CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera
CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.” Voltaire ARISTOTE ET L’ÉTHIQUE Éclairage sur l’Éthique à Nicomaque CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN L'École d'Athènes selon Raphaël (fragment) Association ALDÉRAN Toulouse pour la promotion de la Philosophie MAISON DE LA PHILOSOPHIE 29 rue de la digue, 31300 Toulouse Tél : 05.61.42.14.40 Email : philo@alderan-philo.org Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-176 ARISTOTE ET L’ÉTHIQUE Éclairage sur l’Éthique à Nicomaque conférence d’Éric Lowen donnée le 24/11/2006 à la Maison de la philosophie à Toulouse L’Éthique à Nicomaque est le grand ouvrage éthique d´Aristote, dont l'influence fut énorme jusqu’au XVIIIème siècle. Avec les autres écrits connus d'Aristote, il fut repris par la pensée arabo-musulmane, puis transmis à l'Occident au XIIème siècle. L'éthique à Nicomaque apparaît comme l’ouvrage d’éthique philosophique par excellence, qui fonde la notion même d'éthique. À partir de ce livre, nous aborderons la pensée éthique aristotélicienne, ses principes et son actualité. Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-176 : “Aristote et lʼéthique” - 14/02/14 - page 2 ARISTOTE ET L’ÉTHIQUE Éclairage sur l’Éthique à Nicomaque PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN I ARISTOTE 1 - Aristote et l’aristotélicisme dans la philosophie antique 2 - Aperçus biographiques (384-322) 3 - L’oeuvre d’Aristote : sciences théorétiques, pratiques et poétiques 4 - La logique 5 - Une œuvre éthique magistrale aujourd’hui méconnue II L’ÉTHIQUE À NICOMAQUE 1 - Le genre du livre, un traité de morale 2 - Son propos : comment trouver le bonheur ? 3 - La composition du livre A - Livre I : le champ, la méthode et l’objet de l’ouvrage B - Livre II : La définition de la vertu C - Livre III : la recherche du Juste milieu D - Livre IV : Les vertus particulières E - Livre V : La justice F - Livre VI : Les vertus intellectuelles (la prudence, phronèsis) G - Livre VII : Le plaisir H - Livres VIII et IX : L'amitié (philia) I - Le livre X : la recherche du bonheur III LES PRINCIPES DE CETTE ÉTHIQUE 1 - Tendre vers le bien, tendre vers le bonheur 2 - L’homme non-vertueux fait le mal en connaissance de cause 3 - La vertu est une médiétée, un rapport “géométrique” fondée par la raison et l’expérience 4 - La juste mesure aristotélicienne 5 - L’importance de la volonté, l’acte vertueux est choix délibéré 6 - Une théorie de la pratique dont l’axe est le raisonnable 7 - L’éducation de la volonté 8 - La hiérarchie des fins au lieu de les opposer IV LA NATURE DE L’ÉTHIQUE ARISTOTÉLICIENNE 1 - Une éthique pleinement éthique, à la lumière de la raison et de l’expérience 2 - Une éthique du bonheur, un bonheur en acte et de l’accord avec soi 3 - L’opposition au platonicisme : le bien n’est pas univoque, il est contextuel 4 - Une réflexion à partir de la nature humaine, l’homme comme animal politique 5 - Une éthique humaniste, laïque, dessillée, pratique, pragmatique, situationniste 6 - Une éthique qui fonde aussi les rapports politiques V CONCLUSION 1 - La modernité et l’actualité de l’éthique aristotélicienne ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-176 : “Aristote et lʼéthique” - 14/02/14 - page 3 Document 1 : Sur la recherche de la finalité de l’accomplissement de l’homme. Pour le joueur de flûte, le statuaire, pour toute espèce d'artisan et en un mot pour tous ceux qui pratiquent un travail et exercent une activité, le bien et la perfection résident, semble-t-il, dans le travail même. De toute évidence, il en est de même pour l'homme, s'il existe quelque acte qui lui soit propre. Faut-il donc admettre que l'artisan et le cordonnier ont quelque travail et quelque activité particuliers, alors qu'il n'y en aurait pas pour l'homme et que la nature aurait fait de celui-ci un oisif ? Ou bien, de même que l'œil, la main, le pied et en un mot toutes les parties du corps ont, de toute évidence, quelque fonction à remplir, faut-il admettre pour l'homme également quelque activité, en outre de celle que nous venons d'indiquer ? Quelle pourrait-elle être ? Car, évidemment, la vie est commune à l'homme ainsi qu'aux plantes ; et nous cherchons ce qui le caractérise spécialement. Il faut donc mettre à part la nutrition et la croissance. Viendrait ensuite la vie de sensations, mais, bien sûr, celle-ci appartient également au cheval, au bœuf et à tout être animé. Reste une vie active propre à l'être doué de raison. Encore y faut-il distinguer deux parties : l'une obéissant, pour ainsi dire à la raison, l'autre possédant la raison, et s'employant à penser. Comme elle s'exerce de cette double manière, il faut la considérer dans son activité épanouie, car c'est alors qu'elle se présente avec plus de supériorité. Si le propre de l'homme est l'activité de l'âme, en accord complet ou partiel avec la raison ; si nous affirmons que cette fonction est propre à la nature de l'homme vertueux, comme lorsqu'on parle du bon citharède et du citharède accompli et qu'il en est de même en un mot en toutes circonstances, en tenant compte de la supériorité qui, d'après le mérite, vient couronner l'acte, le citharède jouant de la cithare, le citharède accompli en jouant bien ; s'il en est ainsi, nous supposons que le propre de l'homme est un certain genre de vie, que ce genre de vie est l'activité de l'âme, accompagnée d'actions raisonnables et que chez l'homme accompli tout se fait selon le Bien et le Beau, chacun de ces actes s'exécutant à la perfection selon la vertu qui lui est propre. À ces conditions, le bien propre à l'homme est l'activité de l'âme, en conformité avec la vertu ; et si les vertus sont nombreuses, selon celle qui est la meilleure et la plus accomplie. Il en va de même dans une vie complète. Car une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu'une seule journée de soleil ; de même ce n'est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur. Aristote Éthique à Nicomaque, L.1 Document 2 : Le juste et l’injuste. La justice est une disposition d’après laquelle l’homme juste se définit celui qui est apte à accomplir, par choix délibéré, ce qui est juste, celui qui, dans une répartition à effectuer soit entre lui-même et un autre, soit entre deux autres personnes, n’est pas homme à s’attribuer à lui-même, dans le bien désiré, une part trop forte et à son voisin une part trop faible (ou l’inverse, s’il s’agit d’un dommage à partager), mais donne à chacun la part proportionnellement égale qui lui revient, et qui agit de la même façon quand la répartition se fait entre des tiers. L’injustice, en sens opposé, a pareillement rapport à ce qui est injuste, et qui consiste dans un excès ou un défaut disproportionné de ce qui est avantageux ou dommageable. C’est pourquoi l’injustice est un excès et un défaut en ce sens qu’elle est génératrice d’excès de ce qui est avantageux en soi et à un défaut de ce qui est dommageable ; s’agit-il d’une distribution entre des tiers, le résultat dans son ensemble est bien le même que dans le cas précédent, mais la production peut être dépassée indifféremment dans un sens ou dans l’autre. Et l’acte injuste a deux faces : du côté du trop peu, il y a injustice subie, et du côté du trop, injustice commise. Aristote Éthique à Nicomaque, L.5 Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-176 : “Aristote et lʼéthique” - 14/02/14 - page 4 Document 3 : L’importance de l’amitié. On discute également, au sujet de l'homme heureux, s'il aura ou non besoin d'amis. On prétend que ceux qui sont parfaitement heureux et se suffisent à eux-mêmes n'ont aucun besoin d'amis : ils sont déjà en possession des biens de la vie, et par suite se suffisant à eux-mêmes n'ont besoin de rien de plus ; or l'ami, qui est un autre soi-même, a pour rôle de fournir ce qu'on est incapable de se procurer par soi-même. D'où l'adage : Quand la fortune est favorable, à quoi bon des amis ? (Euripide, Or. 667) Pourtant il semble étrange qu'en attribuant tous les biens à l'homme heureux on ne lui assigne pas des amis, dont la possession est considérée d'ordinaire comme le plus grand des biens extérieurs. De plus, si le propre d'un ami est plutôt de faire du bien que d'en recevoir, et le propre de l'homme de bien et de la vertu de répandre des bienfaits, et si enfin il vaut mieux faire du bien à des amis qu'à des étrangers, l'homme vertueux aura besoin d'amis qui recevront de lui des témoignages de sa bienfaisance. Et c'est pour cette raison qu'on se pose encore la question de savoir si le besoin d'amis se fait sentir davantage dans la prospérité ou dans l'adversité, attendu que si le malheureux a besoin de gens qui lui rendront des services, les hommes uploads/Philosophie/ l-x27-ethique-a-nicomaque-conference.pdf
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- Publié le Jul 20, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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