OEUVRES REUNIES Traduction: Philippe Yves Walle © Sri Ramanasramam Tiruvannamal
OEUVRES REUNIES Traduction: Philippe Yves Walle © Sri Ramanasramam Tiruvannamalai 606 603 An English translation of the Preface and Invocation can be found in English after the French Preface PREFACE Durant la bonne cinquantaine d’années qu’il vécut à Tiruvannamalai Bhagavan Shri Ramana Maharshi reçut la visite de nombreuses personnes venues de toutes régions de l’Inde ainsi que de l’étranger à la recherche d’un guide spirituel, de consolation à leur peine ou simplement avec le désir de vivre l’expérience de sa présence. Il écrivit très peu durant ces années, mais un grand nombre des conversations qu’il a eues avec ses visiteurs ont été retranscrites par certains de ses proches disciples et ensuite publiées par l’ashram. Il n’était pas un philosophe ou quelqu’un essayant d’instituer un système quelconque, mais « Un Etre réalisé » dont la parole et l’expérience provenaient d’une connaissance directe. Il arrive parfois à celui qui est sur un chemin spirituel, avancé ou non, d’expérimenter une fraction de seconde ce que pourrait être la réalisation et ainsi de prendre conscience définitivement de sa nature divine et éternelle. Une telle expérience se produisit chez le Maharshi alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon de seize ans, à la différence que pour lui ce fut définitif. Ce moment où l’ego fut déraciné une fois pour toutes est décrit dans le chapitre « Expérience de la mort à l’age de seize ans ». Peu après que ce changement ne se produise, le jeune garçon, qui sera plus tard appelé Maharshi, s’enfuit de chez lui et devint un sadhu. Il parvint à Tiruvannamalai au pied de la montagne sacrée Arunachala et y resta jusqu’à la fin de sa vie. Pour un temps, il demeura assis, immergé dans la béatitude divine, ne parlant pas, mangeant peu, négligeant complètement son corps avec lequel il ne s’identifiait plus. De façon progressive, cependant, des disciples se regroupèrent autour de lui et, pour répondre à leurs demandes, il revint à une vie normale. C’est ainsi qu’en leur expliquant certains passages d’ouvrages spirituels il devint assez érudit, presque par accident et sans chercher à donner de valeur à la connaissance livresque. Les anciens enseignements relatifs à la non dualité ne venaient que confirmer ce qu’il expérimentait de façon continue dans son état de réalisation. Il expliqua cela lui-même : « Je n’avais lu aucun livre excepté le Péripuranam, la Bible et des morceaux de Thayumanavar ; ma conception d’Iswara était la même que celle des puranas ; je n’avais jamais entendu parler de Brahman, du samsara ni de rien d’autre, je n’avais pas non plus la notion qu’il puisse y avoir une unité sous-tendant toutes choses, avec laquelle Iswara et moi-même ne faisions qu’un. Plus tard à Tiruvannamalai, en écoutant la Ribhu Gita et en lisant d’autres livres sacrés, je trouvais que tout ce que les livres analysaient et nommaient, je l’avais ressenti intuitivement et sans réfléchir. » La base de l’enseignement de Sri Ramana Maharshi est la quête “Qui suis-je” ou atma vichara ou recherche du Soi. Cette méthode d’investigation est très simple et très universelle ; on pourrait la résumer ainsi : On s’assoit, on ferme les yeux (quand on est débutant), des pensées se présentent ; on pose alors la question “Qui pense ?” ou “En qui ces pensées s’élèvent-elles ?”, la réponse logique est “En moi” ; on enchaîne ensuite avec la question : “Moi (formulé ou non), « Qui suis- je ? » et « Où suis-je ? » qui permet de se concentrer sur le Coeur spirituel situé du coté droit de la poitrine et de s’y maintenir durant la recherche. Avec de la pratique, la quête peut se résumer aux deux questions : “QUI SUIS-JE ?” et “OU SUIS-JE ?”. Le plus important n’est pas d’avoir une connaissance intellectuelle de cette méthode mais de la pratiquer ; cela peut paraître difficile au début mais avec le temps cela devient plus aisé ; le mieux est de pratiquer aussi souvent qu’on y pense et le plus longtemps possible. Le but est de laisser l’ego s’extérioriser moins en moins (sous forme de pensées) et de le ramener aussi souvent et longtemps que possible à sa nature profonde qui est le Soi. Sri Ramana Maharshi avait coutume de dire qu’on pouvait résumer tout le Védanta dans deux versets de la Bible (dans l’ancien testament) : “JE SUIS CELUI QUI SUIS” et “DEMEURE IMMOBILE (sans pensée) ET SACHE QUE JE SUIS DIEU”. On pourrait ajouter aussi : HEUREUX LES PAUVRES DE COEUR (Ceux dont le Coeur est pauvre en pensées, en concepts mentaux, en limites, en conditionnements,en cages mentales) CAR LE ROYAUME DES CIEUX EST A EUX. Le nom de Dieu révélé à Moïse n’est-il pas : “JE SUIS”. Pour retourner à ce “JE SUIS” au plus profond de nous-même, la quête “QUI SUIS-JE?” N’est-elle pas le moyen par excellence ? Peut-être peut-on dire quelques mots sur la façon avec laquelle le Maharshi répondait aux questions : il parlait librement, souvent avec humour, se mettant au niveau de compréhension de l’interlocuteur qui, s’il n’était pas satisfait, pouvait formuler des objections ou poser d’autres questions. Il a souvent été dit que le Maharshi enseignait par le silence, cela ne veut pas dire qu’il ne faisait pas d’exposés oraux, mais que ceux-ci ne constituaient pas l’essentiel de son enseignement (ou du moins qu’ils avaient un ordre inférieur en valeur). Cela était l’expérience d’une influence silencieuse dans le Cœur. Le pouvoir de sa présence était bouleversant de grâce, il rayonnait le divin de façon indescriptible et pourtant, il était resté très simple, accessible à tous, de comportement naturel sans prétention. Cette influence silencieuse peut toujours être ressentie à son Samadhi ainsi qu’à celui de sa mère venue le rejoindre à Sri Ramanasramam. Note : la remarque peut être faite que la quête « Où suis-je ? » n’est pas mentionnée dans les publications de l’ashram ; la quête « D’où suis-je ? » (en anglais : whence am I ?), par contre e s t p r é s e n t e . Si la quête « Où suis-je ? » retient notre préférence, c’est parce qu’elle est directe, comme l’est la quête « Qui suis-je ? ». La quête « D’où suis-je ? » qui est indirecte s’associerait davantage avec la question « De qui suis-je ? ». Un chrétien par exemple dirait : « je suis de Jésus » et d’où est-il ? Il est « du Cœur de Jésus » (exclusivement) ; il y a alors un intermédiaire par lequel on doit impérativement passer pour entrer en relation avec Dieu, ici Jésus. Mais pour l’ama vichara, il n’y en a pas, car le Guru (Sri Ramana Maharshi ou un autre Etre réalisé), le Soi et Dieu sont identiques et que l’entrée en relation avec l’un implique automatiquement l’entrée en relation avec les deux autres (parce que les trois sont Un). Dans le premier cas, le rapport à Dieu est indirect (De qui suis-je), dans le second il est direct (Qui suis-je). S’il paraît important de mettre la quête « Où suis-je ? » en évidence, c’est parce que Sri Ramana Maharshi nous rappelle à tout moment dans son enseignement que nous devons remonter à la source de la pensée « je », que nous devons trouver« Où » la pensée « je » s’élève (et s’y maintenir). Pour atteindre cet objectif, la quête « Où suis-je ? » est sans conteste le meilleur moyen. Il n’y a pas d’autre méthode plus directe pour trouver où la pensée "je" s’élève ? ». De poser la question : « Où cette pensée s’élève-t-elle ? » revient au même ; la réponse est : « En Moi », ce qui amène à la seconde question : Moi (formulé ou non), « Où suis-je ? ». C’est la seule méthode adéquate qui ne met pas le mental à contribution (le mental impur, qui en tant qu’ego est toujours source d’erreur). On peut faire un parallèle entre les deux questions : - En qui cette pensée s’élève-t-elle ? R :en Moi. Q : (Moi) « Qui suis-je ? » - Où cette pensée s’élève-t-elle ? R :en Moi. Q : (Moi) « Où suis-je ? » D’autre part, il apparaît aux personnes qui pratiquent les questions : « QUI SUIS-JE ? » et « OU SUIS-JE ? » associées, en alternance, qu’il est alors plus facile de rester dans la recherche ; qu’on s’en échappe moins rapidement, qu’on reste plus longtemps et plus aisément centré sur le Soi (Coeur) et que cela apporte une plus grande stabilité dans l’introversion. En comparaison la pratique de la recherche « Qui suis-je ? » seule est plus abstraite, plus fluctuante ; cela est certainement dû au fait qu’elle n’est pas centrée (dirigée) sur son point d’ancrage, le Cœur (ce qu’apporte la quête « Où suis-je ? »). La quête « Où suis-je ? » mérite certainement d’être prise en considération et ne doit sans doute pas être négligée dans la pratique si l’on uploads/Philosophie/ collected-works-french.pdf
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- Publié le Dec 29, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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