Jiddu Krishnamurti L'ESPRIT ET LA PENSÉE Traduit de l'anglais par Colette Joyeu

Jiddu Krishnamurti L'ESPRIT ET LA PENSÉE Traduit de l'anglais par Colette Joyeux 2001 Éditions Stock « Qu'est-ce que la pensée et quelle est sa juste place dans notre existence ? » J. Krishnamurti SOMMAIRE Avant-propos Seattle, le 23 juillet 1950 Londres, le 7 avril 1952 Rajghat, le 23 janvier 1955 Rajghat, le 6 février 1955 Ojai, le 21 août 1955 Rajghat, le 25 décembre 1955 Bombay, le 28 février 1965 La révolution du silence Saanen, le 23 juillet 1970 Saanen, le 26 juillet 1970 Saanen, le 18 juillet 1972 Saanen, le 20 juillet 1972 Brockwood, le 9 septembre 1972 Saanen, le 15 juillet 1973 Réponses sur l'éducation Saanen, le 28 juillet 1974 Saanen, le 24 juillet 1975 Saanen, le 13 juillet 1976 Madras, le 31 décembre 1977 Madras, le 7 janvier 1978 Ojai, le 15 mai 1980 Brockwood, le 14 septembre 1980 Ojai, le 3 mai 1981 Rajghat, le 25 novembre 1981 The Future of Humanity Saanen, le 25 juillet 1983 The World of Peace Brockwood, le 25 août 1984 Mind Without Measure – 2 – Citation « L'intelligence n'est pas l'aptitude au maniement habile d'arguments, de concepts, d'opinions contradictoires — comme si les opinions pouvaient donner accès à la découverte de la vérité, ce qui est impossible — mais elle consiste à se rendre compte que la mise en actes de la pensée, en dépit de toutes ses capacités, de ses sub- tilités, et de l'activité prodigieuse qu'elle ne cesse de déployer, n'est pas l'intelligence. » Krishnamurti, Brockwood Park, le 4 septembre 1982 – 3 – Note JIDDU KRISHNAMURTI (1895-1986) est un penseur très à part dans l'histoire des mouvements spirituels. Tout en dispensant son enseignement au cours de mul- tiples conférences et à travers de nombreux ouvrages, il a toujours obstinément refu- sé toute position d'autorité, laissant à chaque individu la liberté entière d'interpréter son message. « II est unique », disait de lui Henry Miller, tandis que George Bernard Shaw le proclamait un « maître spirituel d'exception ». – 4 – Quatrième de Couverture En dépit des prouesses de la technologie, les rêves de progrès se brisent face à ce constat effrayant: le chaos règne en de nombreux points du globe, la haine raciale et nationaliste sévit et donne libre cours aux pires barbaries, le doute s'installe dans les esprits quant à l'avenir « radieux » promis à l'humanité. Dans L'ESPRIT ET LA PEN- SÉE, Krishnamurti évoque deux voies possibles pour renverser la situation. La pre- mière, la plus classique, consiste à vouloir changer les structures sociales, politiques et économiques. Pour l'auteur, cette voie est vouée à l'échec, car c'est la pensée qui l'inspire. La seconde, plus inattendue, passe par une mutation intérieure qui, elle, procéderait de l'esprit. Mais comment faire la distinction entre esprit et pensée, et en quoi sont-ils liés? Plutôt que de livrer d'emblée les réponses, Krishnamurti invite le lecteur à obser- ver pas à pas le panorama réel de nos processus mentaux, à voir les succès et les im- passes sur lesquels ils débouchent. Il nous fait ainsi découvrir cette deuxième voie, celle où le changement ne se fonde plus sur une action volontariste et collective, mais mise sur une mutation radicale, individuelle, intime, inédite. – 5 – Avant-propos JIDDU KRISHNAMURTI naquit en Inde en 1895 et fut pris en charge à l'âge de treize ans par la Société théosophique qui voyait en lui l'« Instructeur du monde » dont elle avait proclamé la venue. Krishnamurti apparut très vite comme un penseur de grande envergure, intransigeant et inclassable, dont les causeries et les écrits ne relevaient d'aucune religion spécifique, n'appartenaient ni à l'Orient ni à l'Occident, mais s'adressaient au monde entier. Répudiant avec fermeté l'image messianique qu'on lui avait attribuée, il prononça à grand fracas la dissolution de la vaste organi- sation nantie qui s'était constituée autour de sa personne ; il déclara alors que la véri- té était un « pays sans chemin », dont l'accès ne passe par aucune religion, aucune philosophie ni aucune secte établie. Tout au long de sa vie, Krishnamurti rejeta obstinément le statut de gourou que certains voulaient lui faire endosser. Il ne cessa d'attirer un large public dans le monde entier, mais sans revendiquer aucune autorité, sans accepter aucun disciple, s'adressant toujours à ses auditeurs de personne à personne. La base de son enseigne- ment repose sur la ferme conviction que les mutations fondamentales de la société ne peuvent aboutir qu'au prix d'une transformation de la conscience individuelle. L'ac- cent est mis sans relâche sur la nécessité de la connaissance de soi et sur la compré- hension des influences limitatives et séparatrices de tout conditionnement d'ordre re- ligieux et nationaliste. Krishnamurti a toujours insisté sur l'impérative nécessité de cette ouverture, de ce « vaste espace dans le cerveau où est une énergie inimaginable ». C'était là, semble-t-il, la source de sa propre créativité et aussi la clé de son impact charismatique sur un auditoire des plus divers. Krishnamurti continua à s'exprimer publiquement aux quatre coins du monde jus- qu'à sa disparition en 1986, à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Ses causeries, entretiens et dialogues, son journal et ses lettres ont été rassemblés en un corpus de plus de soixante volumes. La série d'ouvrages à thème dont fait partie le présent ouvrage est une compilation d'extraits de cette œuvre immense que constitue son enseignement. Chaque volume est axé sur un problème dont l'actualité et l'urgence sont en parfaite adéquation avec les préoccupations de notre vie quotidienne. – 6 – Chapitre 01 Seattle, le 23 juillet 1950 Extrait du compte rendu de la causerie publique du 23 juillet 1950 à Seattle, dans Les Œuvres Collectées de J. KRISHNAMURTI, vol. VI, copyright © 1991, The Krish- namurti Foundation of America. La pensée n'est jamais neuve ; la relation, elle, est toujours inédite ; or c'est en s'appuyant sur le passé que la pensée aborde la relation, qui est l'expression même de la vie, du réel, du neuf. Autrement dit, la pensée veut comprendre la relation à la lu- mière de souvenirs, de schémas, d'un conditionnement issus du passé — d'où le conflit. Pour pouvoir comprendre la relation, nous devons d'abord comprendre tout l'arrière-plan dont hérite le penseur, c'est-à-dire être capables de voir les choses telles qu'elles sont, sans les interpréter en fonction de nos souvenirs, de nos idées précon- çues, qui sont le résultat du conditionnement passé. L'activité de la pensée est donc l'écho de cet arrière-plan du passé, des expériences accumulées au fil du temps ; c'est la réponse émanant de la mémoire à différents ni- veaux — celui de la personne et de la collectivité, celui de l'individu et de l'espèce, ce- lui du conscient et de l'inconscient. Le processus de pensée englobe tout cela. Notre pensée ne peut donc jamais être inédite. Il ne peut y avoir d'idée « neuve », car notre pensée est inapte au renouveau, incapable de fraîcheur: l'écho du passé — le poids du conditionnement, des traditions, des expériences, de tout le capital collectif et indivi- duel que nous avons accumulé — est toujours présent. Lorsqu'on a recours à la pen- sée comme moyen de découvrir l'inédit, on constate aussitôt la futilité totale de cette démarche. La pensée ne peut découvrir rien d'autre que ses propres projections — et jamais rien de neuf. Elle ne peut identifier que ce qu'elle connaît déjà — pas ce qui sort du cadre de son expérience. Ces propos n'ont rien de compliqué ni d'abstrait et ne relèvent pas de la métaphy- sique. Si vous observez les choses de plus près, vous constaterez ceci: tant que l'expé- rience est vécue par le « je » — qui est l'entité formée de tous ces souvenirs — la dé- couverte de l'inédit est absolument impossible. La pensée, c'est-à-dire le « je », ne pourra jamais faire l'expérience directe de Dieu, car Dieu, ou le réel, c'est l'inconnu, l'inimaginable, l'informulé: il n'a ni nom ni étiquette. Le mot Dieu n'est pas Dieu. La pensée ne peut en aucun cas appréhender l'inédit, l'inconnaissable, elle peut unique- ment avoir l'expérience du connu ; elle ne peut fonctionner que dans le champ du connu — et pas au-delà. Dès que la pensée songe à l'inconnu, notre esprit s'agite: il voudrait faire entrer l'inconnu dans la sphère du connu. Mais l'inconnu ne peut en aucun cas entrer dans la sphère du connu, d'où ce conflit entre le connu et l'inconnu. Seattle, le 23 juillet 1950 – 7 – Chapitre 02 Londres, le 7 avril 1952 Extrait du compte rendu de la causerie publique du 7 avril 1952 à Londres, dans Les Œuvres Collectées de J. KRISHNAMURTI, vol. VI, copyright © 1991, The Krish- namurti Foundation of America. Qu'est-ce que penser? Lorsqu'on dit: « Je pense », que veut-on dire au juste? Quand sommes-nous conscients de ce processus de la pensée? Assurément, c'est lorsque nous sommes confrontés à un problème, à un défi, à une question, ou que nous sommes en situation de friction: là, nous en prenons acte en tant que processus conscient. Je vous uploads/Philosophie/ l-x27-esprit-et-la-pensee-krishnamurti-jiddu.pdf

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