Cours INTRODUCTION GÉNÉRALE QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ? (PHILOSOPHIE, ÉTHIQU

Cours INTRODUCTION GÉNÉRALE QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ? (PHILOSOPHIE, ÉTHIQUE ET SCIENCE) SOMMAIRE INTRODUCTION 1. AMOUR ET SAGESSE 2. SAGESSE ET SAVOIR 3. SAVOIR ET VÉRITÉ (PLATON, Rép. VI. 507a - VII. 518e) PLAN GÉNÉRAL 1 INTRODUCTION Il est « naturel » qu’un débutant en philosophie commence par s’enquérir de l’essence de la discipline à laquelle il est appelé à s’initier -la nature de l’homme étant de penser ce qu’il fait- et se pose la question « Qu’est-ce que la Philosophie ? » et ce d’autant qu’il est censé tout en ignorer, contrairement aux autres matières, Mathématique, Physique ou Histoire, dont il est plus familier. Chaque philosophe, et par ce terme nous entendrons pour l’instant tout auteur que la tradition a dénommé tel, s’est d’ailleurs posé cette question. Depuis Platon, qui projetait un dialogue sur Le Philosophe1, jusqu'à M. Heidegger, qui a prononcé une conférence sur " ce thème très vaste "2, tous se sont interrogés sur la définition de leur propre pratique. Ce faisant ils montrent d’ailleurs que celle-ci ne va pas de soi, -d’où la légitimité de l’interrogation-, et que la détermination de son objet et de sa méthode, soit la question préjudicielle de sa possibilité et/ou vérité, appartient à la philosophie qui doit s’auto-légitimer ou se fonder elle-même. " La philosophie comme Tout se fonde elle-même en elle-même " (Hegel3). Notre interrogation est ainsi une interrogation philosophique préalable, dont la réponse ne peut être cherchée qu’à l’intérieur de la discipline du même nom, et s’avère donc absolument incontournable. " La question concernant sa possibilité doit trouver sa réponse en elle-même " (Husserl4). Pour légitime et nécessaire qu’elle soit, une telle question n’en soulève pas moins d’emblée une difficulté, semble-t-il, insurmontable. N’y a-t-il pas en effet quelque paradoxe, voire un véritable cercle vicieux, à commencer à philosopher, et donc à présupposer que la chose soit possible, en s’interrogeant sur la nature même de la philosophie, remettant ainsi en cause jusqu'à sa possibilité ? Plus radicalement, si se demander ce qu’est la philosophie est déjà un problème philosophique et même son problème initial, dont la solution doit permettre l’accès à sa pratique, celle-ci risque fort de ne jamais pouvoir débuter, puisqu’il faudrait déjà savoir en quoi elle consiste pour être à même de le résoudre adéquatement et conséquemment de philosopher et/ou s’initier réellement à la philosophie. Seulement, et à son tour, si l’on disposait déjà, par miracle, d’une détermination de la philosophie, il n’y aurait peut-être pas lieu de poser la question de sa nature, mais pas davantage dès lors de philosopher, car on posséderait déjà implicitement cette dernière, celle-ci découlant de celle-là. Ce dilemme, apparemment insoluble, ne nous condamnerait-il pas à tourner éternellement en rond ? Il est vrai que cette difficulté se retrouve partiellement dans la tentative de définition de toute discipline. Ainsi en se penchant sur le statut de la science mathématique, on admet l’existence et la légitimité d’une activité spécifique dénommée telle, dont on envisage pourtant en même temps qu’elle pourrait être mal fondée, sans objet, ou simplement autre qu’elle n’est, sinon on ne s’interrogerait pas sur elle. Mais, outre que, contrairement à la question intra-philosophique « Qu’est-ce que la Philosophie ? », la question « Qu’est-ce que la Mathématique ? » n’appartient pas à la mathématique en tant que telle, mais à l’étude réflexive de celle-ci soit à l’épistémologie, elle-même branche de la philosophie, la mathématique s’appuie sur des définitions, demandes (postulats) et notions communes (axiomes) et une méthode qui a fait ses preuves et qui permet aux mathématiciens de progresser, quelque décision qu’ils prennent sur l’essence de leur matière. Elle débouche du reste sur des résultats, propositions, démonstrations ou théorèmes, énonçables dans un livre, tel les Éléments d’Euclide, autour duquel la communauté des mathématiciens arrive encore à se mettre d’accord. Semblablement il suffit aux physiciens de représentations générales sur la nature et d’hypothèses, afin, moyennant des expériences et des formules mathématiques, en inférer des lois ou des théories qui, pour approximatives qu’elles soient, sont tenues pour valables par l’ensemble des savants. Les Principes mathématiques de philosophie naturelle de Newton ne sont plus toute notre physique, mais ils restent une physique reconnue comme valide, fût-ce au prix de certains correctifs. 1 cf. Le Politique 257 a et Le Sophiste 254 b 2 Qu’est-ce que la philosophie ? in Questions II 3 Diff. Syst. philo. Fichte et Schelling D. II. a) in 1ères Publs. ; cf. égal. Fichte, D.S. nova methodo 2nde introd. § 2 et Schelling, Sur la possib. forme philo. en gal ; Syst. Idéal. transc. Introd. Du Princ. idéal. transc. I. 4. p. 140 4 Log. formelle et log. transc. § 101 p. 356; cf. égal. Leç. sur l’éthique et la théorie de la valeur (1911) § 1 p. 248 2 Tel n’est absolument pas le cas en philosophie où rien n’est jamais acquis-prédonné, ni dans son objet -de quoi doit parler le philosophe : du monde, de l’homme ou de dieu et desquels au juste, étant entendu qu’il en existe une multiplicité de formes ?-, ni dans sa méthode -comment faut-il qu’il en parle, en usant de quel instrument : de l’intuition, du sentiment ou de la raison ?-, ni dans sa fin –quel but poursuit-il : la connaissance ou la pratique ?-, autant de questions qu’on ne saurait trancher par avance, sous peine de tomber dans l’arbitraire. C’est dire l’impasse dans laquelle nous nous engagerions d’entrée en voulant philosopher, impasse soulignée par Hegel tant au début de son Introduction à la Science de la Logique, consacrée au " Concept général de la Logique ", que et surtout au commencement même de celle à l’Encyclopédie des sciences philosophiques5 Contrairement aux autres sciences qui acceptent par avance l’existence des objets dont elles traitent : l’espace ou le nombre pour la mathématique, les corps pour la physique, la vie pour la biologie etc. –soit ceux-là mêmes que lui offre la représentation-, et le moyen dont elles usent pour en parler : déduction axiomatique pour l’une, induction expérimentale pour les autres –dans les deux cas " une façon lemmatique [hypothétique] "-, la philosophie ne saurait se permettre de présupposer quoi que ce soit, faute d’objet et de méthode immédiatement accordés. " La philosophie est privée de l’avantage dont profitent les autres sciences de pouvoir présupposer ses objets, comme accordés immédiatement par la représentation, ainsi que la méthode de la connaissance -pour commencer et progresser-, comme déjà admise." Nul être concret / particulier ou représentable, qu’il soit d’ordre matériel (inerte ou vivant) ou spirituel (homme ou société) ne peut au demeurant lui être assigné, dans la mesure où tous les étants sensibles ou humains font déjà l’objet d’une discipline constituée / déterminée. Partant on n’y dispose de nulle méthode qui aurait déjà fait ses preuves. Autant les matières scientifiques se passent de toute interrogation préalable sur leur possibilité, puisqu’elles reposent sur des préliminaires indiscutés et indiscutables par et pour elles-mêmes et considérés comme " bien connus " ou familiers. " Une science de ce genre n’a pas à se justifier au sujet de la nécessité de l’objet même dont elle traite ; à la mathématique en général, à la géométrie, à l’arithmétique, à la science du droit, à la médecine, à la zoologie, à la botanique, etc., il est concédé de présupposer qu’il y a une grandeur, un espace, un nombre, un droit, des maladies, des animaux, des plantes, etc., c’est-à-dire qu’ils sont admis par la représentation comme existant là ; on n’a pas l’idée de douter de l’être de tels objets, et de demander qu’il soit prouvé à partir du concept qu’il doit nécessairement y avoir en et pour soi une grandeur, un espace, etc., de la maladie, l’animal, la plante." Autant notre « science » exige une justification qui en valide l’existence même. C’est dire la situation très inédite/spécifique dans laquelle nous nous trouvons ici et le besoin impérieux qu’éprouve(ra) forcément tout candidat à la Philosophie d’une « Introduction » sérieuse. " Les sciences philosophiques sont celles qui ont le plus besoin d’une introduction, car dans les autres sciences on connaît aussi bien l’objet que la méthode : c’est ainsi que la science naturelle a pour objet la plante ou l’animal ; la géométrie, l’espace. L’objet d’une science naturelle est donc quelque chose de donné, qui n’a pas besoin d’être défini et précisé. Il en est de même de la méthode qui est fixée une fois pour toutes et admise par tous. Dans les sciences, au contraire, qui portent sur des produits de l’esprit, le besoin d’une introduction, d’une préface se fait sentir davantage."6 Certes on peut intuitivement reconnaître à la philosophie une parenté avec la religion, si l’on convient que, comme celle-ci, celle-là a affaire à la Vérité –et non à telle ou telle vérité- et donc partage avec elle la croyance en une vérité absolue, c’est-à-dire en Dieu. Toutes deux n’envisagent d’ailleurs tout le reste (monde et homme) que dans leur rapport à Elle / Lui, censé(e) être leur source. " Elle a, il est vrai, ses objets tout d’abord en uploads/Philosophie/ de-la-philosophie-eu-qu-x27-est-ce-que-la-philosophie-intro.pdf

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