INTRODUCTION Pour introduire l’Alchimie il m’a semblé tout indiqué de reproduir
INTRODUCTION Pour introduire l’Alchimie il m’a semblé tout indiqué de reproduire ici un texte écrit par mon ami Serge Hutin († 1/11/97) pour le volume 506 « L’ALCHIMIE » de la collection « Que Sais-je » : « Rien de plus aisé, en apparence, que de définir l’Alchimie : c’est, dit-on couramment, l’art de la transmutation des métaux, cette pseudo-science du Moyen Age, dont le but était la fabrication de l’or. Et beaucoup complètent cette définition par une condamnation dédaigneuse et catégorique, s’écriant avec le chimiste Fourcroy : « L’alchimie a occupé beaucoup de fous, ruiné une foule d’hommes cupides ou insensés, et dupé une foule encore plus grande d’hommes crédules. * » Cependant, si on étudie un peu moins légèrement la question, on s’aperçoit que, sous le terme Alchimie, se cache une réalité historique extrêmement complexe. « L’histoire de l’Alchimie, écrit Ber- thelot, est fort obscure. C’est une science sans racine apparente, qui se manifeste tout à coup au moment de la chute de l’Empire Romain et qui se développe pendant tout le Moyen Age, au milieu des mystères et des symboles, sans sortir de l’état de doctrine occulte et persécutée; les savants et les philosophes s’y mêlent et s’y confondent avec les hallucinés, les magiciens, les charlatans et parfois même avec les scélérats, escrocs, empoisonneurs et falsificateurs de monnaie. » Le problème est loin d’être clair et, si de nombreux travaux érudits ont été consacrés à l’Alchimie, cette dernière n’en continue pas moins à être profondément discréditée aux yeux de la majorité du grand public, qui, d’ordinaire, ne fait guère de différence entre « alchimiste », « sorcier » et « charlatan »: l’Alchimie aurait été une sorte d’art plus ou moins magique, consistant à combiner avec ingéniosité tours de passe-passe, cornues et invocations au Diable, dans le but d’obtenir de l’or, ou de passer pour en obtenir aux yeux des badauds émerveillés... Si l’Alchimie n’avait été que cela durant toute la longue période où elle a été cultivée, elle ne mériterait certes pas d’avoir été étudiée par tant d’historiens et de savants modernes, à commen- cer par le grand chimiste Berthelot. Mais, lorsque l’on sait différencier les véritables alchimistes des escrocs et des charlatans qui prétendaient être des adeptes de l’art sacré, on s’aperçoit que l’Alchimie, loin de se réduire à la simple fabrication de l’or, était en réalité quelque chose de beaucoup plus noble, et aussi de beaucoup plus complexe. Aussi une étude impartiale, même rapide, de cette antique « Science d’Hermès » est-elle du plus haut intérêt. C’est à une exploration véritablement passionnante des temps passés que nous convions le lecteur... QU’EST-CE QUE L’ALCHIMIE? » Reprenons la définition courante de l’Alchimie « l’art de faire de l’or ». L’alchimiste, c’était donc un «faiseur d’or «, quelqu’un qui cherchait à s’enrichir aux moindres frais possibles et, le plus souvent, aux dépens d’autrui... Or ce préjugé est une grave erreur : les tentatives expérimentales des vrais alchimistes pour transmuter les métaux étaient entreprises, non pour s’enrichir, mais dans le but d’ad- joindre une preuve matérielle à leur système, « dans l’intérêt de la science », comme on dirait aujourd’hui. D’où les multiples précautions employées par les adeptes pour cacher leurs secrets aux yeux des profanes; d’où leur dédain pour ceux qu’ils appelaient «souffleurs », c’est-à-dire les simples faiseurs d’or, ceux qui cherchaient empiriquement la Pierre philosophale et, ignorant les théories initiales, essayaient au hasard les procédés les plus hétéroclites, et finissaient parfois leur carrière comme escrocs ou faux monnayeurs. » Etymologie. - Mais qu’était-ce donc que l’Alchimie proprement dite ? Interrogeons d’abord l’étymologie du mot : celui-ci est arabe dans sa forme (el-himyâ), mais grec dans sa racine. Kimyâ dérive sans doute de Khem (« le pays noir »), nom qui désignait l’Égypte dans l’Antiquité. Le mot même nous apporte donc d’utiles renseignements quant à la patrie d’origine, réelle ou symbolique, de l’art sacré » Caractères généraux. - En ce qui concerne sa physionomie générale, l’alchimie présente tous les caractères d’un art occulte, caché, réservé à certains initiés et qui ne doit pas être communiqué au vulgaire. C’est en cela que, dès l’abord, elle diffère profondément de la science moderne : l’Alchimie se transmet par tradition, orale ou écrite. Elle se transmet en secret, de maître à disciple. Elle a comme assises de vieux secrets transmis par une littérature emblématique et des révélations : l’alchi- miste n’a pas à découvrir quelque chose de nouveau, mais à retrouver un secret. C’est pourquoi l’Alchimie est restée si semblable à elle-même durant de longs siècles : si son symbolisme et certains de ses développements ont pu revêtir des formes variées durant le Moyen Age, voire même au xvie siècle, ses théories de base sur la constitution de la matière n’ont pas changé. - L’Alchimie est un art occulte, disions-nous ; c’est aussi un art maudit, qui a été condamné par des théologiens (et avant eux par le Droit romain tardif), et qui s’est développé en marge des cadres officiels du savoir, et parfois contre eux. Il nous faut maintenant envisager l’Alchimie telle quelle était définie par les alchimiste eux-mêmes. » La Philosophie hermétique. - Les alchimistes se donnaient volontiers le titre de Philosophes et, en fait, ils étaient des « philosophes » d’un genre particulier qui se disaient dépositaires de la Science par excellence, contenant les principes de toutes les autres, expliquant la nature, l’origine et la raison d’être de tout ce qui existe, relatant l’origine et la destinée de l’univers entier. Cette doctrine secrète, c’était la mère de toutes les sciences, la plus ancienne de toutes, celle qui étudiait le monde et son histoire et qui, selon la tradition, avait été révélée aux hommes par le dieu Hermès (le Thoth égyptien), d’où le nom de Philosophie hermétique donnée à cette doctrine. - Mais c’est abusivement que l’on confond cette doctrine et les opérations proprement dites : l’Alchimie était, avant tout, une pratique et, en tant que telle, elle était l’application de la Philosophie hermétique. » Les théories alchimiques. - L’Alchimie, au sens strict du terme, était donc un art pratique, une technique. Mais, en tant que telle, elle reposait sur tout un ensemble de théories relatives à la consti- tution de la mati¬re, à la formation des substances inanimées et vivantes, etc., théories qui constituaient comme les postulats d’où partait l’alchimiste. » L’Alchimie pratique; ses buts. - L’Alchimie pratique, application directe de l’Alchimie théorique, était la recherche de la Pierre philosophale. Elle revêtait deux aspects principaux, complémentaires: la transmutation des métaux, qui était le Grand Œuvre au sens restreint du terme, et la Médecine universelle. C’étaient là les deux pouvoirs essentiels de la Pierre. » Les alchimistes supposaient que les métaux étaient vivants, et qu’à l’état de santé ils devaient apparaître sous la forme de l’or, métal parfait. D’où la définition la plus courante de l’Alchimie : « L’Alchimie est la science qui enseigne à préparer une certaine médecine ou élixir, lequel, étant projeté sur les métaux imparfaits, leur communique la perfection dans le moment même de l’obtention (1) » (1) Roger Bacon, Miroir d’Alchirnie. trad. A. Poisson. » Mais, en liquéfiant la Pierre, on obtenait l’Elixir de longue vie, qui devait assurer à son possesseur la prolongation de la vie, voire même la quasi-perpétuité de l’existence; et du même coup la Panacée, remède miraculeux qui restaurait la force et la santé de l’organisme. Telle était la Médecine univer- selle : il s’agissait de trouver ce qu’on appellerait aujourd’hui un « régénérateur cellulaire ». » La Pierre philosophale devait également communiquer à son détenteur toutes sortes de pouvoirs merveilleux : se rendre invisible, commander aux puissances célestes, se déplacer à son gré dans l’espace, etc. Mais ces pouvoirs magiques sont surtout mentionnés à la fin du Moyen Age, de même que les autres problèmes qui, jusqu’à la Renaissance, sont venus se greffer sur celui de la Pierre : l’Alkaest (découvrir un « dissolvant universel », capable de dissoudre tous les corps), l’Homunculus (fabriquer artificiellement un homme), etc. » L’Alchimie mystique. - Il est une toute autre conception de l’Alchimie : selon certains auteurs et, en particulier, les penseurs de la Franc-Maçonnerie, l’Alchimie était une mystique. La terminologie alchimique en réalité, un sens figuré, et désignait « l’or spirituel ». Le but de l’alchimiste, ce n’était pas la recherche de l’or matériel : c’était l’épuration de l’âme, les métamorphoses progressives de l’esprit. Les « métaux vils », c’étaient les désirs et les passions terrestres, tout ce qui entrave le développement de l’être humain authentique. La Pierre philosophale, c’était l’homme transformé par la transmutation mystique. La transmutation du plomb en or, c’était l’élévation de l’individu vers le Beau, le Vrai, le Bien, l’accomplissement de l’archétype que chaque homme porte en lui. L’homme était la matière même du grand Œuvre, et ainsi s’explique ce passage des Sept chapitres d’Hermès : « L’Œuvre est avec vous et chez nous, de telle sorte que, le trouvant en vous-même, où il est continuellement, vous l’avez aussi toujours quelque part que vous soyez, sur terre et uploads/Philosophie/ hutin-serge-commentaire-sur-le-mutus-liber.pdf
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- Publié le Sep 15, 2021
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