INTRODUCTION AUX PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DU DROIT Séance 1 : Foucault « Tou
INTRODUCTION AUX PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DU DROIT Séance 1 : Foucault « Toute notre époque, que ce soit par la logique ou par l’épistémologie, que ce soit par Marx ou par Nietzsche, essaye d’échapper à Hegel. Mais échapper réellement à Hegel suppose d’apprécier réellement ce qu’il en coûte de se détacher de lui. Foucault désigne un adversaire en Hegel, auquel il s’agit d’échapper, de penser contre. Il nous faut nous confronter à lui, ne serait-ce que pour penser contre lui, se détacher de lui. Avec cette idée, suggérée ironiquement à la fin par Foucault, celle d’une « ruse » hégélienne, qui serait peut-être à l’oeuvre dans la pensée contemporaine pour l’arrêter. Nous nous affronterons donc à Hegel par un texte particulier : car on ne peut pas prendre Hegel par un bout, sans en prendre le tout. Donc, c’est certes une entrée particulière, mais une introduction qui doit se faire. L’ouvrage est paru à l’automne 1820, « les lignes fondamentales de la philosophie du droit », traduit traditionnellement par « principes de la philosophie du droit ». Il s’agit du 4ème grand ouvrage fondamental de Hegel, le dernier de ses grands écrits systématiques, après la phénoménologie de l’esprit (1807), après la Science la logique (1812) et après l’encyclopédie (1817). Après cette parution, Hegel ne fera que remanier ses ouvrages lors de leurs rééditions successives. En 1831 Hegel entreprends de remanier la Phénoménologie de l’esprit, mais il ne le feras pas, emporté par la dernière grande épidémie de choléra en Europe, en 1831. Mais il n’y as pas que ses ouvrages, sont aussi ses opuscules, ses articles, et surtout les prises de notes de ses cours. Le livre étudié est un manuel que le professeur publie pour servir d’introduction au cours qu’il va tenir. Hegel est alors à ce qui constitue le faîte de la carrière universitaire possible en Allemagne : professeur à l’université royale de Berlin. Il est aussi au sommet de sa gloire : c’est une assistance extraordinairement nombreuse qui se précipite à ses cours. L’anecdote raconte que Schopenhauer prenait le soin de mettre ses cours à la même heure que ceux de Hegel, pour forcer à choisir. Hegel est le fils d’un fonctionnaire, né en 1770. Les différentes phases philosophiques correspondent aux périodes de sa vie. Ainsi, commence une première période de 1770 à 1788, où Hegel est à Stuttgart, et il va suivre ses premières années de formation. A partir de 1788, jusqu’à 1793, Hegel est à Tübingen, où Hegel est boursier au Schrimft (?). Ici, il est le condisciple de Holderlin et de Schelling. Ils étudient ensemble dans une atmosphère intellectuelle, enthousiaste. Au sortir de cela, Hegel (refusant d’être pasteur), va partir à Berne entre 1793 et 1796. Il est précepteur chez un baron, et en profite pour voyager dans les Alpes. Ici commence sa réelle production philosophique personnelle. Entre 1797 et 1800, sa philosophie prends forme de plus en plus, il est précepteur à Francfort. En 1801, jusqu’en 1807, période dite de Iéna : début de la maturité philosophique de Hegel. Il se rends à l’université de Iéna, où exerce Schelling déjà. Hegel va y soutenir sa thèse et va y enseigner ensuite, notamment la philosophie de Schelling. C’est la période des premières publications, et c’est là que Hegel va subir l’occupation par les troupes napoléoniennes, jusqu’à croiser Napoléon (« l’âme du monde, monté à cheval »). Mais néanmoins, Hegel va rédiger et publier en 1816 La phénoménologie de l’esprit, couronnant et closant à la fois cette période de Iéna. En 1808, troisième phase, Hegel est nommé recteur au lycée de Nuremberg, où il y enseigne aussi la philosophie. Il se marie aussi en 1811. Il publie aussi La Science de la logique. De 1816 à 1818, Hegel est consacré : il est appelé à l’université, à Heideberg. Berlin l’appelle déjà, mais il préfère honorer son premier engagement. Il n’accepteras qu’en 1818. Et c’est là qu’il va rédiger ses principes de la philosophie du droit. Ce statut de professeur de Hegel informe directement la forme que prend l’ouvrage qu’on va lire. Ce texte est destiné à être enrichir par les leçons elle-même. D’où le caractère extrêmement sec de l’ouvrage, tel qu’originellement publié. Mais d’emblée, dans la préface, Hegel précise que son texte n’est pas simplement un manuel, puisque les différents paragraphes sont enrichis de ses « remarques », qui viennent compléter les paragraphes eux-mêmes. Ces remarques qui interviennent pour clarifier de temps à autre le contenu plus abstrait du texte. Il y a enfin une troisième strate du texte ( 1) Paragraphes ; 2) Remarques ; 3) Additions/additifs). Ces additions n’appartiennent pas au texte original de Hegel, elles ne sont pas de sa main (les remarques le sont). On ne peut donc pas mettre cela sur le même plan. Ces additions sont des notes de cours prises par les étudiants les plus prestigieux de Hegel, et qui ont étés sélectionnées et ajoutées dans les notes de cours par son disciple Édouard Gans lorsque a été publié, après la mort de Hegel, la première édition posthume complète de ses œuvres. Ces notes sont tirées de cahiers rédigées par les étudiants ayant assistés au cours, donc postérieures au manuel, donc appuyées sur ces mêmes manuels. Bien sûr il y a là une double caution à avoir : les notes sont-elles vraiment conformes à ce que disait Hegel ? Et ensuite, la sélection de Gans est-elle digne de confiance ? Ou bien vient-il, par un biais quelconque, favoriser une interprétation du texte personnelle ? Ces additions ne figurent pas dans toutes les versions du texte. Ces additions peuvent se trouver soit à la fin du paragraphe, soit à la fin du texte. Il est à noter que la publication du manuel ne précède pas l’élaboration du cours : Hegel a déjà enseigné plusieurs fois ce cours, dont une à Heidelberg. Après 1825, Hegel confie le cours précisément à Édouard Gans, jusqu’en 1831, où Hegel reprends le cours. On ne sait pas toujours exactement pourquoi, une hypothèse veut que Gans devenait trop républicain. La traduction Kervégan présente aussi les propres annotations marginales de Hegel à son exemplaire des Principes de la philosophie du droit. 1) Le contexte Hegel se réfère au contexte bien particulier qui est le sien, et il ne faut pas négliger l’intérêt constant de Hegel pour l’activité politique de son époque, Hegel qui disait que la lecture des journaux constituait la prière quotidienne du philosophe. Hegel va lui-même diriger un petit journal, où il va se confronter aux problèmes de son temps. Et on rappelle aussi souvent que la toute première œuvre est un écrit politique de circonstance, ainsi que sa toute dernière œuvre. Ce qui fait que Hegel n’as jamais cessé d’être présent, d’interpréter la vie politique de son temps. « Ce qui est rationnel est effectif, et ce qui est effectif est rationnel », ou plutôt « ce qui est rationnel est réel, et ce qui est réel est rationnel ». Il ne saurait donc être question de disjoindre, pour Hegel, le cours du monde tel qu’il se déroule dans l’Histoire, et l’Idée même de l’Histoire dans la philosophie. Il n’est donc pas du tout anecdotique, mais profondément philosophique de comprendre l’inscription de l’oeuvre dans son contexte historique. En ce sens, tout le but du cours c’est de comprendre cette phrase. Chaque système philosophique n’étant, pour Hegel, qu’une expression de son temps, et surtout une expression crépusculaire : « la chouette de Minerve prends son envol au crépuscule ». La philosophie vient dire la réalité de son temps lorsque ce temps a déjà épuisé son sens. Il s’agit aussi de parler de ce contexte, car il a servi a étayer un certain nombre de lectures, souvent opposées philosophiquement, mais voire même aussi politiquement. Quel est donc ce contexte alors ? D’abord, en acceptant la chaire universitaire de Berlin, Hegel entends se rapprocher de ce qu’il désigne comme « le Centre », politique comme philosophique. Il rejoins en effet la capitale de l’État allemand le plus moderne (l’Allemagne n’est pas encore constituée comme une nation fédérative). Celui qui, depuis 1806, s’est engagé, sous l’impulsion du barvon Vön Stein, puis du chancelier Hardenberg, dans la voie de réformes politiques et sociales décisives. Le régime semble s’engager vers un régime de monarchie constitutionnelle, encadré par une loi fondamentale. Mais lorsque Hegel arrive à Berlin, en 1818, le climat politique s’est largement modifié : s’ouvre alors une période de réaction politique très forte, qui va durer jusqu’aux événements révolutionnaires de 1840. Ce sont, dans cette période, les courants les plus conservateurs qui l’emportent sur les plus progressistes à la cour. L’université ne reste pas coi par rapport à cette activité politique, le symbole de ça c’est l’éviction de Humboldt du gouvernement. Un autre événement qui va servir de catalyseur par cette reprise en main politique, c’est l’assassinat de Mannheim : Kotzebue, un écrivain conservateur va être assassiné par un jeune étudiant, Karl Sand, membre des associations d’étudiants. Les associations d’étudiants étaient des bandes assez composites au niveau uploads/Philosophie/ introduction-aux-principes-de-la-philosophie-du-droit.pdf
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- Publié le Mai 28, 2022
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