Document généré le 19 fév. 2019 09:30 Philosophiques L’esthétique de Dilthey :
Document généré le 19 fév. 2019 09:30 Philosophiques L’esthétique de Dilthey : phénoménologie et théorie littéraire Peter McCormick Volume 2, numéro 2, octobre 1975 URI : id.erudit.org/iderudit/203032ar https://doi.org/10.7202/203032ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Société de philosophie du Québec ISSN 0316-2923 (imprimé) 1492-1391 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article McCormick, P. (1975). L’esthétique de Dilthey : phénoménologie et théorie littéraire. Philosophiques, 2(2), 229–252. https:// doi.org/10.7202/203032ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Société de philosophie du Québec, 1975 L'ESTHÉTIQUE DE DILTHEY : PHÉNOMÉNOLOGIE ET THÉORIE LITTÉRAIRE * par Peter McCormick Depuis la cristallisation d'une théorie de l'interprétation dans le chef-d'œuvre de H.G. Gadamer, Wahrhett und Me h ode, la théorie littéraire de Dilthey a soulevé un nouvel intérêt.1 Pendant plusieurs années, elle a été négligée2 à cause des attaques de toute une école de critiques allemandes dont les principaux théoriciens étaient Viëtor, Kayser et Staiger. On accusait Dilthey d'exagérer les aspects historiques et psychologiques des textes au détriment de leur caractère formel. L'œuvre de Gadamer a éclairé les enseignements, aujourd'hui oubliés, que Dilthey avait reçus au cours de son travail exhaustif sur Schleiermacher. La publication récente de la première bibliographie complète sur * Une ébauche plus courte de ce texte a été prononcée au 44e Congrès de l'Association canadienne-française pour l'avance- ment des sciences à Moncton, au Nouveau-Brunswick, le 7 mai 1975. 1. Tubingen, Mohr, I960. La deuxième édition (1965) contient une longue réponse aux critiques de la première édition. Voir aussi : GADAMER, Kleine Schriften, Tubingen, Mohr, I (1967), II (1968), III (1972), et IV (à paraître). La direction particulière du travail de Gadamer sur Dilthey peut être retracée dans « Portée et limites de l'œuvre de Wilhelm Dilthey » dans son livre Le Problème de la conscience historique, Louvain, 1963, pp. 21-37. 2. Voir : VIËTOR, « Deutsche Literaturgeschichte als Geistesgeschichte : Ein Rùckblick», PMLA, LX (1945), 899-916, un article qui fait autorité. Pour le point de vue de W. KAYSER, voir son texte connu : Das spracbliche Kunstwerk, Berne, 6e édition, I960. Les opinions de STAIGER sont disper- sées. Un résumé convenable se trouve dans son Grundbegriffe der Poetik, Zurich, 4e édition, 1949, un livre également connu. WELLEK et WARREN, dans leur Theory of Literature, New York, 1956, suivent de près ce courant allemand. Dilthey,3 accompagnée d'une étude intéressante en allemand sur son esthétique,4 montre clairement que les stéréotypes aux- quels on avait réduit la pensée de Dilthey ne sont plus accep- tables. À la lumière donc de ces travaux, et surtout de celui de Mûller Vollmer,5 je me bornerai dans cet article à une discussion critique de quatre points : la critique diltheyenne de la tradition esthétique, la thèse cardinale de sa propre théorie, sa classification des énoncés et, enfin, ses concepts d'Erlebnis et du Typ. Mais, d'abord, « la théorie littéraire de Dilthey, » à quoi se réfère-t-elle ? I — La « théorie littéraire » de Dilthey Le premier problème pour réussir à présenter un exposé précis et constmctif de la « théorie littéraire de Dilthey » (disons la «théorie») est de décider si une telle phrase se réfère à un contenu réel et distinct. Ii nous faut, en effet, une distinction entre les vues de Dilthey et les écrits très divergents des théori- ciens de la geistesgeschiechtliche école : F. Gundolf, R. Unger, 3. HERRMANN, U., Bibliographie Wilhelm Dilthey, Weinheim, 1969. Cette bibliographie est complète jusqu'à l'été 1968. Elle fournit une liste chrono- logique de toutes les publications de Dilthey, de tous ses plans, ses lectures, ses lettres, son journal et ses écrits posthumes. Elle fournit également une liste des traductions dans six langues. La liste chronologique détaillée des écrits de Dilthey lui-même couvre 90 pages, alors que la liste des écrits secondaires couvre 84 pages. De Dilthey, seuls le Einleitung de 1833 et les tomes V, VI et VIII des Oeuvres complètes (Gesammelte Schriften ou GS) ont été traduits en français. 4. RODI, F., Morphologie und Hermeneutik : Zur Méthode von DiUheys Aesthetik, Stuttgart, 1969. Pour un compte rendu plus général de l'œuvre de Dilthey, du point de vue allemand contemporain, voir la longue introduction de M. RIEDEL à l'édition augmentée du livre de Dilthey Der Aufbau der geschichtlichen Welt in den Geisteswissenschaften, Francfort, 1970, pp. 9-81, et les articles antérieurs, plus spécialisés, du même auteur : « Wilhelm Dilthey und das Problem der Metaphysik », Phil. Jahrb. 16 (1968/69), 332-348, et « Das erkenntniskritische Motiv in Diltheys Théorie der Geisteswissenchaften », Hermeneutik und Dialektik, vol. I, Tiibingen, 1970, pp. 233-257. Beaucoup plus ancien (1933), l'ouvrage de CXF. BOLLNOW, Dilthey: Eine Einfûhrung in seine Philosophie, Stuttgart, 2e édition, 1955, demeure très utile. En anglais, The Philosophy of W. Dilthey, Londres, 1952, de H. HODGES demeure également utile. O. Walzel, et J. Petersen.6 Voici une schématisation de la présen- tation de Miiller-Volmer. (1) «La 'théorie' correspond à cette partie des écrits de Dilthey qui traitent spécifiquement de la littérature. » Cest l'opi- nion générale autant des disciples de Dilthey que de ses critiques. Pourtant, ce point de vue est inadéquat pour deux raisons. En pratique, ce point de vue se concentre uniquement sur trois ou- vrages, à l'exclusion de plusieurs ouvrages antérieurs de Dilthey sur la littérature.7 De plus, ce point de vue nie tout lien entre les aspects littéraires et les autres aspects (principalement histo- riques et philosophiques) de son œuvre. Mais cette dénégation est inutile car ce lien est indéniable. (2) « La 'théorie' est identique à la théorie littéraire conte- nue dans toute l'œuvre de Dilthey. » Cette assertion est aussi inadéquate pour deux raisons. De fait, une lecture exhaustive de l'œuvre de Dilthey montre qu'il n'y a aucun endroit où cette théorie littéraire puisse être appréhendée dans sa totalité. En outre, quelques-unes des différentes présentations de la théorie littéraire sont inconsistantes. (3) « La 'théorie' est identique à la théorie littéraire qui peut être déduite de la ptatique littéraire critique de Dilthey. » Cette opinion est inadéquate à cause de la deuxième raison citée plus haut sous (1). (4) « La 'théorie' est identique à l'établissement des contri- butions terminologiques durables de Dilthey (exemple : BiI- dungsroman, génération littéraire). » Cette opinion est également inadéquate parce qu'il y a mésentente sur le choix des critères 5. Towards a Phenomenological Theory of Literature: A Study of W* Dilthey's Poetik, La Haye," 1963. Les numéros des pages dans le texte se réfèrent à ce livre. 6. GUNDOLF, F., Goethe, Berlin, 1916; UNGER, R., Herder, Novalis und Kleist, Francfort, 1922 ; WALZEL, O., Gehalt und Gestalt im Kunstwork des Dichters, Postdam, 1923 ; et PETERSEN, J., Die Wissenschaft von der Dichters, Berlin, 1939. 7. Ces ouvrages sont trois recueils d'essais : le célèbre Das Erlebnis und die Dichtung (1905), Von Deutscher Dichtung und Musik (posthume, 19572), et Die grosse Phantasiedichtung und andere Studien zu vergleichenden . Literaturgeschichte (posthume, 1954). pour définir cet établissement et sur les termes auxquels se rap- portent ces critères. Ainsi, il semblerait que la « théorie » n'ait aucun réfèrent identifiable. La propre proposition de Mùller-Vollmer (pp. 45-46) se lit comme suit : (5) la « théorie » est identique à l'essai Die Einbildungskraft des Dichters (1887) de Dilthey, à sa suite Die drei Epochen der modemen Aesthetik und ihre heutige Aufgabe (1892), aux par- ties de quatre autres ouvrages,8 et aux opinions contenues passim dans des parties d'ouvrages postérieurs à 1900.9 II écrit : « la clé de la théorie de la littérature... est contenue dans les études philosophiques écrites dans la dernière décade de sa vie, au cours de laquelle il lutta pour la clarification et la systématisation d'opinions et d'intuitions antérieures» (p. 43). Pour Mùller- Vollmer la valeur de cette clé, c'est qu'elle procure un moyen de dénier les arguments cités ci-haut ((1) - (4)). En effet, le cin- quième propos en viendrait à stipuler que l'essentiel de la « théorie » n'est nullement repérable dans les écrits littéraires de Dilthey. Mais plutôt que la « théorie » doit être surtout décelable dans la combinaison des derniers écrits philosophiques et, préci- sément, de ces écrits littéraires (les essais de 1887 et 1892) dans lesquels... « l'éclair survint à travers une nouvelle perspective philosophique qui aboutit aux écrits phénoménologiques des an- nées postérieures à 1900 » (p. 44). S'appuyant sur les remarques de G. Misch en 1923 et celles de L. Landgrebe en 1928,10 Mliller-Vollmer considère comme établi qu'il y ait eu un tel 8. Ideen « uber eine beschriebende und zergliedernde Psychologie : 1896 (GS T V. 241-316). Einleitung in die Geisteswissenschaften: 1883 (GS, I. 3-429) et la monographie Das Leben Schleiermachers : uploads/Philosophie/ l-x27-esthetique-de-dilthey-phenomenologie-et-theorie-litteraire-peter-mccormick.pdf
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- Publié le Fev 16, 2022
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