Introduction à l’art du doigté Pour tout pianiste qui lit des partitions, la qu

Introduction à l’art du doigté Pour tout pianiste qui lit des partitions, la question du doigté fini toujours par se poser. En effet, il ne suffit pas de savoir quelle note il faut jouer, à quel rythme et avec quelles nuances. Encore faut-il savoir avec quels doigts il faut les jouer. Et c’est ce qu’expérimente de manière criante tout apprenti pianiste qui tente l’apprentissage des morceaux à partir de tutoriels vidéo de type Synthésia. Les doigts n’y étant pas indiqués ni organisés par groupes, le pianiste se retrouve à exécuter une succession de gestes très inconfortables qui produisent une succession de sons privés de lien, et trahissent complètement la pensée musicale à l’origine du morceau. L’étudiant a d’autre part bien du mal à mémoriser son morceau car il ne voit pas les gestes qui relient les notes entre elles. Mais avant toute chose rappelons-nous ce qu’est un doigté : il s’agit du chiffre noté par l’éditeur, l’auteur (plus rarement) ou l’interprète à proximité d’une note et qui indique quel doigt doit abaisser celle-ci. Il est en général indiqué uniquement lorsque la main sort de la position de base 5 doigt/5 touches. Il est donc d’usage d’indiquer le doigté de :  la première note qui suit un changement de position de main (changement latéral gauche droite sur le clavier)  la première note qui suit une ouverture ou d’une fermeture de main 1 Le fait de ne pas indiquer les doigts à chaque note est aussi important que les doigtés eux-même. Les intervalles vides entre chaque doigtés permettent de mettre en évidence tous les changements de position et de comprendre le geste global sous- jacent. Le doigté n’est que la partie visible de l’iceberg. Ce qui n’est “pas dit” est encore plus important. Le pianiste doit toujours chercher le geste qui se cache derrière un doigté. Celui qui permet de fabriquer le son souhaité à cet endroit. Ce geste global est exécuté par l’ensemble du bras. C’est pour cette raison que certains doigtés peuvent paraitre complètement illogique pour le pianiste inexpérimenté. Un doigté = un geste global pour un son précis. Et ce geste n’est pas indiqué sur une partition. C’est à vous d’être en capacité de le trouver, de décoder les différents indices comme les doigtés, mais aussi les ponctuations et articulations. C’est pour cela qu’il est important de toujours tester un doigté avant de le rejeter en bloc comme “pas pratique”. S’il a été écrit là c’est qu’un pianiste expérimenté l’a trouvé bon pour effectuer un geste nécessaire. Trois grands types de doigtés : Dans tous les types de doigtés qui existent, j’en distingue trois familles différentes. Je les ai listés par ordre de difficultés et donc par ordre aussi d’arrivée dans la progression méthodique d’un pianiste. Les doigtés logiques : Le doigté logique est le premier qu’on aborde au piano, le plus connu et le plus évident pour tous. Il est lié à la position 5 doigts/5 touches. Chaque doigt est associé à une touche de manière logique et mathématique. Donc si l’on est sur un pouce (1) à la main droite et que l’on doit jouer la touche d’à coté, on devra la jouer avec l’index (2). Et si l’on doit sauter ensuite une note à une intervalle de tierce, on la jouera avec l’annulaire (4). Je ne m’attarde pas sur ce type car il est en général sans aucune difficulté de compréhension. Mais dès que l’on doit changer de position car l’on a plus de 5 notes à jouer, nous sommes déjà obligés d’utiliser des doigtés physiologiques. Les doigtés physiologiques : Un bon exemple de ce type de doigté est celui des gammes. C’est l’arrivée du passage du pouce sous la main qui permet le déplacement de celle ci un peu plus haut ou un peu plus bas. Il est aussi très logique mais plus du coté anatomique que mathématique. Le pouce étant plus court, il est confortable de lui éviter les touches noires. Il permet d’adapter au mieux la main et son anatomie au relief du clavier. Il rend confortable le chemin à parcourir de la main. 2 On retrouve aussi la même logique dans un doigté moins connu : celui qui fait passer le 4 par dessus le 5 en se dirigeant vers une touche noire en venant d’une blanche qui lui est conjointe. Encore faut-il, pour être à l’aise, accompagner le geste avec le bras. Les doigtés logiques et physiologiques s’entremêlent en permanence et sont les plus connus. Les doigtés « musico-logiques » : C’est là qu’il y a le plus de diversité et de complexité. Beaucoup de doigtés qui paraissent illogiques et tirés par les cheveux au premier abord sont à classer dans cette catégorie. Ce sont cependant les plus intéressant. Ce type de doigté favorise le son que l’on veut obtenir, plus que ne vous arrange… n’oubliez pas que nous ne sommes pas là pour servir notre petite personne ou nos intérêts, mais pour créer le timbre, la dynamique et les sentiments que la musique exige. Et là, plus de logique, plutôt de l’expérience, des tests et de l’écoute. “Avec ce doigt ou cet enchainement de doigts, est-ce que j’ai le son que je souhaite ?” voilà la phrase qui devra vous obséder ! Certains peuvent être en même temps de plusieurs catégories. Et bien sûr que si votre doigté peut appartenir aux trois, c’est l’idéal. Il sera à la fois facile à retenir, confortable et musical. C’est le cas par exemple du fait de répéter plusieurs notes avec des doigts différents, souvent pour favoriser à la fois un élan du bras, éviter la crispation et permettre une progression de dynamique malgré la répétition. On peut voir également un pouce demandé sur une touche noire pour favoriser un appui musical ou une meilleure accroche de la touche après un déplacement. La substitution est un doigté à but musical également. Il s’agit de deux doigtés qui se suivent au dessus de la même note et qui sont reliés par une petite liaison (voir image ci- dessous). Elle permet de lier plus facilement certaines mélodies et sont particulièrement utiles dans les polyphonies (plusieurs mélodies simultanées à la même main). 3 Il en existe une multitude qui sont autant de “tours de mains” que doit connaitre et apprendre le pianiste, ou devrais-je dire plutôt des “tours de doigts”. C’est ce qui peut s’appeler aussi, comme en artisanat, le “savoir faire”. Je ne peux tous les citer ici, mais il vous faut apprendre chacun d’eux au cours de vos morceaux. Voilà pourquoi il est important de ne pas vous arrêter à la première impression inconfortable d’un doigté dit “bizarre”. Ne pas pré-supposer que l’auteur a reçu un coup sur la tête ce jour là ou a trop bu de whisky. La plupart sont des petits outils à garder à l’esprit dans chaque recherche de doigtés pour pouvoir s’en servir en cas de besoin. Des outils indispensables pour le travail des doigtés : Deux outils sont particulièrement indispensables à un pianiste et ne devraient jamais quitter son piano : le crayon à papier et la gomme. Quoi de plus facilement effaçable que le crayon à papier. Instrument idéal du test, de l’expérimentation, du travail de brouillon, et surtout !!!!….. du droit à l’erreur… grâce à lui et à sa coéquipière la gomme, on peut prendre le temps d’essayer un doigté pendant plusieurs jours puis décider qu’il n’est pas bon et en changer. Et puis finalement pourquoi pas revenir dessus en fin de compte ? … seul l’expérience du morceau sur le long terme le dira. 4 Et c’est là la plus grosse erreur que font la plupart des pianistes en apprentissage. Ils n’accepte pas de passer du temps à chercher, tester et modifier si besoin un doigté. Qu’il soit écrit ou non sur la partition, vous devez pouvoir remettre en question un doigté. Et en plus cette démarque active de recherche aura l’effet collatéral d’accroitre considérablement la solidité de votre mémoire du passage en question. Avantage non négligeable, vous en conviendrez ! Sur tablette numérique pas d’excuses pour ne pas indiquer ou modifier un doigté ! Les stylets permettent maintenant très bien de faire la même chose qu’un crayon à papier, et même parfois mieux puisque l’on peut parfaitement effacer le doigté de l’édition d’origine pour y mettre le sien à la place. Bien sûr il est important d’avoir un bonne base de départ, une partition issue d’une édition de qualité. Méfiez-vous des partitions écrites par des non professionnels disponibles parfois sur internet… on peut trouver du très bon comme du pas terrible. Si vous n’avez pas de pianistes plus expérimentés que vous à qui demander, mieux vaut choisir une édition ayant pignon sur rue. Deux principes importants : 1- Ne pas suivre aveuglément les doigtés de la partition : Les doigtés qui sont sur les partitions des éditeurs professionnels ont été choisis par un pianiste qui a une vision de la partition et une main qui lui sont propres. Il faut donc les considérer uploads/Philosophie/ introduction-au-dechiffrage.pdf

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