cette nécessité de. reconstruction, qui s'im- posait à. Descartes, se .véalise chez Descartes sous la form~ d'v.ne philosophi~ orientée v-ers le sujet. En premier Heu,. quiconque veut vraiment devenir philosophe devr-a « une fois dans. sa vie )) se repHer sur soi-m.èmeet, au-de;;.; dan~ de soi, tenter de renverser toutes les sciences 'admises jus- qu 'ici et tenter de les· reconstruire. La phllo.sophie ~ la. sagesse . - est en. quelque sorte une .affaire personnelle du philosôphe. Elle doit se constitue~ en tant. que sienne, être sa sagesse., son savoir qui, bien·· qu'il ten_de vers l'universel, . soit acquis par lui. et qu'il doit pouvoir justifier dès rorigi,ne et à chac"Une de .sés étapes? en lappuyant SU!' ses· intuitions abs@lues. Du moment que j'ai pris la déc\sion de tendre vers cette ~n, décision qui seule ·peut m'amener à.la vie et au développement philosophiqne, fai donc ·par là même fait !e yœu de pauvreté en matière de connaissance. Dès lors il est manifeste qu'il faudra d'abord·me demandei· comment je pourrais trouver une méthode qui me don12~rait la marche à sui- vre pour arriver au savoir véritable. Les méditations de Descartes ne veulent donc pas être une affaire purement privée d.u seul philo- ' s.ophe Descartes, encore moins une simplè forme littéraire dont il .usera_it pour exposer ses vues ph.ilosopbiques. Au contraire, ces ·médit&~ions. dessinent le prototype 4-û genre de ·méditations- néces- s~ires à tout philosophe qui -commence son œuvre; méditations qui seules peuvent donner naissance à une philosophie 1 • Si nous· considérons maintenant le contenu, des .. Méditation.~, bien étrange pour :nous, nous y relevQns un. second retour .au moi . d\1 philos-ophe, en u~ sens nouveau et plus profond : le retour au moi des cogitationes pures. Ce retour sr opère· par-la méthode bien connue et fort étra~ge du doute. N~ ·con~aissant ~'autre but que celui d'une connaissance'absolue, il s'interdit d'admet~re comme !. Pour confirmer cette inte~rétation, cf. la Lettre de l'auteur au tratfuc:... uploads/Philosophie/ husserl-meditations-cartesiennes.pdf
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- Publié le Dec 23, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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